Zurich assure à la Vaudoise

Seule la victoire prime

Carton-Rouge est de retour après un séjour douloureux dans ce qu’on osait encore affubler du terme « patinoire » dans les années 60* en République Indépendante du Surmoi vendredi dernier. Oui, un tsunami de blagues aussi bas de plafond que l’enceinte des Acacias sur l’appellation d’un certain point d’eau en a évidemment découlé. Les séquelles psychologiques sont aussi profondes qu’une interview d’après-match avec Kevin Fey. La Coupe dimanche passé ? Tout comme Alésia, Ajoie on connaît pas. Personne ne sait où ça se trouve d’ailleurs. Bref, juste le temps de récupérer avec un match d’anthologie contre le futur adversaire du LHC en finale des playoffs mardi et nous voilà lancés pour la rencontre face au probable vainqueur de la saison régulière, un Zurich clairement plus ro(e)dé que l’année dernière.

Préambule

Le soussigné est souvent accusé – outre les phrases d’une longueur à concurrencer une traduction allemande de Marcel Proust et les papiers de 10’000 signes aussi anachroniques en 2019 qu’un discours de Joe Biden – d’abuser un peu sur les chapeaux. Du coup on va tricher et en rajouter une couche ici.

Nous arrivons au terme d’une semaine dédiée au haut du classement alphabétique inverse doctement prédit par le monarque absolu de droit divin de la rédac’ Yves Martin. Récit d’un duel de Lions dans une arène (pardon, une aréna) dont la modernité nous a une fois encore sauté aux yeux après notre passage dans l’abri anti-atomique des Vernets, spécialement conçu dans le cadre de la dissuasion nucléaire de l’après-guerre.

Le match en deux mots

Garrett Roe.

Garrett Roe, le… eh ben non pas de placement de produit, juste le best player ce soir, SIL semble avoir rompu son contrat.

Les trois étoiles du match

⭐️ Gâchette Roe et ses trois points (1 but, 2 assists) a flingué les espoirs adverses. Tic-tac-Roe et voilà l’affaire réglée.

⭐️⭐️ Lukas Flüeler a tranquillement détourné ou bloqué 23 des 24 tirs adverses. Celui dont on parle bien moins que Leonardo Genoni ou Jonas Hiller, dont la moindre flatulence fait l’objet d’un reportage, mériterait plus d’attention.

⭐️⭐️⭐️ Ronalds Kenins, qui nous fait drôlement plaisir depuis deux matches. Hargne et provocation, ça fleure déjà bon les playoffs chez le Letton à licence suisse.

La buse du match

Le jeu de puissance local bien sûr. Le PP le plus incontinent de la ligue a encore tiré la chasse sur ses aspirations de grandeur hier soir (0/4 après un 0/3 mardi). Christian « Deux-Plus-Dix » Marti a pourtant bien essayé de jouer son rôle, en vain.

Du blé, du pain et le pire power play de la ligue.

Le tournant du match

Ce moment craint de toute la rédaction depuis la sortie de son premier podcast sur l’utilisation de la VAR : le coach challenge tactique de Rikard Grönborg à 3 secondes et 4 dixièmes de la fin du match, clairement pour gagner du temps en faveur des Zurichois qui n’avaient plus que 2 buts d’avance à ce moment. Un sport de tricheurs ce hockey quand même.

Ce Vaudoise goal, son coach challenge et… oui, oui, son doigt d’honneur qu’on attendait tous.

Le slapshot en pleine lucarne du match

Ce moment où Raphael Prassl fume Jonas Junland sur 10 mètres plat avec 8 mètres de retard au départ. Merci du fond du cœur pour cet instant sponsorisé par Jean de la Fontaine.

Le vieux ro(e)toillon en cloche du match

On hésite entre deux horreurs. 1) La boîte lausannoise recroquevillée comme une huître tétraplégique devant son dernier rempart et transpercée par une passe fabuleuse(ment prévisible) de notre ami Roe vers un autre sniper esseulé depuis un bon quart d’heure, ce bon vieux Fredrik Pettersson qui a lui aussi surpris son monde en tirant au goal, ce qu’il ne fait naturellement absolument jamais (0-2, 17ème minute). 2) Le raté d’Etienne Froidevaux seul devant la cage vide à la 59ème qui fera office de game in a nutshell.

