Wunderussia

Malgré un match catastrophique en défense et un pénalty raté, le Borussia Dortmund s’impose un peu miraculeusement lors d’un choc au sommet d’anthologie à Leverkusen et s’empare de la deuxième place du classement. Toujours ça de pris, même si la marche suivante au classement, la première place du Bayern Munich, restera probablement inaccessible cette saison.

La Bundesliga a longtemps valu essentiellement par ses ambiances de feu, ses bières à profusion, ses stades pleins et cette formidable atmosphère de kermesse populaire, bien davantage que par la qualité du jeu présenté. Il fut d’ailleurs un temps où j’alternais les matchs en Allemagne pour la fête et l’ambiance et en Angleterre pour le jeu. Aujourd’hui, mes déplacements dans la perfide Albion se raréfient de plus en plus, vu que l’Allemagne permet désormais de faire d’une pierre deux coups. Les ambiances sont toujours au top, le spectacle est toujours au rendez-vous mais, en plus, ce qui est nouveau, c’est que la qualité du jeu n’a plus rien à envier à ce qui se fait dans les autres grandes nations du foot européen ou, du moins, présentées comme telles. Dès lors, on n’a plus vraiment de raisons d’aller voir ailleurs. Après bien sûr, cela dépend des matchs, il y a du bon et du moins bon mais le Bayer Leverkusen – Borussia Dortmund de dimanche appartient certainement au gotha des tous meilleurs matchs joués cette saison en Europe. D’ailleurs, on n’a même plus besoin de boire douze bières pour savourer un match de Buli : dimanche la seule boisson que j’ai ingurgitée à la BayArena, c’est un thé vert. Véridique, je suis en mesure de présenter un témoin…

Tellement vite

Ce choc presque au sommet, décisif pour la deuxième place, est parti sur les chapeaux de roue avec un scénario éprouvé : Leverkusen rate une occasion et Dortmund marque sur l’action suivante. C’est tout d’abord Gonzalo Castro qui enlève trop son lob ; dans l’enchaînement, Robert Lewandowski lance Marco Reus qui ouvre le score d’une habile pichenette. On retrouve Castro en bonne position quelques minutes plus tard mais il shoote à côté du ballon et sur le contre le gardien Leno fauche Lewandowski qui arrivait seul. Jakub Blaszczykowski transforme d’un contre-pied imparable, 0-2 après moins de dix minutes, on pouvait imaginer pire départ. Je ne suis pas sûr qu’il y ait aujourd’hui en Europe une équipe capable de se projeter plus rapidement en avant que le Borussia Dortmund après la récupération ni à mettre hors de position une défense en aussi peu de touches de balle. Du grand art !  

Le porte-bonheur

Dans le programme de match, une bande-dessinée assez sympa brocarde gentiment le Borussia Dortmund mais ironise aussi, avec une bonne dose d’autodérision, sur la propension de Vizekusen a collecter les titres de vice-champion d’Allemagne. Et la BD concluait que la Werkself allait tout faire pour défendre cette deuxième place honorifique dont tout le monde, sauf elle, se contrefiche. Le message est passé auprès des joueurs qui ne se sont pas laissé décontenancer par cette entrée en matière cauchemardesque. Kiessling, Schürrle ou Carvajal ont l’occasion de réduire le score avant la pause mais ne cadrent pas leur tir. Néanmoins, le score de 0-2 à la mi-temps était plutôt flatteur pour le BVB. Et la domination de Neverkusen va encore s’accentuer en seconde période. Le gardien dortmundois Mitch Langerak, qui avait remplacé Roman Weidenfeller, grippé, au pied levé, réalise deux arrêts miraculeux devant Sam puis Kiessling, alors qu’Hummels sauve on ne sait trop comment une reprise de Schürrle sur la ligne. Au passage, on notera que le jeune portier remplaçant australien du Borussia ne jouait que son septième match officiel depuis son arrivée au club à l’été 2011 mais son bilan est exceptionnel avec des victoires 3-1 et 5-2 contre le Bayern, 2-0 contre Dresde, 4-0 à Kiel, 5-1 à Hambourg, 5-2 à Kaiserslautern et désormais 3-2 à Leverkusen.

Complètement fou

Malgré les prouesses de Langerak, on sentait un peu le goal arriver. Alors que le BVB venait de rater une belle occasion de partir à trois contre un en rupture, Leverkusen va enfin être récompensé de ses efforts sur un excellent travail préparatoire de Stefan Kiessling qui offre le but de l’espoir à Stefan Reinartz. Sur sa lancée, la Werkself égalise sur une remise de Sebastian Boenisch pour Stefan Reinartz, encore lui, qui marque de la tête avec l’aide du poteau. C’était complètement logique et je ne te cacherai pas qu’à ce moment-là, on n’en menait pas large au milieu des quelques 8’000 fans jaunes et noirs qui avaient fait le déplacement. Mais on avait à peine effectué l’engagement que Leverkusen allait voir ses efforts anéantis sur une passe en retrait trop molle de Philipp Wollscheid. Mario Götze, passé complètement à côté de son match en dehors de cette action, avait senti le coup, le gardien Leno a pu sauver mais l’inévitable Robert Lewandowski a suivi pour redonner l’avantage au BVB dans le but vide. Et voici comment la consternation hébétée de la minute précédente a laissé la place à une exultation sauvage avec ce qu’il nous restait de voix après un week-end plutôt festif. Et l’on n’était pas au bout de nos émotions

