Pas toujours des Inca-pables

Frappée par une malédiction qui dure depuis plus de 35 ans, la sélection péruvienne vient de déjouer tous les pronostics et a validé sa participation en Coupe du Monde. Les mauvaises langues rétorqueront que c’est simplement un immense coup de chatte tant il est vrai que les Péruviens ne savent pas vraiment jouer au foot en comparaison des autres ténors du continent, mais il faut voir comment c’est arrivé…

Pourquoi j’ai choisi de présenter cette équipe ?

Par obligation génétique, étant à 50% Inca (c’est ce qu’ils disent tous, Péruvien ça sonne moins cool), je n’avais pas d’autre choix que de parler moi-même de cette équipe qui carbure à la feuille de coca et au manoque. Aussi parce que j’adore l’idée qu’en 70 ils aient fait une petite chanson avec les noms de tous les joueurs. Si seulement on avait notre version suisse chantée par Johann Schneider-Ammann…

Comment se sont-ils qualifiés ?

Franchement, de manière invraisemblable. La qualif en Amérique du Sud a la particularité de récompenser les équipes constantes, tellement il y a de matchs. Problème pour le Pérou, la constance justement est ce qui leur fait le plus défaut. Après des matchs superbes (traduction : après avoir empêché le jeu à tel point que l’adversaire n’arrive pas à marquer) contre l’Uruguay ou l’Argentine, le Pérou va se ramasser en Bolivie un 3-0 des familles. Cependant, coup de bol, la Bolivie avait aligné un joueur non autorisé, du coup le Pérou gagne 3-0 et passe devant le Chili au goal-average… Si ça c’est pas l’équivalent de la carapace rouge à Mario Kart sur les 20 derniers mètres…

Quelles sont les chances de les voir soulever le trophée ?

Bah s’ils gagnent deux ou trois matchs par forfait, un ou deux nuls bien dég, et un éclair de génie face à la France (1-0 sur penalty), ils pourraient bien l’emporter ! Mais si on se cantonne au vrai foot, s’ils atteignent les 8^èmes ils seront déjà aux anges.

Présente-nous la star de l’équipe.

Guerrero !! Il est l’équivalent de Ronaldo pour les Portugais mais avec deux fois moins de talent et accessoirement suspendu pour dopage à l’heure actuelle. Il a d’ailleurs été suspendu juste avant les matchs de barrage, ce qui a renforcé les complotistes dans leur étrange idée que la FIFA fait TOUT pour empêcher le Pérou de participer à la Coupe du Monde. La suspension était au départ d’une année, mais après un petit passage devant les tribunaux elle a été réduite à six mois, parfait pour la Coupe du Monde. Il s’agissait de traces de cocaïne dans le sang, mais Guerrero a réussi à convaincre qu’il s’agissait peut-être d’un petit thé à la feuille de coca qu’il aurait bu au tea-room du quartier avec sa grand-mère, un génie.

On parle du foot péruvien, mais il ressemble à quoi le championnat du Pérou ?

Il ressemble exactement à tous ces championnats de pays nuls en foot, 3 équipes qui viennent toutes de Lima se partagent le titre à tour de rôle. Franchement rien d’intéressant si ce n’est la terrible histoire du vol de l’équipe de l’Alianza Lima (une des 3 plus grosses équipes du championnat) en 1987, dans l’avion qui s’écrasera dans la mer en face de Lima, l’un des meilleurs contingents péruvien : 47 joueurs périront, dont un bon nombre de l’équipe nationale. Si vous demandez à n’importe quel Péruvien, c’était JUSTEMENT l’équipe qui aurait pu gagner la Coupe du Monde en 1990, saloperie de malédiction…

Au fait, c’est qui la personnalité péruvienne la plus célèbre dans le monde ?

J’ai fait comme on fait d’habitude pour cette section, un petit tour sur Google voir si on loupait pas un énorme… mais là c’est le drame, je n’ai jamais vu un seul des noms qui s’affichent. Alors pas le choix, je vais aller le chercher loin, je vous présente Tupac Amaru, 4^ème et dernier empereur Inca. Mort fusillé à l’avant d’une Cadillac sur une avenue de Los Angeles à la suite d’un différend avec Notorious Big.

Fais-nous rêver avec le Pérou, mais dans un autre sport…

C’est triste mais la morphologie péruvienne n’est pas des plus adaptée au sport en général (de petits corps trapus mais solides, idéaux pour survivre dans les hauts plateaux). Ajoutez à cela le peu de soutien du gouvernement et vous comprenez vite pourquoi les médailles ne pleuvent pas au pays du lama. Il semblerait cependant qu’ils aient eu une championne en surf, Sofia Mulanovich, si ce n’est pas un nom qui respire l’Amérique latine ça.

Au fait, ça mange et ça boit quoi les Péruviens ?

Alors ça mange du Ceviche (poisson cru blanc mariné dans du citron et de la coriandre) sur Lima et proche de la mer, et sinon ça mange des cochons d’Inde énormes du côté des Andes ! Ça boit de la bière bien sûr, mais surtout le Pérou est le seul pays au monde où le Coca-Cola n’est pas la boisson numéro 1. Il s’agit de l’Inca Kola, si vous n’en avez jamais goûté c’est ce qui se rapproche le plus d’un malabar liquide, couleur pisse.

Une coutume surprenante de ce pays ?

Y a un petit festival sympa dans les montagnes, Takanakuy, c’est exactement le fightclub mais avec des habits traditionnels ! En gros, le 25 décembre de chaque année dans un petit village reculé, tous les habitants se cassent la gueule et dansent durant toute la journée. En réalité il s’agit de combats singuliers dont le but est de régler d’anciennes disputes de famille. Mais ceux qui se sentent l’envie de défier un petit Ewok des Andes peuvent se faire plaisir, il n’y a pas besoin d’un conflit initial, ça peut se faire juste par amour du beau jeu.

Ça change des combats de boue sexy hein !

Ton pronostic ?

Je prie pour une surprise face à la France, pour le reste pas grand chose, mais des 8^èmes de finale ne me semblent pas impossibles.