Tour d’horizon en LNB (et non «Challenge League», merci *)

Un lecteur me demande de ne pas traiter différemment le LS que les autres équipes, à défaut de quoi mes propos seront sans valeur. A quelques minutes de faire le tour d’horizon des Romands en LNB, voilà une gageure au-dessus de mes forces. J’aime autant mettre les points sur les i : j’ai effectivement une légère inclination pour les bleus et blancs. Me demander d’en faire fi, c’est demander à Rocco Siffredi d’avoir la même fougue lors d’une scène avec Meg Ryan qu’avec Josiane Balasko. La bandaison papa, ça ne se commande pas.

Neuchâtel Xamax

S’il en est un qui a compris que Xamax avait un projet porteur, c’est bien Gérard Castella. Quittant le LS à l’exact moment où il devenait clair que le vent allait tourner (et je te jure qu’à la Pontaise, le vent on sait fabriquer), le Gégé a repris un club qui s’est donné les moyens de ses ambitions.
Personne ne savait comment le traumatisme de la relégation allait être digéré, ni celui de devoir inaugurer le nouveau stade en LNB. La nullité absolue du match retour de barrage contre Sion, les tensions avec certains supporters, la perspective d’affronter durant 6 mois à la Chaux-de-Fonds les Wunderteam de Locarno, Vaduz et Wil auraient pu laisser des cicatrices dignes de celles résultant d’un tacle de William Prunier.
En annonçant un budget de 6,5 millions, supérieur à ceux d’Aarau, de Lucerne et de Schaffhouse, le président Bernasconi a joué carte sur table : la promotion, si possible directe, est obligatoire. Cependant, avec 6 points de retard (un match en moins) sur Kriens, le droit à l’erreur est mince, d’autant que les poursuivants n’ont pas dit leur dernier mot. Une partie de la solution viendra-t-elle du nouveau revêtement de la Maladière ? Dans l’entourage du club, on ne cache pas que de pouvoir s’entraîner tous les jours sur du synthétique représentera un gros avantage. Demandez aux Sédunois ce qu’ils pensent du terrain à Berne ! Etonnant que Constantin n’aie pas encore déposé plainte contre la SFL et demandé aux joueurs locaux d’évoluer en talons aiguille, pour équilibrer.
Le contingent de Xamax est bâti sur mesure pour attraper le pompon. Ultime arrivée fracassante, celle de Zubi, dont la dernière prestation au pays avait offert un but et demi à l’équipe II du Brésil. Il n’est pas certain que notre géant aux pieds d’argile n’efface Bedenik dans les coeurs des supporters… Avec Quennoz (que Gégé voulait déjà du temps où il entraînait le LS), Jaquet et Lombardo, les rouges et noirs possèdent une ossature expérimentée, et il sera intéressant de suivre d’un oeil la progression de Rak, lui qui s’est fourvoyé à GC, et l’apport de Bieli dans un effectif où pas moins de 6 joueurs ont marqué 3 buts et plus !
Si Neuchâtel bat La Tchaux ce week-end, dont on a l’impression qu’ils vont se présenter en victime expiatoire, Xamax sera bien difficile à arrêter.

Servette FC

(L’exercice consistant à rédiger un article objectif sur Servette lorsque l’on est supporter du LS demandant une concentration totale, je vous remercie de lire cet article dans le silence le plus absolu.)
Après la faillite que l’on sait, suivie d’une bonne prestation en première ligue, les grenat occupent un septième rang de nature à satisfaire (presque) tous les présidents de clubs promus. L’objectif avoué étant plus le maintien que la montée, le fait que Servette ne semble pas de taille à se mêler à la lutte pour les premières places ne semble pas décevoir l’entourage du club outre mesure.
La grande nouveauté au bout du Lac Léman, c’est la modestie et le profil bas que Vinas a importé dans ses valises. S’il est des ingrédients dont l’on ne trouvait historiquement pas un gramme dans la République, il s’agit bien de ceux-là. «Top Models», qui fête ses 20 ans cette année, est certainement redevable du modèle grenat pour ce qui est des rebondissements multiples et plus ou moins capilo-tractés. Du limogeage de Mathez directement après le titre à l’engagement d’Exbrayat, de l’arrivée messianique de Siviski aux plongeons épiques de Fatusi, des déclarations de Marc Roger aux larmes de Fauconnet, je ne suis pas certain que tous les supporters regretteront forcément cette époque.
En façonnant son équipe avec entre autres des joueurs issus de son canton, le Servette nouveau gagne probablement en proximité ce qu’il perd en arrogance. Plus de mille abonnés la saison dernière en première ligue prouvent que ce chemin, qui avait été dans une certaine mesure inspiré par le LS 18 mois auparavant, était le bon.
Aeby tire le maximum actuellement de ce groupe. Ceux qui attendaient quelques renforts grâce à la soudaine arrivée d’argent frais suite au transfert d’Esteban oublient un peu vite la gestion judéo-écossaise du budget par Vinas, excellent dans son exercice de caricature de la marionnette de Guy Roux.
Ainsi, Julian «CFA2» Esteban et ses 14 goals vont cruellement manquer au second tour, lui qui n’a laissé que des miettes à ses coéquipiers : le deuxième meilleur buteur s’appelle Chedly, avec 10 réussites de moins. L’objectif de la saison sera atteint, sauf accident ou retour de Genghini, mais Servette risque de se retrouver très rapidement, avec le LS, La Tchaux et Baulmes, englué dans le ventre mou du classement, pour une fin de saison bien peu palpitante. Et question ventre mou, je m’y connais.