Roe. Pettersson. 0-2.

Le chiffre à la con

19. Comme l’heure du début du choc Federer-Wawrinka aux Swiss Indoors, soit 45 minutes avant le début de ce LHC-ZSC. On savait que les confrontations entre Roger et son petit frère vaudois étaient souvent à sens unique, mais on se faisait quand même peu d’illusions quant à un dénouement aussi rapide. Tellement rapide que tout était réglé le soir d’avant avec l’annonce du forfait de Stan sur blessure. L’ancien membre du conseil d’administration du club de Malley avait probablement fait le même calcul que nous et abouti aux mêmes conclusions. A noter que RF avait, lui, pu profiter d’un congé jeudi soir pour savourer la première victoire de son FC Bâle en terre espagnole. Il en faudrait bien sûr plus que ça pour réveiller l’aile complotiste de la rédac’.

L’anecdote

Franchement, qui n’a jamais rêvé de pouvoir accoler le nom d’un sponsor à chaque activité plus ou moins mondaine entreprise au cours d’une journée de travail ? On connaissait déjà le processus en Amérique du Nord et on doit bien avouer qu’on est passé maître en la matière dans l’ouest lausannois. Entre les Postfinance Top Scorers (procédure standard dans tout le pays), le Hirslanden lineup, le Vaudoise goal, le Domicim replay, le D.E.S. totomat, la Fitness Parc Malley performance, le Aurea countdown, le Boulangerie Clément power play (« Du blé, du pain et du power play »), le Villars box play, la Bosch kiss cam (« Bosch vous fait tourner la tête ») et la Pomodoro(e) kids cam, on s’en donne à cœur joie. Imaginez la joie de nos chères têtes blondes si on pouvait leur annoncer la Starbucks pause de 10 heures, la KFC heure du repas de midi ou encore la King Size heure de l’apéro fin des cours ? Un triomphe, on vous dit.

Et sinon dans les tribunes ?

Dans les tribunes, on est diablement soulagé. Surtout si on a des TOC. Le maillot de Cristobal Huet, retiré le 5 octobre dernier, a enfin été replacé au même niveau que ses trois prédécesseurs. Ouf ! C’était déjà le cas mardi face à Zoug et on a senti que les chakras de la Vaudoue aréna étaient à nouveau équilibrés.

La minute Jonas Junland

Ou plutôt les 10 premières secondes de la rencontre qui ont suffi au Suédois pour nous sortir son signature move, le dégagement interdit en guise de première touche de puck. Il enchaînait admirablement ensuite avec la fameuse tactique de la défense en ro(u)e libre soulignée par le Vidéotron et son ralenti (!) implacable sur le 0-1 de Qui-Vous-Savez 2 minutes et 19 secondes plus tard. Encore présent sur le 0-2 mentionné plus haut ainsi que le 0-3 de Noroe, pardon, Noreau à la 37ème minute, notre joueur préféré complétait donc son Jonas Slam.

La rétrospective du prochain match

Visite de la patinoire pas vraiment nouvelle mais à laquelle on a rajouté un étage et un aquarium visiteur (la cage c’est so 2018) à Fribourg ce soir. On connaît maintenant assez bien la propension de nos nouveaux amis les Philadelphia Flyers à donner dans le social (première « victoire » lausannoise à la Vaudoise, faux pas face aux moribonds Dallas Stars à domicile histoire d’endiguer un torrent de défaites qui leur a sûrement valu un coup de fil du département scouting de Rapperswil), faudrait voir à ne pas les imiter à la BCF Arena. Tiens d’ailleurs, c’est pas écrit faux leur truc ?

* Construite en 1958, un an avant la Valascia (!) et un an après l’ancienne Resega, démolie et reconstruite depuis. Même l’Ilfis est encore en phase de test à côté (1975).

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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