On ne change pas une équipe qui gagne

Les Lausannois sont fourbes. C’est bien connu. Sevrés de quoi que ce soit qui ressemble vaguement à une saison gratifiante depuis des lustres, ils se sentent obligés de passer leur frustration sur leurs rivaux mieux lotis. Ainsi, notre bien-aimé rédacteur en chef, que Sa volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel, n’a rien trouvé de mieux que me demander de présenter les seuls vrais Lions, ceux de Zurich. À moi qui ne me sent plus la force de remettre les pieds au Hallenstadion depuis certains fâcheux événements.

S’il ne s’agissait que de cela, ce ne serait qu’une bassesse à la portée du premier Fribourgeois. Non, voyez-vous, ces gens-là ne sont pas comme nous, avec leurs coutumes barbares. Ainsi, notre vénéré lider maximo a de plus choisi de m’infliger cette corvée au moment où il n’y a strictement rien à raconter à leur sujet.

J’ai essayé, pourtant, oui, j’ai essayé. J’ai même voulu piquer une brillante idée de mon confrère et néanmoins collègue Cochet-Lamouche en allant inspecter les profils Hockeyfans des joueurs dans l’espoir d’y trouver quelque aveu croustillant. Comme aurait dit un fameux poète fribourgeois contemporain, ce fut une immmmmmense déception. Dieu que c’est soporifique. Donc ces braves gaillards s’entendent le mieux avec tous leurs coéquipiers, il doivent améliorer tous les aspects de leur jeu, ils aiment le coca et la cuisine italienne. S’ils gagnent, c’est parce qu’ils jouent en équipe. Le plus beau jour de leur vie, c’est quand est né leur enfant, ou quand ils ont remporté un titre. Leur devise, c’est un truc du genre «Essaie tant que tu peux», «Rien n’est impossible» et autres niaiseries pour guide de bien-être new age. Le conseil qu’ils donneraient à un junior, c’est «Travailler dur et avoir du plaisir». (Vous pouvez vous réveiller.)
Mais bon, il faut bien faire un papier, alors je m’y colle.
Du côté des gardiens, donc, aucun changement. Papy Sulander est toujours là avec son déambulateur, mais, promis, cette fois c’est sûr, voici enfin l’année de la transition avec Reto Berra, euh non, Leonardo Genoni, ah non plus, Lukas Flüeler donc ! Ce dernier se devra de confirmer une première saison honnête, afin que sa sélection plutôt précoce par not’ bon sélectionneur n’apparaisse pas uniquement comme le fruit d’un piston ou d’un biais pro-Zurichois.
En défense, par contre, il y a un peu de mouvement, même s’il remonte parfois à la saison dernière. Beat Forster s’en est donc allé voir si l’herbe est plus verte chez Arno Del Curto. Quant à Severin Blindenbacher, il ira faire admirer son tir précis aux Suédois. S’agissant de deux des meilleurs défenseurs de l’équipe, la perte est importante, privant notamment le powerplay de sa ligne arrière. Il a bien fallu recruter. Hélas, même dans les villes Uniques destinées à dominer le monde, c’est la crise. Pour compenser, on retrouve, retenez-vous de rire, Alain Reist et Pascal Müller (pas notre estimé photographe, l’autre). Question force offensive, les deux marquent à peu près aussi souvent que le Hallenstadion ne s’enflamme. Quant à l’intransigeance défensive, on s’abstiendra de tout commentaire par pure charité chrétienne. Mais bon, sait-on jamais, peut-être feront-ils oublier leurs devanciers, la glorieuse incertitude du sport, tout ça. Je ne miserai pas une photo dédicacée de Kim Lindemann là-dessus, mais bon, vous faites ce que vous voulez. Seger encourageant, il y a du Suchy à se faire. (Ça, c’est fait.)

En attaque, on peut tout de même signaler l’apport de Patrick Bärtschi, qui va renforcer une phalange déjà bien impressionnante. Sinon, Jan Alston, le compagnon de chambrée de Sulander à l’EMS Schöne Sommerblümchen, n’est pas encore décidé à laisser la place aux jeunes. Le grand pin de service Ryan Gardner rempile dans son rôle d’éboueur du slot. Jean-Guy Trudel et Domenico Pittis combinent leurs talents de morues et de techniciens hors pairs. Mark Bastl va encore prouver que son frère et lui ne sont pas bien malins, puisque c’est celui des deux qui est le plus doué pour tirer dans le filet qui a choisi le tennis. Adrian Wichser est blessé. La routine, quoi. Tout juste le club a-t-il consenti à œuvrer dans le social en engageant un jeune Schommer.
Qu’attendre donc de cette équipe passionnante ? La qualité est plus que présente à tous les niveaux, mais la faiblesse relative de la défense ne devrait pas permettre aux champions d’Europe d’aller chercher le vase jaune. Le quatuor de tête est en revanche envisageable, ainsi qu’une g’osse t’ipotée en Victoria Cup.

Écrit par Yves Grasset

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7 Commentaires

  1. Bien bel article..
    J attend en effet avec impatience le match contre Chicago pour voir la belle vibrée que ceux-ci vont mettre aux Zurichois… Pour avoir vu Kane à l’oeuvre Alain « new Blindenbacher » Reist peut commencer à aller allumer des cierges à l’église d’Oerlikon…

  2. « Mark Bastl va encore prouver que son frère et lui ne sont pas bien malins, puisque c’est celui des deux qui est le plus doué pour tirer dans le filet qui a choisi le tennis. »
    ENORME!!!!!!!!

  3. Le passage sur les Bastl est vieux. Regarde:

    Homer Simpson : «En fait la famille Bastl a juste inversé les rôles. A toi de changer ça. D’abord, tu engages celui qui met la balle dans le filet, George donc, dans ton équipe de hockey. Ensuite, tu donnes des cours de tennis à celui qui met systématiquement le puck au-dessus du filet. Et hop, chacun est à sa place !»

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