Gardien : une vocation

Bonjour à tous ou «Tena koutou» comme on le dit dans la langue des Maoris. Voici la suite de notre périple en terres néo-zélandaises. Pour les retardataires, je me suis proposé pour vous livrer mon expérience aux Antipodes. Il y a quelques temps, un ami et moi avons lancé l’idée de créer une équipe de hockey sur glace en Nouvelle-Zélande, pays plutôt réfractaire à ce sport à la base. Une ligue majeure avec six équipes constitue le fleuron de la rondelle dans ce pays si lointain culturellement et géographiquement de notre Suisse natale.

 
Tout d’abord, en tant que grand fan de hockey sur glace, j’ai suivi avec délectation – mais malheureusement seulement via internet – le sacre de Davos. J’avoue avoir toujours eu un petit faible pour ce club si traditionnel. Et comme dans mon Valais natal les esprits de clochers s’opposent à avoir une équipe de première division, j’ai été contraint de supporter le club grison. Pour les petits curieux, mon club de coeur est le HC Sierre. D’avance merci de ne pas vous moquer…Bref, revenons à nos moutons (c’est le cas de le dire dans ce pays où cet animal est omniprésent), c’est-à-dire notre projet un peu fou d’implanter le hockey sur glace dans une contrée si lointaine. Lors du dernier épisode, le premier entraînement s’était terminé par une majorité de grimaces et la volonté d’un faible patineur de devenir gardien de but. Acceptant cette proposition afin de ne pas perdre un membre de notre petite escouade, je lui ai volontairement caché le fait que patiner n’était pas plus simple avec tout un équipement de portier sur le dos.

45 minutes pour se déguiser

Ainsi Mike s’est engagé à passer un test de gardien de but malgré son patinage plutôt limité. Qu’à cela ne tienne, il fera l’affaire, faute de mieux. Une heure avant le début de l’entraînement, il se présente aux abords de la piste de glace et ne fait pas vraiment le fier. «Viens, on doit t’équiper et tu verras, c’est pas du gâteau», lui lance Stéphane, mon compère dans cette aventure. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le voilà prêt à s’affubler d’un équipement manifestement trop imposant pour lui.
 
Quarante-cinq minutes ont été nécessaires pour le «déguiser». Le voir marcher fut un vrai bonheur et que dire de son arrivée triomphale sur la glace ? Un régal. Sans hésiter, il a engagé le premier patin et n’a pas eu le temps de poser le second qu’il s’est déjà retrouvé sur le postérieur. «Belle entrée en matière, goalie», lui a lancé un membre de l’équipe. Pour l’heure, il faut être honnête, on ressemble plus à l’équipe de Jamaïque de bobsleigh qu’à une équipe corporative de hockey sur glace. 

Une sorte de Schürch

Mais nous avons décidé de persévérer. Et cela va commencer par apprendre à notre gardien à tenir debout devant le filet, dans un premier temps, avant de lui expliquer les rudiments de son poste et, c’est sûr, le style papillon lui conviendra à merveille. D’ailleurs afin de le familiariser quelque peu avec les divers éléments de son «nouveau» corps, nous l’agenouillons devant la cage et testons ses réflexes avec la mitaine et la plaque. Force est de constater qu’il a effectué deux ou trois arrêts bluffants entrecoupés de quelques «rouleaux» que Reto Schürch n’aurait pas reniés (ha la belle époque…)
 
J’ai alors décidé de lui lancer un défi : «Mon gars, tu as une semaine pour savoir te tenir un tant soit peu debout devant ton filet. Pas besoin de faire des tours de patinoire jusqu’à plus soif, mais savoir passer de la position debout à celle à genoux est un minimum. Tu te sens capable ?» Silence. «Ho !» «Ok Paul, je vais venir m’entraîner un peu le soir et essayer d’y arriver mais on arrête déjà là pour aujourd’hui ?» Après 30 minutes, il en veut encore. C’est plutôt bon signe par rapport à son abandon de la semaine passée.

«Je préfère Lomu»

Puisqu’il en a redemandé, il a eu droit à un deuxième service de la part des deux habitués au hockey. Au menu ? Slapshot de la ligne bleue. Depuis le temps j’ai quelque peu perdu l’habitude, mais après deux ou trois tirs minables, mon shoot a repris de sa «superbe». Habitué à quelques tirs au poignet depuis le début de sa «carrière», notre futur mur se lézarde pour l’instant. La peur doit y être pour quelque chose. «Je préfèrerais devoir stopper Jonah Lomu à pleine vitesse que d’essayer d’arrêter un disque invisible lorsqu’il arrive si vite, rigolait-il après cette petite séance personnelle. Mais j’aime ça.»
 
C’est déjà ça. On n’a pas perdu un homme dans l’aventure, on a même gagné un gardien. En effet, on a trouvé un type suffisamment fêlé pour accepter ce rôle ingrat avec le sourire. Cela prend doucement forme, je vous dis. Ça commence presque à avoir de la gueule.
 
To be continued…


Précédents épisodes :

http://www.cartonrouge.ch/fr/actualite/article/des-roues-aux-lames/index.html

http://www.cartonrouge.ch/fr/actualite/article/le-hockey-en-nouvelle-zelande-une-folie-devenue-realite/index.html

Écrit par Paul Fournier

Commentaires Facebook

17 Commentaires

  1. C’est superbe ce que vous faite!

    Vraiment bravo et si vous me lisez, félicité de ma part vos joueurs!
    Je mets un topic sur le forum de Gottéron pour que plus de monde viennent lire vos articles à ce sujet!

    Bravo!

  2. si Spielberg vous contacte pour adapter votre histoire en version Hollywoodienne, ne signez rien… (il cherche juste à combler ses pertes Madoffiennes).

    la lecture de cette improbable aventure donne presque envie de prendre un billet pour Auckland, pour participer à la fête, que l’on soit hockeyeur ou pas.

    très très bonne continuation

  3. Mais c’est réjouissant tout ça; donc ils en veulent et ne se découragent pas tes p’tits gars!
    Bonne continuation Paul.

  4. Bon Paul, je garderais les affaires de mon petit garçon pour te les envoyer dès que tu lanceras là-bas une école de hockey…

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