Bundesliga 2010-2011, bilan, partie V

On s’attendait à retrouver Nuremberg, Mainz et Hannover 96 dans les mêmes horizons au classement. Mais plutôt aux abords de la zone de relégation qu’à la lutte pour l’Europe. Cette saison, je n’ai vraiment pas fait fort avec les pronostics mais, à ma décharge, on dira que le classement final de cette Bundesliga 2010-2011 ressemble assez peu à toutes les prédictions d’avant-saison.

1. FC Nürnberg  (6e, 47 points)

Mon pronostic : 16e.
Après s’être sauvé de justesse en barrage l’an dernier, Nuremberg semblait devoir partir pour une nouvelle saison à lutter contre la relégation. Au 1er tour, l’équipe alterne le bon et le moins bon mais conserve toujours un peu de marge sur la barre, malgré une série de quatre défaites consécutives en fin d’automne. A Noël, der Club termine en milieu de classement, à équidistance entre l’Europe et la relégation. C’est au début du 2e tour que Nuremberg va devenir irrésistible. Entre fin janvier et mi-mars, les Franconiens alignent une série de 7 matchs / 19 points qui leur permet non seulement de définitivement s’éloigner de la zone dangereuse mais aussi de venir s’immiscer dans la course à l’Europa League. La fin de saison sera plus laborieuse, sans doute par manque d’expérience et, alors qu’il ne pointait qu’à 1 point de Mainz et 3 du Bayern après 26 journées, le 1. FCN se fera irrémédiablement décrocher des places européennes.
Cela n’enlève rien à la magnifique saison réussie par Nuremberg. L’entraîneur Dieter Hecking a su s’appuyer sur une ossature solide avec le gardien Schäfer, le capitaine Wolf et l’Argentin Pinola en défense, le Belge Simons au milieu et le buteur Eigler en attaque. Pour les entourer, une flopées de jeunes joueurs, tous âgés de moins de 23 ans, pour la plupart quasi inconnus en début de saison, qui se sont tous révélés au sein de ce Nuremberg euphorique : Philippe Wollscheid, Marvin Plattenhardt, Timothy Chandler, Almog Cohen, Ilkay Gündogan, Jens Hegeler, Mehmet Ekici, Robert Mak ou encore Julian Schieber. Incontestablement une belle réussite que ce Nuremberg 2010-2011 et quelques noms dont on reparlera sans doute à l’avenir. 
Top-Spieler : Julian Schieber
Grand espoir du VfB Stuttgart, Julian Schieber a été jugé trop tendre pour évoluer au VfB, qui l’a prêté à Nuremberg. Le jeune Allemand y a immédiatement gagné ses galons de titulaire. Passeur et buteur hors-pair, imposant une grosse présence physique à la pointe de l’attaque, il a longtemps figuré dans le hit-parade des meilleurs attaquants de la saison. Le 12 février dernier, Nuremberg, emmené par un Julian Schieber éblouissant, s’impose 4-1 sur la pelouse d’un Stuttgart déliquescent. Ce jour-là, les dirigeants du VfB ont dû se faire tout petits dans leur loge… Julian Schieber sera freiné dans son élan par une blessure et sa fin de saison sera moins brillante, ce qui coûte peut-être l’Europe au 1. FCN. Mais Stuttgart s’est bien entendu empressé de rappeler son joyau pour le prochain championnat.

Flop-Spieler : Nassim Ben Khalifa
Il ne s’agit bien sûr pas de critiquer les performances de Nassim Ben Khalifa puisqu’il n’a joué que 9 minutes en Bundesliga cette saison (et 15 apparitions en Regionalliga), mais bien davantage de fustiger ses choix de carrière. Partir à Wolfsburg était une aberration, le club du Niedersachsen n’ayant jamais été réputé pour lancer des jeunes et disposant déjà d’un contingent offensif pléthorique. A priori, Nuremberg, où il a été prêté au 2e tour, semblait une meilleure adresse, l’entraîneur Hecking n’hésitant pas à miser sur la jeunesse. Le problème, c’est que le jeune Vaudois a débarqué à court de compétition dans une équipe qui était en pleine bourre et jouait l’Europe. L’entraîneur n’allait pas tout chambouler pour lui. L’ancien Lausannois doit faire les bons choix pour le prochain championnat car une deuxième saison de ce genre pourrait avoir des conséquences hautement préjudiciables pour la suite de sa carrière. 
La révélation : Philipp Wollscheid
Jusqu’en décembre dernier, Philipp Wollscheid n’était qu’un anonyme joueur de l’équipe réserve de Nuremberg en Regionalliga, se contentant d’une seule apparition – peu concluante – en Bundesliga contre Kaiserslautern. Toutefois, la blessure du Suédois Nilsson et quelques errements du titulaire Maroh convaincront l’entraîneur Hecking de lancer ce jeune homme de 21 ans dans le bain. Dès le début du deuxième tour, ce défenseur central d’1m94 va occuper avec succès une place de titulaire indiscutable au sein de la défense franconienne. Ses performances seront même tellement convaincantes que Philipp Wollscheid sera l’un des quatre joueurs non dortmundois (avec le gardien Rensing et les attaquants Gomez et Schürrle) à figurer dans le très respecté «Elf der Saison» du Kicker. Une sacrée reconnaissance pour un joueur qui avait débuté sa saison en quatrième division…

