Ça c’est de la frappe !

Le Lausanne-Sport poursuit son parcours sans faute. Les Vaudois ont pourtant été accrochés dans le choc au sommet contre une étonnante équipe de Delémont mais ont fait la différence sur deux frappes somptueuses de Rodrigo Tosi et Nicolas Marazzi.

Quand on avait découvert le calendrier de ce championnat 2010-2011, on n’aurait jamais pensé que ce Lausanne – Delémont de la 4e journée constituerait le choc au sommet entre deux formations n’ayant pas encore égaré le moindre point. A la limite, retrouver le LS en si bonne position n’est pas complètement une surprise, les Vaudois faisant partie des outsiders dans les pronostics d’avant saison.

Delémont, la bonne surprise

En revanche, personne ne s’attendait à voir Delémont aussi bien classé, la plupart des observateurs prédisant une saison difficile au néo-promu jurassien. Il est vrai que les SRD ont fait le pari d’aborder cette saison de LNB avec une équipe quasiment inchangée par rapport à celle qui a obtenu sa promotion en juin dernier et il n’y a guère de noms connus dans cette équipe, sinon l’ex-Sédunois Sirufo, l’ancien Lausannois Baudry, l’un des héros d’Amsterdam, et le (presque) ancien Lausannois Szlykowicz. On a assez souvent fustigé sur CartonRouge.ch ces promus qui, sitôt l’ascension consommée, viraient les trois quarts de l’équipe afin d’engager des mercenaires aux références improbables, pour saluer la démarche jurassienne. On espère vivement que cette équipe de Delémont parviendra à assurer son maintien en s’appuyant sur la continuité et une forte ossature locale, là où d’autres ont échoué avec une politique de gros sous et de renforts «prestigieux».

C’était le Brésil

Mais samedi, ce n’était pas de maintien dont il était question mais bien de la première place du classement. En fringant leader, le LS semble d’emblée déterminé à montrer aux Jurassiens qu’ils n’ont rien à venir chercher à la Pontaise. Les actions lausannoises, souvent inspirées et brillantes, s’enchaînent, tout comme les frappes en direction du gardien jurassien Beat Weber. Le gardien delémontain doit notamment s’interposer sur un tir de Celestini, au terme d’une action à une touche de balle à la brésilienne (enfin, pas le Brésil de Dunga, ni celui de Scolari, Parreira ou Lazaroni mais ce Brésil fantasmé que la plupart d’entre nous n’ont jamais connu). L’excellent Weber est à nouveau à la parade pour détourner une frappe d’Avanzini sur le poteau. A ce moment-là du match, on pensait que le LS n’allait faire qu’une bouchée du néo-promu jurassien. Mais après 25 premières minutes à sens unique, le match allait s’équilibrer, et les actions lausannoises se faire beaucoup moins tranchantes. On a même vu les Jurassiens s’enhardirent, comme sur cette frappe de Germann détournée par Favre, suite à une mauvaise relance du gardien lausannois.

L’exploit de Tosi

La deuxième mi-temps va débuter sur le même schéma, avec une domination lausannoise mais sans beaucoup d’occasions. Avec l’absence de Steuble et son remplacement par Tosi sur le flanc droit, l’équipe de Martin Rueda n’est pas idéalement disposée sur le terrain, le Brésilien ayant beaucoup de peine à tenir son couloir. C’est pourtant bien de Rodrigo Tosi que va venir l’éclair : pour une fois plus ou moins positionné sur son côté droit, le Brésilien a armé une frappe somptueuse du pied gauche en pleine lucarne, pour l’ouverture du score. La Pontaise s’enflamme, tout comme mon voisin d’un soir, qui se reconnaîtra : «C’est l’année du sport lausannois : à ce rythme-là, le LS sera promu en mars déjà et le LHC suivra quelques jours plus tard. Et on va aller en voiture à Moscou soutenir cette équipe.»

L’exploit de Marazzi

On pensait que le LS avait fait le plus dur. D’ailleurs, les espaces s’ouvrent instantanément dans la défense des SRD, Silvio galvaude deux balles de break par manque d’altruisme. C’est alors qu’est survenu l’accident : sur une balle en profondeur, Michael Rodriguez déjoue le piège du hors-jeu et s’en va seul au but inscrire l’égalisation. Mettant ainsi un terme à une série de 352 minutes d’invincibilité du LS à la Pontaise en championnat. Tout était dès lors à refaire pour des Lausannois, qui peinaient à prendre en défaut la bonne organisation de Delémont. Le doute envahit la Tribune Sud, tout comme mon voisin : «Encore un championnat dans le ventre mou du classement, je remets plus les pieds à la Pontaise cette saison.» Tout au plus peut-on signaler une tête de Silvio bloquée par Weber et une main de Sirufo qui avait peut-être le poids d’un penalty. C’est alors que l’on pensait que le LS allait égarer ses premiers points de l’exercice que Fabio Celestini obtient un coup-franc généreux, à l’expérience. Nicolas Marazzi ne laisse pas passer l’occasion et arme une frappe magnifique qui passe au-dessus du mur pour donner la victoire, largement méritée, au Lausanne-Sport.

Quand la Tribune Sud s’embrase…

Cette valeureuse équipe de Delémont n’avait pas les ressources pour revenir une nouvelle fois, c’est même le LS qui passera tout près du 3-1 sur un caviar de Munsy pour Traoré qui n’a pu cadrer sa reprise. Le Lausanne-Sport poursuit donc son parcours dans faute et la Tribune Sud pouvait s’embraser presque comme son homonyme du Westfalenstadion. Sur ma droite, il est désormais question d’un déplacement à Moscou en scooter… Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, on apprend la défaite de l’autoproclamé champion de Suisse 2012 sur la pelouse de la terrifiante lanterne rouge Winterthour. Le LS occupe ainsi seul la tête du classement, en attendant le déplacement de Lugano à Vaduz lundi. Lugano, ce sera précisément le prochain adversaire du Lausanne-Sport dimanche prochain pour un nouveau choc au sommet, juste entre les deux matchs de Coupe d’Europe contre le Lokomotiv Moscou. Décidément, les affiches exaltantes s’enchaînent à un rythme infernal pour le LS en ce moment… 
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne-Sport – SR Delémont 2-1 (0-0)

Stade Olympique, 2’050 spectateurs.
Arbitres : M. Zimmermann, assisté de MM. Lanz et Kaszsas.
Buts : 58e Tosi (1-0), 65e Rodriguez (1-1), 86e Marazzi (2-1).
Lausanne : Favre ; Stadelmann, Katz, Meoli, Sonnerat ; Tosi (85e Traoré), Celestini, Marazzi, Avanzini (79e Carrupt) ; Silvio, Roux (59e Munsy).
Delémont : Weber ; Kollar, Hamidou, Sirufo, Ochs ; Szlykowicz (76e Hulmann), Budimir, Baudry, Barbosa (87e Hamzai) ; Germann, Rodriguez.
Cartons jaunes : 21e Barbosa, 57e Sonnerat, 62e Szlykowicz, 91e Hamzai.
Notes : Lausanne sans Kilinc (suspendu), Steuble, Borges (blessés) ni Hélin (pas convoqué) ; Delémont privé de Casasnovas (blessé).

Écrit par Julien Mouquin