Le Servette FC flotte toujours

Dans le derby du bonnet d’âne de la ligue, les deux prétendants s’étaient promis un duel à la vie à la mort. Si aucun événement funeste n’est à déplorer, la vie a plutôt été lucernoise à la Swissporarena d’où les Grenat reviennent soulagés, voire même satisfaits comme s’ils avaient triomphé sans coup férir. Hélas, le classement pique toujours les yeux de la ville de Calvin.

«Nous sommes toujours dans le coup», positivait samedi soir Sébastien Fournier à l’heure de rentrer à la maison. Eh oui, c’est peut-être bien une des seules choses à retenir d’une sortie décevante de la part d’une équipe qu’on croyait ressuscitée après deux bonnes prestations, respectivement contre le LS et le FC Bâle. Si les matelots genevois tenaient le choc en première mi-temps, c’est bel et bien un naufrage qui a été évité en deuxième mi-temps grâce notamment à un Barroca en feu.

45 minutes à l’anglaise, ou presque

Si le spectateur ou le téléspectateur averti avait conscience avant le premier coup de sifflet qu’il n’allait pas assister au match de l’année, il faut bien reconnaître que ce dernier fut très intense en première mi-temps avec deux équipes qui se livraient corps et âme dans leur duel tant annoncé. Dans cette optique où la prise de température, la temporisation, voire même la raison étaient restées aux vestiaires, c’est avec plaisir qu’après une demi-heure le tableau d’affichage indiquait un but de chaque côté, Muntwiler pour les locaux sur une offrande de Winter qui humilia au passage une défense servettienne aux fraises, et Karanovic pour Servette qui tient décidément la forme de sa vie, faute de mieux.
Les cœurs étant déjà mis à rude épreuve après une demi-heure, ils vont encore plus monter dans les tours avant le thé, tout d’abord sur un raté magistral de Kasami (inadmissible) seul devant Barroca et de l’autre côté une œuvre de l’ami Karanovic qui finira à coté des buts de Zibung après avoir touché de manière évidente la main d’un défenseur lucernois. Penalty ? Evidemment que non, le statut des équipes romandes étant encore en révision.

Barroca seul à la barre

La deuxième mi-temps verra le jeu servettien tomber d’une bonne centaine de crans, la faute à des âmes genevoises qui vont préférer la souffrance d’un long péplum à la fierté de tenir la draguée haute à une équipe de Lucerne qui tentait de jouer son va-tout afin de faire le double-break au classement. Dans cette longue pénitence, la seule lumière viendra du portier grenat Barroca, qui va écœurer des Lucernois maladroits, malheureux, maudits, bref dépassés par le brio du désormais ex-remplaçant d’un David Gonzalez qui n’est pas prêt de reprendre sa place de titulaire. Cependant, cette performance mondiale ne doit pas cacher la relative pâle figure des visiteurs en seconde mi-temps, lesquels seront incapables de réagir à l’offensive lucernoise qui aurait mérité meilleur sort il faut bien l’avouer.
Certes, à la lecture du score et en vertu de la philosophie du match, on peut se réjouir du petit point engrangé par le Servette mais on peut aussi constater la perte de deux points qui lui auraient permis de recoller à son adversaire du jour au classement, adversaire au sens de concurrent direct pour la relégation cela va sans dire. De ce point de vue, il semble paraître clair que Fournier va devoir rapidement trouver un meilleur discours d’avant et après-match puisque dans la situation de ses protégés la reconquête passe par des succès et non en se contentant de limiter la casse, qui en est déjà à un stade bien avancé malheureusement. Prochain match samedi prochain à la Praille où les Grenat recevront la meilleure équipe de ce début d’année, le FC Zurich.
Photo Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

FC Lucerne – Servette FC 1-1 (1-1)

Swissporarena, 10’827 spectateurs.
Arbitre : M. Klossner.
Buts : 26e Muntwiler 1-0, 29e Karanovic 1-1.
FC Lucerne : Zibung ; Thiesson, Stahel, Puljic, Lustenberger ; Wiss (71e Mouangue), Muntwiler ; Winter, Kasami, Gygax (46e Hyka) ; Rangelov (84e Siegrist).
Servette FC : Barroca ; Diallo, Schneider, Mfuyi, Rüfli (88e Schlauri) ; Pasche, Kouassi ; Lang (67e Pont), Vitkieviez, Tréand ; Karanovic (89e Machado).
Cartons jaunes : 21e Kasami, 59e Schneider, 73e Kouassi, 74e Muntwiler, 76e Mouangue, 86e Rüfli.

Écrit par Thierry Rossier

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