Une Colombie minimaliste et approximative fesse une Grèce vieillissante et encore plus approximative

3 à 0, c’est trop mais c’est comme ça.

1) Le résumé.6 minutes en première mi-temps, un dribble sur l’aile droite de l’habile Cuadrato, une maladresse d’un cafetero (Rodriguez) qui laisse passer, Armero qui shoote comme ma sœur, un défenseur grec qui a les crampons moulés trop courts, Karnezis à la ramasse et c’est 1-0 pour des Colombiens qui, reconnaissons-le, ont entamé ce match pied au plancher et tout ça devant 40’000 supporters. Et, tactique, but arrivé trop tôt, déconcentration, volonté délibérée : les Sud-Américains se replient, naviguant à quelques milles des côtes. Les Grecs reviennent dans le match, enfin reviennent c’est beaucoup dire : on allume à cinquante mètres, approximation ; on allume à 60 mètres, c’est pire ; on essaie à vingt mètres, ça ne reste pas dans les pieds. Les Colombiens ne sont pas en reste : on balance, loin, sans même, à quelques rares exceptions, essayer d’aller au bout de l’action.
Le tout est émaillé de ces innombrables fautes tactiques, si chères à Scolari, qui hachent le jeu et le rendent chiant à souhait. L’arbitre tient le cap : c’est la bonne surprise du jour.
L’honnêteté narrative commande de mentionner une occasion grecque pour Torosidis et une pour Rodrigez qui vendange une reprise de volée genre Cap Canaveral à la grande époque de la dilapidation lunaire. Juste avant la mi-temps, Kone, le plus percutant des Grecs avec le magnifique Samaras (me demandez pas pourquoi, j’adore ce joueur) a, sans doute, la meilleure occasion de cette période pour remettre les Hellènes dans le match.
En 2ème mi-temps, les Grecs reviennent avec le même état d’esprit qui les a vu relativement dominer la première partie de ce match mais les occasions sont colombiennes : 50ème arrêt difficile de Karnezis sur une frappe de Rodriguez et, sur un corner, une déviation aux cinq mètres d’Aguilar trompe la défense et, au second poteau, Gutierrez marque, dans le but vide. C’est fini pour la Grèce même s’il reste encore plus de trente minutes, ce d’autant plus que Gekas, sur un centre de Torosidis met sa reprise de la tête sur la barre d’Ospina (62ème).
Quelques changements n’apportent pas grand-chose : la Colombie verrouille en essayant quelques incursions offensives, facilitées par les espaces laissés par les descendants de Socrate, décidément passés à l’offensive mais totalement dépourvus d’imagination, de vitesse, de mouvement et de percussion. Jusqu’à la 85ème (trop tard de toute façon) où Samaras voit son envoi flirter avec le poteau d’Ospina.
C’est sans forcer leur talent que les Colombiens gèrent la fin du match et, sur un contre (au ralenti, le contre) James Rodrigez met le troisième sur un plat de pied du gauche.
Colombie 3 – Grèce 0. Coup de sifflet de M. Geiger, l’arbitre américain que votre serviteur a trouvé excellent.
2) L’homme du match.
James Rodrigez. Le Monégasque d’adoption a pris le jeu à son compte en l’absence de Maître Falcao. Présent sur tous les goals, excellente prestation, discrète et efficace avec le 3-1 en récompense.
3) La buse du match.
J’en avais une : David Lemos mais comme il lui arrive de tirer des Coronas avec le rédenchef de CartonRouge.ch, je vais l’épargner. N’en demeure pas moins qu’il a fait fort : Gutierez, blessé sur un corner (chti bobo sanguinolent du côté de l’arcade que même ma Grand-mère n’aurait pas soigné sur l’orbite de mon Grand-papa) sort pour qu’on lui colle un bletz (bletzos en espagnol) et le David d’y aller d’un « on peut pas avoir un joueur saignant sur le terrain ». Bon, compte tenu de la qualité du match, c’était plutôt bien vu. Et il enchaîne avec le penalty sifflé en faveur de Diego Costa lors du premier match. Devait être en boite le soir de Brésil-Japon.

4) Le tournant du match.
Le 2-0, bien sûr mais, en fait, il y en a eu quatre : les quatre virages.
5) Le geste technique du match.
La reprise de volée de Rodrigez. Je me souviens, j’en ai fait une comme ça, une fois : on n’a jamais retrouvé le ballon. Enfin si, six mois plus tard, aux moissons suivantes.
6) Le geste pourri du match.
Dix mille, minimum : ces saloperies de fautes tactiques. Rien pour faire mal, rien pour blesser. Juste des coups de savates anodins pour ralentir les relances. Et que je t’agrippe un testicule, et que je te coince une bouclette, et que je te délace ta godasse avec mes crampons arrières. Ça pourrit le spectacle, ça tue les actions qui pourraient donner envie d’en regarder un autre. C’est exécrable. Je hais les entraîneurs – et les joueurs – qui montent une tactique sur cette base minable.
7) Ce match m’a fait penser à…
…à l’incapacité des Portugais à déniaiser le but grec. Maintenant les Evzones savent ce que ça fait.
8) L’anecdote.
Je suis incapable de vous parler de la mi-temps, j’étais allé restituer à la nature les bienfaits qu’elle m’avait apportés.
9) Le tweet à la con.
« #CDM2014 : pas compris pourquoi Psoriasis et Sapulapis ont pa jouer. » @PapadopoulosGafssaglis.org
10) La rétrospective du prochain match.
D’entrée de jeu, les Grecs, nippons ni mauvais, prennent à la gorge les Samouraïs. Charisteas, rappelé d’urgence au chevet de son équipe, plante d’entrée de jeu deux coups de tête qui incitent le gardien japonais à demander un sabre à son entraîneur. Le temps d’évacuer le cadavre, le match peut reprendre mais, compte tenu de la chaleur, l’odeur devient vite insupportable derrière le but de l’Empire du Soleil levant. Après quelques 35 minutes de jeu, l’arbitre se claque (une grosse dans le museau et tout seul) et est immédiatement remplacé, malgré les protestations des hellènes par M. Nishimura, pour l’occasion déguisé en directeur de jeu sénégalais. À partir de là, le match dégénère et est arrêté à la mi-temps, sur le score de 4 pénaltys à aucun pour les Japonais. Cet arrêt subit me permet de ne pas aller plus loin dans cette prospective débile.
Quant aux Colombiens, ils jouent la Côte d’Ivoire mais, devant quelques menaces de mort émanant d’on ne sait trop qui, le match est très correct et se termine en 1-1, les Ivoiriens, par correction sportive, ayant admis que les deux autogoals étaient de leur fait.

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