Un bien triste derby lémanique

Entre un Lausanne qui ne voulait pas et un Servette qui ne pouvait pas, les débats n’ont pas volé bien hauts à la Pontaise. Bien que dominateurs, les Grenat semblaient incapables de marquer un but. Il faudra finalement un pénalty pour sceller l’issue d’un match à oublier au plus vite.

Depuis le début de ce 2e tour, le Lausanne-Sport réserve ses meilleures prestations à ses supporters qui effectuent les déplacements. Tant mieux pour Yves Martin et ses courageux compagnons de voyage mais ce n’est pas comme cela que le LS va faire revenir le public à la Pontaise. Après les pâles prestations contre Gossau et Winterthour, le LS a une nouvelle fois rendu une copie indigente à domicile, contre Servette cette fois. Pourtant, les Lausannois avaient tout pour bien faire dans ce derby lémanique (ou A1-Derby, pour rester dans la lignée du B1-Derby entre Bochum et Dortmund qui avait égayé mon après-midi) : le spectre de la relégation s’est éloigné depuis la victoire à Locarno, l’adversaire genevois est en plein doute et sa défense montre rapidement des signes de fébrilité, le terrain est en excellent état, la température agréable et il y a un peu plus de monde que d’habitude.

Proche du néant

Le Lausanne-Sport réussit dix premières minutes relativement correctes, même si la dernière passe fait défaut et si les deux premiers tirs vaudois vont se perdre dans la petite cohorte de supporters genevois. Où il n’y avait d’ailleurs ni la quantité ni la qualité, parce que chanter et lancer pétards et fumigènes pendant qu’une brave dame s’évertue à présenter une association caritative en faveur d’enfants handicapés, ça ne dénote pas d’une grande intelligence. Le match sombre assez rapidement dans une léthargie proche du néant. A part un festival de mauvaises passes et de contrôles ratés, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. L’équipe la moins mauvaise des deux, Servette, se montre la plus dangereuse : Marazzi réussit un double sauvetage sur sa ligne (38e), alors que Boughanem, seul au 2e poteau, tergiverse trop (43e). Le LS se crée sa première (et avant-dernière) occasion à la 44e lorsque Gonzalez détourne un tir de Balthazar.  

Penalty décisif

Bonifié par l’entrée du remuant Yoda en lieu et place du transparent Eudis (qui n’est plus que l’ombre du joueur qui avait quitté le LS pour Zurich en automne 2006), Servette domine assez largement l’entame de la 2e mi-temps. Sans se montrer très dangereux, si l’on excepte un tir de Yoda détourné par Debonnaire sur le poteau (52e). En panne de confiance, les attaquants genevois donnent l’impression de toujours faire le mauvais choix. On se dit alors que le LS, même s’il perd tous les duels, n’arrive pas à aligner trois passes de suite et ne franchit plus guère le milieu de terrain, va au pire s’en sortir avec un 0-0. Fallait juste éviter l’autogoal ou le penalty qui paraissent être les seuls moyens pour Servette d’inscrire un but dans ce match. Et c’est ce qui se produira sous la forme d’un penalty après une intervention de Buntschu sur Vitkieviez : l’arbitre était loin de l’action et l’attaquant genevois, expert en simulations et gestes d’antijeu de toutes sortes, s’est joyeusement laissé tomber mais il semble bien que faute il y avait, il n’y a donc pas à crier au scandale. L’expulsion du jeune défenseur lausannois paraît en revanche sévère, surtout si l’on songe que Pont et Kusunga ont eux fini le match.

Cela promet…

Le Lausanne-Sport n’allait pas se montrer plus inspiré à 10 qu’à 11. C’est au contraire Servette qui galvaude une bonne dizaine de balles de break en ne profitant pas des boulevards offerts par la défense vaudoise. Confirmant ainsi que, sans ce penalty, les Grenats auraient pu jouer toute la nuit sans marquer. A défaut de se montrer créatif dans le jeu, Servette allait faire preuve d’inventivité dans l’antijeu : deux joueurs de la même équipe qui se percutent pour rester au sol et interrompre la (timide) contre-attaque adverse, on n’avait jamais vu. Normalement, une équipe qui manque autant d’occasions finit par se faire égaliser sur la fin. C’est ce qui a failli arriver à la 95e : bien que réduit à 9 (Marazzi expulsé parce que le mur grenat était à quatre mètres du ballon sur un coup franc), la LS a frôlé l’égalisation sur un ultime coup de tête passé juste à côté. Une égalisation qui, vu le peu d’envie et d’occasions lausannoises, eût été largement usurpée. Si même un derby ne parvient pas à motiver plus que cela les Vaudois, on peut craindre le pire contre des adversaires plus anonymes. Une réaction est attendue dès mercredi contre Lugano.

Servette, qui, selon les ambitions de son président, est censé fêter en grande pompe son retour en LNA dans treize mois, s’est un peu rassuré avec ce premier succès en 2009. L’opération commando qui doit assurer le maintien a bien débuté. Sans panache et avec pas mal de vice mais aussi beaucoup de volonté et d’engagement. S’il retrouve un peu de confiance, l’effectif grenat a largement les moyens de remplir sa mission. Même si, quand on entend l’entraîneur William Niederhauser parler de «match de référence» après ce triste derby lémanique, on se dit que la fin de saison risque d’être aussi peu chatoyante du côté de la Praille que de la Pontaise.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne-Sport – Servette 0-1 (0-0)

Pontaise, 4’100 spectateurs.
Arbitre : M. Grossen, assisté de MM. Brosi et Lozano.
But : 67e Vitkieviez (pénalty, 0-1).
Lausanne : Debonnaire ; Barroso (59e Malacarne), Buntschu, Diogo, Sonnerat ; Marazzi, Basha, Bilibani ; Balthazar (65e Drago) ; Hélin, K. Boughanem.
Servette : Gonzalez ; Ratta (86e Schneider), Kusunga, Girod, Bratic ; Pont, Pizzinat, S. Boughanem (83e N’Diaye) ; Braizat ; Eudis (46e Yoda), Vitkieviez.
Cartons jaunes : 22e Buntschu, 28e Marazzi, 55e Basha, 63e Pont, 69e Kusunga, 75e Vitkieviez, 88e Braizat.
Cartons rouges : 66e Buntschu, 95e Marazzi (tous deux pour 2e avertissement).
Notes : Lausanne sans Pasche ni Pavlik (suspendus), Favre, Mauro, Rey ni Stadelmann (blessés). Servette privé de Ruefli (suspendu), Bouziane, N’Tiamoah, Tréand ni Ural (blessés).

Écrit par Julien Mouquin