CarnaGE à Waterloo

C’est (déjà) la crise à Schalke 04 ! A quelques encablures du sympathique Waterloo Biergarten, les Bleus pas vraiment royaux de GE, qui ont terminé le match à neuf, ont subi une nouvelle désillusion contre Hanovre et se retrouvent déjà relégués à huit longueurs de leurs rivaux Dortmund et Bayern qu’ils avaient pourtant promis de devancer dans la course au Meisterschale.

Malgré les quelques séquelles de la fête qui a suivi la victoire du Borussia Dortmund la veille contre Brême, c’est d’humeur guillerette que j’arrive à Hanovre. Comme toujours car un match à Hanovre commence forcément par une halte au Waterloo Biergarten là où, debout sur les bancs après une victoire historique de la Nati contre la Corée, on avait vécu une bonne heure d’hystérie collective avec une gigantesque bataille de dessous de choppes en carton. En cette soirée magique de juin 2006, on avait vraiment l’impression d’être les rois du monde et c’est toujours avec un souvenir ému que je retourne dans cet endroit.

Schalke en crise

Mais mon humeur n’est seulement badine mais aussi taquine car le match du jour oppose l’équipe locale d’Hanover 96 à nos chers amis de Schalke 04, déjà en crise. Et je peux difficilement résister à la tentation d’une toute mesquine Schadenfreude en voyant un GE en peine. La plupart des observateurs prédisaient un cavalier seul du Bayern Munich, voire un duel entre les Bavarois et Dortmund, en tête de la Bundesliga ; en revanche, le rang des prétendants au titre était rarement garni du nom de Schalke 04, qui aurait pu se contenter du rôle confortable d’outsider. Mais ce serait méconnaître le fait que GE est bien l’abréviation de gueule élastique et les Knappen ont passé l’été à crier sur tous les toits leurs rêves de titre et leurs paroles de défi à l’encontre des deux finalistes de la Ligue des Champions. Mais des paroles aux actes…
L’entame de saison du club de Gelsenkirchen tourne au cauchemar : cela débute par un peu reluisant 3-3 à domicile contre un Hambourg pourtant lui aussi en crise, avant un naufrage 4-0 à Wolfsburg. Les stars Farfan, Papadopoulos et Huntelaar grossissent déjà les rangs de l’infirmerie et le club n’a toujours pas déniché le remplaçant promis à Michel Bastos. L’inexpérimenté entraîneur Jens Keller, prolongé contre toute attente en mai dernier, est déjà sur la sellette. Pire, Schalke se retrouve en ballotage défavorable en barrage de la Ligue des Champions après un pénible résultat nul à domicile contre le modeste PAOK Salonique lequel ne doit sa présence à ce niveau qu’à l’exclusion des Ukrainiens de Kharkov. Les Knappen devront donc aller jouer un match retour de tous les dangers contre des Grecs qui, dans le contexte politique et économique actuel, seront sans doute assez motivés à toucher le pactole de l’UEFA en lieu et place d’un puissant club allemand. Surtout que sur le banc du PAOK se trouve un certain Huub Stevens, ex-entraîneur à succès de Schalke 04, viré en novembre dernier pour céder sa place au pâle Jens Keller… 

       

Des nouveaux amis…

C’est un peu malvenu de ma part de me délecter des malheurs de Schalke alors que, depuis la veille, les fans königsblaue sont « officiellement » potes avec ceux du Borussia Dortmund. Les raisons de cette amitié pour le moins contre nature ? Fans des deux camps se sont trouvé un ennemi commun : la police. Les ultras dortmundois contre Braunschweig et ceux de Schalke contre Salonique ont été victimes de l’intervention disproportionnée et débile des forces de l’ordre pour un motif futile (une pseudo banderole anti Hoffenheim demeurée introuvable à Dortmund, un drapeau macédonien à Schalke). On se demande si, après le rejet en décembre de la plupart des mesures de durcissement préconisées par les autorités policières (notamment l’interdiction des places debout), celles-ci ne tentent pas de provoquer une escalade avec les supporters à coup de provocations infantiles pour imposer leur politique sécuritaire draconienne. Espérons que les fans auront l’intelligence de ne pas rentrer dans le jeu (dangereux) de la maréchaussée. En ce qui me concerne, répression policière ou pas, je n’arrive pas à me faire à cette nouvelle « amitié » dortmundo-gelsenkirchenoise et je fais un saut au local des ultras d’Hanovre pour quérir deux écharpes du club local afin de bien marquer ma préférence. 