FSV Mainz 05 (5e, 58 points, Europa League)

Mon pronostic : 11e.
Mainz, c’est le gros buzz du début de saison, avec sept victoires consécutives, égalant le record du Bayern (1995-1996) et de Kaiserslautern (2001-2002). Et confirmant ainsi l’adage selon lequel à chaque fois qu’une équipe débute la saison par sept succès, à la fin c’est Dortmund qui est champion. A ce tarif-là, je veux bien qu’Hoffenheim entame le prochain championnat par sept victoires… Mais revenons à Mainz dont le succès était d’autant plus remarquable qu’il a été obtenu avec la manière. Contrairement à l’exercice précédent où le Karnevalsverein faisait surtout des points en bétonnant, cette saison le jeune entraîneur Thomas Tuchel a prôné un jeu extrêmement spectaculaire avec un pressing très offensif, beaucoup d’enthousiasme et une envie constante d’aller de l’avant, dans le sillage des trois rockers Schürrle, Holtby et Szalai. Nul doute que, dans sa longue histoire, le Bayern n’a que rarement été autant agressé (dans le bon sens du terme) dans ses 30 derniers mètres sur sa pelouse que lors de la défaite de la 6ème journée contre Mainz.
Le Karnevalsverein ne tiendra toutefois pas le rythme. L’équipe a peut-être manqué un peu d’humilité et oublié que le succès n’était possible qu’avec un labeur de tous les instants. Malgré le turnover pratiqué par Tuchel, il y a également eu de la fatigue, qui n’a pas permis de garantir un pressing aussi intense durant toute la saison. Et puis, la défense était trop folklorique pour véritablement jouer ce titre que certains promettaient au FSV après son début de saison euphorique. Ceci dit, les Mayencennois n’ont pas connu de gros passage à vide et ont régulièrement comptabilisé des points pour obtenir, sans coup férir, une qualification pour l’Europa League amplement méritée. Club sans grand passé en Bundesliga, puisqu’il n’y a accédé pour la première fois de son histoire qu’en 2004 sous la houlette d’un jeune entraîneur inconnu nommé Jürgen Klopp, Mainz avait un rêve : inaugurer sa nouvelle Coface Arena (33’500 places) en juillet prochain en évoluant dans l’élite. C’est chose faite, avec en prime quelques belles soirées européennes, que demander de plus ?
Top-Spieler : Lewis Holtby
Lewis Holtby, enfant terrible du foot allemand, avait fait des débuts remarqués avec Aachen. Transféré à Schalke, il y réussit des prestations honorables mais son caractère fantasque ne plaît pas à Felix «G.I.» Magath qui le prête après six mois à Bochum. Où le jeune Holtby gagne une place de titulaire mais ne parvient pas à éviter la relégation. Il rebondit donc à Mainz au début de cette saison. Rapidement, il impose sa créativité, son sens de la passe et son génie du jeu dans une équipe en pleine euphorie. Les honneurs pleuvent, Lewis Holtby devient l’une des attractions de la ligue et fait ses débuts en équipe nationale. Toujours un peu fantasque, il connaîtra un deuxième tour un peu plus irrégulier mais son talent ne fait plus l’ombre d’un doute. Du coup, Schalke, à qui il appartient toujours et où Magath n’est plus, entend bien le récupérer pour la saison prochaine.

Flop-Spieler : Andreas Iwanschitz
Longtemps considéré comme le plus grand talent du foot autrichien, Andreas Iwanschitz avait réussi des débuts tonitruants en Bundesliga à l’automne 2009. Depuis, ce joueur doué mais fantasque peine à confirmer. S’il est toujours capable d’exploits épisodiques, il n’a pas la constance pour briguer une place de titulaire et l’affirmation des Schürrle, Szalai et autres Holtby l’a plutôt cantonné dans un rôle de joker (trois matchs complets seulement cette saison). Voilà qui convient assez peu à un joueur de 27 ans, lequel aurait plutôt dû jouer un rôle de leader dans cette jeune équipe mayencennoise.
La révélation : André Schürrle
Avec Lewis Holtby et Adam Szalai, André Schürrle est l’un des trois jeunes quasi inconnus qui ont ébahi l’Allemagne et l’Europe en alignant les buts qu’ils célébraient en mode groupe de rock. D’abord utilisé comme joker, André Schürrle se montrait décisif quasiment à chacune de ses entrées en jeu. Très vite, toute l’Allemagne était à ses pieds et, dès septembre, il s’engageait avec Leverkusen à partir de la saison 2011-2012. En attendant, il gagnait ses galons de titulaire à Mainz et, malgré la légère baisse de régime de l’équipe, continuait à aligner régulièrement les buts. Son compteur s’arrêtera à 15, ce qui est plutôt pas mal pour un gamin de 20 ans. Il conclura sa saison de rêve par ses deux premiers buts en équipe d’Allemagne, le premier en amical contre l’Uruguay, le second en match de qualification en Azerbaïdjan. A priori, il ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin.

