12 décembre : San Siro

Impossible, lorsque l’on s’approche de la Scala del Calcio, de ne pas sentir son cœur se mettre à tambouriner toujours plus vite, comme s’il voulait exploser la cage thoracique pour partir à l’aventure dans ce cadre ibracadabrantesque. A l’image des défuntes Charmilles, ce chaudron magique recèle toutes les bonnes surprises qu’un amoureux du football traditionnel aspire à trouver lorsqu’il se rend en pèlerinage. Avec ses parfums singuliers émanant par-ci par-là, comme pour témoigner d’un présent en continuité avec son passé, aux mythiques «bancarelle» entourant le stade, San Siro est une île heureuse dans un continent européen qui suit la voie anglo-allemande d’aseptisation et de stérilisation totale.

Nom : San Siro (Giuseppe Meazza).
Ville : Milan.
Clubs résidents : AC Milan et Inter.
Capacité : 80’018.

Le stade

Tout d’abord, il est nécessaire d’apporter quelques petites précisions terminologiques puisque tout le monde commet cette infâme erreur : il n’existe qu’une seule équipe nommée Milan. En effet, l’autre équipe qui a le privilège de jouer ses matchs à San Siro se nomme l’Inter. Certes me direz-vous, les noms complets des deux équipes sont Associazione Calcio Milan et Football Club Internazionale Milano. Cependant, c’est redondant et même insultant d’appeler un club au palmarès si prestigieux que celui de l’AC Milan «l’AC» ou «le Milan AC». Bref, en Italie on parle de Milan et de l’Inter. Oubliez dès lors tous les autres acronymes que PAD vous a fourré dans la cervelle depuis votre tendre enfance.
Revenons maintenant à nos moutons. Le seul fait qu’un club comme Milan dispute ses matchs dans cet antre vaut le détour. En effet, il faut rappeler aux glory hunters qui ne jurent que par les succès du présent que les Rossoneri possèdent le palmarès le plus imposant du monde. Bon, maintenant c’est explicite, je vais parler de la San Siro Rossonera, pas de celle Perdazzurra. Ce qui impressionne le plus à San Siro, c’est qu’inlassablement le même cirque se reproduit. Tu trembles, tu tressailles, le cœur fait le grand huit dans notre poitrine, comme Cafu le faisait sur la pelouse. Aux abords du stade déjà, on sent qu’il y a quelque chose de particulier dans l’atmosphère. Ça vit, ça bouge, la passion est palpable. Les «bancarelle» (stands) s’amoncèlent sur des kilomètres et les gens s’y empressent afin de se procurer des gadgets à l’effigie de ses idoles ou de quoi se remplir la panse.

Cependant, l’apogée de ce marathon de sentiments et d’exploits sportifs est atteint lorsque après 1 heure de grimpe acharnée, tu arrives au sommet du Stade San Siro, au troisième anneau. Déjà à bout de forces, notre brave athlète est agressé brutalement. D’abord, par le vent qu’il souffle fort là-haut ! Il te fait tout de suite comprendre que tu es si fragile, si petit, qu’il pourrait te pousser en bas. Puis, par le «boato» (détonation) produite par la Curva Sud. Enfin, ce sont toutes ces odeurs, plaisantes et indescriptibles – âmes d’un glorieux passé gardien du présent – qui se ruent précipitamment dans tes narines. Tu te rinces les yeux. Tu vois une marée rouge et noire se dresser devant toi et sur le terrain, si lointain, inaccessible, ces héros de lilliputiens gladiateurs. Tu regardes droit devant toi, tu vois le Duomo et sa Madonnina, papa et mère poule, qui s’érigent comme les éternels gardiens de ce temple. «Benvenuti nella casa del Milaaaaaaaan !», s’exclame un speaker endiablé, non tu ne rêves pas.

