Les fastidieux du stade

Que dalle, nada, nichts, rien. Il y a des soirs où le seul plaisir qu’on a est que le match ne dure que 90 minutes parce que, au-delà, tu prends ton poste, tu le mets dans le coffre et tu l’apportes chez Emmaüs, histoire d’oublier que ce que tu étais en train de regarder, c’était ton sport préféré.

1. Le résumé du match.Le rédenchef m’a demandé de faire court. Ça tombe bien, y a rien à dire. Si, une chose quand même : je ne me souvenais plus que Morgarten était en Iran. Plutôt qu’un long résumé, je vais onomatoper : badaboum, poum, badaboum dans l’autre sens, poum, Triiiit. Coup franc. Badaboum, poum, badaboum dans l’autre sens. Tiens ! Un coup de tête et un arrêt d’Enyeama. Badaboum. Etc…
Et tout ça dans la douceur d’une multitude de gestes sympathiques : et que je te passe la main dans les cheveux, et que je t’en serre cinq, et que pardon, j’ai pas fait exprès
Sans vouloir manquer de respect à qui que ce soit : sur ce match-là, ces deux équipes n’ont strictement rien à faire à un Mondial ! Insigne faiblesse, technique rupestre, maillots qui rétrécissent. Rien que de la daube. Heureux sont ceux qui  ont échappé à cette faillite.
Pourtant, le Nigéria, à l’époque, hein, ça ressemblait à quelque chose. Ben non, plus.
2. L’homme du match.
Moi parce que j’ai regardé jusqu’au bout et que, franchement, fallait soit de la conscience professionnelle soit de l’abnégation soit un coup dans le nez. J’ai failli avoir les trois.
Et puis Develey ! Parvenir à baboler une heure et demie sur un spectacle pareil, faut de la classe.
Et quand même Enyeama, le gardien de Lille et du Nigéria, auteur d’un arrêt décisif sur la seule action digne de ce nom.
3. La buse du match.
Celle qui est dans le terrain pour le rendre plus rapide grâce à l’eau qu’elle répand. C’est pas que ça raccourcisse le pensum mais c’est rigolo de voir ces pommes essayer de contrôler un cuir mouillé.
4. Le tournant du match.
Sans doute l’arrêt précité du gardien nigérian. Sans cela, on aurait bien risqué de voir l’Iran gagner d’une chtite longueur vu l’incapacité des Super Eagles à se construire une occasion digne de ce nom.
5. Le geste technique du match.
Alors que rien ne le laissait supposer, j’ai assisté, stupéfait, à un de ces gestes qui illumine un match, qui le rend grand, qui l’emballe dans les archives de la saveur footballistique ad vitam aeternam : un joueur a rattaché ses chaussures. J’en ai, douce réminiscence, encore la larme à l’œil.

6. Le geste pourri du match.
Le coup d’envoi. Jamais on n’aurait dû laisser ce geste impuni.
7. Ce match m’a fait penser à…
Vous voulez franchement que je vous le dise ? A une partie de babyfoot entre aveugles (je m’en fous, ils ne lisent pas CartonRouge.ch).
8. L’anecdote.
En 1985 et des poussières, je jouais dans un club du Gros-de-Vaud et mes potes et moi visions la promotion en quatrième ligue. L’avouerais-je, avec la pudeur et la modestie qui sont miennes, que nous étions plutôt bien placés dans le classement pour en rêver. Dans notre groupe s’exprimait, avec joie et pétulance, la performante équipe de Penthéréaz.
Hé bien j’ai cru revivre hier soir ce match mémorable que nous emportâmes quelques rotoillons à d’autres (sauf que nous, on en avait marqué plus) : pendant tout le match, le gardien adverse n’a cessé de beugler, à chaque fois que le ballon approchait de sa zone d’inconfort « FOUS-LA LOIN, PENTHEREILLE !», directive à la clarté avérée que le défenseur dudit club exécutait à la perfection.
La différence entre le match d’hier et le nôtre, c’est qu’autour du stade brésilien, y a pas de forêt et que, dès lors, tu passes pas la moitié de la partie à chercher le ballon, bucoliquement, dans les ronces, les orties et les branches mortes.
9. Le tweet à la con.
Bon allez, je déborde de ce match. J’ai un pote FB « actu athée satirique » qui en a publié un excellent sur le Portugal. Je ne résiste pas au plaisir de vous l’offrir. « Au Portugal, les lycéens passent le bacalhau-réat ». Moi, je suis fan.
10. Le prochain match.
Ben je vais vous dire un truc : je m’en fous, je le regarderai pô. Passke Billag, c’est déjà vachement cher quand c’est bon et qu’on ne va pas payer en plus que c’est de la daube. Et puis, en plus, je ne suis pas auteur de romans d’épouvante. Voilà. Et, de toutes les façons, l’une comme l’autre vont se faire étriller grave. Et ce sera bien fait.

A propos Bertrand Jayet 21 Articles
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5 Commentaires

  1. Ce Didier Maréchal est génial !

    Dommage que ce match grotesque vienne faire péter la moyenne de buts de ce Mondial de très bonne facture.

  2. « Celle qui est dans le terrain pour le rendre plus rapide grâce à l’eau qu’elle répand. »

    magnifique tournure de phrase!

  3. Fantastique article.
    Je suis très heureux que M. Maréchal ait été contraint de voir ce match pour produire un compte-rendu de cette qualité satirique. Génial !

    Le « m’en fous » sur les aveugles, c’est le pinnacle.

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