Bundesliguide : SV Hambourg

Le SV Hambourg est un géant du foot allemand en difficulté. Problèmes financiers, querelles intestines, transferts foireux, résultats décevants, le HSV n’y arrive plus depuis de nombreuses saisons. Et rien n’indique que la rédemption soit pour cette année.

2012/2013 :

7e. Après quatre défaites en début de saison, le HSV redoutait de subir la première relégation de son histoire, alors qu’il célébrait ses 125 ans d’existence. Le retour de l’icône Rafael van der Vaart a provoqué une certaine embellie, permis de quitter la zone rouge et de se retrouver à la lutte pour une place européenne. Toutefois, à l’image de ses leaders van der Vaart et Son, le HSV n’a pu se départir tout au long de la saison d’une irrégularité crasse, capable de passer sept buts en deux matchs au vice-champion d’Europe Dortmund (3-2 et 4-1) mais aussi d’en ramasser neuf sur la pelouse du Bayern Munich (2-9). Au final, ce manque de constance s’est avéré rédhibitoire et Hambourg rate la qualification européenne au profit de clubs aux moyens a priori plus modestes comme Francfort ou Freiburg. Si au final, cette septième place n’est pas si mal au vu des craintes qu’avait engendré le début de saison catastrophique des Rothosen, il n’en demeure pas moins qu’une quatrième saison consécutive sans qualification européenne, c’est indigne pour un club du standing du HSV. D’ailleurs, le manager Frank Arnesen, venu à prix d’or de Chelsea en 2011 et dont la politique consistant à se «renforcer» avec des réservistes des Blues a été un fiasco, en a fait les frais et a été débarqué.   

Objectifs :

Difficile à dire : un jour un dirigeant annonce qu’une qualification européenne est une nécessité, le lendemain un autre expose que la priorité est l’assainissement des finances et que le club va vendre ses meilleurs éléments… A priori, le contingent est suffisamment fourni pour éviter le spectre, parfois évoqué, notamment en début de saison dernière, de la première relégation de l’histoire du seul club à avoir participé à toutes les éditions de la Bundesliga depuis sa création en 1963. Malgré leurs difficultés, les Rothosen ont quand même les moyens de finir dans la première moitié du classement et le standing du club doit leur imposer de viser un retour en Europe qui signifierait le début d’une reconquête. «Et pourquoi pas gagner la Coupe?» a récemment déclaré Rafael van der Vaart. Ce serait un bon moyen de vaincre la déprime mais il y a encore loin de la Coupe aux lèvres.

L’effectif :

Il y a toute même une colonne vertébrale solide avec Adler aux buts, Westermann dans l’axe, Rincon en sentinelle, van der Vaart en meneur de jeu et Rudnevs en buteur, avec encore les anciens (?) internationaux Aogo et Jansen sur les côtés. Le problème, c’est tous ces joueurs peinent à retrouver leur meilleur niveau depuis plusieurs saisons et que les jeunes, comme Beister, Arslan ou Lam, peinent à vraiment franchir un cap pour s’imposer comme titulaire d’un club de pointe en Bundesliga.

Le mercato :

Malgré les signaux contradictoires envoyés par les dirigeants, le mercato n’est clairement pas terminé au HSV. Il faut dire qu’il a commencé avec un peu de retard car Hambourg a dû d’abord aller chercher un nouveau manager, en l’occurrence l’ancien bâlois et munichois Oliver Kreuzer, qui vient de ramener Karlsruhe de Dritte en Zweite Liga. Mais les négociations ont un peu trainé car en ce moment tout est compliqué avec le HSV, même d’aller débaucher un directeur sportif en troisième division. Il y a encore quelques éléments (Scharner, Tesche, Kacar, Mancienne, Rajkovic) dont le club cherche par tous les moyens à se débarrasser (y compris en les envoyant avec la réserve, certains cas pourraient se régler devant les tribunaux) et dont le départ semble un prérequis pour de nouvelles arrivées. Le départ de l’un des rares éléments encore bankable du club (Adler, Westermann ou van der Vaart) a également été évoqué pour dégager des liquidités. Car pour l’instant, le mercato hambourgeois inquiète plutôt les supporters : les Rothosen ont été contraints de laisser filer le joyau coréen Heung-Min Son, sans vraiment le remplacer. Djourou et Sobiech viennent renforcer la défense mais tous deux restent sur une expérience mitigée à respectivement Hanovre et Fürth. Zoua n’était pas titulaire à Bâle, ce n’est pas lui qui va faire oublier Son. Et Hakan Çalhanoglu n’a que 19 ans. En l’état actuel des choses, la campagne de transfert estivale du HSV ne permet donc pas d’espérer un retour vers les sommets.

Départs : Sala (Verona), Son (Leverkusen), Bruma (Chelsea).
Arrivées : Sobiech (Fürth), Djourou (Hanovre), Zoua (FC Bâle), Çalhanoglu (Karlsruhe), Demirbay (Dortmund II), Scharner (Wigan), Tesche (Düssledorf).