L’ambiance

Tous les éléments que j’ai évoqués ci-dessus sont liés à l’ambiance et à l’atmosphère qu’un pèlerin trouvera à «La Scala del Calcio». Tu l’auras compris, il ne s’agit pas d’un stade aseptisé qui sent le désinfectant comme à Thoune ou à Munich. Bien sûr, le confort n’est pas suprême, mais pour se vautrer lamentablement il y a le canapé et la télévision à la maison. Et c’est justement le fait que les sièges soient très proches les uns des autres qui confèrent à ce chaudron géant une allure familiale. On suit le match entre frères, entre Rossoneri. La passion fait communier ensemble des inconnus de façon très étroite. On parle, on rit, on souffre et on exulte ensemble. De plus, les personnages peuplant ces travées sont parfois très singuliers, certains loufoques. Bref, à San Siro, on est authentique. Pour ce qui concerne l’ambiance plus globale, c’est-à-dire les décibels qui émanent du nid de la Curva Sud, les choses ne sont plus comme avant. Depuis la cessation des activités de la Fossa dei Leoni (FdL) il y a six ans, les différents groupes de supporters présents au deuxième anneau bleu n’ont pas pu s’unir et imiter le ô combien mythique groupe qui fut. Ne vous réjouissez pas si vite, cela ne signifie pas que la Pontaise et ses trois pelés peuvent rivaliser avec San Siro. L’ambiance y demeure imposante et lors des chocs, elle devient électrique.

Le choc

San Siro accueille celui qui est, sans l’ombre d’un doute, le derby le plus huppé d’Europe. A raison de deux fois par saison, l’AC Milan et l’Inter s’affrontent de façon acharnée sur la pelouse milanaise. Oubliez tous ce que vous avez entendu par le biais des médias récemment, il s’agit de lavage de cerveau ; les clásicos et ces faux derbys inventés à tout-va ne sont que des inepties. Tu cherches la définition du mot derby ? Et bien, le derby de Milan, surnommé le «derby de la Madonnina» en honneur à la petite Madone qui surplombe le magnifique, te la donne. Tout d’abord, il s’agit, et c’est primordial, d’un match disputé entre deux clubs dont le siège social est établi dans la même ville. De plus, dès que le calendrier de la nouvelle saison est publié, les supporters commencent à décompter les jours. De façon générale, il s’agit d’une rivalité bon enfant et sportive, en vertu surtout d’un pacte de non agression entre les deux virages milanais. Ces dernières années, elle a été ravivée par le fait que l’Inter, équipe de losers depuis maintes années, est revenu sur le devant de la scène nationale et internationale. Cela a contribué à accentuer l’antipathie que les Milanisti nourrissaient déjà envers leurs «maudits cousins» (cuginastri) Interisti.  Dans les tribunes, forcément, on a mis la poudre aux canons et on a pu assister à des rencontres entre supporters voulant à tout prix écraser l’ennemi. Une autre affiche importante historiquement à San Siro est celle qui oppose les deux hôtes à la Juve, en raison du nombre de titres nationaux remportés par ces trois formations.

Les billets

Contrairement à l’Angleterre, en Italie les billets sont plutôt bon marché et facilement accessibles. Pour des rencontres de championnat de l’AC Milan, si l’on veut être très économe, on s’en sortira avec 18 € (3e anneau derrière le but ou central). Le troisième anneau central est formidable et offre une splendide vue d’ensemble. Si l’on veut vraiment se lécher les babines et voir nos idoles de très près, le 2e anneau central coûte 37 €. Les prix que je vous ai listés sont ceux proposés par les filiales de la banque Intesa. Au stade, les précieux sésames sont un peu plus chers (différence de 2-3 €). Mais il vaut toujours mieux de passer à la banque (consulter les horaires sur internet) afin d’éviter de déplaisantes surprises. A noter que les billets sont nominatifs et qu’il faut se munir d’une pièce d’identité pour acheter le billet et pour pénétrer dans le temple du football par excellence. Sinon, l’AC Milan a un revendeur officiel sur internet réservé aux supporters résidants à l’étranger (www.mpestero.com). Les prix sont évidemment plus élevés qu’à la banque (charges), mais le service est impeccable. En tout cas, il faut s’y prendre à l’avance pour ce qui concerne les grosses affiches, notamment le derby et les matches contre la Juve et Napoli. Sinon, il vous reste Mimmo et sa bande de Napolitains qui vous proposeront des billets au marché noir aux abords du stade.

