Retour sur la Vierschanzentournee (1/3)

Cette année, on a décidé d’aller découvrir la Vierschanzentournee pour la première fois. On se doutait bien qu’un truc avec des mecs venus pour voir du sport et se démonter la tête sur de la Schlager, on allait adorer. On n’a pas été déçus. Retour sur cet événement magique avec quelques considérations sportives, descriptions d’ambiance et anecdotes aux forts relents de Tüte, de bières et de Glühweine.

Oberstdorf

Notre périple débute à Oberstdorf, traditionnel site d’ouverture de la Vierschanzentournee. Je crois que mes amis t’ont déjà conté notre périple avec, paraît-il, mon concours peu inspiré. Malgré une altitude guère élevée, Oberstdorf évoque beaucoup plus une station de montagne que les citadines Garmisch et Innsbruck, avec notamment une sympathique allée qui mène au tremplin et un chouette bar opportunément situé avant la brève montée terminale. En revanche, le Schattenbergschanze, entièrement refait en 2011, est le plus impressionnant des trois que nous ayons visité. Avec en plus autour un véritable et imposant stade, bien sûr comble. L’ambiance est assez cosmopolite, il y a pas mal de Polonais et quelques hordes de fans du Bayern Munich comme d’habitude arrogants, ce qui conduira notre ange-gardien, la patiente Aurélie, à nous obliger à attendre d’être sorti du stade pour procéder à la combustion d’un maillot bavarois floqué Götze.
Je suis passé un peu à côté de la compétition : les qualifications sont survenues à la fin d’une déjà longue journée et c’était notre premier concours de saut à ski, on avait pas mal de choses à découvrir. Quant au concours, je t’avouerai que j’ai vaguement ressenti les effets du jet-lag en première manche, charitablement soutenu par mon voisin germanique, et passé les deux tiers de la seconde à attendre au bar, un comble à la Erdinger Arena. J’ai tout de même assisté aux dix derniers sauts dont celui victorieux de Simon Ammann, même si j’ai mis longtemps à réaliser l’exploit. Tant mieux, cela a donné l’occasion à mon pote Denis de répéter en boucle durant toute la soirée Wer hat gewonnen ? Simi hat gewonnen ! Wer hat gewonnen ? Simi hat gewonnen ! Wer hat gewonnen ? Simi hat gewonnen ! Cette Vierschanzentournee, 62e du nom, ne pouvait être mieux lancée. 

Ammann

Pour un premier concours de saut à ski, débuter par une victoire suisse, c’était évidemment inespéré, surtout après les résultats mitigés du Saint-Gallois à Engelberg. En plus, les favoris présumés, Schlierenzauer, Stoch ou l’armada allemande ont déjà pris pas mal de retard sur ce premier affrontement, on a quitté Oberstdorf dans la joie, la bonne humeur, les cartes et la bière, persuadés que l’on était en train de vivre l’Histoire, la première victoire d’un Suisse dans la Vierschanzentournee ! Las, l’histoire justement aurait dû nous enseigner que Simi a souvent bien entamé la tournée mais qu’il n’a jamais tenu le choc jusqu’au bout, notamment sur les tremplins autrichiens. Et cette 62e édition ne dérogera pas à la règle : malgré une régularité impressionnante, notre Simi national n’arrivera pas à s’arracher comme les Autrichiens Diethart et Morgenstern à Garmisch et surtout Bischofshofen, échouant pour la quatrième fois aux places d’honneur (2e en 2009 et 2011, 3e en 2007 et 2014). Le reverra-t-on une fois sur les célèbres tremplins austro-allemands ? Quand on voit Kasai finir 5e de la Tournee à 41 ans, on se dit que Simi, à 32 ans, a encore un peu de temps pour tenter de remporter le dernier grand titre manquant à son palmarès. Si la motivation suit. Personnellement, je préférerai cent fois une victoire de Simi à la Vierschanzen qu’une de Federer en Coupe Davis.

