LHC : les actionnaires devront une nouvelle fois passer à la caisse

Modeste 10e du classement de LNB, le Lausanne Hockey Club n’est plus, au jour d’aujourd’hui, après un peu plus d’un quart du championnat, que le 22e club de Suisse. Jamais depuis son retour en Ligue Nationale au terme de la saison 1988-1989, le club lausannois ne s’était situé aussi bas dans la hiérarchie du hockey helvétique. On pouvait penser que cette situation catastrophique susciterait des réactions et des commentaires lors de l’assemblée générale ordinaire des actionnaires tenue hier soir. Il n’en fut rien.

Alors que les dernières éditions avaient été plutôt houleuses et s’étaient prolongées tard dans la soirée devant une salle comble, l’assemblée d’hier a été expédiée en un peu plus d’une heure en présence d’une assistance confidentielle (118 actionnaires représentant un peu plus de la moitié des actions). Il n’y a guère eu pour pimenter la soirée qu’une ou deux prises de bec entre le président Lei-Ravello et un ex-futur candidat au Conseil d’Etat au sujet du mode de convocation et de la rédaction du procès-verbal, ainsi qu’une intervention intempestive et hors de propos de l’inévitable Réal Vincent au sujet de la réduction de capital. AmphimaxIl est vrai que la délocalisation de l’assemblée de Prilly à Dorigny et le changement du mode de convocation (publication dans la FOSC et la FAO plutôt que lettre adressée à chaque actionnaire) n’ont pas contribué à rameuter les foules. Et force est de constater que, comme trop souvent à Malley ces dernières saisons, les absents n’ont pas eu tort hier à Dorigny (plus précisément, à l’Amphimax, l’ex CP 2 : à l’instar des grands clubs de foot anglais et allemands, l’UNIL s’est mise à la mode des changements de nom : la seule différence, c’est qu’Arsenal, Dortmund et consorts ont reçu des millions pour affubler leur stade d’un nom grotesque, l’UNIL, elle, a payé pour ça).
Car il ne fut pas question de sport lors de cette assemblée générale. Il n’y a même pas eu le traditionnel rapport de l’entraîneur, qui était le moment le plus attendu de la soirée lorsque Mike McParland tentait de s’exprimer en français. Il n’y a pas eu les schémas mirobolants de Silvio Caldelari expliquant comment il allait mener le club vers les sommets. Il n’y a pas eu les théories fumeuses du représentant de l’APHL au conseil d’administration sur les objectifs stratégiques à long terme du club. L’assemblée d’hier ne fut qu’une longue litanie de chiffres et d’articles de lois. Présents sur la scène, MM. Cadieux et Scheidegger sont restés muets. Tout comme les administrateurs MM. Nemra et Jallut d’ailleurs, mais de cela personne ne se plaindra.

Pour résumer la situation, on dira que le LHC est encore une fois surendetté. Principale cause de ce surendettement : les rentrées spectateurs ont été de 600’000 francs inférieures aux chiffres budgétés. Conséquence : le club, comme chaque année ou presque, se retrouve en situation de devoir requérir la faillite auprès du juge. Cette issue fâcheuse pourra cependant être évitée grâce à deux artifices comptables qui deviennent eux aussi des grands classiques : une postposition de créance et une réduction du capital-actions (de 800’000 à 320’000 francs). La première opération consiste à obtenir une déclaration d’un créancier acceptant d’être désintéressé après tous les autres créanciers. La seconde revient à réduire la valeur des actions (qui figure au passif du bilan) : en l’espace de deux ans, la valeur nominale des actions est ainsi passée de 200 à 10 francs.

Régime minceur

Le conseil d’administration – par ailleurs réélu à l’unanimité – dispose encore d’un peu de marge de manœuvre puisque la valeur des actions peut être abaissée jusqu’à un centime ! Toutefois, les prescriptions en matière de capital-actions minimal, qui doit être d’au moins 100’000 francs, ne permettront pas d’effectuer cette opération chaque année. Un retour aux chiffres noirs dans un avenir proche serait donc le bienvenu !

Toutefois, ni la postposition de créance ni la réduction du capital-actions n’amènent de l’argent frais dans les caisses vides du club. C’est pourquoi une troisième mesure d’assainissement a été décidée par l’assemblée : une augmentation simultanée du capital-actions à 480’000 francs par l’émission de 16’000 nouvelles actions nominatives d’une valeur nominale de 10 francs, avec un agio d’émission de 15 francs, sans suppression du droit préférentiel de souscription. Traduction : les actuels actionnaires auront l’immense privilège, dans les semaines à venir, de pouvoir acheter pour 25 francs des actions du LHC qui en valent dix ! Ensuite de quoi, les éventuelles actions restantes seront proposées au public. Si le club ne parvenait pas à boucler l’opération, «d’autres décisions devraient être prises», menace à peine voilée d’une disparition du LHC. Là encore, le refrain est connu.

Les actionnaires du LHC vont donc une nouvelle fois devoir prouver leur attachement au club en cassant leur tirelire. Pour la dernière fois ? La présentation du budget 2006-2007 permet d’en douter. Revu à la baisse (de 4,6 millions à 4 millions), ce budget prévoit toutefois des rentrées spectateurs légèrement supérieures à celles de l’an passé. Pour l’instant, on est loin du compte. Une nette amélioration des résultats et le succès d’opérations ponctuelles comme le futur «Malley frissonne»  (malleyfrissonne.bleublog.ch) seront nécessaires pour atteindre les objectifs. A relever que les recettes du public, présenté jadis comme «le principal sponsor du LHC», ne représentent plus qu’un petit tiers des rentrées escomptées.

S’il n’a nullement été question, lors de cette assemblée, des objectifs futurs du club et de l’éventualité d’un retour en LNA, les actionnaires auront  été rassuré d’entendre que le conseil d’administration considère la saison passée (ponctuée par un quatrième rang et une élimination en ½ finale des play-off) comme une saison médiocre. On peut donc en déduire qu’il s’agira de faire mieux cette saison. Mais on n’est pas persuadé que le club s’en soit véritablement donné les moyens.

Écrit par Julien Mouquin

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