La troisième mi-temps

La troisième mi-temps à Milan, c’est quelque chose ! Lorsque l’arbitre met la bouche au sifflet pour sceller la fin de la rencontre, c’est la ruée ! Victoire, nul ou défaite, peu importe. On pourrait penser que les Milanais sont incapables de communier avec leurs joueurs. Eh bien non, les tifosi voudraient rester, seulement ils ne peuvent pas. Si l’on n’est pas en voiture, il faut marcher environ une bonne trentaine de minutes pour rejoindre la station de métro. En tant que claustrophobe que je suis, je t’avoue que ce n’est pas plaisant de se retrouver 20 mètres sous terre dans l’impossibilité de se mouvoir. Tu l’auras compris, dans le métro, vu qu’ils sont rares à passer dans les parages, on s’agglutine comme des sardines. Mieux vaut marcher très doucement tout en continuant à inhaler cet air si féerique et laisser le flux infernal des 80’000 tifosi diminuer. Ainsi, pour ce qui me concerne, la troisième mi-temps je l’ai passée en me dandinant autour de San Siro, l’œil ému en rêvant de planter un hamac au beau milieu de la pelouse et de dormir entouré de ces présences surnaturelles. C’est magique et c’est plus classe que de le passer autour d’une table garnie de substances illicites ou dans un métro nauséabond.

L’anecdote

Il faut savoir qu’à San Siro il ne faut pas se rendre aux toilettes si l’on est claustrophobe. Tout le monde se bouscule au portillon, et une fois que l’on parvient à entrer, il est difficile de sortir et l’air pur semble un lointain mirage. Au rayon logistique, en été, il faut mentionner les délicieuses glaces proposées par les vendeurs ambulants dans les travées. Le genre de glace qui, une fois l’emballage ôté, se renverse subitement telle une énorme flaque sur le pantalon et sur le maillot floqué Gennaro Gattuso. Prix de l’opération ? 5 € le cône, messire ! Mieux vaut en effet amener la nourriture de chez soi. Une émission télévisée l’a démontré, à San Siro on peut entrer avec des salamis d’un demi-mètre de longueur sans que personne ne vous l’interdise. Les contrôles étant si inefficaces, il est possible de banqueter à sa guise dans l’enceinte du stade.

Écrit par Grégory Soldati

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15 Commentaires

  1. Ben vlà l’article le plus nul depuis le début de ses tours d’horizons européens!!! Tu n’as malheureusement aucune idée du sujet puisqu’à aucun moment tu n’abordes les différents thèmes!! Ton article aurait pu se résumer à « je suis milanista » et t’aurais tout dit!!!! Et chapeau bas, t’es certainement le seul mec qui prend son pied depuis le 3ème anneau à
    San siro!!! De plus, ton anecdote est trop triste et tes explications quant à la 3ème mi-temps à pleurer, tu n’as apparemment aucune idée de ce qui s’y passe puisque tu n’en parles pas!!! Quant aux cugini et je ne suis pas Interista, mis à part la saison passée, ils t’ont mis la misère pendant pas mal d’années!!! Ah j’oubliais, il y a un
    penalty non sifflé en faveur de Bologna dimanche passé « main de seedorf dans la surface »

  2. D’abord pour Bologna-Milan effectivement pénalty non-sifflé et surtout une horrible simulation supplémentaire du long pin Suédois aussi ignoble qu’un Drogba…

    Bref je rejoins ton avis…je me demande combien de fois le gars s’est astiqué devant un match de Milan…autant Mouquin est à fond pour Dortmund et cela peut en agacé certains, autant il arrive à avoir un oeil critique sur l’élimination de son club en CL par exemple…

    Là c’est bien pourri comme papier…on dirait un gosse de 9 ans à qui les grands frères ont lavés le cerveau en lui répétant que Milan était le seul club au monde…en tout cas ca marche parcque question cécité et masturbation supportrice c’est difficile de faire mieux (ou pire c’est selon…)