Modus

Une manche de la Vierschanzentournee, ça dure deux jours. Le premier, tu as deux sauts d’entraînement et un saut de qualification pour chaque sauteur, lesquels sont environ 75. Le deuxième, il y a un saut d’essai puis une première manche réunissant les 50 qualifiés (les dix meilleurs de la Coupe du Monde et les 40 meilleurs des qualifs). Ensuite, la finale réunit 30 sauteurs, les 25 vainqueurs des duels de la première manche et les 5 meilleurs perdants. Si je n’avais pas été très assidu et attentif à Oberstdorf, je n’ai en revanche raté qu’une série de sauts d’entraînement à Garmisch et j’ai réussi la totale à Innsbruck. Soit environ 515 sauts vus en deux concours. Sans compter les ouvreurs. Avec à chaque fois, le concert de Tüte et les drapeaux qui s’agitent.

Ravitaillement

Les bars de la Vierschanzentournee sont tenus par des bénévoles des skis-clubs locaux, généralement plus tout jeunes et pas forcément très efficaces face à des hordes de fans assoiffés de Glühwein et de bière. Et les infrastructures ne sont pas conçues pour des stades toujours combles avec plus de 20’000 spectateurs, entre les petits chalets, jolis mais peu fonctionnels, de l’Olympiaschanze, ou l’unique buvette à deux guichets du Bergisel. Après avoir manqué presque une manche complète de concours à Oberstdorf, j’ai compris qu’il fallait la jouer stratégique. Comme ils servent par endroit des canettes (on n’est pas dans un stade de foot), il suffit de prendre un stock en suffisance, elles sont généralement servies tièdes mais se refroidissent bien assez vite. Pour le Glühwein, le truc c’est de repérer les passages des vendeurs mobiles avec leur boille sur le dos (ça marche aussi pour la bière) et le tour est joué, plus question de rater un saut pour une banale question de ravitaillement. Maintenant, on sait.   

Schlierenzauer

Le prodige autrichien n’a pas trouvé la lumière durant cette 62e Tournee. Il s’est battu vaillamment, il y a bien eu quelques lueurs, quelques sauts qui laissaient entrevoir un retour de Schlieri vers les sommets mais il lui a toujours manqué quelque chose pour rivaliser avec les meilleurs. Au final, un huitième rang bien anonyme pour un sauteur au palmarès exceptionnel à seulement 24 ans. Par contre, expérience faite, le spectateur qui veut lui sortir de l’anonymat et passer sur l’écran géant, il lui suffit de se placer à côté des fans de Gregor Schlierenzauer, facilement reconnaissables à leurs bonnets GS. Comme quoi, Genève-Servette et les kiss-cam…

Pertes matériel

Les journées sont plutôt longues à la Vierschanzen et les tentations nombreuses, y compris celle d’acheter plein d’objet plus ou moins idiots dans les nombreux stands environnants. Objets généralement perdus quelques heures plus tard dans des opérations souvent assez glorieuses. Au niveau pertes matériel, je signalerai (mais j’en oublie) un tupperware, un drapeau suisse, un drapeau polonais, un gant du BVB, une écharpe suisse, un bonnet d’ultra du BVB (perdu après un combat héroïque seul contre quatre lâches fans du Bayern Munich, au moins), une vuvuzela aux couleurs de l’Allemagne, une paire de Ray-Ban et un maillot du Bayern floqué Götze (par combustion pas vraiment spontanée). Par contre, contrairement à d’autres, je n’ai pas perdu mon smartphone et j’ai réussi à ramener les deux trucs que j’avais résolument l’intention d’égarer : cet affreux chapeau viking allemand qui m’a valu le surnom d’Olaf et le lot remporté lors de la tombola caritative du restaurant du 31 à Garmisch où j’ai été le lauréat le plus acclamé de la soirée, va savoir pourquoi : le lot en question consiste en un bon pour deux nuits en chambre double dans un hôtel quatre étoiles à…. Munich. Le plus navrant, c’est que ce bon est valable en tout temps, sauf durant l’Oktoberfest.  

Écrit par Julien Mouquin

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3 Commentaires

  1. De toute façon, je t’aurais empêché de l’utiliser, le bon d’hôtel à Munich, Julien, vu que j’ai déjà réservé pour l’Oktoberfest, y compris pour toi 🙂

    Quant au chapeau viking allemand, tu le mettra dans la HB ou la Spaten, et moi je mettrai mon bonnet de mouton, on fera une belle paire 🙂

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