Maudits pénaltys

Quelques instants plus tard, le BVB allait se voir offrir un deuxième pénalty, pour une faute inutile de Boenisch sur Lewandowski, par l’excellent arbitre Deniz Aytekin. Enfin, moi je l’ai trouvé excellent, d’ailleurs je trouve toujours excellents les arbitres prénommés Denis, mais je ne suis pas sûr que les fans de Leverkusen qui m’ont interpellé assez véhémentement au coin d’une rue après le match partageaient cet avis. Le problème, c’est que cette fois, le contre-pied ne marche pas et Bernd Leno bloque facilement l’envoi trop mou de Kuba. Et là, je faisais moins le fiérot avec mon Auswärtstrikot floqué Blaszczykowski. Après avoir longtemps séché dans l’exercice du pénalty, le BVB pensait avoir trouvé son tireur patenté avec le Polonais qui restait sur un 4 sur 4 (réussis) dans cet exercice. Las, il va falloir trouver un nouveau tireur puisque la tradition à Dortmund veut que l’exécuteur des pénaltys soit changé après chaque échec. Le problème, c’est qu’on a bientôt fait le tour du contingent, je devrai peut-être proposer ma candidature.

Flatteur

Faute d’avoir fait le break, le BVB va trembler jusqu’au bout et l’on aura encore quelques sueurs froides sur des essais d’Hegeler et Schürrle qui flirtent avec les montants. Mais au final, le Borussia a tenu bon et ravi la deuxième place du classement à son adversaire du jour. Avec une bonne dose de réussite car on dénombre une dizaine d’occasions nettes pour Neverkusen contre cinq au BVB, soit les trois buts, le pénalty raté par Kuba et un coup franc de Reus détourné par Leno. Tu va me dire que je suis peut-être un peu gourmand, le BVB s’impose sur le terrain du deuxième du classement qui était invaincu jusque-là à domicile, c’était un match de très haut niveau, l’adversaire était redoutable et très déterminé, pourtant je n’ai pas été complètement convaincu par la prestation dortmundoise. Je trouve que mon équipe favorite a trop subi les événements, concédé beaucoup trop d’occasions de but et a souvent mal joué les nombreux ballons de contre-attaque dont elle a disposé. Enfin, il paraît que c’est le propre des grandes équipes de gagner, non pas en jouant mal car le BVB n’a pas mal joué, mais en étant dominé.
Ceci dit, je suis quand même reparti de la BayArena conquis par le spectacle et les émotions. La preuve : lorsque j’ai fini par retrouver ma voiture sur le coup des 20h30 après avoir erré comme une âme en peine sous la pluie dans les ruelles glauques de Leverkusen, je ne me suis même pas dit l’habituel et vain « plus jamais ça », malgré la perspective des 670 kilomètres d’autoroute de retour sous la neige pour être au boulot le lendemain matin.

Bayer Leverkusen – Borussia Dortmund 2-3 (0-2)

BayArena, 30’210 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Aytekin.
Buts : 3e Reus (0-1), 9e Blaszczykowski (pénalty, 0-2), 58e Reinartz (1-2), 62e Reinartz (2-2), 63e Lewandowski (2-3).
Leverkusen : Leno ; Carvajal, Wollscheid, Toprak, Boenisch; Reinartz (87e Milik); L Bender, Rolfes (46e Sam); Castro (79e Hegeler), Schürrle; Kiessling.
Dortmund : Langerak; Piszczek, Santana, Hummels, Schmelzer; S. Bender, Gündogan (93e Schieber); Blaszczykowski (80e Grosskreutz), Götze (90e Kehl), Reus; Lewandowski.
Cartons jaunes : 8e Leno, 54e Carvajal, 67e Boenisch, 75e Toprak, 76e Reinartz, 86e Langerak.
Notes : Leverkusen sans Bellarabi (blessé), Dortmund sans Bittencourt (suspendu), Owomoyela, Subotic (blessés) ni Weidenfeller (grippé).

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. Je suis témoin pour le thé vert! 😉
    Ca faisait d’ailleurs bizarre!
    Sinon quel stress dans ce stade! J’ai cru que ça n’allait jamais finir! Enfin on les a eu ces 3 points!
    HEJA BVB! Vivement samediiiiiii !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  2. leverkusen dans le jus en défense donne la victoire au BVB en offrant 1 peno justifié cette foi ci( faut dire que lewandowski ,quel joueur exraordinaire,ne triche jamais contrairement à bien d’autre, on les nomment pas ca serait trop long…….. et ça aide les arbitres a prendre la bonne décision n’ est ce pas messieur????????

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