Les Oranje pommes avec De Boer

Etchèque et mat !

Entre les Pays-Bas, équipe quasi unanimement honnie par la rédac’ (sauf par votre serviteur, footix de son état) et cette République tchèque qu’on a tous fini par trouver assez Schick, l’opposition était pleine de Promes, notamment celle de casser la Barák, au bas mot.

Le match en deux mots

… et en deux temps.

Post-structuralisme et nihilisme d’abord.

Surtout du côté tchèque. Entre Vladimir « Jacques » Darida et ses tentatives de déconstruction des velléités adverses et son coach qui semblait lâcher un « Šilhavý » résigné à chaque grosse occasion adverse en début de match, on était servi.

Reality tchèque ensuite. Suivi d’un rain tchèque pour les quarts de finale.

L’homme du match

On aurait bien repris un supplément de Dumfries (avec un Coca Ligt) ce soir. Mais force est de constater que l’homme du match est bel et bien Tomáš Holeš, qui a littéralement troué la défense batave avec 1 but et 1 assist.

La buse du match

Si la visite de Yann Sommer au rayon frais de la Coop est fidèle à elle-même, le consternant quatuor Bastardoz-Gress-Terchoun-Chapuisat est clairement en train de monter en puissance depuis le début des matches à élimination directe. Dieu seul sait quel feu d’artifice les chantres de ce matraquage en règle nous réservent pour la finale du 11 juillet. Comme quoi, jouer la comédie est un métier, et ce n’est pas à des footballeurs qu’on devrait l’apprendre.

Allégorie d’un malaise interGalaxus.

Le tournant du match

52ème minute: Donyell Malen rate l’opportunité d’une vie tout seul devant Tomáš Vaclík. Le tout est immédiatement suivi d’une main volontaire de Matthijs De Ligt dont on reparlera. En matière de tournant, on est sur les bases d’un véritable cas d’école. Des Hollandais au volant, on est passé aux Bataves sur le siège arrière en un clin d’œil en ce qui concerne la mainmise sur la partie. Orange is the new blague, comme on dit.

L’esthète du match

Ce même Malen, un vrai artiste d’abord pris pour un peintre avant d’être titularisé face à la Macédoine du Nord aux côtés de Depay et courtisé par Liverpool et le Borussia Dortmund.

Malen avec les M18 en 2017, alors qu’il commençait à peine à tracer les lignes de force de sa carrière.

Rien à voir avec le portrait de l’ailier du PSV Eindhoven que l’on vient de brosser, mais on a lu avant le match que d’aucuns reprochaient déjà à la sélection néerlandaise de bénéficier d’un tableau facile pour éviter de s’emmêler les pinceaux avant la finale. Voilà qui ne va pas arranger les relations entre De Boer et les médias de son pays alors qu’on dit déjà qu’ils ne peuvent pas se voir en peinture.

Le geste pourri du match

Le jaune, puis rouge pour un Oranje pris en flagrant De Ligt de main volontaire dont on vous parlait plus haut. C’est ce qu’on appelle un Tchèque de la VAR lourd de conséquences. Tout le Benelux respire, le 3-5-2 n’est plus envisageable (voir ci-dessous).

Le chiffre à la con

3-5-2. Ou 5-3-2 selon certaines mauvaises langues nostalgiques du Football Total (c) et de son fameux 4-3-3 immuable. S’il avait fallu jouer au bingo en s’enfilant les 112 articles de L’Equipe consacrés au onze néerlandais (euh enfin surtout à l’ex-Lyonnais et au néo-Parisien de service) en guise de préparation à ce match, la lutte tactique incessante entre le jovial Frank De Boer et ses détracteurs aurait figuré sur la première case, juste avant les différents pointages sur la route de Memphis entre Gerland et le Camp Nou.

Ouais, mais l’hymne, ils le chantent ou bien ? (Extrait tiré de José Barroso, « Ce n’est pas du football », L’Equipe, lundi 21 juin 2021).

On est d’ailleurs prêt à manger notre chapeau (Depay) si la première question à laquelle l’ancien défenseur central du décapant Ajax des années 90 (qui mettait des brossées à toute l’Europe) doit répondre en conférence de presse post-défaite n’a pas trait au sujet. Et franchement, on trouverait incroyable qu’il se barre avant la fin de la phrase, histoire de transformer la saillie encore isolée de Gareth Bale en trou en un.

