Défaite historique

En perdant à Hanovre, Hoffenheim a concédé la première défaite de son histoire pour une ouverture de saison en Bundesliga. Le début de la fin pour le mirage de Dietmar Hopp ? Le cas échéant, on sera ravis d’y avoir assisté.

Si tu lis régulièrement les articles de foot allemand sur CartonRouge.ch, tu dois être au courant de l’amour immodéré que je porte pour le club d’Hoffenheim, son histoire plus que centenaire, ses traditions ancestrales, son humilité légendaire, la ferveur de ses fans… Alors fatalement, le coup d’envoi de la Bundesliga à peine donné, on était tout impatients d’aller voir évoluer notre club chéri, dussions-nous pour cela nous déplacer assez loin au nord, à travers les mornes plaines du Niedersachsen, en direction d’Hanovre.

Waterloo

Je plaisante bien sûr : ce qui nous a fait opter pour le déplacement d’Hanovre, c’est le Waterloo Biergarten, lequel mérite définitivement le titre de Biergarten le plus convivial des alentours des stades allemands, avec ses petits chalets, ses bars dans tous les coins et ses supporters éminemment sympathiques. Et puis comme on ne possède pas le don d’ubiquité, on ne pouvait pas être en même temps à Hanovre et à la Praille ; alors on s’est dit qu’en ce samedi de derby lémanique, un avant et un après match dans un endroit dont le patronyme évoque une cuisante défaite française serait notre manière à nous de soutenir le LS. Cela n’a pas suffi. Pour le prochain derby, il faudra peut-être qu’on trouve un Bataille de France-Biergarten mais je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup d’endroits pour commémorer cette défaite-là. Éventuellement une cantina en Amérique du Sud…

Jan Schlaudraff est malin

Le match du jour, c’est Hanovre – Hoffenheim. La statistique parle clairement en faveur des visiteurs qui, en trois ans d’imposture dans l’élite, n’ont jamais perdu un match d’ouverture, une victoire 3-0 à Cottbus en 2008, un nul 1-1 contre le Bayern en 2009 et un succès 4-1 contre Brême en 2010. Et puis, en six confrontations contre Sechsundneunzig, les Kraichgauer avaient jusque-là engrangé 13 points sur 18 possibles. Mais les statistiques sont faites pour être démenties, nos amis du Bayern Munich et leurs 42 matchs sans défaite sur 43 joués à domicile contre Mönchengladbach en savent quelque chose. Et la stat va aussi être démentie à Hanovre.
Jan Schlaudraff est le joueur le plus imprévisible de Bundesliga. Il est d’ailleurs tellement imprévisible qu’il a réussi l’incroyable exploit de surprendre la vigilance et la concentration sans faille des deux envoyés spéciaux de CartonRouge.ch en Basse-Saxe : on était en train de faire ein Prosit avec nos Hasseröder lorsque le fantasque attaquant d’Hanovre a botté un coup franc tranquillement dans le petit filet, sans attendre le coup de sifflet de l’arbitre. Le gardien d’Hoffenheim Tom Starke était lui aussi en train de lever le coude, non pas pour entrechoquer des choppes, mais pour placer son mur au poteau opposé et s’est lui aussi fait surprendre.

Deux pénaltys puis plus rien

On n’allait pas en rester très longtemps à ce score de 1-0 puisque deux pénaltys allaient être sifflés dans le quart d’heure suivant, un pour chaque équipe, a priori justifiés pour des fautes de Pogatetz sur Johnson puis de Braafheid sur Schlaudraff. Sehad Salihovic pour l’égalisation et Mohammed Abdellaoue pour redonner l’avantage à ses couleurs ont transformé sans trembler. À défaut d’être d’une grande qualité technique, cette première demi-heure était au moins animée. On allait malheureusement en rester là : les deux derniers tiers du match ont été plutôt heurtés et pauvres en actions de jeu. Privé de son attaquant vedette Ya Konan, Hanovre a surtout géré le résultat et n’a pas eu 25 occasions de faire le break, sinon un solo du génial Schlaudraff. De son côté, en l’absence de ses deux meilleurs buteurs de la saison dernière, Ibisevic et Sigurdsson, Hoffenheim s’est contenté d’une pression brouillonne et assez maladroite. Et à part un raté de Firmino devant le but vide, ne s’est guère créé d’occasions de revenir. 

