Bundesliga 2010-2011, bilan, partie IV

Retrouver Freiburg et Kaiserslautern dans la première moitié du classement, personne n’y aurait cru une seule seconde en début de saison. Et pourtant, Breisgauer et Roten Teufel ont agréablement surpris en terminant 9e et 7e. Comme pour mieux souligner le fiasco monumental du grand et ambitieux Hambourg, qui finit coincé entre les deux…

SC Freiburg (9e, 44 points)

Mon pronostic : 18e.
Après avoir ramené le club en Bundesliga puis l’y avoir maintenu une première fois, l’entraîneur du SC Freiburg Robin Dutt a réussi un nouveau miracle en assurant une nouvelle fois la place des Fribourgeois dans l’élite. Alors même que leur effectif semblait les prédisposer à une dure bataille contre la relégation. Mais les Breisgauer n’ont jamais tremblé pour leur place, puisqu’ils ont toujours figuré dans la première moitié du classement. Mieux même, ils ont lutté pour l’Europe pendant les deux premiers tiers de la saison, avant de faiblir un peu sur la fin. Imagine : après 21 journées, Freiburg, avec l’effectif le plus modeste de la ligue, n’accusait qu’un point de retard sur le Bayern et ses stars surpayées ! C’est dire la qualité du travail accomplit depuis quatre ans par Robin Dutt sur les rives de la Dreisam.
Les recettes du succès ? Avant tout, beaucoup de travail et d’humilité, une bonne organisation, pas mal de solidarité et d’enthousiasme, ainsi qu’un jeu simple mais efficace. Mais aussi une formidable capacité de tirer le maximum du contingent à disposition. Peu considérés en début de saison, les Baumann, Toprak, Bastians, Schuster et autres Cissé se sont tous affirmés comme d’excellents joueurs de Bundesliga  et sont aujourd’hui l’objet de toutes les convoitises. La rançon du succès pour un club qui mérite vraiment tout notre respect. Je te conseille d’y aller une fois, le stade est un peu vétuste mais c’est pas loin de chez nous, c’est assez convivial et il y a plein de buvettes partout.
Top-Spieler : Papiss Demba Cissé
Lorsqu’il avait débarqué à Freiburg en janvier 2010 en provenance du FC Metz, on avait catalogué Papiss Cissé dans la catégorie de l’attaquant africain qui a trois qualités, celles d’être rapide, rapide et rapide, mais un défaut, celui d’être complètement inefficace devant le but. Le Sénégalais nous a largement démentis : s’il va effectivement très vite, il a de plus fait preuve d’une certaine adresse à la conclusion, en position de seul attaquant de pointe dans une équipe qui jouait pour lui. Avec 22 buts, il termine deuxième buteur de la ligue derrière Mario Gomez. Reste à savoir si c’est l’affirmation tardive, à 26 ans, d’un grand buteur, ou simplement un joueur en état de grâce pendant quelques mois qui ne confirmera jamais par la suite, comme on en a vu tant en Bundesliga (cf. Grafite, Gekas, Mintal, Ibisevic…). On opte plutôt pour la deuxième option mais le Sénégalais nous a déjà fait mentir une fois.

Flop-Spieler : Jonathan Jäger
Comme Papiss Cissé, Jonathan Jäger vient du FC Metz mais il n’a pas connu la même réussite. S’il avait joué un rôle majeur dans le retour des Breisgauer dans l’élite en 2009, le Français n’est jamais parvenu à s’imposer en Bundesliga. Cette saison, il n’a été titulaire que durant les trois premières journées, ensuite il a dû se contenter de quelques bribes de match ici ou là. Son avenir paraît définitivement bouché en Breisgau et, à 33 ans, après une carrière un peu chaotique, il a sans doute laissé passer sa dernière chance d’évoluer au plus haut niveau
La révélation : Oliver Baumann
Lorsque l’excellent gardien français du SC Freiburg Simon Pouplin s’est gravement blessé en début de saison, on a pensé que c’était une sacrée tuile pour les Breisgauer. Car son remplaçant, Oliver Baumann, affichait 20 ans et une seule apparition en Bundesliga au compteur. Mais au final, le remplaçant inconnu s’est révélé encore meilleur que le titulaire. Capable de réflexes étourdissants et faisant preuve d’une roublardise (parfois irritante) de vieux briscard, le jeune Baumann s’est rapidement hissé parmi les meilleurs portiers de la ligue. Au point de pousser le malheureux Pouplin vers la sortie. S’il a parfois eu tendance à en faire un peu trop en deuxième partie de saison, Oliver Baumann est promis à un brillant avenir. Un futur titulaire en équipe d’Allemagne aurait-on pu dire. Sauf que Neuer est encore là pour un moment, Adler n’a que 26 ans et Zieler, Kraft, ter Stegen ou Trapp ont également de solides arguments à faire valoir. Pendant ce temps-là, l’Angleterre tremble à l’idée d’une blessure de Joe Hart et la France a Steve Mandanda comme deuxième gardien. Jögi Löw est un homme heureux… 