Quand rien ne va…

Selon l’expression consacrée, quand rien ne va, rien ne va et Schalke va en faire la cruelle expérience : alors que le match avait débuté plutôt tranquillement, il va basculer au quart d’heure lorsque, abusé par une ouverture plein axe, Benedikt Höwedes fauche Mame Diouf qui partait au goal. Carton rouge, pénalty et voilà comme, après la transformation de Szabolcs Huszti, Schalke se retrouvait mené au score et, navire en pleine tourmente, privé de son capitaine. Et bientôt de son nouveau prodige Leon Goretzka, sorti sur blessure. Quand rien ne va… Et les malheurs königsblaue se poursuivent avec un deuxième but d’Hanovre sur un centre d’Huszti repris par la tête de Diouf, qui se rachetait quelques minutes après avoir échoué seul devant le gardien. 

Fébrile Hanovre

C’est le deuxième match de Sechsundneunzig auquel j’assiste durant la semaine mais cette équipe d’Hanovre présente un visage bien différent lorsqu’elle joue à domicile qu’hors de ses bases. Il y a toutefois un point commun : une certaine fébrilité défensive. A 2-0 à la mi-temps en supériorité numérique contre un adversaire en crise, la victoire ne devrait être qu’une formalité mais 96 ne vas pas très bien savoir comment gérer ce double avantage. Et il ne faut pas dénier à Schalke un courage certain et une belle fierté pour faire face à l’adversité. Les Knappen vont réduire le score grâce à Adam Szalai qui tirait profit d’une ouverture de la poitrine de Roman Neustädter. Schalke aurait pu et dû égaliser quelques minutes plus tard mais Clemens et Szalai trouvaient le moyen d’échouer à deux absolument seuls devant le gardien Zieler. Quand ça ne veut pas… Null Vier venait de laisser passer sa chance car la fin de match, en dehors d’un coup de tête manqué d’Hoogland, a surtout été marquée par deux nouvelles expulsions, celle, sévère, d’Huszti, pour les locaux, et celle, plus logique, de Fuchs côté visiteurs.

Le théâtre permanent

Hanovre semble repartir sur les mêmes bases que la saison dernière, redoutable à domicile, vulnérable à l’extérieur. Mais l’entraîneur Mirko Slomka, autre ex-entraîneur à succès de Schalke avant d’y être viré, a encore du boulot pour donner constance et sérénité à son équipe, surtout en défense, car la deuxième mi-temps des Bas-Saxons a été assez médiocre. Si l’exclusion prématurée d’Höwedes a complètement faussé la donne, Schalke n’en poursuit lui pas moins son chemin de croix : deux expulsions, un nouveau blessé et déjà huit longueurs de retard sur le quatuor de tête… Mercredi dernier contre Salonique, la Veltins Arena a hué sa propre équipe, c’est une spécialité locale mais c’est rare que cela arrive si tôt dans la saison. Le théâtre permanent de Gelsenkirchen, pour reprendre les termes du milieu de terrain Jermaine Jones, est donc déjà sous forte pression mais le calendrier des semaines à venir n’incite pas à un optimisme béat. Cela commence par ce match retour crucial financièrement en Grèce pour la qualification en Ligue des Champions, puis il y aura les réceptions de Leverkusen et du Bayern Munich en championnat entrecoupées d’un déplacement à Mainz, soit trois formations qui n’ont toujours pas égaré le moindre point en Buli…
Jens Keller nous semblait donc un candidat assez crédible au titre convoité de premier entraîneur viré en Bundesliga de la saison mais Bruno Labbadia de Stuttgart l’a devancé. Il postulera donc pour être le deuxième. A moins que Thorsten Fink, du côté d’Hambourg… Car à ce rythme-là, Schalke 04, autoproclamé champion d’Allemagne 2013-2014, pourrait se retrouver au 15 septembre en ayant déjà hypothéqué tous ses objectifs nationaux et européens de la saison, avec guère d’autre perspective qu’une longue course poursuite pour accrocher un strapontin en Europa League. Ce qui, bien évidemment, me fendrait le cœur.

Hannover 96 – FC Schalke 04 2-1 (2-0)

HDI-Arena, 49’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Dankert.
Buts : 15e Huszti (penalty, 1-0), 42e Diouf (2-0), 55e Szalai (2-1).
Hanovre : Zieler; Sakai, Marcelo, Sane, Pocognoli; Stindl, Andreasen (79e Schmiedebach), Prib, Huszti; Diouf (94e Haggui), Sobiech (72e Ya Konan). 
Schalke : Hildebrand ; Hoogland, Matip, Höwedes, Fuchs ; Goretzka (38e Santana), Neustädter (80e Meyer), Jones;  Clemens (83e Barnetta), Szalai, Draxler.
Cartons jaunes : 31e Sobiech, 68e Sane, 79e Fuchs.
Cartons rouges : 14e Höwedes (faute de dernier recours), 74e Huszti (jeu dangereux), 85e Fuchs (deuxième avertissement).
Notes: Hanovre sans Fuhry, Pallas, Cherundolo, Felipe, Gökdemir, Schulze, França, Hoffmann, Kadah ni Kasumovic (blessés), Schalke privé de Kolasinac, Papadopoulos, Huntelaar et Farfan (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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