La symétrie parfaite

Une défaite en ouverture de saison, sept victoires, un match nul, à nouveau sept victoires et une défaite pour terminer : le premier tour du Borussia Dortmund peut se regarder avec un miroir. Il aurait pu y avoir une entorse à cette belle orthodoxie samedi à Francfort mais Sahin et Barrios n’ont trouvé que la latte avant que Gekas ne crucifie le BVB.

On se doutait bien que ça arriverait un jour, que le Borussia Dortmund n’allait tout de même pas gagner tous ses matchs jusqu’à la fin du championnat. Mais, pour être franc, on ne pensait pas que la fin de l’incroyable série d’invincibilité du BVB prendrait fin ce week-end à Francfort pour l’ultime match du premier tour. Certes, il n’est jamais facile d’aller gagner à la Commerzbank-Arena mais l’Eintracht, après un bon début de saison, marquait un peu le pas ces dernières semaines et se présentait avec une défense décimée par les absences. C’est pourquoi on était plutôt confiant en débarquant dans un stade dont les abords évoquaient davantage les pistes de ski de fond de la Vallée de Joux que la capitale économique de l’Allemagne, en particulier les mythiques parkings non déneigés en pleine forêt du Waldstadion. Enfin, on n’a pas rencontré d’ours ni même de supporters de Schalke, la voiture a pu être dégagée des congères et ton chroniqueur préféré est rentré sain et sauf pour te narrer les péripéties de la rencontre.

Le match de trop

Après la mascarade sévillane en Europa League, supporters et joueurs du BVB sont heureux de retrouver une vraie ambiance et un vrai match de football. D’un côté, les fans de l’Eintracht prouvent qu’ils comptent parmi les meilleurs du pays, de l’autre ce ne sont pas moins de dix mille supporters jaunes et noirs qui ont fait le déplacement pour rendre un dernier hommage à leur équipe pour ce premier tour fabuleux et, en cas de succès, célébrer le record de la meilleure phase aller jamais réussie depuis la création de la Bundesliga en 1963. Mais il apparaît bien vite que le Borussia n’y est pas. SGE gagne tous les duels et s’installe résolument dans le camp adverse, alors que les joueurs dortmundois n’arrivent pas à aligner deux passes de suite. On n’incriminera pas la fatigue après la rencontre d’Europa League à Séville trois jours plus tôt où l’on n’a guère dû dépasser les vingt minutes de jeu effectif mais une lassitude plus générale pour le 26e match officiel du BVB depuis le mois d’août. En alignant quasiment tout le temps les onze mêmes joueurs, à l’exception du remplacement des blessés Kehl et Owomoyela par Bender et Piszczek et un tournus entre Götze, Grosskreutz et Blaszczykowski pour les deux places de demis extérieurs.

Maudite transversale

Les occasions sont donc francfortoises avec un tir de Meier bloqué par Weidenfeller, deux essais de Clark juste à côté et surtout une sortie décisive de Weidenfeller devant Gekas qui se présentait seul devant lui. Il faut attendre la fin de la première mi-temps pour voir le BVB inquiéter une défense de l’Eintracht bien en place, avec une brillante reconversion de Pirmin Schwegler en position d’arrière central, et se créer ses premières occasions avec un tir de Götze directement sur le portier Fährmann et surtout une frappe trop enlevée de Barrios qu’on a eu connu mieux inspiré lorsqu’il se présente seul devant le gardien.
Après la pause, Dortmund attaque face au mur jaune, situé cette fois dans la Kurve Ost, et cela va tout de suite mieux. Même si cela reste un peu poussif avec plus d’imprécisions et moins de rythme que d’habitude. Fährmann doit sauver sur un dégagement raté de Vasoski mais c’est surtout la transversale qui va faire le malheur du BVB. C’est tout d’abord une merveille de lob de Sahin qui vient heurter la latte (64e). Puis, sur une action limpide entre da Silva, Blaszczykowski et Barrios, c’est l’obus envoyé par l’Argentino-Paraguayen qui frappe la barre (86e).

