2010, c’est bientôt là

Disputée ce week-end, la 3e journée du dernier tour des éliminatoires de la zone Afrique a bouclé cette saison de qualifications pour la Coupe du Monde 2010. L’Asie a déjà livré quatre qualifiés, alors que quelques grosses surprises ne sont pas à exclure dans le reste du monde.

Asie-Océanie :

Australie et Japon faciles
En Asie, la dernière phase de groupe s’est achevée mercredi dernier. Dans le groupe A, le suspense n’a guère duré et les favoris japonais et australiens se sont rapidement détachés pour s’assurer leur ticket direct pour l’Afrique du Sud. L’intérêt s’est porté sur la lutte pour la 3e place, entre le Qatar, Bahreïn et l’Ouzbékistan. Les Qataris de Bruno Mestu ont été éliminés après une défaite au Bahreïn et deux nuls contre le Japon et l’Australie. Du coup, tout s’est joué mercredi dernier à Manama entre le Bahreïn et l’Ouzbékistan. Avec les futures grandes stars neuchâteloises du championnat suisse Abdullah Omar Ismaël sur le terrain et Abdullah Baba Fatadi sur le banc, le Bahreïn l’a emporté 1-0 et arrache son ticket pour les barrages.
La surprise nord-coréenne
Dans l’autre groupe, la Corée du Sud, meilleure nation asiatique depuis 10 ans, s’est rapidement détachée en tête du classement et ira en Afrique du Sud. En revanche, la lutte pour la 2e place est restée indécise jusqu’au bout : à dix minutes de la fin du dernier match, l’Iran tenait encore sa qualification directe pour la Coupe du Monde 2010 en menant 1-0 sur la pelouse d’une Corée du Sud déjà qualifiée. Mais l’égalisation du Mancunien Park Ji Sung à la 82e a fait rétrograder l’Iran du 2e à un 4e rang synonyme d’élimination. Du coup, c’est la Corée du Nord qui arrache la 2e place avec un nul 0-0 à Riyad contre l’Arabie Saoudite, condamnée elle au barrage. La Corée du Nord n’avait plus participé à une Coupe du Monde depuis 1966 et sa victoire historique contre l’Italie. Les paris sont ouverts : quelle Corée aura l’insigne honneur de sortir les tenants du titre en 2010 ?

Le Proche et Moyen-Orient absent ?

La dernière indécision dans cette zone asiatique consiste donc dans l’issue du derby neuchâtelois en barrage aller-retour entre l’Arabie Saoudite d’Hussein Sulimani et le Bahreïn d’Abdullah Omar Ismaël et Abdullah Baba Fatadi. Le vainqueur de ce duel affrontera le champion de la zone Océanie, la Nouvelle-Zélande, pour la dernière place de qualifié. Vu ce qu’ils ont montré lors de la Coupe des Confédérations, les Kiwis ne partiront pas favoris. En cas de succès néo-zélandais, ce serait la première Coupe du Monde depuis 1974 à se disputer sans représentant du Proche ou Moyen-Orient. Enfin, à moins que les exportés turcs ou israéliens n’obtiennent leur qualification dans la zone Europe.

Amérique du Sud :

Brésil et Chili bien partis

Avec un succès 2-0 sur la pelouse du leader paraguayen et un 4-0 à domicile contre la Bolivie, le Chili est le grand vainqueur de la double journée disputée au début du mois. Les hommes de Marcelo Bielsa sont désormais solidement accrochés dans le quatuor de tête, synonyme de billet direct pour l’Afrique du Sud. Le Brésil s’est également rassuré avec des succès 4-0 en Uruguay et 2-1 contre le Paraguay. La Seleçao a pourtant été pas mal chahutée en début de match à Montevideo, sur un terrain qui évoquait davantage le central de Roland Garros que la pelouse de Wembley, mais a fait la différence sur deux grosses bévues du gardien uruguayen Sebastian Viera. En confirmant quatre jours plus tard contre le Paraguay grâce à un but victorieux de Nilmar, celui qui n’était pas assez bon pour jouer avec le grand Lyon, le Brésil s’est assuré la tête du classement et une confortable avance sur la barre. 2010 ne sera donc pas la première Coupe du Monde à se jouer sans le Brésil.