Entraîneur :

En réussissant le doublé Coupe-championnat (2010) dès sa première saison au FC Bâle puis en conservant le titre l’année suivante, Thorsten Fink a vu la cote de sa carrière d’entraîneur exploser. De manière justifiée ? Il est permis d’en douter, tant gagner le titre en Suisse avec le FC Novartis-ASF n’a rien d’un exploit. Depuis son arrivée à Hambourg en octobre 2011, le héros malheureux de la finale 1999 de la Ligue des Champions ne convainc pas. On ne contestera pas ses capacités de motivateur pour réussir quelques coups ici ou là en mode commando mais il n’a pas réussi à donner constance et identité de jeu à son équipe. Le système et le onze de base sont régulièrement chamboulés, la progression collective et individuelle du groupe n’est pas évidente et on n’a pas l’impression qu’il est capable de fédérer le club derrière lui pour le ramener sur le chemin du succès. On ne serait pas étonné qu’il ne finisse pas la saison, même si l’arrivée du manager Olivier Kreuzer, ancien Munichois et Bâlois comme lui, paraît renforcer sa position. Et puis Thorsten Fink est toujours habillé tendance : ce n’est pas anodin dans un club qui, en 2008, aurait refusé d’engager un certain Jürgen Klopp parce que celui-ci ne portait pas de cravate. Parfois, le succès peut tenir à peu de choses…  

Atouts :

Un groupe relativement expérimenté. Un hypothétique retour de van der Vaart à son meilleur niveau. L’arrivée du nouveau manager Kreuzer. Le standing et l’histoire du club, ainsi que le soutien d’un public resté fidèle et qui ne demande qu’à s’enflammer au premier signe de renouveau : un grand club ne meurt jamais. Après une première saison d’adaptation, le buteur Rudnevs peut exploser s’il est suffisamment pourvu en bons ballons. L’éventuelle éclosion de Sobiech, Beister, Çalhanoglu, Zoua ou Demirbay. Djourou ou Sobiech pourront difficilement être moins sécurisants en défense centrale que Rajkovic, Mancienne ou Bruma la saison passée.

Faiblesses :

Un contingent qui reste quantitativement et qualitativement limité. Le départ de Son, le seul qui amenait un peu de folie dans le jeu hambourgeois. Les querelles internes. L’impatience grandissante du public. L’incapacité de Thorsten Fink à vraiment faire progresser son groupe. Le déclin progressif des leaders présumés du groupe comme van der Vaart, Westermann ou Jansen et leur incapacité à tirer l’équipe vers la haut sur la durée. La déprime générale qui entoure le club et la fragilité mentale d’un groupe marqué par plusieurs années d’échecs et de désillusions. 

Inconnue :

Hambourg et Young-Boys ont en commun de ne plus avoir rien gagné depuis une victoire dans leur coupe nationale respective en 1987. Lequel de ces éternels losers mettra-t-il fin le premier à la disette ? J’aurai tendance à miser une piécette sur les Bernois.

A suivre :

Hakan Çalhanoglu. Engagé il y a douze mois par le HSV, ce grand espoir du foot allemand qui joue en sélections juniors turcs a été laissé une saison en prêt dans son club d’origine, Karlsruhe, pour s’aguerrir. Avec succès, puisqu’il a largement contribué au retour du KSC en Zweite Liga en étant élu meilleur joueur de la saison en Dritte Liga. Il était donc logique qu’il se voie offrir une chance en Buli ; à 19 ans, il ne briguera pas d’emblée une place de titulaire mais ce milieu de terrain talentueux constitue la plus belle promesse d’avenir du HSV.

Sur nos monts, quand le soleil… :

Johan Djourou a connu des débuts mitigés en Bundesliga, ne parvenant pas à stabiliser la défense passoire d’Hanovre avant de manquer la fin de saison pour une blessure. Il tente un nouveau prêt un peu plus au nord pour tenter de renforcer une défense elle aussi trop perméable, celle du HSV. Le défi est de taille, il lui faudra éviter les blessures (c’est mal parti), s’imposer face au jeune Sobiech pour gagner une place de titulaire aux côtés de l’ancien Westermann et prouver qu’il peut réellement briller en Buli pour conserver sa place en équipe de Suisse. Tout un programme. Le défi est sans doute plus intéressant que de chauffer le banc dans un autre club de losers, à Arsenal, mais la réussite est tout sauf garantie.

Stade :

Imtech-Arena, 57’000 places.

Abonnés :

30’000 (contingent complet, vente stoppée).

Equipe type présumée :

Adler ; Diekmeier, Djourou (Sobiech), Westermann, Jansen (Lam); Rincon, Badelj (Tesche); Jiracek (Beister), van der Vaart, Aogo; Rudnevs.

Agenda :

20-22 septembre 2013 : SV Hambourg–Werder Brême. Nordderby. Petite consolation pour les fans des Rothosen : leur ennemi héréditaire paraît encore plus mal loti en ce début de saison.

En résumé :

Au printemps 2009, le HSV semblait tout proche de renouer avec un trophée mais, en l’espace de quelques semaines, il perdait le championnat, la coupe et la coupe UEFA lors de quatre derbys contre l’ennemi héréditaire Werder Brême. Les Rothosen ne se sont pas encore remis de ces échecs mortifiants et naviguent depuis dans la sinistrose entre querelles internes, transferts foireux, problèmes financiers et absence durable des joutes européennes. Sans être transcendant, le contingent n’est pas si mauvais que cela, le grand défi cela va être de s’extirper de cette morosité ambiante qui ronge le club depuis quelques saisons et de retrouver confiance, joie de jouer et stabilité. Mais on n’est pas sûr que Thorsten Fink soit vraiment l’homme de la situation.

Pronostic :

9e.

Écrit par Julien Mouquin

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