La malédiction du Borussia-Park

Battu par son voisin Leverkusen, le Borussia Mönchengladbach devra encore patienter pour renouer avec le succès à domicile qui le fuit depuis le 9 avril 2010. Les supporters commencent à trouver le temps long…

Sevré de victoire à domicile depuis le 9 avril dernier, le Borussia Mönchengladbach espérait bien vaincre le signe indien dimanche en recevant son voisin Leverkusen. Mönchengladbach – Leverkusen, c’est un derby uniquement pour des raisons géographiques parce que cela ne représente pas grand-chose pour les supporters. En effet, le Bayer Leverkusen n’est pas une Traditionsverein et ne saurait donc avoir son vrai derby. Pour les fans de Gladbach, le seul derby qui compte, c’est contre le 1. FC Köln (et réciproquement). Si tu me passes la comparaison, Leverkusen, c’est comme le HC Genève-Servette, une construction artificielle qui claque des fortunes pour systématiquement échouer dans la quête du titre national mais dont les supporters sont trop insignifiants pour qu’un autre club veuille bien en faire son adversaire privilégié : Lausanne a son derby contre Martigny, Fribourg contre Berne, et Genève cherche toujours son derby (Chamonix peut-être…). En tous les cas, trente-deux ans après son accession à la Bundesliga, Leverkusen n’a toujours pas trouvé le sien. Les traditions ont la vie dure dans le foot allemand et du coup, malgré la proximité des deux villes (si tant est que le terme de ville puisse s’appliquer à Leverkusen), le stade est loin d’être plein.

Michal fils de Miroslav

Relancé après un succès capital obtenu à Nuremberg la semaine précédente, Mönchengladbach rentre le mieux dans la partie contre un Leverkusen sans doute encore un peu sonné par la défaite subie contre Dortmund. Les Fohlen auraient mérité d’ouvrir le score dans la première demi-heure. Avec notamment une volée lobée astucieuse de Marco Reus qui s’écrase sur la latte de son futur coéquipier à Manchester United (?) René Adler, archi-battu en la circonstance.
Mais c’est bien Leverkusen qui va marquer en premier sur un coup franc plutôt sévère à l’orée des seize mètres : c’est en pleine lucarne que va se ficher la frappe somptueuse du gaucher Michal Kadlec, fils de Miroslav, bourreau de l’équipe de France à l’Euro 1996 (toujours des bons souvenirs à rappeler). C’était déjà un salaire royal pour Neverkusen qui n’avait rien montré d’autre jusque-là. Et pourtant, les Rheinländer trouveront les moyens d’ajouter un deuxième but juste avant la pause sur un centre anodin d’Arturo Vidal qui aurait dû être tranquillement capté par le gardien Heimeroth, si celui-ci n’avait pas oublié de sortir et permis à Gonzalo Castro de doubler la mise à bout portant. 

Ça c’est du tournant !

Les problèmes de gardien sont récurrents à Mönchengladbach et ont déjà coûté passablement de points cette saison, que ce soit avec le titulaire initial Bailly ou celui qui lui a succédé Heimeroth. On a un peu l’impression d’assister toujours au même scénario avec les Fohlen : l’équipe n’est pas si mauvaise que ça, elle se crée des occasions, ne marque pas et se fait trouer sur les premières offensives adverses. Le Borussia montrera toutefois une belle réaction d’orgueil après la pause avec la réduction du score réussie par l’Autrichien Martin Stranzl, fraîchement débarqué du Spartak Moscou et auteur d’une volée somptueuse dans un angle impossible. L’espoir renaît dans le Borussia-Park et l’on passe même tout près de l’égalisation à la 73e avec un double sauvetage miraculeux d’Adler et Kadlec devant Hanke et Nordtveidt. Quinze secondes plus tard, sur la rupture, l’international espoir allemand Gonzalo Castro, à nouveau servi par Arturo Vidal, l’ami de Valon Behrami, s’en va seul au goal inscrire le 1-3. Si ça, c’est pas un tournant du match…

