Bundesliga 2008-2009 : bilan, partie I

Tout étant dit en Allemagne, place aux traditionnels bilans de fin de saison. Pour boucler la boucle, je te redonne en filigrane les pronostics que j’avais hasardés en début de saison. On commence par les cinq derniers du classement.

DSC Arminia Bielefeld (18e, 28 points, relégué)

Mon pronostic : 18e
Après avoir flirté avec la relégation l’an dernier, l’Arminia Bielefeld s’était plutôt affaiblie lors des transferts estivaux. C’est donc tout sauf une surprise de retrouver les Blauen lanternes rouges et relégués. A la limite, la surprise c’est qu’ils aient pu croire au maintien jusqu’à l’ultime journée où une victoire à domicile contre un Hanovre démobilisé aurait pu leur permettre d’arracher le maintien. Mais la barre était encore trop haute. Une équipe qui ne remporte que 4 victoires (dont seulement 2 à domicile) en 34 matchs ne méritait pas vraiment de rester.
Si la défense a été un peu moins perméable que l’an passé, grâce surtout à la révélation Eilhoff, le secteur offensif, quasiment réduit au seul Wichniarek, était trop rachitique pour prétendre à mieux. La malchance de l’Arminia, c’est qu’ils n’ont pas été assez mauvais, en naviguant presque toute la saison juste au-dessus de la barre, pour inciter leurs dirigeants à renforcer l’équipe ou à changer d’entraîneur. Il a fallu attendre la dernière journée pour voir le remplacement de Michael Frontzeck par Jörg Berger. C’était beaucoup trop tard pour éviter la chute après cinq ans en Bundesliga. Cela risque d’être difficile de rebondir.
Top-Spieler : Artur Wichniarek
Depuis quelques saisons, Artur Wichniarek incarne à lui tout seul l’attaque de Bielefeld. Cette saison, il a inscrit 13 des 29 buts de l’Arminia. Au printemps, en raison d’une blessure puis de la fameuse panne du buteur, le Polonais est resté muet durant quatorze matchs. Faute d’alternative crédible, ce mutisme a précipité la chute de l’Arminia.
Flop-Spieler : Chris Katongo
Venu du modeste championnat danois, Chris Katongo devait renforcer l’attaque des Blauen et venir épauler Wichniarek. Presque toujours titulaire, l’international zambien n’a jamais convaincu. Il termine avec un modeste bilan de 3 buts en 33 matchs. C’est dire si l’attaque de l’Arminia était démunie lorsque Wichniarek a coincé.
La révélation : Dennis Eilhoff
La poste de gardien devait être l’un des nombreux maillons faibles de l’Arminia, c’est devenu l’un de ses points forts. Une blessure du peu rassurant Rowen Fernandez en début de saison a permis à Dennis Eilhoff, gardien méconnu de 27 ans, d’obtenir une place de titulaire qu’il ne quittera plus. Il a ramené de nombreux points à lui tout seul, à l’instar du match monstrueux réussi à Gelsenkirchen contre Schalke (0-0). Si Bielefeld a cru au maintien jusqu’au bout, il le doit à son gardien, l’un des rares éléments de l’effectif à pouvoir espérer retrouver de l’embauche en Bundesliga l’an prochain.

Karlsruher SC (17e, 29 points, relégué)

