Le nouveau défi de François Moubandje

L’ancien joueur du Servette FC, club avec lequel il avait connu la promotion en 2011 mais – aussi – la relégation en mai 2013, est revenu sur ses premières semaines en Ligue 1. Transféré cet été au Toulouse FC, le Suisse d’origine camerounaise n’a pas encore eu beaucoup de temps de jeu mais ne se laisse pas abattre pour autant. Parole à un joueur ambitieux et talentueux !

– Salut François ! Tout d’abord, connais-tu CartonRouge.ch ? Evidemment. Pour tous ceux qui suivent l’actualité sportive en Suisse, CartonRouge.ch reste un site incontournable.
– Comment se passent ces premières semaines au Toulouse FC ?
Plutôt bien car il y a toujours une part d’appréhension lorsqu’on est nouveau dans un club et dans une ville ; tout est à appendre mais surtout à découvrir. Pour ma part, j’ai été bien accueilli par les dirigeants du club et mon intégration a été facilitée par mes nouveaux coéquipiers qui m’ont de suite mis à l’aise.
– Tu passes directement de la Challenge League à la Ligue 1. N’aurait-il pas été plus judicieux de trouver un club en Super League et de t’y établir durablement avant de tenter le saut dans un championnat du niveau de la Ligue 1, à l’image de ce qu’ont fait plusieurs de tes anciens coéquipiers (Vincent Rüfli, Goran Karanovic, Matias Vitkeviez, Xavier Kouassi) ?
J’ai été sollicité par plusieurs clubs et, si ces recruteurs se sont intéressés à moi, c’est sûrement parce que j’avais le niveau suffisant pour relever ce défi. A titre personnel, j’aime bien me lancer des défis. J’adore le challenge. Lorsque je suis parti de Meyrin pour rejoindre le Servette FC, personne ne donnait cher de ma peau. Cependant nous connaissons tous le résultat… L’avenir nous dira si j’ai fait le bon choix.
– Que penses-tu du fait que, mis à part quelques exceptions comme Johan Djourou ou Haris Seferovic, la quasi totalité des jeunes joueurs suisses étant partis à l’étranger jeunes sans s’être véritablement imposés en Super League ont connu l’échec ?
Cela fait à peine deux mois que j’ai pris mes quartiers dans cette superbe ville qu’est Toulouse. Laissez-moi le temps de m’installer, de prendre du plaisir, de profiter avant de parler d’échec. Je me sens bien ici et je crois en l’avenir.

 

