Combat de clowns pour un dimanche pourri

Pour conclure un bon week-end minable, il y avait une cerise à se mettre sur le gâteau : se rendre à la Pontaise pour se régaler du duel de la mort entre le LS et le FC Sion. En fait de combat, ce fut plutôt une ridicule dispute. Un peu ce que le Jass est au saut à l’élastique. Et on ressortira du stade en se disant que le «bas de classement» porte bien son nom (et ce n’est pas «classement»).

Au début, on se disait que tout était réuni pour nous donner un après-midi royal qui allait nous changer les idées. Du monde devant la Pontaise (oui, oui, des vrais gens), une ambiance agréable, un match qui promettait un fighting spirit total entre deux équipes qui devaient gagner pour sauver leur place dans l’élite et une température agréable dans le stade, ce qui était déjà trop beau pour être vrai dans le fond. Le Club des 30 se distinguait dans son humour vanneur par un clin d’oeil aux trente entraîneurs u(tili)sés par Constantin lors d’une animation d’avant-match fort réussie. Un happening qui fait aussi vivre un club et que les supporters valaisans, fidèles à leur sens de la dérision et sans doute pas totalement en désaccord dans leur appréciation de la gestion de leur équipe, ne prirent pas mal.
Et puis le merveilleux bonheur de passer son après-midi dans un environnement sportif vaudois vaut déjà le ticket d’entrée. On peut y entendre des phrases comme «j’espère qu’ils vont pas faire les Serge aujourd’hui» ou «je lui ai commandé trente bières à la nana, j’ai cru qu’elle allait faire une syncope, j’allais pas lui envoyer un fax pour commander nom de bleu».

La réalité débecte la fiction

Ceux qui ont déjà eu dans leur vie l’occasion de piétiner une chance incroyable ont pu se sentir moins seuls cet après-midi grâce au Lausanne-Sport. Voir des joueurs qui ont tout en mains pour sauver un peu de leur carrière trainer les pattes comme des veaux paraplégiques à l’abattoir était édifiant. Et on ne parle pas ici d’une quelconque fatigue ou d’un découragement suite au goal pris dès le début du match. Non, la nonchalance affichée fut constante de la première à la dernière seconde. La première mi-temps justement : encore peut-on envisager que l’enjeu ait pu contribuer à crisper les joueurs. Mais au bout d’un moment, il semble assez pertinent d’envisager qu’un joueur de foot va se mettre à jouer au foot. Les Sédunois donnèrent l’impression d’avoir un chouïa plus le couteau entre les dents. Enfin disons plutôt un canif. Christian, sur le banc dès le début, avait dû mettre la pression sur toute l’équipe (entraîneur y compris) et la consigne était de mettre le pied. On se trouva souvent devant des contacts vraiment limites de la part des Valaisans. Ceux-ci mirent ce fameux but, de manière un peu pataude après sept minutes, et décidèrent ainsi de ne plus trop se mouiller. Comment leur donner tort face aux artistes qui les affrontaient ?
Quand on voit Facchinetti prendre le ballon des mains avant qu’il ne sorte en touche, la succession de longues passes inutiles et le ratage systématique de chaque balle arrêtée avec une obstination effarante, n’importe quel adversaire choisirait d’attendre qu’ils se scient eux-mêmes. Le speaker de la Pontaise annonça des arrêts de jeu de 1 minute maximoume et les naïfs spectateurs passèrent la pause en imaginant que la révolte allait naître au vestiaire.
Que nenni. Les deux équipes revinrent sur le terrain en ayant fait le choix de gérer le score. Ce qui est un choix étrange quand on perd. L’assistance eut donc droit à 45 minutes de spectacle de Sédunois qui s’étalaient par terre, comme frappés par la foudre à chaque contact, et de Lausannois qui marchaient pour chercher le ballon. Bien sûr on peut soustraire la moitié du temps qui, en gros, était pris par Vanins pour dégager. Passionnant.

Et on se demande : quelle envie avaient ces joueurs? Comment peut-on justifier une telle attitude ? Combien de touches de balle faut-il à un joueur vaudois avant de faire une passe (en retrait) ?
De quoi ont-ils besoin ? D’une prime supplémentaire pour courir ? De l’insupportable Suisse allemand des pubs Migros qui trouve tout le monde «fraiment peau» pour leur remonter le moral ? Ou peut-être simplement que leurs dernières bonnes prestations ne sont dues qu’à une insolente chance ?…
Des joueurs à sauver du côté de Lausanne ? Ekeng et Ravet à la limite car ils se sont battus sur quelques ballons. Mais sur le coup c’est vraiment de la miséricorde.
Comme un enfant qui découvre que le Père Noël du supermarché ne vient pas du pays des lutins mais de l’ORP, il faut à nouveau se rendre à l’évidence du fossé qui sépare les clubs romands par rapport à la Suisse allemande. Car même si Sion a fait un grand pas vers le maintien, l’avenir ne semble pas radieux pour le club. Un peu l’image que donnait le LS à la fin de la saison passée. Un après-midi bien minable donc. Heureusement, dans quelques années on ne se souviendra plus de ce week-end….