SV Hambourg (8e, 45 points)

Mon pronostic : 4e.
On a beaucoup parlé des flops Schalke, Werder, Wolfsburg ou Stuttgart, beaucoup moins de celui d’Hambourg. Sans doute parce que, contrairement aux clubs précités, le HSV n’a jamais flirté avec la relégation. Il n’en demeure pas moins que terminer 8ème avec un effectif qui était sans doute le plus huppé du pays derrière celui du Bayern, c’est un fiasco majeur. Certes, les Rothosen n’ont pas été épargnés par les blessures mais on parle quand même d’un club qui s’est payé le luxe de laisser régulièrement sur le banc des joueurs du calibre de Jansen, Elia, Trochowski, Guerrero, Petric ou van Nistelrooy… Le problème, récurrent depuis plusieurs saisons au HSV, c’est le manque de leadership à la tête du club. Et ce n’est pas le pâle Armin Veh qui allait y remédier.
Il faudra attendre la 26ème journée et un naufrage 6-0 à Munich pour que le ménage soit fait avec les licenciements de l’entraîneur Veh et des dirigeants Bernd Hoffmann et Katja Krause. Beaucoup trop tard et insuffisant. Surtout que c’était pour propulser à la tête de l’équipe Michael Oenning, ex-adjoint de Veh dont tout le monde supputait qu’il avait accepté le poste d’assistant dans l’espoir – devenu réalité – de devenir calife à la place du calife. Le choc psychologique n’a donc pas franchement fonctionné et le HSV est resté ce qu’il a été durant toute la saison : une somme d’individualités sans système de jeu, sans ambition, sans collectif, sans envie (sinon celle de s’en aller), qui choisissent avec parcimonie les matchs où elles daignent montrer leur talent. Cette saison calamiteuse se solde donc logiquement, pour la deuxième année consécutive, par une exclusion de toute compétition européenne. Un cataclysme, ne serait-ce que financièrement, pour ce qui reste l’un des grands d’Allemagne. Qui n’a même pas eu la fierté de battre le rival local St. Pauli, avec un nul au Millerntor et une défaite au Volksparkstadion. Définitivement une saison moisie…
Top-Spieler : Frank Rost
Personne n’a vraiment brillé dans ce HSV 2010-2011, alors saluons l’une de ses figures emblématiques. Si, à bientôt 38 ans, Frank Rost est sur le déclin, il a quand même défendu avec brio sa place de titulaire, alors que tout le monde lui promettait le banc après l’arrivée du Tchèque Drobny en début de saison. Et surtout, le gardien des Rothosen n’a pas hésité à prendre ses responsabilités en critiquant véhémentement l’incurie qui règne à la tête du club. Son avenir n’est donc plus à Hambourg, peut-être même plus en Bundesliga, même s’il n’a pas annoncé sa retraite. Avec 426 matchs de Bundesliga, il restera comme l’un des gardiens majeurs du foot allemand de ces quinze dernières années, bien qu’il se soit souvent  trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, longtemps dans l’ombre de Reck au Werder, barré par les monuments Kahn et Lehmann en équipe nationale ou détrôné par Neuer à Schalke.
Flop-Spieler : Eljero Elia
Après des débuts tonitruants en Bundesliga l’an dernier et quelques apparitions remarquées en Coupe du Monde avec la Hollande, Eljero Elia s’est mis en tête que tous les grands clubs d’Europe étaient à ses pieds et qu’il était trop fort pour jouer à Hambourg. Perturbé par quelques blessures, il n’a donc pas mis beaucoup de zèle à revenir ; en fait, il s’est surtout distingué par son égo surdimensionné, son individualisme forcené et son incapacité à se mettre au service de l’équipe (si tant est qu’il y ait eu une équipe au HSV cette saison). Du coup, ses performances ont été proches du néant absolu. Alors qu’il est sans conteste l’un des éléments les plus talentueux de la Buli, le magazine Kicker le classe comme deuxième pire joueur de la saison (seul l’ancien Argovien Ehret a fait pire). Dans le genre gâchis… 

La révélation : Heung-Ming Son
A seulement 18 ans, le Coréen Heung-Ming Son avait été la révélation de la préparation estivale, avec notamment un match amical éblouissant contre Chelsea. Blessé en début de saison, il devra attendre fin octobre pour faire des débuts tonitruants en Bundesliga, avec trois buts lors de ses deux premières titularisations. La suite sera nettement moins glorieuse, avec un temps de jeu très limité et un contexte guère favorable à l’épanouissement d’un jeune talent. Néanmoins, avec sa vivacité et sa qualité de dribble, il devrait constituer l’une des attractions de la Bundesliga ces prochaines années.

