118,75 saisons du FC Lausanne-Sport

Le Real Madrid a donc été éliminé par Lyon en huitièmes de finale de la Ligue des Champions. 380 millions de francs dépensés dans les transferts de Cristiano Ronaldo, Kaka, Benzema et compagnie pour essayer de disputer une finale qui se jouera à Bernabeu et passer grotesquement à côté, ça fait tache quand même.

C’est vrai, le Real a l’habitude de tomber à ce stade de la compétition, puisque c’est la sixième fois que les Merengue sont boutés hors de la plus prestigieuse des compétitions européennes au premier tour à élimination directe. Et comme dans un étrange mimétisme, Lyon va être éliminé en quarts. Comme d’hab’ quoi.Revenons au cas de l’équipe de Florentino Perez. Comme à son époque «Galactiques I» (Figo, Ronaldo, Beckham, Owen, Zidane, etc…), le PDG de Actividades de construcción y servicios a acheté tout ce qui se fait de mieux sur le pré vert. Au diable l’avarice ! Deux Ballons d’Or d’un coup (Kaka et Cristiano Ronaldo), un Français en devenir (Benzema), le régisseur de Liverpool (Xabi Alonso) et un défenseur central international espagnol (Albiol).
Au final, une facture rondelette de 250 millions d’euros (380 millions de francs suisses), soit le mercato le plus onéreux de tous les temps ! Pour que les chiffres soient plus parlants, voici ce que représente le seul budget transfert de la «Maison Blanche» ramené à des proportions disons… plus humaines. 380 millions de francs suisses, c’est :
– 118,75 saisons du FC Lausanne-Sport.
– Deux projets «Métamorphose».
– Cinq saisons de l’écurie Virgin F1.
– 50’666’666,66 Foster’s au Great Escape.
– 126’666,66 salaires mensuels d’une caissière à la Migros.
– 13’103’448,28 entrecôtes au Bamee Bar.
– 4’750 Benoît Mondou.
– 13,1 saisons de LeBron James.
– 1,9 fois le PIB de la Guinée-Bissau.
– 76’000 amendes infligées à Chris McSorley.
Et j’en passe. Bref, comment est-il possible de passer à côté avec un tel investissement ? Comment réussir à se faire taper par un OL qui sortait d’une performance exceptionnelle en Ligue 1 (nul 0-0 à Boulogne). Manuel Pellegrini est-il la grosse buse que les médias de la capitale espagnole essayent de nous vendre ? Ou alors, est-ce que tout simplement le football est un peu plus complexe que ce que veut nous faire croire Florentino le mégalo ?
Pellegrini, surnommé l’«Ingénieur», avait fait merveille à Villareal. Arrivé au Real, son rêve de toujours, a-t-il perdu ses moyens ? Certes non, il s’agit tout simplement d’un problème bien plus profond. Comment expliquer sinon que tous les coaches ont tenté de mettre Guti au placard et que celui-ci se retrouve à chaque fois titulaire malgré la concurrence au fil de la saison ? Comment se fait-il que Lassana Diarra passe en quelques semaines de «nouveau Makelele» à «joueur trop petit qui ralentit la remontée du ballon» ?
Le Real a tenté de relancer sa technique bien à lui de «Zidanes y Pavones», avec cette fois des Pavones qui coûtent cher (Albiol, Arbeloa et compagnie). Mais l’équilibre global n’est toujours pas là. Le club a même réussi à faire d’Iker Casillas un gardien lambda, lui qui a longtemps été considéré comme le meilleur du monde. Alors comment refaire du Real une machine à gagner ? La question est posée et la réponse ne se trouvera pas de sitôt.
Obliger un coach à aligner Kaka et Ronaldo et machin et truc et chose est un suicide sportif. Lorsque Perez aura compris cela, le football aura fait un petit pas et le club madrilène un grand écart salvateur. Gagner 5-1 à Ténérife ou 6-2 contre Villareal, c’est bien joli… Mais ce n’est pas lors de ces rencontres que se jouent les titres. Nous pourrons apprécier la capacité de réflexion de Perez dès le prochain mercato. Soit il prend Franck Ribéry pour 67 millions et continue à privilégier le bling-bling au terrain, soit il laisse les décisions sportives à qui de droit et le Real pourra redevenir un vrai club de foot. Je sais pas vous, mais personnellement, j’ai ma petite idée sur ce qui va se passer…