Mon pronostic : 16e
La deuxième saison d’un néo-promu à l’échelon supérieur est toujours plus difficile que la première ; Karlsruhe a parfaitement justifié l’adage. Il faut dire qu’en perdant l’euphorie liée à la promotion, le capitaine et patron de la défense Eggimann et le buteur-meneur de jeu Hajnal, sans engager de véritables renforts en retour, le KSC n’avait guère d’atouts à faire valoir. Pourtant, la saison n’avait pas si mal commencé mais deux défaites dans les arrêts de jeu à Hambourg et Francfort et la longue absence du capitaine Maik Franz ont plombé le moral des troupes.
S’en est ensuivi une longue période de vaches maigres où l’anémie de l’attaque faisait peine à voir (6 buts sur les 14 premiers matchs du 2e tour). Les Badener comptaient beaucoup sur le retour à Noël du héros de la promotion de 2007, Giovannio Federico, mais l’Italien, après 18 mois presque sans jouer à Dortmund, n’a jamais retrouvé son meilleur niveau. Karlsruhe a certes eu un magnifique sursaut d’orgueil sur la fin, privant notamment le Hertha Berlin de Ligue des Champions, mais c’était trop tard. Finalement, après deux ans d’euphorie avec une promotion et une superbe première saison en Bundesliga, le KSC connaît un dur retour sur terre. Dommage mais finalement assez logique vu le peu de moyens dont dispose le club et le manque de qualité et d’expérience de l’effectif.
Top-Spieler : Maik Franz
Mon rédacteur en chef aurait préféré que je te parle de l’autre défenseur central du KSC, Dino Drpic, et de sa charmante épouse, Nives Celzijus (ou Celsius), pour faire monter la température mais ici c’est pas le Bild ! Je m’en tiendrai donc à Maik Franz, qui devait succéder à Mario Eggimann, comme capitaine et patron de la défense. Mais le rugueux et irascible stoppeur du KSC est plus à l’aise au duel que pour diriger une défense ou relancer proprement ; il a de surcroît été longtemps éloigné des terrains par une blessure. Cela lui a permis d’augmenter sa cote de popularité déjà immense auprès des supporters en allant suivre les matchs dans le kop mais sa hargne a manqué sur la pelouse. Il jouera à Francfort l’an prochain : avec le départ de son joueur le plus emblématique, une page s’est bien tournée à Karlsruhe.
Flop-Spieler : Joshua Kennedy
Ancien chauffeur de banc à Nuremberg, Joshua Kennedy avait débarqué début 2008 à Karlsruhe où, dans l’euphorie ambiante, il a rapidement enchaîné les buts. A l’image de son club, il a connu un dur retour sur terre cette saison : aucun but lors des 33 premières journées ! C’est pas terrible pour un centre-avant titulaire et ce ne sont pas les deux réussites inscrites dans les dernières minutes du championnat qui vont changer quelque chose : l’Australien n’a pas le gabarit d’un attaquant titulaire en Bundesliga.
La révélation : Lars Stindl
C’est une révélation un peu tardive mais si Karlsruhe a fini en trombe, inscrivant 9 buts lors des 3 derniers matchs, il le doit en partie à ce jeune milieu de terrain de 21 ans. L’entraîneur Ede Becker doit sans doute regretter d’avoir trop attendu pour donner leur chance aux jeunes, préférant insister avec des « stars » décevantes, style Kennedy, Federico ou da Silva.

Energie Cottbus (16e, 30 points, relégué en barrage)

Mon pronostic : 15e
Depuis sa promotion en 2006, on s’attendait chaque saison à voir Cottbus redescendre, la troisième année aura été la bonne, après la nette défaite en Relegationsspiel contre Nuremberg. Pourtant, il semblait que les Lausitzer avaient un peu plus d’atouts que les deux saisons précédentes en étant parvenus à conserver leurs meilleurs éléments lors du dernier mercato. Mais à Cottbus, le maintien s’acquiert surtout par la sueur, l’abnégation et la combativité.
Or, cette saison, il nous a semblé que l’Energie manquait de cette sorte d’énergie du désespoir qui lui a permis de réaliser des miracles par le passé. Certes, Cottbus a été l’une des deux seules équipes à battre Wolfsburg lors du 2e tour mais a été trop timoré contre ses adversaires directs, notamment dans la fatidique défaite à domicile contre Mönchengladbach lors de l’antépénultième journée. Et puis, c’est une réalité que même le service des sports de la TSR a saisi : pour gagner des matchs, il faut marquer des buts. Or Cottbus n’était pas trop bien armé dans ce domaine avec des attaquants ayant une certaine propension à vendanger. C’est la fin d’une belle aventure pour le plus petit budget de la ligue et le dernier représentant d’ex-Allemagne de l’Est en Bundesliga. Pas sûr qu’on revoie de sitôt un club ossis dans l’élite.
Top-Spieler : Dimitar Rangelov
Dimitar Rangelov est le seul attaquant de Cottbus qui a livré la marchandise cette saison ; évidemment, il ne squatte pas les premières places du classement des buteurs mais quand tu es attaquant à Cottbus, tu ne reçois pas les mêmes ballons qu’à Barcelone. Le Bulgare a surtout été le seul attaquant capable de marquer régulièrement et, s’il ne s’était pas blessé en fin de saison, l’Energie serait peut-être toujours erstklassig.
Flop-Spieler : Ivica Iliev
Il y avait l’embarras du choix, tant le secteur offensif de l’Energie privilégiait  la quantité plutôt que la qualité : Emil Jula, Stiven Rivic, Nils Petersen, Dennis Sørensen, Branko Jelic, Jiayi Shao… A l’instar des précités, Ivica Iliev s’est contenté de quelques prestations honorables et d’une flopée de matchs ratés mais l’attaquant serbe était sans doute celui sur lequel les dirigeants des Lausitzer fondaient le plus d’espoirs. A tort.
La confirmation : Gerhard Tremmel
Pas de révélation mais une confirmation dans cette équipe de Cottbus ; après avoir détrôné l’emblématique Piplica la saison dernière, le gardien Gerhard Tremmel a confirmé qu’il avait sa place parmi les bons gardiens de Bundesliga. Il a souvent retardé l’échéance mais il ne pouvait pas non plus pallier toutes les lacunes de sa défense ni marquer à la place de ses attaquants.