Une autre statistique à renverser

Sans avoir spécialement impressionné, Hanovre obtient un succès précieux qui lui permet de faire perdurer la dynamique positive de la saison dernière. Sechsundneuzig doit prendre un maximum de confiance en ce début de championnat avant des play-off de qualification pour l’Europa League qui s’annoncent compliqués contre un adversaire beaucoup plus rompu aux joutes européennes, voire même roublard et vicieux, le FC Séville.

De son côté Hoffenheim, habitué aux départs en fanfare, expérimente la défaite en ouverture de saison. C’est bien entendu la consternation dans le coin réservé aux supporters adverses dont le nombre ridiculement bas évoquait davantage un parcage visiteurs de Ligue 1 qu’un Auswärtsblock de Bundesliga. Il n’y a pas encore péril en la demeure après une seule défaite mais on serait curieux de voir les réactions à Sinsheim si deux ou trois revers devaient suivre. Le prochain match d’Hoffenheim, c’est contre Dortmund  et on a quand même noté une certaine différence de niveau entre les deux équipes ce week-end. Bien sûr chaque match a sa propre histoire et la statistique des duels Hoffenheim – Borussia est pour l’heure favorable à la créature de Dietmar Hopp. Mais ça nous arrangerait la moindre si le BVB pouvait imiter Hanovre et aussi renverser un peu cette statistique-là.   

Hannover 96 – 1899 Hoffenheim 2-1 (2-1)

AWD-Arena, 40’315 spectateurs.
Arbitre : M. Kinhöfer.
Buts : 15e Schlaudraff (1-0), 18e Salihovic (pénalty, 1-1), 30e Abdellaoue (pénalty, 2-1).
Hannover: Zieler; Chahed, Haggui, Pogatetz, Schulz; Stindl, Schmiedebach, Pinto (69e Hauger) Rausch (74e Pander); Schlaudraff, Abdellaoue (84e Stoppelkamp).
Hoffenheim: Starke; Beck, Vorsah, Compper, Braafheid; Rudy, Salihovic (67e Firmino); Obasi, Johnson (90e Tagoe), Babel (63e Schipplock); Mlapa.
Cartons jaunes: 23e Rudy, 36e Pogatetz, 42e Schulz, 55e Obasi.
Notes: Hanovre sans Ya Konan, Andreasen ni Carlitos (blessés) ; Hoffenheim sans Weis, Ibisevic, Ibertsberger, Jaissle, Sigurdsson, Vukcevic ni Gulde (tous blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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6 Commentaires

  1. Pas étonnant qu’il n’y avait pas un lausannois à La Praille si même Julien Mouquin préfère aller voir Hannovre-Hoffenheim!

  2. « Pour le prochain derby, il faudra peut-être qu’on trouve un Bataille de France-Biergarten  »

    Je n’avais pas encore réalisé que l’amour du gros Mouquin pour l’Allemange s’étendait à une nostalgie des victoires nazies.

    Mais ça explique une série de choses

  3. Je suis dépité d’apprendre que Mouquin n’était pas à la Praille. La Bundesliga c’est magnifique, mais il faut aussi faire vivre le foot local!

    Avec 4 équipes romandes en Ligue A, qui se donnent de la peine pour nous intéresser sur et en-dehors du terrain, l’intérêt du championnat suisse va grandissant. Mais il serait bon que les passionnés de foot locaux s’en rendent compte! Cela ne sert à rien de s’extasier sur les affluences allemandes si l’on boycotte délibérément les belles affiches en Suisse.

    Tous au(x) stade(s) !

  4. « Pour le prochain derby, il faudra peut-être qu’on trouve un Bataille de France-Biergarten  »

    Donc, le gros Mouquin n’est pas simplement amoureux de l’Allemagne mais également nostalgique des victoires nazies.

    Ca explique certaines choses.

  5. « Pour le prochain derby, il faudra peut-être qu’on trouve un Bataille de France-Biergarten »

    Comme quoi, le gros Mouquin est un nostalgique des victoires nazies.

    Plutôt drole que vous enleviez ce commentaire au lieu de cette affirmation dans le texte. Cela ne fait que le renforcer.

  6. « il faudra peut-être qu’on trouve un Bataille de France-Biergarten mais je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup d’endroits pour commémorer cette défaite-là.  »

    Comme quoi, Mouquin est un nostalgique des victoires militaires nazies.

    Ceci explique cela

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