Servette s’offre le LIDL

Servette enchaîne les chocs au sommet à la Praille, ou presque… Après le glorieux Concordia, voici qu’il recevait le prestigieux SC Kriens. Malgré le peu de renom de ces adversaires, ces deux matches constituaient pourtant tour à tour de bons tests contre les leaders successifs de la Challenge League.

Disons-le d’entrée, s’il continue au niveau affiché à la Praille, Kriens ne devrait pas s’éterniser dans les hautes sphères de notre deuxième division. Il ressemble en effet plus à un LIDL qu’à un leader : sis en banlieue (lucernoise en l’occurrence), il propose un assortiment très cheap de ce que l’on est en droit d’attendre. Au rayon date de péremption dépassée, Patrick Foletti saute aux yeux. Si dans le dernier millénaire, il avait sur un malentendu connu son heure de gloire avec GC en Champions League (1995), l’ancien troisième gardien zurichois n’a pas fait grosse impression sur les envois d’Esteban (entre les jambes à la 25e suite à une lumineuse ouverture de Chedly) et de Chedly (tir croisé pourtant pas bien puissant à la 27e, après un une-deux avec son complice d’avant). Le second nommé devenait ainsi le premier Servettien à part Esteban à marquer depuis le mois d’août (et le 4-3 contre Lausanne), soit depuis 9 matches, et autant de buts consécutifs pour le petit prodige genevois.

Cet écart récompensait de belle manière un Servette qui avait jusque-là fait l’essentiel du jeu, se montrant notamment menaçant à la 9e et à la 18e par Tréand, les deux fois sur service d’Esteban. Kriens apparaissait emprunté, transparent et quasi-inoffensif… Mais le match prit subitement une autre tournure avec la tête à bout portant victorieuse de Schneuwly (38e), coïncidant avec la sortie sur blessure du stoppeur Girod – le seul défenseur titulaire habituel qui était encore valide et en forme ! -, puis survint l’épisode Cravero deux minutes plus tard. Celui-ci, revenant de blessure, disputait son premier match de la saison au sein d’une défense genevoise inédite, en raison des blessures de Ratta et Bratic, et de la méforme de Barea. Il n’allait pas en profiter longtemps, puisqu’il récolta par maladresse un second carton jaune sévère… La mi-temps fut sifflée, tout comme l’arbitre, et l’on se demandait si la poisse collant aux basques des grenats ces derniers temps présageait d’un retournement de situation frustrant. Mais, un petit quart d’heure après le thé, l’ancien Sédunois Schneuwly, quasiment le seul joueur à émerger côté alémanique, reçut à son tour un deuxième avertissement pour avoir laissé traîner la patte. Cravero contre Schneuwly, l’échange bénéficiait aux Genevois ; c’est un peu comme, aux échecs, perdre un pion mais manger une tour adverse.

Cinq minutes plus tard, et cela sans pourtant se montrer dominateur, Kriens frappa. Piu Nascimento, rentré peu avant, profita d’un blanc de la charnière centrale genevoise pour partir dans l’axe à la limite du hors-jeu et s’amuser tout en égalisant. Servette retombait-il définitivement dans ses travers ? Heureusement non, comme Chedly se chargea à nouveau de le démontrer à la 67e. Contrôlant délicatement une transversale, il fit à nouveau mouche d’un tir croisé parfait. Foletti en était quitte pour ramasser le cuir une troisième fois, trouvant là le seul moyen pour toucher le ballon du match. Il n’effectua d’ailleurs toujours pas d’arrêt décisif durant la fin de match, qui vit Servette presser pour faire le break face à un SCK étrangement passif. Un ou deux penalties ignorés et plusieurs contres tranchants témoignaient de l’allant genevois, qui fut une nouvelle fois concrétisé par Wissam dans le temps additionnel.

Bref, Kriens ressemble vraiment à LIDL : on va voir, on attend longtemps, on se demande ce que c’est, on goûte et on est déçu. Les quinze supporters lucernois (qui étaient donc environ quinze de plus que ceux de Concordia il y a deux semaines…) pouvaient regagner leurs pénates l’air penaud, et l’ex-leader son Kleinfeld, que l’on imagine volontiers bosselé et venteux, afin de favoriser le jeu peu léché de son club résident. Quant à lui, Servette ne se relance pas vraiment, largué qu’il est au classement. Il s’éloigne néanmoins de la zone dangereuse qui, mine de rien, se rapprochait quelque peu, et a aussi confirmé pour l’avenir qu’il ne dépendait pas que d’Esteban pour faire trembler les filets adverses.

Servette FC – SC Kriens 4-2 (2-1) 

Stade de Genève : 2052 spectateurs
Arbitres : M. Meroni; M. Dettamanti; M. Rusconi
Buts : 26e Esteban 1-0, 28e Chedly 2-0, 38e Schneuwly 2-1, 63e Nascimento 2-2, 67e Chedly 3-2, 94e Wissam 4-2
Servette : Marques; Gorgone, Cravero, Girod (38e Pont), Kusunga; Besseyre, Pizzinat, Boughanem, Tréand (65e Barea); Chedly (88e Wissam), Esteban
Kriens : Foletti; Barmettler, Meier, Ljimani, Maric (82e Schilling); Nocita (53e Nascimento), Bättig (68e Curic), Benson, Keller; Lüscher, Schneuwly
Carton jaune : 10e Cravero, 30e Schneuwly, 52e Gorgone, 77e Barmettler, 81e Marques
Carton rouge : 41e Cravero (2 cartons jaunes), 59e Schneuwly (2 cartons jaunes)

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