Hannover 96 (4e, 60 points, Europa League)

Mon pronostic : 14e.
Comment une équipe peut-elle se sauver de justesse de la relégation lors de l’ultime journée après un championnat cauchemardesque et la saison suivante finir européenne après avoir même longtemps rêvé de Ligue des Champions ? Le recrutement estival ne suffit pas à expliquer cette métamorphose d’Hannover 96. Certes, Zieler s’est révélé dans les buts,  Pogatetz a stabilisé la défense, Stindl et Stoppelkamp ont amené des solutions à mi terrain et Abdellaoue s’est révélé le parfait complément de Ya Konan en attaque. Mais c’est surtout au niveau de la confiance que la différence s’est faite, entre un mauvais début de saison 2009-2010 avec crises, déprimes et changements d’entraîneurs à la clé et une bonne entame en 2010-2011. Le maintien rapidement assuré, l’équipe a évolué sans pression par la suite. Ce qui a permis à des jeunes comme Rausch ou Schmiedebach d’exploser et à des anciens comme Schlaudraff, Pinto ou Schulz de revenir à leur meilleur niveau.
Si l’entraîneur Mirko Slomka n’est pas très à l’aise dans la tourmente, il a une nouvelle fois démontré l’étendue de ses compétences et sa capacité à tirer la quintessence de son contingent lorsqu’il peut évoluer en toute quiétude. A tel point qu’Hanovre a longtemps postulé pour une place en Ligue des Champions : lors de 25ème journée, Sechsundneunzig bat le Bayern Munich 3-1 et s’octroie cinq longueurs d’avance sur le Rekordmeister ; à trois journées de la fin, Hanovre possèdait encore un point de bonus sur l’ogre bavarois qui commençait à paniquer à l’idée d’être privé de C1 par cette équipe sortie de nulle part. Las, les Bas-Saxons craqueront contre les mal-classés Mönchengladbach et Stuttgart. Mais bon, une quatrième place et l’Europa League, tous les supporters d’Hanovre auraient signé pour en début de saison.
Top-Spieler : Didier Ya Konan
Alors que Didier Drogba est sur le déclin, son successeur désigné joue à Hanovre et s’appelle aussi Didier : Ya Konan. L’attaquant ivoirien de Sechsundneunzig a confirmé ses brillantes performances de la saison dernière pour s’affirmer parmi les meilleurs attaquants de Bundesliga (28 matchs/14 buts). Cet attaquant un peu râblé et trapu ne paie pas de mine mais sa puissance, sa vitesse et ses dribbles déroutants en font un cauchemar pour les défenses. Il s’est imposé comme le leader de l’attaque et a entraîné dans son sillage toute cette équipe d’Hanovre vers les sommets.

Flop-Spieler : Mikael Forsell
Mikael Forsell est l’un des derniers vestiges de la campagne de transfert pharaonique d’Hanovre à l’été 2008, laquelle devait amener le club dans le premier tiers du classement. Un échec cuisant puisque, dans les deux saisons suivantes, 96 a lutté contre la relégation alors que cette année, avec un recrutement et des objectifs plus modestes, il termine 4e. C’est dire si, à l’instar de Mario Eggimann, les renforts de cette époque n’ont plus trop la cote en Basse-Saxe. Arrivé avec la réputation de buteur patenté en Angleterre (30 buts en 87 matchs avec Birmingham), Mikael Forsell n’a jamais confirmé en Bundesliga. A tel point que, cette saison, le Finlandais a dû se contenter de quelques apparitions fantomatiques en fin de match. Son départ durant l’été est acquis.
La révélation : Konstantin Rausch
La saison dernière, Konstantin Rausch avait fait ses débuts en Bundesliga comme jeune latéral limité dans une défense qui prenait l’eau de toute part. Cette saison, l’entraîneur Slomka l’a avancé d’un cran et, dans une position de milieu de couloir, parfois presque d’ailier, ce jeune homme de 21 ans a explosé. Avec une grosse frappe de balle et une activité inlassable, il est véritablement devenu une arme offensive. Il peut encore gagner en constance mais il a prouvé, notamment avec un match énorme lors de la victoire contre le Bayern, qu’il avait le potentiel pour devenir un joueur dominant en Bundesliga.

Écrit par Julien Mouquin

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