Les Chinois du FBI II, le retour

On connaissait les Chinois du FBI chers à Marie-Josée Perec. En Suisse, désormais, nous avons aussi les nôtres en version ex-KGB ! Il s’agit des vilains «agents de joueurs/journalistes» qui ont eu l’outrecuidance de se mettre en travers de la conquête de la Suisse par le FC Xamax Wainach de Bulat Chagaev.

Franchement, en début de saison, on savait qu’on allait bien se marrer. Avec quatre clubs romands dans l’élite, on était assuré d’avoir un spectacle de qualité. Sur le terrain ? Bien sûr que non ! En coulisses, bien sûr. Entre Christian Constantin et ses éternelles batailles contre des moulins, le Lausanne-Sport et ses moyens arléo-avignonnais et le Servette de Majid Pishyar, les fantasmes les plus fous étaient envisageables.

Mais c’est lorsque Neuchâtel Xamax a été racheté par un inconnu tchétchène que, du rocambolesque, on est passé au génial. Cela se sentait qu’on n’était pas à l’abri de passer de bons moments. Certes, «je n’ai pas de pognon, donc je n’ai aucun autre droit que celui de fermer ma gueule (© Sylvio Bernasconi)», mais mon Dieu, qu’est-ce qu’on se marre. Ce serait encore plus bandant s’il ne s’agissait de l’un des clubs mythiques du football suisse qui est en train de devenir la risée de tous.

Chaud Bulat

Reprenons les choses dans l’ordre. Après deux matches et deux défaites, l’ami Bulat, chaud-bouillant, descend dans le vestiaire et vire tout le monde. Enfin quoi Bulat ? Sonny Anderson, qui n’a jamais coaché de sa vie et qui devient directeur sportif du jour au lendemain, n’a pas réussi à s’improviser fin tacticien en deux mois ? Naaaaonnn ??? Jean-Luc Ettori, que son club de toujours n’a pas conservé malgré son statut d’icône locale n’était pas à la hauteur ? Incroyable… François Ciccolini, inconnu au bataillon il y a encore quelques semaines n’est pas l’émule de José Mourinho ? Bizarre…

Encore meilleure, sa tirade sur le complot «journalistico-agent de joueuriste» montre son total décalage avec le vrai monde du ballon rond. Celui où tu ne peux pas envoyer au goulag celui qui a osé te résister. Bien sûr que tout ce petit monde oeuvre en coulisses pour essayer de s’en mettre plein les fouilles ! Ce n’est pas un secret, loin de là. Ce n’est certes guère déontologique, mais voilà, c’est comme ça. Faire copain-copain avec les bonnes gens, construire un réseau, donner confiance à ses interlocuteurs… Tout cela prend du temps, des années voire plus. Mais Bulat n’en a pas. Il veut tout, tout de suite.

Allô ? Ramzan ?

C’est cela à quoi sa fortune l’a habitué. C’est cela à quoi son fric lui fait penser qu’il a droit. Je suis riche, je mets du pognon, alors je DOIS gagner. Et bien non. Le football ne marche (heureusement) pas comme ça. Quand ça marche pas, on ne peut pas appeler Ramzan Kadyrov pour faire le sale boulot. A sa décharge, il n’a pas été habitué à tant de mépris, car tant dans son pays d’origine que sur la place financière genevoise, ses roubles suffisaient à faire faire des courbettes à tout le monde…

C’est la caricature de lui en femme de ménage qui a définitivement fait fondre un boulon à notre ami venu de loin. Se voir ainsi railler, sans que les journalistes en question ne soient assassinés dans des circonstances troubles après avoir été longuement torturé, l’a gravement choqué. Non, en Tchétchénie, cela ne se serait pas passé ainsi ! Un sacré choc des cultures quand un adepte de la Pravda rencontre un éditorialiste du Blick…

Théories UDC

J’avoue volontiers que son courroux contre le monde entier est tout aussi ridicule que les grandes phrases lancées à qui veut l’entendre (les journalistes sont très à l’écoute sur le sujet d’ailleurs, depuis quelques temps) par certains élus UDC – notamment – en mal de publicité. Ces politiques, si enclins à récupérer une victoire, à fustiger un Chagaev, à apparaître sur les photos quand tout va bien, tout en faisant un minimum dans le domaine du soutien des clubs sportifs de leur région.

Le plus triste dans l’histoire ? Que certains Xamaxiens croient encore dur comme fer que leur club de coeur va ratiboiser le foot helvétique jusqu’à aller régner sur la Ligue des Champions. Cela se fera, ou pas, (plutôt pas, comme c’est parti), mais quelle gloire, quel crédit donner au moindre succès de cette équipe qui a vendu son âme à un type qui engagerait le diable si son pognon le lui permettait ?