  3. Moi, je trouve cet article sympa,ça change en tout cas des articles d’intellos parlant de cette équipe de bouffons qu’est le Sion. Quant aux palmarès indiqué, il est, n’en déplaisent aux autres exact, et ce n’est pas les Barca, Réal et autres défunts Manchester qui peut prouver le contraire, quant à l’Inter ou la Rubentus
    laissez moi RIRE

  4. @Pinocchio

    Tjs fidèle à toi même, dans les commentaires précédents les gens reprochent à Greg S. de ne pas parler du Stade, enfin pour autant qu’il le connaisse(fantastique 3ème annello,-))), et toi tu nous rabâches à nouveau avec ton club….

  5. Quand on voit les commentaires laissés par les 2 premiers gnolus, on comprend mieux pourquoi les stades se vident en Italie…

    Pour ceux qui ont pas encore compris (faut savoir lire pour ça…), c’est le calendrier de l’Avent des stades et non pas une propagande pour telle ou telle équipe…

    et si vous avez des anecdotes à partager lachez-vous au lieu de faire de la destruction gratuite caché derrière votre clavier

  6. Merci pour l’article. Je constate la gravité de certains face à la lecture, SAVENTS-ILS LIRE? Je félicite M. Soldati et comme je m’occupe de la vente de billets en romandie, je lui offre 2 billets pour le derby qui aura lieu le mois de janvier à San Siro.
    Je prendrais contact avec le rédacteur en chef afin d’avoir les coordonnées de Soldati.
    Pour les autres qui critiquent, je les imagine bien gros et pouffis devant leur poste de télé galérer pour suivre le jeu du ballon…

  7. @derby Gazzetta

    SAIS-TU LIRE…en effet si tu prends la peine de lire le post de CC comme tu dis, tu comprendras directement pourquoi cet article est tout pourri…

  8. @CC

    T’en fais un beau de gnolu!!! Savoir lire ou prendre la peine de lire les autres!?

    C’est le calendrier de l’Avent des stades et non pas une propagande pour telle ou telle équipe.

    Au cas où t’aurais pas remarqué tout le monde te rejoint sur ce point, alors arrête de râler!!

  9. C’est vrai, l’article sur le San Paolo était très bien construit, précis, captivant… cet article sur San Siro n’est sans doute pas du même calibre, mais les critiques acerbes qu’il reçoit sont infondées. Les auteurs ont un parcours de vie différent, un niveau d’élocution différent., d’analyse, etc… En lisant les autres articles de Mirko (dont celui sur les derbys toscan entre autre), on comprend qu’il vit en Italie, qu’il vit L’Italie, qu’il est à la fois capable d’être passionné tout en sachant prendre des distances et déconstruire les préjugés. L’article de G. Soldati a aussi cette passion, mais la passion de celui qui découvre, qui se heurte à une réalité dans laquelle il a envie de faire entrer les idées qu’il en a et le besoin de comprendre les événements tangibles. La passion aveuglante de celui qui se retrouve pour la première fois dans une telle situation, et qui a envie de le crier, de le raconter, mais sans cette possibilité de faire des liens entre ce qu’il a vraiment vu, ce qu’il a senti, ce qu’il a imaginé et ce qu’il a cru ou voulu voir. Moi il m’a plu cet article, car il est teinté de cette naïveté touchante, cette candeur néophyte, ces préjugés amusants sans être méchants, cette non-subtilité inoffensive. Moi j’aime bien. C’est doux, simple et plaisant à lire. Ce qu’on ressent c’est le plaisir de l’auteur à avoir vécu son expérience, un plaisir toujours présent au bout de ses doigts lorsqu’il a tapé cet article. N’en déplaise aux détracteurs, moi j’aime.

  10. grazie per il tuo articolo, mi hai fatto ritornare giovane, alle mie prime esperienze a san Siro. Avanti così nella tua semplicità e entusiasmo, non lasciarti amareggiare dai detrattori, non si tratta che di invidia per non aver vissuto di presenza le partite, ma sola dal divano.
    un milanese di Ginevra

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