C’est pas cool, la défaite

La réussite, qui a si souvent accompagné le Borussia dans ce premier tour, l’avait lâchée puisque dans l’enchaînement la défense dormundoise se laissait aspirer par Martin Fenin qui décalait Teofanis Gekas d’une talonnade géniale. Retrouvé après trois saisons d’errance, le Torjäger grec n’a pas laissé passer l’occasion d’inscrire son quatorzième but de la saison et de plier le match. Après avoir remporté ses huit premières rencontres à l’extérieur dans ce championnat, le BVB a chuté sur la neuvième. La température, elle, avait chuté à -8 degrés et définitivement gelé les espoirs dortmundois de record, qui restera propriété du Bayern 2005-2006 avec 44 points. Après ce premier tour exceptionnel, j’en avais presque oublié le goût de la défaite, tellement habitué à quitter le stade avec un sourire béat aux lèvres et des chants de victoire qui résonnent dans la tête jusqu’au bout de la nuit plutôt qu’à refaire trois cent fois le match et à repasser toutes les actions pour voir comment les choses auraient pu tourner différemment. Je confirme, c’est toujours aussi peu cool, la défaite.

Vivement la reprise !

Ce revers n’enlève bien sûr rien au premier tour ahurissant réussi par le BVB mais elle montre à ceux qui attribuaient déjà le titre à Dortmund que rien n’est encore acquis. La Bundesliga est sans aucun doute le championnat le plus dense d’Europe et il n’y a pas de matchs faciles, il faudra aller chercher tous les points. Et cette rencontre de Francfort a révélé que, lorsque les jambes n’y sont pas et qu’elle n’arrive pas donner du rythme et exercer son pressing intense, cette équipe dortmundoise devient très ordinaire, cette formation que la plupart des pronostics d’avant saison ne plaçait même pas dans les cinq premiers. En ce sens, tout rageante qu’elle soit, surtout dans les circonstances honteuses que l’on sait, l’élimination en Europa League est, dans l’optique du titre, une bénédiction. Tout comme cette pause qui arrive à point nommé pour le Borussia Dortmund. Et pour le soussigné aussi d’ailleurs, tous ces kilomètres d’autoroutes, ces matchs et après-matchs très intenses, ça commence à fatiguer, heureusement qu’il y a les Fêtes pour se remettre, ça va faire tout bizarre de débuter la semaine sans avoir la voix cassée et un paquet d’heures de sommeil en retard. En même temps, j’écris ça aujourd’hui mais j’imagine qu’à partir de demain je vais commencer à compter fébrilement les jours jusqu’à la reprise, fixée au 14 janvier avec un Leverkusen – Dortmund qui pourrait conditionner pas mal de choses pour un deuxième tour qui s’annonce des plus exaltants.

Eintracht Francfort – Borussia Dortmund 1-0 (0-0)

Commerzbank-Arena, 51’500 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Aytekin.
But : 87e Gekas (1-0).
Frankfurt: Fährmann ; Jung, Vasoski, Schwegler, Tzavellas (78e Fenin); Clark, Köhler; Ochs, Meier, Altintop (93e Caio); Gekas (91e Amanatidis).
Dortmund: Weidenfeller; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; Bender (46e da Silva), Sahin; Götze, Kagawa (64e Blaszczykowski), Grosskreutz (73e Lewandowski); Barrios.
Cartons jaunes: 18e Schwegler, 47e Schmelzer, 87e Meier, 90e Weidenfeller.
Notes: Frankfurt sans Russ (suspendu), Nikolov, Chris, Franz, Bajramovic, Rode ni Titsch-Rivero (tous blessés). Dortmund sans Kehl, Kringe ni Owomoyela (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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11 Commentaires

  1. « En ce sens, tout rageante qu’elle soit, surtout dans les circonstances honteuses que l’on sait, l’élimination en Europa League est, dans l’optique du titre, une bénédiction. »

    Pour les profanes dont je suis, tu peux en dire plus sur ces circonstances honteuses ?

  2. Tout comme notre ami Martin ci-dessus, et n’ayant pas vu ce match d’Europa League à Séville, ni rien lu à ce sujet, je serais fort intéressé de savoir ce qui s’y est passé de fâcheux, mon cher Julien ?