L’anecdote

Transparent pendant 90 minutes, Georginio Wijnaldum avait pourtant annoncé la couleur avant la partie, si on ose dire. En cas d’insultes racistes proférées dans les tribunes de Budapest, il risquait de quitter le terrain en plein match. En sachant qu’une certaine frange de « supporters » magyars s’était déjà chauffé la voix lors du Hongrie-France de samedi dernier (en toute impunité apparemment), que la rencontre se déroulait à la Puskás Arena sur fond de polémique liée à la nouvelle loi ouvertement homophobe et transphobe du premier ministre Viktor Orbán (qui a donc fait une petite pause dans sa constante réécriture de la Constitution hongroise pour pondre un truc plus court) et que « Gini » avait prévu de porter un brassard arc-en-ciel floqué du slogan « One Love », il n’y avait aucune raison pour que la soirée se passe mal.

Wijnaldum en 2016 pendant la seule partie du match qui intéresse Ramon Vega.

La rubrique de Raph: et si ce match était un épisode de Friends ?

« The One With The Football ».

via GIPHY

Football américain, pas soccer. Le jour de Thanksgiving, on joue pour la fameuse « Geller Cup », du nom de famille de Ross et Monica. C’est une grande première depuis le Geller Bowl VI, bien des années auparavant, lors duquel Monica avait cassé le nez de Ross et le trophée avait été jeté au fond du lac. Depuis ce jour-là, la compétition était sous le coup d’un véto parental, un peu comme cet Euro 2020 reporté en 2021, également pour une histoire de nez qui coule abondamment. L’attraction de l’épisode est la présence d’une charmante Hollandaise nommée Margha au bord du terrain, sorte d’allégorie du retour du public dans les stades.

via GIPHY

La très chevelue Geller Cup.

La scène qui suit a valeur d’explication du support des footix du monde entier pour l’équipe des Pays-Bas tous les deux ans, sans que personne n’ait jamais eu l’idée d’apprendre un traître mot de la langue locale:

Woman: (in a foreign accent) You are playing American football ?

Joey: Yeah ! Wow, you’re like from a whole other country.

Woman: I’m Dutch.

Joey: Hi-hi, I’m Joey.

Woman: I’m Margha.

Joey: I’m sorry Dutch, I didn’t get that last little bit.

Chandler: Hey Joey, do you wanna play football or you wanna… Hi, I’m Chandler.

Margha: Hello, Chandler.

Joey: Her name is Dutch, and also Marklan.

Margha: Margha.

Joey: Mar-klan.

Margha: Mar-gha.

Chandler: Mar-haaaan.

via GIPHY

Le public hollandais n’est apparemment pas convaincu par la levée du huis clos.

Bref, regardez cette vidéo et vous aurez l’impression d’avoir autant de certitudes géographiques que Joey Tribbiani:

Et si le match avait eu lieu en 2020 ?

Depuis le 19 juin 2020, jour de la fin de l’état d’urgence accordant les pleins pouvoirs à Orbán dans le cadre de la pandémie, le premier ministre hongrois a le loisir de déclarer tout futur état d’urgence médical par décret sans consulter le parlement (quelle coïncidence quand même !). Les frontières auraient donc été subitement fermées dès l’élimination de la Hongrie et le match se serait joué à Aveiro, au Portugal, pour commémorer la confrontation entre les deux pays lors de l’Euro 2004, duel classé 19ème du top 30 de l’Euro établi par le journal Le Monde. Ah, et les Oranje auraient joué en 3-5-2.

La minute Pierre-Alain Dupuis

« Cette passe de Blind, on la voit juste pas », signé Yves Débonnaire à la mi-temps. Heureusement, le ralenti suivant ramène un tantinet de clarté avec un tacle du jadis brillant De Ligt qui sauve son équipe (provisoirement) à la 37ème minute.

Évidemment, en entendant tout ça, Fred Scola était forcément jaloux. D’autant qu’il n’avait rempli que 4 cases de notre bingo jusque-là. C’est donc avec sa candidature formelle pour le Prix Champignac 2021 qu’il a terminé la rencontre au moment de l’entrée d’un jeune joueur tchèque (était-ce le sosie officiel de David Luiz ?): « Le futur, il est quasiment au présent. » Fred Scola, Czeching out.

La rétrospective du prochain match

Yves Débonnaire s’est risqué à pronostiquer un hypothétique Danemark-Suède en demi-finale. La mention de la Tre Kronor en position si favorable a fait bruyamment sursauter Massimo Lorenzi (et 100% des téléspectateurs dans un même élan cathartique). Une fois n’est pas coutume, le maître absolu du tweet grandiloquent a su unir la Romandie dans son ensemble derrière ce qui est devenu un véritable traumatisme, tous sports confondus, depuis 2018. On en oublierait presque qu’on est à quelques heures d’un certain Suisse-France.

 

Crédits photographiques:

Donyell Malen : Steindy/CC0/Wikimedia Commons: https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Steindy

Georginio Wijnaldum: Ailura/CC0/Wikimedia Commons: https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Ailura

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

Commentaires Facebook

2 Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.