Servette ne perd pas contre Bâle !

Mais cette fois-ci, ce n’était que Concordia…

Avant cette confrontation prometteuse, Servette restait effectivement sur une dizaine de défaites consécutives face à des Bâlois, ce qui fait qu’en plus de la place de leader de ses protégés, Murat Yakin devait se montrer particulièrement confiant. Le Stade de Genève lui évoquait certainement les belles promenades d’antan (notamment un 0-4 en mai 2003 et un 1-4 en avril 2004), lorsque le grand FCB venait régulièrement y faire une représentation face à l’équipe de la glorieuse période des Bullo, Jaquet et surtout Marc Roger. Il ne manquait alors plus que Duchosal et Margarini pour composer une équipe de champions du monde…La dernière confrontation entre Servette et Concordia s’était elle déroulée à l’enseigne de la Coupe de Suisse 2001/2002, et les Genevois l’avaient emporté 4-0, à l’extérieur bien sûr. Mais les temps changent… Servette se devait-il alors de trembler avant d’affronter Concordia cette fois-ci? La question peut paraître saugrenue, et les sceptiques d’avant-saison pensaient sûrement que le beau Murat et sa clique de sans-grade coulerait « vite fait, bien fait » dans ce championnat de Challenge League. Ils avaient tort. C’est vrai que trente-deux ans, ça fait jeune pour être coach, mais c’était sous-estimer l’expérience du banc de Murat, peu dépaysé par rapport à ses aventures à Stuttgart, Kaiserslautern et Fenerbahce.
  
Du côté servettien, on semble depuis quelque temps marquer… le pas. Après un début de saison prometteur, le soufflé est retombé. Faut-il y voir l’influence des événements d’avant-match de Chiasso, qui ont peut-être débouché sur une mauvaise ambiance à l’interne ? Doit-on y déceler l’effet du coup de massue de l’égalisation concédée dans les dernières secondes contre Xamax, repoussant (à jamais ?) l’occasion de revenir sérieusement sur la tête du classement ? Ou doit-on simplement y voir la conséquence d’un contingent manquant de profondeur, au sein duquel la blessure de quelques titulaires prend vite de l’importance ? La disparité entre le niveau de ses éléments ressort clairement et, à l’image de l’équipe suisse vis-à-vis de Frei, le SFC semble évoluer dans un état d’Esteban-dépendance. Avant le coup d’envoi de cette partie, le petit joyau en est déjà à 8 buts (en 8 matches de CL, et 3 en 2 matches de Coupe), soit… quatre fois plus que ses deux poursuivants au classement des buteurs du club, Vitkieviez et Chedly ! Et pour ce match contre Concordia, ceux-ci sont respectivement blessé et remplaçant… C’est dire si les défenseurs de Concordia savent d’où peut venir le danger.
Esteban isolé, le début de match concerne surtout les défenseurs grenats, mis à contribution par un Concordia faisant largement le jeu durant le premier quart d’heure. Ainsi, à la neuvième minute, et presque seul devant Marques, Bobadilla ouvre trop le pied. Un peu après le quart d’heure, Gorgone, d’un centre-tir lobé décoché à quarante mètres des buts bâlois, manque de créer la surprise. Servette se décide enfin à mettre le nez à la fenêtre et le match s’équilibre. A la 27e, Bobadilla cadre trop son tir. Bobadilla (on ne se lasse point de répéter un nom pareil !) récidive dans l’inefficacité à la 35e, en en ratant une belle devant Marques, qui déploie tout son mètre septante (ou quelque chose comme ça…) pour lui opposer son veto. L’infatigable Boughanem, entre-temps, a placé sa tête un tantinet au-dessus des buts de Meili, mais force est de constater que Concordia est plus proche d’ouvrir le score. A la 44e, le brouillon Ozcakmak voit son tir contré à la conclusion d’une action résultant d’une perte de balle de Yoksuzoglu à mi-terrain. Auteur d’un non-match, celui-ci est décidément aussi emprunté avec le ballon que le sont les spectateurs à la lecture de son nom. Heureusement qu’Aus’cours Londono n’est jamais trop loin de lui pour qu’il ne se sente pas complètement seul dans la médiocrité. Mais le Franco-Helvético-Colombien a au moins l’excuse du décalage horaire, lui qui revient d’un voyage transatlantique en cours de semaine pour de tristes raisons familiales.
Concordia n’a pas réussi à ouvrir le score sur son occasion juste avant le thé, mais le fait à peine la dernière gorgée avalée. Ainsi, après environ 21 secondes et demi dans cette deuxième mi-temps, Bobadilla ajuste le but vide (ça il arrive quand même à faire) suite à un rebond sur Marques, qui avait contré un premier tir à bout portant. On se demande alors comment Servette pourrait renverser la vapeur face à la meilleure défense du championnat (sentirait-on la patte de Murat ?), car si Tréand propose quelques combinaisons intéressantes, les vingt derniers mètres lui font décidément perdre toute lucidité. En fait, c’est Concordia qui frise même le KO et les 25 packs de Feldschlösschen promis par coach Murat : la belle volée posée de Thuring échoue sur le haut de la latte à la 57e minute.
Juste après cela, l’espoir renaît dans les rangs servettiens avec l’entrée de Chedly et Besseyre pour Yoksuzoglu et Londono. Il faut dire que ces deux-là, même si personne n’était rentré à leur place, leur sortie aurait quand même été une bonne nouvelle ! Esteban exprime immédiatement sa satisfaction quant à la sortie des deux poids morts, et propose un joli tir insidieux ; les frissons du filet extérieur réveillent Meili. Celui-ci va même chercher le ballon au fond des filets à la 65e, suite à un coup de rein et une chevauchée incroyables d’Esteban, qui ponctue son action par un drive croisé du gauche qui finit dans le petit filet (intérieur cette fois-ci !) du gardien rhénan. On croit alors les Grenats capables de passer l’épaule, mais Chedly, malgré quelques belles accélérations, ne sait malheureusement pas faire un centre.
Le match s’emballe : Pont, fraîchement entré, rate le coche en pivot à huit mètres des buts bâlois, Iandoli touche à nouveau du bois pour Concordia, puis Gavric, parti seul au but suite à un coup franc né de l’imagination de M. Bernold, se heurte à un Marques impeccable. Le match finit dans la confusion ; le manque d’assurance et de réaction du pourtant tâtillon M. Bernold ne tempérant pas les provocations multiples. Plus étonnant, le gardien bâlois en vient presque aux mains avec son coéquipier Gloor…
Au final, voici un nul plus que plaisant et qui ne lèse personne, même si Concordia peut regretter de ne pas avoir scellé sa victoire lorsqu’il en a eu l’occasion.

Résumé :
Stade de Genève: 2404 spectateurs
Arbitres: M. Bernold; M. Zeder; M. Bürge
Buts: 46′ Bobadilla 0-1, 66′ Esteban 1-1
Carton jaune: 19′ Schlauri, 58′ Barea, 62′ Girod, 67′ Gloor, 90′ Cordoba
Servette: Marques; Bratic, Girod, Barea (69′ Pont), Gorgone; Yoksuzoglu (58′ Besseyre), Londono (58′ Chedly), Pizzinat, Boughanem; Tréand, Esteban
Concordia Bâle: Meili; Schlauri, Colina, Ferati, Gloor; Iandoli, Demiri (76′ Gavric N.), Thüring, Sprunger (73′ Gavric A.); Bobadilla (73′ Cordoba), Ozcakmak

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