Dimanche pluvieux sur Burnley

Courageux mais limité, le FC Burnley est officiellement relégué en Championship après la défaite concédée contre Liverpool. Les Scousers n’étaient pourtant guère convaincants mais ils ont une fois de plus pu compter sur Steven Gerrard pour leur sauver la mise.

Après le faste et les paillettes de Manchester United – Tottenham Hotspurs, on s’autorise un dimanche de football britannique un peu plus laborieux et, sans doute, un peu plus authentique. Ne serait-ce que parce que la température estivale et les terrasses de la veille ont été remplacées par un ciel chargé de nuages et un vilain crachin. Notre périple dominical débute par une visite des installations du club du FC Accrington Stanley, pensionnaire de League Two (4e division). Le Retail Operations Manager du club nous ouvre aimablement les portes du stade de Crown Park (5’000 places), lequel accueille régulièrement entre 1’000 et 3’000 supporters. On apprend que les joueurs sont professionnels et touchent environ 4’000 £ par mois, le club dispose d’un site internet, avec possibilité d’acheter billets et merchandising online. On n’ose même pas dire à notre guide qu’en Suisse, la plupart des clubs de deuxième division ne possèdent pas un tel standing. Le foot en Angleterre, c’est vraiment un autre monde.

Burnley la bucolique

Nos pérégrinations se poursuivent quelques kilomètres plus loin dans la riante cité de Burnley, une ville industrielle de 80’000 habitants un peu sinistrée, qui fait davantage parler d’elle pour son taux de chômage, ses émeutes raciales et les percées électorales de l’extrême-droite que pour ses musées ou ses espaces verts. Je te déconseillerai d’y emmener ton épouse en voyage de noces, sous peine de sérieusement raccourcir l’espérance de vie de ton mariage. En revanche, pour une vraie ambiance de foot à l’anglaise, c’est parfait. Le stade n’est pas très grand, les supporters sont proches de leur équipe, au propre comme au figuré, les chants sont incessants, une immense ovation parcourt le stade à chaque fois que les joueurs locaux franchissent le milieu de terrain et un tonnerre d’applaudissement salue chaque passe trop longue. Et à l’exception du gardien danois Jensen, le onze de base est composé exclusivement de joueurs britanniques.

La dernière chance

L’heure est grave pour le club local du FC Burnley car seule une victoire contre Liverpool peut permettre de conserver un frêle espoir de maintien. Ce sont pourtant bien les Clarets qui entrent le mieux dans la partie ; certes, ce n’est guère flamboyant, ce n’est pas par hasard que Burnley a perdu treize matchs sur seize depuis que l’entraîneur Brian Laws a remplacé Owen Coyle, parti sauver le voisin, plus fortuné, Bolton. Les Clarets se créent les deux meilleures occasions de la 1ère mi-temps avec deux coups de tête de Steven Fletcher au-dessus et de Jack Cork directement sur Reina. En face, Liverpool présente un niveau de jeu affligeant, on comprend le classement anonyme des Reds en voyant leur incapacité à inquiéter la défense des Clarets ; avant la pause, il n’y a guère eu qu’un tir de Gerrard bloqué par l’impressionnant gardien Brian «Beeeeeeeast» Jensen à signaler.

Le FC Steven Gerrard

La deuxième mi-temps semblait repartir sur les mêmes bases mais l’on avait oublié que le FC Gerrard-Torres sans Fernando Torres, ça devient le FC Steven Gerrard. Le capitaine des Scousers va enterrer les derniers rêves de maintien des Clarets sur deux frappes lointaines. La première, chanceuse et malencontreusement déviée dans ses propres filets par le défenseur Cort, la seconde, somptueuse, suite à un ballon récupéré après une glissade de Benayoun. La chance n’était définitivement pas du côté des locaux puisque le tir de Steven Fletcher qui aurait pu relancer la partie, s’est écrasé sur le poteau d’un Reina battu en la circonstance. Comme à l’entraînement, Maxi Rodriguez et Ryan Babel ajouteront deux nouveaux buts qui donneront une allure beaucoup trop lourde au score.

Relégués mais fiers

Avec ce 0-4 sans appel, la relégation des Clarets était consommée. Un peu abasourdis après le doublé de Gerrard, les supporters locaux ont tout de même trouvé l’énergie pour chanter à tue-tête dans les dernières minutes, parvenant même à éteindre le Never Walk Alone des fans de Liverpool. Et c’est sous les applaudissements nourris de leurs partisans que les joueurs locaux ont regagné les vestiaires. Manifestement, ici, aux racines mêmes du foot, puisque Burnley fait partie, avec Accrington, Aston Villa, Blackburn, Bolton, Derby, Everton, Notts County, Preston, Stoke, West Bromwich et Wolverhampton, des fondateurs de la plus vieille ligue de football du monde, il faut bien plus qu’une défaite 0-4, une relégation et un ciel grisâtre pour avoir raison de la ferveur des fans.

FC Burnley – FC Liverpool 0-4 (0-0)

Turf Moor, 21’553 spectateurs.
Arbitre : M. Dowd.
Buts : 52e Gerrard (0-1), 58e Gerrard (0-2), 73e Maxi Rodriguez (0-3), 90e Babel (0-4).
Burnley : Jensen ; Mears, Duff, Cort, Fox ; Paterson (70e Eagles), Elliott, Alexander (63e Blake), Cork, Nugent (77e Thompson) ; Fletcher.
Liverpool : Reina ; Johnson, Carragher, Ayala, Agger (77e Lucas) ; Mascherano, Gerrard (81e Pacheco) ; Maxi Rodriguez, Aquilani, Babel ; Kuyt (47e Benayoun).
Cartons jaunes : 30e Cork, 45e Gerrard, 78e Duff.

Écrit par Julien Mouquin

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3 Commentaires

  1. J’y connais rien à Burnley mais rien qu’à voir les photos et lire le compte-rendu, ça me fait envie… Mais ces « petits » clubs qui redescendent ou qui ne montent pas font partie du paysage… voir également du côté du CIGM mais c’est une autre histoire. You’ll never walk alone !!!

  2. Ah Burnley FC et Turf Moor…

    J’y suis allé en avril pour le match entre l’équipe locale et Cityé (je n’étais pour aucune des deux équipes)…

    5à0 pour city à la maison mais l’ambiance était extraordinaire…On s’est juste fait rincer de la première à la dernière minute dans la tribune derrière le but (même de la grêle)…

    Pour avoir vu des matches dans toutes les divisions pros anglaises (la Premier League et la Football League), je trouve ces petits plus charmants et l’ambiance y est souvent meilleure que dans les stades du Big 4!

  3. Article vraiment sympa, merci. ça donne envie d’y aller. Ou plutôt, ça donne envie de prendre exemple… mais en Suisse, pas la même culture (je m’inclus là-dedans)…

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