– On t’a quand même vu en difficulté lors de la reprise de la Challenge League. Est-ce que le saut en Ligue 1 n’est pas trop ambitieux ? On pense notamment au transfert de Julian Estaban à Rennes. Comme toi, il était jeune et prometteur mais ne s’était pas encore véritablement imposé en Suisse.
Je pense que chaque situation est particulière. A chacun son parcours. Je suis ici pour progresser, m’améliorer et devenir encore plus fort. Le futur livrera son verdict.
– On imagine que, d’un point de vue financier, Servette a vu ton transfert d’un bon oeil (ndlr : on parle d’un montant légèrement inférieur à 1 million de francs). Est-ce que le club t’a mis la pression pour que tu acceptes l’offre de Toulouse ?
Non pas du tout… Entre nous, quel joueur de Challenge League refuserait une offre d’un club de Ligue 1 ? Qui plus est lorsque l’entraineur compte sur lui ? Je pense que mon transfert est une situation win-win pour le club et moi-même. Une opportunité pour moi de progresser et un bol d’air frais pour le club.
– Comment se sont passé les tractations avec Toulouse ? As-tu parlé avec Alain Casanova avant de signer ? Quelle a été ton impression générale ?
Oui évidemment. Le discours du coach m’a convaincu. Nous avons discuté longuement et il m’a bien fait comprendre qu’il ne me recrutait pas pour faire le nombre. Il croit en mes qualités et à mon potentiel. Mon profil comme piston gauche l’a beaucoup intéressé et il estime que celui-ci correspond parfaitement au schéma de jeu du club (3-5-2). Pour le reste, mon agent Moussa Meite a fait le nécessaire pour que j’arrive dans de bonnes conditions. Je suis très content d’être ici. Je travaille très dur aux entraînements pour être prêt lorsque le coach aura besoin de moi.
– Est-ce que tu as débarqué tout seul dans le Sud de la France ? Où est-ce que tu vis ?
Je suis seul pour le moment. Mon grand frère Cyrille et ma famille prennent souvent de mes nouvelles et du coup je ne suis pas complètement dépaysé. Toute ma famille et mes ami(e)s croient en moi et m’encouragent. Mon petit-frère Jacques vient de passer quelques jours ici, ça m’a fait du bien de le voir.
– Tu n’as pas beaucoup joué depuis ton arrivée à Toulouse. As-tu été surpris du niveau de l’équipe ? Penses-tu arriver à t’y faire ta place ?
(Rire) Pour rappel j’ai signé mon contrat le 2 septembre et aujourd’hui nous sommes le 24 octobre… Si je compte bien cela fait un mois et demi que je suis arrivé ici. J’attends mon tour… J’ai hâte de montrer ce que je vaux et j’ai confiance en l’avenir.
– Est-ce que Casanova t’a demandé de progresser sur des aspects particuliers de ton jeu ?
Oui il m’a demandé de durcir encore plus mon jeu, d’augmenter mon impact physique.
– Tu as joué avec l’équipe nationale de Suisse M21 mais tu possèdes également la nationalité camerounaise. Si tu as un jour le choix, quel pays rêverais-tu de représenter ?
Je suis Camerounais d’origine et Suisse de cœur… Je me donnerai à 100% lorsque l’occasion se présentera.
– Donc si on a bien compris, entre l’opportunité de jouer avec Shaqiri ou Eto’o ton cœur balance ?
Difficile de choisir entre l’expérience des joueurs camerounais et le gros potentiel en devenir de la Nati… C’est vrai que je peux apprendre beaucoup de choses avec des Eto’o et cie mais la Suisse possède des jeunes hyper talentueux, ce serait un super challenge que de faire partie de ce groupe aussi !
– Récemment, des joueurs comme Izet Hajrovic et Amir Abrashi ont choisi de jouer pour leur pays d’origine quand bien même ils avaient auparavant représenté les couleurs helvétiques. Toi qui es binational, considères-tu ces joueurs comme des traîtres ou pourrais-tu sans problème faire la même chose ?
A chacun son choix et ses raisons. Je répondrai présent si on me donne ma chance.
– Il y a peu de temps, un journaliste de la RTS a qualifié le Stade de Genève de «ruine» dans un éditorial. Toi qui y as joué pendant plusieurs saisons, as-tu eu déjà honte de rentrer sur la pelouse ?
(Rire) Le Stade de Genève me rappelle la promotion de Servette en Super League. Gagner ce match épique contre Bellinzone et porté par plus de 20’000 spectateurs, voilà ce que m’évoque le Stade de Genève. J’espère qu’un jour on pourra encore revivre ces moments et surtout… souvent.
– Malgré tout, le Stade de Genève est grand et souvent aux 3/4 vides (et on est gentils). Franchement, dans ces conditions, est-ce que c’est vraiment un avantage pour Servette de jouer à domicile ?
En Challenge League pas beaucoup d’équipes font plus d’entrées que Servette. Même en Super League, certaines ont moins de spectateurs…

– Toulouse est plus connue comme une ville de rugby que de foot. Alors qu’à Genève tu ne pouvais faire un pas dehors sans que les fans se jettent sur toi, qu’est-ce que ça fait de passer enfin inaperçu ?
Ce n’est pas si mal. Le fait de passer inaperçu ça fait parfois du bien. Comme le dit l’adage : «pour vivre heureux vivons caché». Je suis une personne très simple.
– On sait que les joueurs lisent régulièrement les articles qui parlent de leurs performances. Comment est-ce que notre site CartonRouge.ch est perçu par vous autres joueurs, membres du staff et dirigeants (tu as l’obligation de dire la vérité) ?
Je ne peux pas parler pour les autres mais me concernant, CartonRouge.ch est un site très pertinent avec de très belles analyses. Je le consulte régulièrement car cela fait toujours plaisir de savoir ce qu’on dit de nous.
– Que penses-tu du début de saison du Servette FC et, à ton avis, sera-t-il promu à la fin de la saison ?
Il est encore très tôt pour se prononcer car le Servette FC doit encore digérer sa descente. C’est un club qui a des joueurs de grande qualité capables d’exploits et qui nous réserve sûrement de belles surprises pour l’avenir.
– Un dernier mot à nos lecteurs ?
J’espère que vous suivrez mes performances en Ligue 1… Merci pour vos encouragements !
Photo SFC de Pascal Muller, copyright EQ Images

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