  3. @ Martin et Ch. Logoz

    Messieurs…pourtant, vous connaissez la mauvaise foi récurrente de cet incompétent notoire de Julien Mouquin !
    Notamment, lorsqu’il s’agit de commenter une défaite de ses chers allemands…et surtout si ces derniers sont éliminés par les espagnols !

    Cette haine viscérale vis-à-vis des espagnols à commencé en juillet, lorsque l’Espagne a éliminé l’Allemagne en 1/2 finale du Mondial.
    Le pire pour JM, c’est que l’Espagne a largement mérité sa victoire…ceci même l’entraîneur et les joueurs allemands l’ont reconnu…tout le monde sauf JM bien sûr !

    Depuis ce fameux jour, JM ne parvient pas à digérer. Il est frustré et amer. Les espagnols sont tous des tricheurs, des dopés et des méchants.

    Chacun de ses articles est truffé de provocations et d’attaques envers les espagnols, celles-ci avec une véhémence incompréhensible !

    JM a même affirmé qu’il y avait eu une scandaleuse tricherie espagnole concernant l’attribution du ballon d’or, nous expliquant son indignation inhérente à la présence d’Iniesta dans le trio final.
    Alors que les votants sont : tous les journalistes, tous les capitaines et tous les sélectionneurs de la planète !

    JM est tellement envieux des succès espagnols qu’il a développé une sorte d’allergie répulsive envers tout ce qui vient d’Espagne.

    JM argumente sans aucune capacité de discernement, en étant partial, en déformant la réalité, en extrapolant des faits du contexte et en faisant preuve d’une mauvaise foi lamentable…et pathétique.

    En outre, la plupart de ses articles sont constamment dénigrés par de nombreux intervenants (et pas que par des espagnols, car JM exaspère tout le monde !)

    La question que je me pose c’est : pouquoi la direction de Carton Rouge laisse encore rédiger ce petit Monsieur ?

  4. Mmmhh… Je ne serais pas aussi catégorique Dan. D’accord Julien ne mettra sûrement pas de sitôt un poster de Guardiola dans son appart mais bon, une haine viscérale…

    Pis bon ils sont sympa ces articles sur la Bundesliga, qui soit dit en passant est plus poilante que la Liga depuis déjà quelques saisons.

    Je trouve que l’idée de nous faire des résumés d’Outre-Rhin est chouette mais il est vrai que la fréquence des articles et surtout leur ressemblance les rendent malheureusement de moins en moins passionnants. C’est pourquoi je suggérerais à Julien d’espacer un peu ses comptes-rendu ou alors de choisir un match toute les deux journées au maximum afin que l’on puisse pleinement apprécier leur contenu.

    Et puis c’est vrai, Julien est sympa à lire tant qu’il ne nous parle pas « espagnol ». Alors Julien pondère quand-même un peu tes propos, espace peut-être tes articles, mais ne laisse tout-de-même pas Carton Rouge vivre sans le championnat le plus populaire d’Europe! 😉

  5. @martin & Christophe:
    Gagner un peu de temps quand tu tiens un match nul qui assure ta qualification, c’est de bonne guerre, mais Séville a largement outerpassé les limites de l’acceptable jeudi: dès l’égalisation du BVB à la 49e, il n’y a quasiment plus eu de temps de jeu effectif, entre des joueurs qui s’effondraient au moindre contact, un gardien qui allait chercher les ballons au poteau de corner avant de dégager et des petits ramasses balles qui avaient manifestement été briefés pour ne pas rendre le ballon, avant de donner trois ballons en même temps à divers endroits du terrain. Le tout avec la bienveillance d’un arbitrage complaisant.
    Ajoute à cela des brutalités policières en tribune et ce match avait tout du guet-apens organisé par une équipe aux abois et prête à tout pour se relancer, ça a fait jaser dans la presse allemande où l’on n’a plus trop l’habitude de ce genre de comportement.
    D’ailleurs, Séville a reproduit le même schéma de jeu dimanche à Madrid et a réussi, à coup de provocations et d’antijeu, à faire perdre ses nerfs au Real (qui a fort heureusement réussi à s’en tirer).
    Ceci dit, Dortmund ne peut s’en prendre qu’à lui-même d’avoir donné deux buts sur les trois incursions sévillanes dans le camp adverse mais, comme dit dans l’article, c’est sans doute un mal pour un bien.

