Le titre va-t-il retrouver le Nord ?

Alors qu’il reste dix journées à disputer, la situation peine toujours à se décanter dans le championnat de France. S’il n’est clairement pas le plus sexy d’Europe, il a au moins le mérite de ne pas être plié trop tôt, que cela concerne le titre, les places d’honneur ou la relégation. Examen du classement et états d’âme de quelques formations de l’Hexagone.

Le championnat est indécis… Enfin, pas pour tout le monde. S’il y a une équipe qui n’a plus rien à secouer de cette fin de championnat, c’est bien Arles-Avignon. Une seule victoire de la saison, à peine trois points de pris depuis le début de l’année, à ce rythme incroyable qui est le leur, les hommes de Faruk Hadzibegic pourraient même être mathématiquement relégués début avril lors de leur déplacement à Bordeaux. Toujours en bas de tableau, Lens a très bien fait d’empocher les trois points de la victoire sur la pelouse de Montpellier, car avant d’affronter les deux Olympiques lors des deux prochaines journées, tout ce qui est pris n’est plus à prendre. Sûr que tous les amoureux du football ont envie de voir les Ch’tis se sauver, ne serait-ce que pour leur formidable public. En revanche, une équipe que personne ne va plaindre et où le mot «public» n’est qu’un vague concept, c’est l’AS Monaco. Le FC Vaduz de l’Hexagone pourrait bien prendre l’ascenseur dans le sens inverse que leur pendant liechtensteinois, à moins que Stéphane Ruffier, gardien grande gueule, poète à ses heures, mais surtout capitaine du club de la Principauté ne parvienne à convaincre ses coéquipiers «de poser leurs couilles sur le terrain», pour reprendre ses termes. Gonflé, quand on se repasse en boucle sa sortie aérienne complètement foirée qui a offert la victoire à Nancy lors d’une match qu’il fallait absolument gagner. Les Lorrains, grâce à ce succès, au même titre que l’AJ Auxerre de notre international suisse préféré, ont pris un (tout petit) bol d’air. Mais la lutte contre la chute en L2 s’annonce très serrée jusqu’au bout…

Seconds couteaux au rendez-vous

Focus sur le haut du tableau. Les places d’honneur se disputeront entre des équipes que l’on pouvait considérer comme des outsiders en début d’exercice. On pense par exemple aux Girondins de Bordeaux, qui à défaut d’être flamboyants sont parvenus à stopper l’hémorragie et ont au moins réussi à conserver leur entraîneur (c’était pas gagné d’avance vu le charisme du bonhomme…), un peu de dignité et un espoir de qualification européenne. On pense également au Montpellier Hérault de Loulou Nicollin. Toujours sur le devant de la scène, le président emblématique du club a laissé entendre que son équipe aurait volontairement laissé gagner Lens, un club ami comme il aime à le répéter. Provocation ou réalité, nul ne sait. Mais pas certain que le pari de tout miser sur une hypothétique victoire en Coupe de la Ligue face à l’OM pour décrocher un ticket européen soit le bon. Enfin, on pense aux Verts de Saint-Etienne, qui bien que n’ayant marqué que quatre tout petits points lors des cinq dernières journées, s’accrochent tant bien que mal dans le haut du classement, même si le fossé est creusé avec le quinté de tête.

L’année de Lille ?

Un quinté sans véritable surprise. Le PSG marque le pas, Néné, lui, ne marque plus et les médias français s’emballent. Une chose est certaine, le titre s’est définitivement envolé dimanche soir sur la pelouse du Vélodrome, les joueurs de la capitale pointant désormais à dix points des leaders lillois. Rennes a décroché in-extremis un point sur le terrain de Lyon, qui a dominé le 99% du match, et laisse ainsi son adversaire du jour derrière lui. Comme les Gones, Marseille s’est débarrassé en milieu de semaine de l’encombrante et mineure Ligue des Champions pour se concentrer sur des objectifs plus réalistes. Les Olympiens ont repris la deuxième place après leur succès lors d’un Clasico de moyenne facture. Mais l’OM a surtout réalisé une excellente opération sur le marché des transferts en réussissant à refourguer Brandao à la seule équipe brésilienne qui voulait bien de lui. Les dirigeants phocéens ont dû employer les grands moyens, mais il faut reconnaître que le plan consistant à ramasser une nana en sortie de boîte pour lui demander de porter plainte contre l’attaquant marseillais était certes machiavélique, mais fort bien ficelé. De quoi peut-être donner des idées aux dirigeants de l’ASF pour accélérer le départ de qui vous savez…

Toujours en tête, les Dogues lillois maintiennent le cap pour tenter de ramener dans le Nord ce titre qui les fuit depuis 67 ans… Ils ont tout pour réussir : un jeu attrayant, quelques individualités au talent certain et, très important, la chance qui sourit généralement au futur champion. Seule fera peut-être défaut l’expérience pour gérer la fin de championnat, quand l’odeur du titre remplacera celle des moules-frites dans les rues lilloises. A ce niveau, des équipes comme Lyon ou Marseille semblent mieux armées que les Lillois pour aborder les dix dernières rencontres d’un championnat qui est loin, mais vraiment très loin d’être terminé…