L’Argentine en difficulté

Avec deux défaites, le Paraguay a fait la mauvaise opération mais avait suffisamment d’avance pour rester en bonne position. En revanche, l’Argentine inquiète. Malgré une incroyable concentration de talent sur le terrain (Messi, Tevez, Gago, Mascherano, Veron, Aguero, Milito…), les Argentins ont remporté un succès extrêmement heureux contre la Colombie (1-0), grâce à une volée sur corner du joueur le moins coté de la sélection, le défenseur de Getafe Daniel «El Cata» Diaz. Quatre jours plus tard, les Albiceleste s’inclinaient 2-0 en altitude à Quito contre l’Equateur, faisant suite à un retentissant 6-1 encaissé en avril en Bolivie. Du coup, l’Argentine ne compte plus que deux points d’avance sur le 5e, l’Equateur, avec deux prochains matchs à jouer contre le Brésil et le Paraguay en septembre. En 1993, également en difficulté, l’Argentine avait fait appel au joueur Diego Maradona pour redresser la barre mais aujourd’hui on a l’impression que Diego Maradona entraîneur est plus le problème que la solution. Si l’Albiceleste ne devait pas redresser la barre lors des prochaines rencontres, on n’aimerait pas être à la place des dirigeants argentins qui risquent de devoir trancher entre limoger le dieu vivant Maradona ou prendre le risque de manquer la Coupe du Monde avec peut-être l’équipe la plus talentueuse de la planète à l’heure actuelle.

Concacaf :

Le Mexique mal parti

En Amérique Centrale et du Nord, on est à la moitié de la poule à six qui doit déterminer trois qualifiés directs et un barragiste contre le 5e de la zone Amérique du Sud. Deux pays sont très bien partis, le Costa Rica et les Etats-Unis. Grâce à un succès 3-1 dans le match au sommet contre les redoutables demi-finalistes de la Coupe des Confédérations américains, avec notamment un but du vendangeur valaisan Alvaro Saborio (si, si…), les Costa Ricains ont même pris la tête du classement.
En revanche, pour la 3e place, le Mexique est sérieusement accroché par le Honduras et le Salvador. Les Mexicains ont certes remporté leurs deux matchs à domicile devant plus de 90’000 spectateurs au stade Aztèque contre le Costa Rica et Trinité-et-Tobago mais ils ont aussi concédé trois défaites aux Etats-Unis, au Honduras et au Salvador. L’entraîneur Sven-Goran Eriksson avait été démis de ses fonctions après la défaite au Honduras mais son successeur, l’ancien mentor de l’Atletico Madrid, Javier Aguirre, n’est pas encore parvenu à redresser la barre. Une réaction est attendue lors des chocs en août et septembre contre les Etats-Unis puis au Costa Rica, sinon le Mexique risque de devoir passer par un barrage de tous les dangers.

Afrique :

La sensation gabonaise

En Afrique, on a bouclé (à l’exception des matchs Egypte – Rwanda et Gabon – Cameroun) la phase aller des cinq groupes de quatre équipes, dont chaque vainqueur ira en Afrique du Sud. Rebaptisé groupe de la mort, le groupe A devait donner lieu à un duel entre le Cameroun d’Eto’o et le Maroc de Chamakh, arbitré par le Togo d’Adebayor, avec le modeste Gabon dans le rôle de faire-valoir. Et pourtant, après deux journées et deux victoires au Maroc et contre le Togo, c’est bien le Gabon d’Alain Giresse qui pointait en tête du classement, avec trois points d’avance sur le Togo et cinq sur les favoris marocains et camerounais. C’est une colossale surprise car les Panthères ne comptent que peu de joueurs confirmés dans leur rang, surtout qu’elles étaient privées de leur vedette Daniel Cousin lors des deux victoires précitées. Le Gabon aurait pu définitivement enterrer le Cameroun dimanche à Libreville mais le match a été reporté, en raison du deuil national suite au décès du président gabonais Omar Bongo. Le Cameroun dispose donc de deux mois et demi supplémentaires pour se reprendre.
En revanche, le Maroc, privé d’un Marouane Chamakh manifestement aussi motivé par la Coupe du Monde que Roger Federer par la Coupe Davis, a sans doute perdu ses dernières illusions en partageant l’enjeu à domicile 0-0, avec notamment un penalty raté, contre un Togo sans Adebayor. Du coup, l’entraîneur marocain Roger Lemerre devrait prochainement perdre sa place. En revanche, le Togo reste dans la course, grâce notamment à sa victoire contre le Cameroun lors de la 1ère journée ; tu sais qui est l’entraîneur du Togo ? Le fameux Jean Thissen, éphémère entraîneur du Servette à l’été 1991, congédié notamment après une défaite 4-0 à la Pontaise contre le LS (ça fait toujours plaisir de rappeler ce genre de souvenir).