  6. @Martin et Ch. Logoz

    Vous pouvez constater que ce que j’ai écrit sur Julien Mouquin s’est encore une fois avéré.

    Ce mec ne se remettra jamais en question…son commentaire risible démontre réellement sa xénophobie récurrente, son acharnement vis-à-vis des espagnols…et aussi son niveau d’intelligence.

    C’est dingue comme la jalousie peut rendre idiot. Heureusement pour JM que le ridicule ne tue pas !

  7. Julien , ne te casse pas comme ça .
    Tes articles sur la Bundesliga sont trés bons .
    Il faudrait juste que tu en fasses moins sur les Espagnols qui ne sont ni plus ni moins que les nouveaux Allemands .
    Rappele toi les critiques que prenaient les Teutons dans les années 80-90 à l’aune de leur gloire .
    J’ai vu le match de Séville et effectivement les Espagnols , pour qui ce match était crucial , ont manqué de fair-play .
    Mais Dortmund a montré , à cette occasion , son manque d’expérience dans ce genre de matches couperet et je suis d’avis que cette élimination va leur faire du bien pour gagner le titre .
    Ce match a , à mon sens , aussi confirmé le niveau moyen du championnat allemand qui vaut surtout par son nombre de buts ( 3 de moyenne par match ) et l’ambiance de ses stades (42000 spectateurs par match) qui le rendent unique .
    En tant que fan depuis toujours du foot espagnol , je regrette la Liga des années 90 qui a fait place à cette situation grotesque que nous vivons tous les week-end avec le carton du Barça , la victoire du Real et la médiocrité des autres et j’envie la pourtant moyenne mais si passionante Bundesliga .

  8. Je suis sûr que tu dois être un gars très sympathique, Dan, mais inutile de te fâcher tout rouge et de demander la démission de Julien à chacun de ses articles, parce que ça commence à devenir un chouia agaçant, à force…il a son avis, tu as le tien, j’ai le mien, chaque lecteur de CartonRouge.ch aussi, essayons de cohabiter. Un peu de recul, de lâcher-prise et d’humour, ça aide, aussi, mais ça, c’est pas donné à tout le monde, malheureusement. Tout ceci est d’ailleurs aussi valable pour ton collègue (frère jumeau?) Ramon qui écrit d’une manière si proche de la tienne que ça en devient confondant… 😉

    Joyeuses fêtes à tous et vive CR !

  9. juste des nouvelle de UNSER EINTRACHT BRAUNSCHWEIG DEUTSCHEMEISTER 1967(17 000spectateurs de moyenne cette année Absolument 17.000 j’ai dit) BUNDESLIGA 3 qui va on l’espere tous dans le NIEDERSACHSEN monter cette année puisque ils sont actuellement classé NUMMER 1 dans la tabelle Les LOOSER de WOLFSBURG ET HANNOVER 96 n’ont qu’a bien se tenir voila c’est fait c’est dit …….

  10. Perso, les articles de JM sont de loin ceux que je préfère lire à propos du plus exaltant des championnats. Une pointe de mauvaise fois et un poil d’ironie sont d’ailleurs souhaité de tous sur CR.

  11. En bon supporter du PSG, j’ai pu apprécier le comportement du BVB et de Séville en C3. Inutile de dire que le club allemand (et ses supporters, nombreux et aimables, l’accueil réservé aux Parisiens en Allemagne n’est pas près d’être oublié) a eu un comportement d’une autre qualité. Klopp qui fait un clin d’oeil à son défenseur sur une égalisation concédée à domicile à la 87ème minute, c’est à montrer dans toutes les écoles de football. Le jeu que son équipe propose également. De l’autre côté, une équipe qui, faute de gagner sur le pré, tente désespérément de chercher des noises au plus mauvais gardien de L1 (enfin pas tout à fait, le sympathique Lionel Letizi a repris les gants et heureusement qu’on l’aime bien à Paris). Honnêtement, il aurait mieux valu un Dortmund au tour suivant que ce Séville-là, qui ne ressemble plus beaucoup à celui beaucoup plus séduisant de 2005-2008.

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