Pauvre Jünter

Malgré une dernière tête de Matmour sur la latte, c’en était fait des espoirs d’«unser Dream Team», ça ce n’est pas moi qui le dis mais la mythique chanson «die Elf vom Niederrhein» que l’on écoute en boucle sur le trajet du retour ; le CD des chants du Borussia Mönchengladbach, c’était vraiment une fameuse acquisition. C’est évidemment la déprime dans les rangs des supporters de Mönchengladbach, toujours sevrés de victoire à domicile depuis plus de neuf mois, on s’imagine qu’à leur place (c’est d’autant plus facile qu’on a suivi le match dans le kop des Fohlen), on la trouverait saumâtre. Certains d’entre eux réclament la démission de l’entraîneur Frontzeck et même Jünter, la souriante mascotte, est dépitée… L’opération maintien du Borussia Mönchengladbach, toujours scotché à la dernière place du classement, s’annonce bien compliquée. Le potentiel est là, les nouveaux venus Hanke et Stranzl ont montré des choses intéressantes mais si Gladbach continue à allier noire malchance, erreurs défensives et manque de réalisme offensif, ça va être mission impossible. Et puis, il n’y aura pas de maintien si les Fohlen ne parviennent pas rapidement à retrouver le chemin de la victoire dans leur Borussia-Park.

Michael Ballack ist zurück

Une semaine après avoir été donné pour mort suite au passage de la tornade Dortmund, le Bayer s’est un peu rassuré avec cette première victoire en 2011, même si les Rheinländer n’ont pas montré un volume de jeu impressionnant et sont plutôt bien payés au final. Autre bonne nouvelle pour la Werkself, Michael Ballack, qui n’avait plus foulé les pelouses de Bundesliga depuis le 11 septembre dernier et l’attentat dont il avait été victime à Hanovre, a rejoué. Trente-cinq minutes, sans grand relief, mais c’était une bonne mise en jambe. S’il parvient à retrouver la forme, l’ancien joueur de Chelsea peut être un atout maître dans la conquête de l’objectif suprême pour Vizekusen, un cinquième titre de vice-champion d’Allemagne en quatorze ans.

Borussia Mönchengladbach – Bayer Leverkusen 1-3 (0-2)

Borussia-Park, 36’696 spectateurs (record négatif de la saison).
Arbitre : M. Meyer.
Buts : 37e Kadlec (0-1), 45e Castro (0-2), 65e Stranzl (1-2), 73e Castro (1-3).
Mönchengladbach : Heimeroth; Nordtveidt, Stranzl, Dante, Daems; Reus, Marx (74e Herrmann), Neustädter (86e Bradley), Idrissou; de Camargo (58e Matmour), Hanke.
Leverkusen : Adler; Schwaab, Reinartz, Hyypiä, Kadlec; Vidal, Rolfes; Sam (56e Ballack), Renato Augusto, Castro (94e Balitsch); Kiessling (74e Derdiyok).
Cartons jaunes : 61e Matmour, 87e Adler.
Notes : Mönchengladbach sans Brouwers, Jaurès, Schachten (blessés), Levels (malade) ni Bobadilla (suspendu), Leverkusen sans Barnetta, Bender (blessés), Helmes (blessure diplomatique) ni Friedrich (suspendu).

Écrit par Julien Mouquin

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5 Commentaires

  1. et DeCamargo se blesse à nouveau et en a pour quelques semaines d’indisponibilité … il n’est pas abslument indispensable mais peu peser sur une défense et faire la différence…

  2. Julien, je suis un fan absolu de tes articles et un admirateur sans limite de la Bundesliga, mais ta comparaison entre Nervekusen et Genève-Servette est definitivement fausse…

    Peu de moyens financiers à GS depuis l’accession à la LNA et un public fidèle et passionné, même lorsque les résultats ne sont pas au rendez-vous (depuis plusieurs années la 3ème moyenne de spectateurs).

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