Le derby fantôme

Il n’y a pas que dans le hockey romand où l’on débat sans fin pour savoir si l’on est en présence d’un vrai derby ou pas. Malgré leur proximité géographique, le Borussia Mönchengladbach et le Fortuna Düsseldorf ont tendance à répondre par la négative pour leur duel. Cela n’a pas empêché les Fohlen de savourer un succès mérité.

Si tu prends une carte de géographie, tu constateras que les villes de Mönchengladbach et Düsseldorf sont toutes proches l’une de l’autre, à peine trente kilomètres. D’ailleurs, les latéraux du Fortuna Düsseldorf, Levels et van den Bergh, anciens du Borussia Mönchengladbach, ont conservé leur domicile dans l’industrielle cité du Niederrhein ; ce qui est d’ailleurs un peu étonnant, vu l’attractivité des deux villes, on aurait plutôt tendance à faire le contraire. Et pourtant, malgré cette proximité, les joueurs des deux camps sont formels : Gladbach – Düsseldorf, ce n’est pas un vrai derby ; pour l’un comme l’autre, le seul vrai derby, c’est contre le 1. FC Köln. D’ailleurs, le stade n’affiche pas complet et, lorsque l’on va boire l’apéro à la sympathique FanHaus des Fohlen, ce sont bien des chansons hostiles à Cologne et non à l’adversaire du jour qui passent en boucle. Mais comme les Geissböcke sont de nouveau au purgatoire de la Zweite Liga, il va falloir se contenter de ce derby-là cette saison, ce qui reste largement préférable aux matchs contre le quatrième grand club de la région, le Bayer Leverkusen, trop artificiel pour que quelqu’un daigne en faire son adversaire de prédilection. Un club qui célèbre en grandes pompes des titres de vice-champion et dont personne ne veut pour son derby de prédilection, le HC Genève-Servette se sent un peu moins seul au monde. Et c’est déjà ma deuxième vanne purement gratuite et déplacée sur Servette en deux articles cette semaine, c’est pour me faire pardonner d’avoir sympathisé au Borussia-Park avec un fan servettien, que je profite de saluer ici.  

Défense passoire

Le Borussia (l’autre) et le Fortuna ont des objectifs bien différents cette saison, l’Europe pour le premier, le maintien pour le second. Mais les deux premières confrontations, toutes les deux à l’Esprit-Arena, contre leur voisin n’avaient guère souri aux Fohlen, avec un 0-0 en championnat et une élimination aux pénaltys en Coupe d’Allemagne. L’heure de la revanche va rapidement sonner : on était à peine installé avec notre provision de bières que déjà le défenseur espagnol Juanan propulsait dans ses propres filets un centre de Juan Arango. Son coéquipier van den Bergh ne sera guère plus inspiré quelques instants plus tard avec une relance exécrable qui a permis à Luuk de Jong d’offrir le 2-0 à Patrick Herrmann. On ne jouait pas encore depuis un quart d’heure… Après avoir pas mal tâtonné pour remplacer Marco Reus, Lucien Favre semble avoir trouvé la solution avec l’espoir Herrmann en 9 et demie dans le rôle jadis dévolu au Dortmundois et le Hollandais de Jong en pointe. Cet alignement fait trois victimes collatérales : Granit Xhaka, supplanté par Marx et Nordtveidt en demi-défensif et qui n’a pu s’imposer comme 9 et demie, et les deux joueurs qui se partageaient la place d’attaquant de pointe la saison passée, Mike Hanke, relégué au rang de joker, et Igor de Camargo, prié de se trouver un nouveau club. 

Timide réaction

Düsseldorf va tenter de réagir après la pause avec un tir au-dessus de Reisinger et un pénalty consécutif à une faute de de Jong sur Dani Schahin. En l’absence du tireur patenté Langenecke, l’attaquant du Fortuna se fait justice lui-même pour redonner espoir aux visiteurs. Mais la remontée des Flingeraner s’arrêtera là et c’est en vain que l’on a attendu une vraie chance d’égalisation. C’est au contraire Gladbach qui va galvauder quelques grosses possibilités de se mettre à l’abri : on pense à ce caviar d’Arango gaspillé par un contrôle défectueux de Cigerci (Lucien Favre a dû adorer) ou à ces deux arrêts miraculeux du jeune gardien Fabian Giefer, bien plus inspiré qu’une semaine auparavant contre Augsburg, devant Juan Arango. Et puis on relèvera la belle solidarité dans la charnière centrale des Flingeraner puisque le Tchèque Latka essaie d’imiter son collègue Juanan mais sa tentative d’autogoal finit sur la latte. Gageons que l’entraîneur Norbert Meier attend avec une certaine impatience le retour de blessure du patron de sa défense, Jens Langenecke. Car avec deux matchs et zéro point depuis la reprise, le Fortuna ne confirme pas vraiment son bon premier tour ; si en soit perdre à Mönchengladbach n’a rien de dramatique, la défaite concédée une semaine auparavant à domicile contre Augsburg était beaucoup plus embêtante et les Flingeraner ne sont vraiment pas à l’abri d’un retour d’Augsburg ou Hoffenheim.
A l’inverse, Mönchengladbach profite de ces trois points pour s’arrimer au bon wagon, celui des places européennes. Toutes compétitions confondues, les Fohlen n’ont plus perdu depuis neuf matchs et semblent en mesure de prouver que la quatrième place de la saison passée n’était pas qu’un exploit isolé mais bien l’amorce d’un retour durable parmi les ténors du foot allemand. 

VfL Borussia Mönchengladbach – Fortuna Düsseldorf 2-1 (2-0)

Borussia-Park, 50’315 spectateurs.
Arbitre : M. Gagelmann.
Buts : 6e Juanan (autogoal, 1-0), 14e Herrmann (2-0), 50e Schahin (pénalty, 2-1).
Mönchengladbach : ter Stegen; Jantschke, Brouwers, Dominguez, Wendt; Cigerci (92e Rupp), Nordtveidt, Marx, Arango; Herrmann (88e Mlapa);  De Jong (72e Hanke).
Düsseldorf : Giefer; Balogun, Latka, Juanan, van den Bergh; Bodzek (85e Ilsö), Tesche; Reisinger, Kruse, Fink (74e Omae); Schahin.
Carton jaune : 39e Marx.
Notes : Mönchengladbach sans Stranzl (malade) ni Ring (blessé), Düsseldorf sans Langenecke, Bruno Soares, Cha, Voronin ni Rafael (blessés).

Écrit par Julien Mouquin