L’Egypte mal barrée

Comme prévu, le groupe B se résumera à un duel entre la Tunisie et la Nigéria. Les Aigles de Carthage ont pris le meilleur départ en battant le Kenya et le Mozambique, alors que les Super Eagles ont perdu deux points au Mozambique. Samedi, Tunisiens et Nigérians se sont séparés sur un score nul et vierge à Radès, au terme d’un match d’une indigence rare. Et pourtant, je l’ai regardé en entier avec un commentaire en arabe ; note, cela aurait pu être pire, du suisse-allemand ou Pierre-Alain Dupuis. Tunisiens et Nigérians ont semblé se contenter du 0-0, l’avenir dira qui a fait la bonne affaire : la Tunisie garde deux points d’avance mais devra se rendre à Abuja au Nigéria le 6 septembre prochain.
Le groupe C semblait taillé sur mesure pour permettre aux doubles champions d’Afrique en titre égyptiens de renouer avec une Coupe du Monde qui se refuse à eux depuis 1990. Mais les Pharaons d’Essam El-Hadary et Mohamed Zidan ont bien mal débuté avec un nul à domicile contre la Zambie et une défaite 3-1 en Algérie. Seule une victoire le 5 juillet prochain contre le Rwanda permettra à l’Egypte de rester dans le coup. Mais pour l’instant, c’est l’Algérie qui fait la course en tête avec 3 matchs et 7 points après son succès 2-0 samedi au Konkola Stadium de Chililabombwe (qui se trouve en Zambie, comme chacun le sait). Avec Belhadj (Portsmouth), Yahia (Bochum), Ziani (Marseille), Saïfi (Lorient), Ghezzal (Sienne) ou encore Matmour (Mönchengladbach), les Fennecs n’ont sans doute jamais été aussi bien armés pour obtenir une première qualification depuis 1986.

Ghana et Côte d’Ivoire en position de force

Dans le groupe D, on attendait beaucoup du Mali de Seydou Keita et Frédéric Kanouté mais les Maliens ont d’emblée compromis leurs chances de qualification avec un nul au Soudan et une défaite à domicile contre le Ghana. Du coup, les Blacks Stars de Michael Essien et Matthew Amoah (trois buts lors des deux derniers matchs), auteurs d’un parcours sans faute jusque-là, ont déjà un pied et demi en Afrique du Sud.
Le duel attendu dans le groupe E entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso a bien eu lieu. Les deux voisins et rivaux de l’Afrique de l’Ouest ont commencé par assurer les six points contre le Malawi et la Guinée, avant de se retrouver samedi dans un stade du 4 août surchauffé à Ouagadougou. Tout s’est joué en début de 2e mi-temps : alors que le score était de 1-1, le Burkinabé Wilfried Sanou (Cologne, ex-Sion) a tiré sur le poteau ; peu après, les Eléphants ivoiriens ont repris l’avantage sur auto-goal. Au final, la Côte d’Ivoire s’impose 3-2 et prend une sérieuse option avec ce succès sur le terrain de son seul rival dans ce groupe. Avec Emmanuel Eboué, Didier Drogba comme capitaine et Vahid Halilhodzic comme entraîneur, les Ivoiriens nous assurent déjà une belle brochette de candidats potentiels au titre de Pigeon d’Or de la Coupe du Monde 2010.

Écrit par Julien Mouquin