Jeu, set et Pigeon d’Or Laaksonen

Quel plébiscite ! Avec plus de 40% des voix, le futur ex-espoir effronté du tennis suisse a remporté haut la main le volatile doré de l’été 2013. Laurent Roussey a bien tenté de rivaliser, mais le Schaffhousois, comme son nom l’indique, était nettement supérieur dans un match où la connerie a dominé l’incompétence.

Balisons tout d’abord le terrain. Le refrain est désormais connu, le disque devient même un peu rayé. Dans une Coupe Davis qui n’intéresse plus grand monde, une Suisse privée de Federer s’étale au premier tour en début d’année et doit alors jouer sa place dans le groupe mondial en septembre. D’habitude, c’est le moment où les fans helvétiques sont suspendus aux lèvres du petit prince d’Oberwil et de son choix de faire une offrande d’un week-end prolongé au service de la nation, avant d’être éconduits comme des gueux. Cette année, on n’a pas été déçus : préférant une nouvelle fois privilégier son calendrier en vue des importantes échéances à venir afin de les préparer du mieux possible – cette année, le résultat fut brillant –, Sa Lâcheté Roger Ier a donc suggéré à ses potes de se démerder tout seuls comme des grands.C’est donc cette bonne poire de Stanislas Wawrinka qui se voit propulsé malgré lui en sauveur de la patrie contre la terrifiante équipe d’Equateur. Loin de nous l’idée de dénigrer le Vaudois, le seul représentant suisse qui possède encore une once d’altruisme et d’intérêt pour un bibelot argenté sombrant peu à peu dans l’indifférence, mais il aurait le droit, une fois, d’aller gentiment envoyer bouler tout ce bazar. Mais bon, on est en Suisse. Chaque situation embarrassante, chaque sujet qui fâche est soigneusement évité et planqué sous le tapis avec l’objectif de faire le moins de vagues possible.
En attendant un hypothétique clash, c’est donc un Stan carbonisé au 7e degré à la suite de son excellent US Open qui s’est pointé à Neuchâtel pour faire ce qu’on attend de lui : remporter les 3 points qui permettront à la Suisse de rester pour la forme dans l’élite du tennis mondial. Manque de chance, en plus de se farcir les éternels figurants de l’équipe entraînée, euh, supervisée par le capitaine le plus inutile du pays, voilà qu’il a dû se coltiner en prime un criseux à lancer contre un mur : Henri Laaksonen. Une autre supercherie tennistique importée de Finlande. Logique. L’équipe suisse de hockey devrait du reste s’en inspirer et procéder illico à une vague de naturalisations d’hockeyeurs portugais pour assurer sa place dans le gotha mondial, tiens.

Durant une séance d’entraînement, le jet-lagué Stan prend le rythme en compagnie de Laaksonen, promu sparring-partner. Enfin du moins, essaie de prendre le rythme. C’est que le freluquet n’a pas apprécié de ne pas avoir été titularisé contre la formation équatorienne et a donc décidé de balancer manu-militari la pratique. Oh, Séverin Lüthi et Stanislas Wawrinka ont bien essayé de calmer de jeu et de lui faire une gentillette remontrance, mais le Vaudois n’est pas du genre à taper du poing sur la table et un ectoplasme, ça ne crie pas très fort. Laaksonen a donc persisté et signé en envoyant tout valdinguer.
Cette escalade a eu pour effet d’avoir des conséquences surréalistes. Mis hors de lui, Séverin Lüthi est allé jusqu’à expulser le malotru de l’équipe. Stan, quant à lui, a aussi vu rouge. Face au comportement scandaleux du junior, il a même été jusqu’à souhaiter de ne jamais recroiser le pleutre sur un court de tennis dans une diatribe au vitriol dont le numéro 2 suisse (pour l’instant) n’est pourtant pas coutumier. On n’a en effet jamais vu Stan être l’auteur d’un tel coup de sang. C’est dire que le cas était aussi extrême que le ridicule de Rihanna, Lady Gaga et Miley Cyrus réunies.
Le problème est aussi là, nonobstant le fait que Laaksonen a pris un pli tout helvétique. Pourri-gâté par une association – Swiss Tennis en l’occurrence – bien trop conciliante, le garnement se croit tout permis du haut de ses 21 ans et de son palmarès aussi riche que la Grèce. Son inqualifiable manque de respect et ses actes crétins en plus d’avoir été assumés lui ont valu un avertissement et une amende. Pas de quoi ameuter la Cour Européenne des Droits de l’Homme, Amnesty International et la LICRA, mais tout de même.
Lors des Swiss Indoors de Bâle, Henri Laaksonen est ressorti du bois et en a profité pour revenir sur les événements de Neuchâtel de manière, on s’en doutait, peu prolixe. Dans un style là aussi typiquement suisse, il a été convenu que le problème était réglé et qu’il fallait passer à autre chose. Comme ça, pouf. C’est bon, on n’en parle plus. C’est qu’il ne faudrait pas prendre les gens pour des valises. Plus la merde que l’on cache sous la moquette est grande, plus les nuisances qu’elle provoque peuvent avoir de lourdes conséquences. Tiens, cela fait penser à Pepé Le Pew, le putois dragueur des Looney Tunes qui ruse parfois pour masquer sa vraie nature en se déguisant afin de parvenir à ses fins.

Espérons que la «couverture» d’Henri Laaskonen le mettant sous un jour plus radieux tienne au moins jusqu’à la prochaine rencontre de Coupe Davis. En attendant l’improbable première victoire du Schaffhousois dans cette compétition, accordons-lui néanmoins un succès de prestige dans celle du

Pigeon d’Or de l’été

Dommage que ce titre ne peut être remporté qu’une seule fois durant la même année. Henri Laaksonen y avait plus de chances de répéter l’exploit ici même plutôt que sur un court de tennis.
Classement final :
1. Henri Laaksonen : 245 votes – 42.3 %
2. Laurent Roussey : 112 votes – 19.3 %
3. Martina Hingis : 97 votes – 16.8 %
4. Renaud Lavillenie : 38 votes – 6.6 %
5. Tyson Gay : 26 votes – 4.5 %
6. Sébastien Fournier : 23 votes – 4 %
7. Daniel Alfredsson : 19 votes – 3.3 %
8. Asafa Powell : 13 votes – 2.2 %
9. Bruno Bini : 6 votes – 1 %
Nombre de votes : 579

Écrit par Mathieu Nicolet (texte) et Robert Johanson (dessin)