Borussia Mönchengladbach (15e, 31 points)

Mon pronostic : 14e
Après avoir survolé la Zweite Liga l’an dernier, Mönchengladbach n’est pas parvenu à surfer sur la même euphorie de la promotion que ses camarades d’ascension Hoffenheim et Cologne. Dès le début de la saison, les Fohlen ont accumulé les contre-performances, en raison d’un manque flagrant de réalisme et d’une multiplication d’erreurs défensives. Rapidement, un vent de panique a soufflé sur le Borussia-Park, avec notamment un changement d’entraîneur chaotique, qui s’est fait en trois temps, avec le limogeage de l’entraîneur Luhukay, son remplacement par le manager Ziege, puis par un duo Ziege/Meyer, puis par le seul Hans Meyer après le départ de Ziege.
Cela n’a pas empêché les Fohlen de boucler le 1er tour à la dernière place.
Une intense campagne de transferts hivernale a permis à Gladbach de relever la tête au 2e tour. Mais le déclic ne s’est pas vraiment produit, les Fohlen n’ont jamais réussi à enchaîner les bons résultats et sont restés sous la menace jusqu’au bout. Toujours en raison d’un sempiternel manque d’efficacité en attaque, les buts décisifs ayant souvent été inscrits par des milieux ou des défenseurs. La grande chance des Fohlen, c’est d’avoir trouvé trois clubs plus faibles qu’eux car, depuis l’introduction de la victoire à 3 points en 1995, jamais une équipe ne s’était maintenue avec 31 points, on a même eu vu des relégués avec 37 ou 38 points. Avec un des palmarès les plus fournis du pays, un budget conséquent et près de 50’000 spectateurs de moyenne, il y avait une immense pression pour que Gladbach ne fasse pas une nouvelle fois l’ascenseur ; l’objectif a été atteint mais dans la douleur, si bien que l’entraîneur vétéran Hans Meyer, malgré un contrat encore valable une saison, n’a pas souhaité poursuivre l’aventure.
Top-Spieler : Marko Marin
Doté de capacités de dribble et d’accélération hors du commun, Marko Marin est l’un des grands espoirs du foot allemand. Si Gladbach n’a pas complètement sombré au 1er tour, il le doit en grande partie à son jeune international. Le problème, c’est que, en l’absence, d’attaquants réalistes, on aussi demandé à Marko Marin de marquer des buts, ce qui n’est pas (encore ?) son point fort. Ses frêles épaules ont eu un peu de peine à supporter la pression en fin de saison. Mais, à seulement 20 ans, il a l’avenir devant lui et, dans un contexte plus favorable que la lutte contre la relégation (sans doute à Brême), son formidable talent va éclater au grand jour.
Flop-Spieler : Sascha Rösler
Grand artisan de la promotion l’an dernier, il avait débuté la saison comme capitaine et vedette de l’équipe. Mais une blessure lors du 1er match, puis une incompatibilité de caractère avec l’entraîneur Hans Meyer, l’ont écarté de l’équipe, puis du club. Il a fini la saison en luttant contre la relégation en 3. Liga avec Munich 1860. A 32 ans, ce joueur doué mais caractériel peut sans doute définitivement tirer un trait sur la Bundesliga.
La révélation : Logan Bailly
Lors du 1er tour, les bourdes des gardiens Heimeroth et Gospodarek ont souvent défrayé la chronique. Pour y remédier, les dirigeants des Fohlen ont été chercher un portier belge de 23 ans, révélé lors du tournoi olympique de Pékin. Le pari a été gagnant car Logan Bailly a réalisé une série de matchs homériques et a été l’un des grands artisans du maintien. Incontestablement, c’est un gardien d’avenir.

