Le plus gros con du monde

Il avait été élu Pigeon d’Or de l’été 2008, mais n’avait rien pu faire en vue du titre annuel, remporté de main de maître par Pierre-Alain Dupuis (who else ?). Cette fois, je décide unilatéralement de désigner Riccardo Ricco «Plus Gros Con Du Monde» sans consulter personne.

Après deux victoires d’étape au Tour de France 2008, le «Cobra» avait été convaincu de dopage à l’EPO CERA. Suspendu deux ans – peine réduite à 20 mois pour avoir collaboré (et en plus, c’est une balance…) -, le coureur d’Emilie-Romagne avait fait son retour la saison dernière sous les couleurs de la Flaminia. Ricco avait même gagné la Coppa Sabatini en fin de saison. Prometteur. Il avait ensuite pris un nouvel entraîneur, réputé pour être un chantre de l’anti-dopage. Manque de pot, celui-ci est décédé en décembre dernier.

On y croyait, il semblait y mettre du sien. Il semblait avoir pris du plomb dans la tête, d’autant plus qu’il se retenait désormais de ses traditionnelles attaques gratuites contre le reste d’un peloton qu’il a toujours jugé trop timoré. A sa décharge, Ricco était aussi très mal entouré… Sa copine a été chopée elle aussi à la CERA en janvier 2010. Ensuite c’est son ex-beau-frère qui a été attrapé par la patrouille. Les chiens ne sont pas frères (ni beaux-frères d’ailleurs) avec les chats.

XXXL

Quand on dit que le cyclisme est malade du dopage, Riccardo Ricco en est l’exemple type. Il sait qu’il sera traqué tout au long de sa carrière et à peine quelques mois après son retour, après avoir signé un contrat avec Vacansoleil, on évoquait même une nouvelle participation à la Grande Boucle dès cette saison. Mais voilà, cet imbécile XXXL a replongé. Quelques jours avant le Tour Méditerranéen auquel il devait participer, il est hospitalisé d’urgence dans un établissement de Modène.

Son père parle alors d’insuffisance rénale et d’embolie pulmonaire. Mouais… Les premiers communiqués des médecins évoquent une maladie grave. Jugez plutôt : après une sortie de six heures à l’entraînement, Riccardo Ricco fait un malaise et va se coucher. Puisque cela ne va pas mieux – sa température grimpe jusqu’à 41°C ! – il est emmené d’urgence à l’hôpital. Les premières nouvelles tombent 24 heures plus tard et elles sont alarmantes. Ce sera encore pire le jour d’après.

L’ombre de Pantani

Craignant pour sa vie, l’Italien avoue à ses thérapeutes qu’il s’est… auto-transfusé lui-même, avec son propre sang qu’il conservait au frigo ! Chapeau l’artiste. Non content de mettre à mal – une fois de plus ! – sa discipline, son gagne-pain et l’équipe qui a cru en sa bonne foi, il n’a pas hésité à jouer sa carrière – il devrait être suspendu à vie -, mais surtout à risquer sa vie pour refaire les gros titres des journaux. Pour la «Une» Riccardo, rassure-toi, c’est fait.

Dans un mimétisme toujours plus étrange avec Marco Pantani, son idole de jeunesse, Ricco est donc profondément toxicomane. Lui, au moins, du moins pour le moment, ne mourra pas tout seul, abandonné comme un vulgaire junkie dans un hôtel miteux. Le coup n’est pas passé loin. En espérant que ces deux «exemples» puissent faire école parmi ceux qui jouent encore à la roulette russe dans le peloton professionnel. Mieux, souhaitons que le milieu amateur, lui aussi ravagé par la drogue, prenne peur en voyant des types encadrés médicalement et dopés scientifiquement frôler le pire.