Lausanne-Sport – Sion 0-1 (0-1)

La Pontaise, 8’850 spectateurs (record de la saison).
Arbitre : M. Graf.
But : 7e Léo 0-1.
Lausanne-Sport : Barroca; Banana, Mevlja, Sonnerat (76e Coly); Tafer, Ming (46e Zambrella), Ekeng, Facchinetti (46e De Pierro); Feindouno, Ravet; Vukusic.
Sion : Vanins; Rüfli, Vanczak, Ferati. Modou; Fedele, Ndoye; Christofi (76e Assifuah), Herea (61e Basha), Vidosic (84e Perrier); Léo.
Cartons jaunes : 15e Rüfli. 16e Fedele. 24e Vanczak. 34e Ming. 45e Vidosic. 54e Vukusic. 59e Zambrella.
Notes : Lausanne sans Fickentscher, Gabri, Castella (blessés), Mveng ni Feltscher (avec les M21), Sion sans Cichero, Kouassi, Cissé ni Lacroix (blessés).

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11 Commentaires

  1. malheureusement, je pense que le LS va rester très longtemps en LNB, et pour le Fc Sion, cela va bientôt arriver, c’est dommage dire qu’auparavant, on avait jusqu’à 5 clubs en LNA…. Eh oui, grandeurs et décadences, soutenons nous au lieu de se tirer dans les pattes!

  2. Mais le pire c est le parking et les caisses ainsi que le petit sa**p de flic qui s est fait plaisir à coller toutes les bagnoles mal garées à cause du manque de place…

  3. A noter qu’avant de pleurer sur le manque de moyen pour cause d’absence de stade moderne, le club pourrait commencer par utiliser correctement celui-là. Parce que pour utiliser les buvettes existantes, notamment en tribune Sud (plutôt que laisser 4 adolescentes se débrouiller avec tout le stade sous une tente devant l’entrée), prévoir quelques stands de saucisses, un minimum d’accès (tu rentres, t’as l’impression que t’es 50’000) ou autres…
    Même si on te file Wembley, si tu laisse les bars fermés…

  4. Franchement, vu le niveau d’amateurisme à tous les degrés (de la pelouse à la buvette), la Challenge League suffira amplement, y aura 1’500 spectateurs, du jeu au ralenti, ça sera tiptop optimoume.

  5. Le match était nul, je suis tout à fait d’accord ! Mais il faut deux équipes pour jouer au foot, les valaisans ont marqué et ensuite se sont repliés, à la Mourinho. Le LS n’aime pas jouer contre ce genre d’équipe, c’était la même chose contre Aarau, les joueurs sont complètement empruntés. Merci au nouveau staff pour le travail effectué, mais les derbys contre Servette se sera de nouveau pour l’année prochaine !

  6. John John: Je confirme! Voir des buvettes (tribune Sud) fermées à 3 minutes du coup d’envoi, je pensais pas que c’était possible. Mettre en place toute une opération de communication pour faire venir les gens et ne pas arriver à les servir correctement dans le stade, c’est assez fort! Un minimoume de bon sens, d’bleu!

  7. Tu m’as arraché un rire éclatant avec cette punchline de derrière les fagots « De quoi ont-ils besoin ? D’une prime supplémentaire pour courir ? De l’insupportable Suisse allemand des pubs Migros qui trouve tout le monde «fraiment peau» pour leur remonter le moral ? » Joli !

  8. LS la CHL vous va si bien. Vous l’avez quittée grâce (à cause) de l’étrange écroulement conjuguée de Lugano et Vaduz. Il y a eu ensuite la faillite de Xamax et les -36 points de Sion. Puis, le faux départ de Servette. Soyons réaliste, même si le saff actuelle est plutôt bon, LS n’a (actuellement) ni le public, ni les dirigeants, donc ni les moyens pour régater à long terme en SL. Il y a 3 ans on se réjouissait d’avoir 4 équipes romandes, l’année prochaine il n’en restera qu’une et elle est mal en point. Triste foot romand.

  9. Cet article correspond malheureusement à la triste réalité . Un LS qui ne prend aucun risque, qui multiplie les passes latérales en défense , qui remonte le terrain trop lentement, des joueurs qui n’ont montré à aucun moment une rage de vaincre. Enfin si on comptabilise les buts « bêtes » encaissés depuis le début de saison je pense que LS est champion suisse.

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