VfL Bochum (14e, 32 points)

Pronostic : 11e
Habitué des combats contre la relégation, le VfL Bochum semblait pouvoir aborder sa troisième saison consécutive dans l’élite avec un peu plus de sérénité que d’habitude car l’équipe, qui avait fini 12e l’an dernier, n’avait pas perdu d’éléments majeurs et semblait même un peu renforcée. Mais la poisse s’est rapidement acharnée sur le VfL : longue blessure des joueurs clés Sestak et Epallé, erreurs d’arbitrage, manque de réalisme,  tirs sur les montants, buts encaissés dans les dernières minutes…
Bref, le VfL s’est rapidement enfoncé dans la sinistrose et la crise, partageant la dernière place du classement avec Mönchengladbach au terme du 1er tour. Les supporters réclamaient alors à hauts cris le départ de l’omnipotent manager et entraîneur Marcel Koller. Mais les dirigeants ont fait bloc derrière le Suisse et, avec le retour des blessés, le VfL est parvenu à redresser la barre grâce à un excellent début de 2e tour. Il y a eu une petite rechute avec une série de cinq défaites consécutives mais Bochum est parvenu à assurer l’essentiel, le maintien, avec une victoire contre Francfort lors de la 33e journée.
Top-Spieler : Stanislav Sestak
Stanislav Sestak sait tout faire : marquer, passer, dribler, tirer… Son absence a été un gros coup dur pour le VfL et son retour a coïncidé avec la remontée au classement. Le Slovaque, qui pourrait bien emmener son équipe nationale en Afrique du Sud, s’est fait notamment l’auteur d’une incroyable série de cinq buts sur exploits personnels en deux matchs à l’extérieur. Cela nous avait déjà surpris qu’il reste à Bochum après sa brillante saison 2007-2008, s’il devait rempiler pour une saison ce serait une aubaine pour le VfL mais aussi la preuve de l’incompétence de certains recruteurs. A mon sens, Sestak est meilleur que son prédécesseur à Bochum Misimovic, l’un des héros du titre de Wolfsburg.
Flop-Spieler : Vahid Hashemian
Ancien joueur du Bayern, Vahid Hashemian avait déjà joué à Bochum entre 2001 et 2004 ; son retour est un échec. L’Iranien n’a que très peu joué et s’est surtout distingué par quelques problèmes relationnels. Exclu du groupe, son départ paraissait acquis à Noël mais il est finalement resté et a même inscrit un but capital lors du match du sauvetage contre Francfort. Cela reste bien maigre pour sauver une saison.
La révélation : Christian Fuchs
Christian Fuchs n’est le joueur ni le plus élégant ni le plus technique de la Bundesliga. Mais la rage de vaincre et l’abattage de l’international autrichien dans son couloir se sont révélés des atouts précieux dans les âpres combats contre la relégation. De toute façon, dans un club répondant au doux nom de Verein für Leibesübungen Bochum Eintausend acht hundert achtundvierzig, tu ne t’attends pas à trouver que des artistes.

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. Merci pour l’article. J’espère qu’Eilhoff intéressera un des clubs de 1.Bundesliga, car il mérite mieux que la rélégation.

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