1. FC Kaiserslautern (7e, 46 points)

Mon pronostic : 13e.
Cette septième place du 1. FC Kaiserslautern est un peu trompeuse. Car, contrairement par exemple à un Freiburg qui n’a jamais été menacé, les Roten Teufel ont longtemps flirté avec la relégation. Ce n’est que sur la fin qu’ils ont pu assurer leur maintien puis se hisser dans la première moitié du classement grâce à quatre victoires terminales. Et, rétrospectivement, on se dit qu’ils s’en sortent vraiment bien car cette équipe n’avait pas beaucoup d’atouts et a pu compter sur quelques surprises improbables : Qui aurait pu penser que Lakic, à la traîne l’an dernier en 2. Liga, marquerait 16 buts ? Que Tiffert, en plein déprime à Duisburg il y a 12 mois, finirait meilleur passeur de la ligue ? Qu’Ilicevic deviendrait tellement dominant que le Bayern cherche à l’enrôler ? A vrai dire personne.
Kaiserslautern a su tirer le maximum du contingent à disposition, capitaliser sur l’euphorie de la promotion et l’engouement formidable du Betzenberg et saisir la moindre occasion pour mettre des points au chaud, notamment lorsqu’il a affronté des adversaires en plein marasme. Et puis, la force du 1. FCK, c’est que même dans les moments difficiles (une série de 6 matchs/1 point au 1er tour, 8 matchs sans victoires au début du 2ème avec un Lakic en crise), le club n’a jamais paniqué, a fait bloc derrière son entraîneur Marco Kurz et s’est serré les coudes pour redresser la barre. Cette patience et cette stabilité ont été récompensées par cette 7ème place, inespérée au vu de l’effectif et du déroulement de la saison.
Top-Spieler : Christian Tiffert
Ancien grand espoir du foot allemand à ses débuts à Stuttgart, Christian Tiffert s’était ensuite un peu perdu à Stuttgart, en Bundesliga autrichienne à Salzburg puis en Zweite Liga à Duisburg. C’est dire si son arrivée au Betzenberg en début de saison n’avait pas suscité un émoi considérable. Et pourtant, à 28 ans, le milieu de terrain allemand va réussir sa meilleure saison, s’imposant comme un joueur majeur de la ligue tant par son activité inlassable dans le couloir droit que par sa précision sur balles arrêtées. Avec 17 assists, il termine meilleur passeur de cette Bundesliga 2010-2011, devant Franck Ribéry. Un sacré exploit car, à Kaiserslautern, quand tu délivres un centre au cordeau, tu n’as pas Klose, Gomez ou Müller à la réception mais Hoffer, Lakic ou Nemec, ce n’est pas tout à fait la même garantie que ça finisse au fond. 

Flop-Spieler : Alexander Bugera

Latéral gauche du 1. FC Kaiserslautern, Alexander Bugera avait été l’un des héros du retour des Roten Teufel en Bundesliga l’an dernier. Davantage pour la formidable qualité de son pied gauche sur balles arrêtées que pour son intransigeance défensive ou son apport offensif. Le problème, c’est qu’en première division, aligner un latéral presque uniquement pour tirer corners et coups francs, ça devient un peu limite. L’entraîneur Marco Kurz s’en est aperçu et a rapidement écarté le malheureux Bugera au profit du Danois Jessen, qui ne tire pas les balles arrêtées mais offre plus de garanties dans le jeu. Une issue amère pour un joueur, fidèle parmi les fidèles, qui, après une longue carrière passée en Zweite Liga, espérait bien pouvoir s’imposer enfin en Bundesliga.
La révélation : Kevin Trapp
Kaiserslautern a joué ses 25 premiers matchs avec un jeune gardien prometteur, Tobias Sippel. Malgré quelques boulettes ici ou là, le portier de l’équipe d’Allemagne M-21 n’a pas démérité, loin s’en faut. Son seul tort, ce sera d’avoir été blessé un match, un seul. Mais son remplaçant, un inconnu de 20 ans sorti des juniors du club, Kevin Trapp, y a été tellement brillant qu’il a convaincu l’entraîneur Kurz de le titulariser pour la fin de saison. Avec succès, tant le jeune homme a impressionné par son calme et son assurance, notamment sur les sorties aériennes. Schalke espérait en faire le successeur de Neuer mais n’a pas voulu payer les neuf millions d’euros exigés. Pour un gardien que personne ne connaissait neuf matchs plus tôt. Cela s’appelle une ascension fulgurante.

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. Fan du HSV, je partage ton analyse sur cette saison calamiteuse, sur le terrain et en coulisses aussi. Même si comme Top Spieler j’aurais bien vu Mladen Petric, définitivement un joueur de grande classe. Et dans les Flop, y avait de la concurrence: Elia, sans aucun doute, mais Paolo Guerrero aussi.

  2. Je partage parfaitement ton avis cher Blue Raph. Bien que pour moi Guerrero ait été en dessous de tout cette saison. Petric, sans sa blessure, aurait sans doute fait une saison bien meilleure.

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