Photo Pascal Muller

Lausanne-Sports

Les supporters craignaient en début d’exercice de vivre une saison de transition, après les départs de Chapuisat, de Rak et de Isabella, et compte tenu de la longue indisponibilité de Comisetti. Le choix d’engager Geiger comme entraîneur, dicté par certains membres des clubs de soutien, aura précipité le diagnostic, alors même que l’arrivée de Gabet était plébiscitée par les supporters et la direction sportive du club. Certains nuisibles ont décidément la vie longue au LS, eux qui s’appliquent depuis des années à jouer le rôle du chromosome surnuméraire dans un corps qui pourrait être sain.
Lesté par le poids d’un entraîneur qui n’a jamais convaincu et qui s’est rapidement mis le public et vraisemblablement une partie des joueurs à dos, le LS possédait pourtant sur le papier une équipe capable de se classer dans les six premiers, but avoué de la direction. N’étant plus habitués à subir les événements contraires après trois années toutes voiles dehors, les joueurs ont petit à petit sombré, sans révolte, alignant les faillites collectives pendant 20 minutes lors de presque chaque match, ce qui s’est avéré un obstacle insurmontable. Le moral chancelant après l’invraisemblable défaite à Genève (de 0-3 à 4-3), le départ non compensé d’Eudi, celui de Margairaz, les difficultés de Correia, de Thurre et de Ebe (ce dernier en nette reprise depuis le départ de Geiger) et les errances du gardien Favre lors des deux derniers matches expliquent un bilan morose à l’intersaison.
La prise de pouvoir du trio/duo Isabella-(Garbani)-Hunziker au sein duquel plus personne ne comprend qui a les papiers, qui entraîne, qui coache et qui assiste a néanmoins redonné un peu d’allant à cette équipe, peu aidée il est vrai par le marasme de ces derniers mois qui a vu le Président démissionner, bientôt rejoint dans les ennuis de santé par le délégué de la Direction, et alors même que le Conseil d’Administration de la SA qui gère le club peine à se constituer. Tout cela sur fond de postérieurs à Lugano bien sûr, regardez bien la photo, le mien est pile au centre.
Dans ce contexte, le coup publicitaire organisé autour de la venue de Pelé à la Pontaise et de son partenariat-unique-au-monde-sur-dix-ans aura au moins permis de faire parler du LS en bien dans tous les médias, en attendant que l’on sache exactement de quoi il en retourne. Si Pelé annonce le retour d’Isaïas dans le contingent, je m’immole par le feu en bas le pont Bessière.


Photo Pascal Muller

FC Baulmes

La sympathique-équipe-de-Baulmes, pour reprendre l’appellation quasi officielle du club dans les médias, est en passe contre toute attente de se stabiliser en LNB, à son rythme et sans trembler. Oubliée la première saison chaotique où il aura fallu l’arrivée en catastrophe de Bertine à la place de Tagan-le-Héros pour redresser la barre après un début calamiteux. Le Président-Salvi-que-Baulmes-en-mourra-quand-il-partira peut se frotter les mains. Les 947 habitants du village seront à l’aise au second tour dans le nouveau stade, presque un mastodonte avec ses 5’000 places. Un stade qui aurait pu s’appeler «Sur-Campagne» au lieu de «Sous-Ville», mais ça fait moins joli.
La réputation ultra-défensive du petit FCB est corroborée par l’inefficacité de son attaque, avant-dernière de la catégorie. Drago, tout en puissance et en coups de coudes, exploite comme il peut (et même plutôt bien) les rares offensives d’une équipe qui s’appuie en premier lieu sur un bon gardien Zingg et une défense appliquée. Pas de «nom» dans cette équipe, et ce n’est pas l’arrivée de Noseda qui va inverser la tendance.
Le début de deuxième tour de Baulmes lui permettra d’endosser le rôle d’arbitre pour les premières places du classement comme pour les dernières, lui qui se rendra à Concordia puis à Kriens, avant de redevoir successivement Yverdon et Wohlen. Sous-Ville aura sûrement belle allure pour son inauguration contre les frères ennemis yverdonnois, et le Président Cornu doit étouffer de rage de se retrouver, avec son FC Romandie, à six points du village d’à côté, et sans le quart du capital sympathie sur lequel les Baulmiérans peuvent s’appuyer.

FC La-Chaux-de-Fonds

Après un premier tour époustouflant la saison dernière (première place à égalité avec Sion et LS), le FCC est rentré dans le rang ces douze derniers mois. Avec un contingent assez restreint quantitativement et une présence très calme sur le mercato (arrivée de Doudin, départ de Maglioglio), Perret n’a pas vraiment remplacé en début de saison les départs de Casanovas, ni surtout de Boughanem, qui en est déjà à 7 buts cette saison sous ses nouvelles couleurs à Lugano.
Avec moins de 1’000 spectateurs de moyenne, La Tchaux vit dans l’ombre de Xamax, surtout dans l’actuelle effervescence due au nouveau stade. Et dans l’ombre il fait froid : les nouveaux dirigeants italiens semblent assez ambitieux à terme, mais ceux qui sont déjà montés suivre un match à la Charrière en hiver (c’est-à-dire là-haut entre le 17 août et le 12 juin) savent que sans projet pour améliorer les installations et au minimum chauffer le pergélisol, la pratique du football restera aléatoire dans cette région.
Le FCC semble en mesure de ne pas se retrouver mêlé aux luttes contre la relégation, mais il faudra pour cela assurer quelques points à domicile contre Locarno, entre les déplacements très délicats de Xamax et de Concordia.

Yverdon-Sport FC

Depuis sa promotion directe en LNA à l’issue de la saison 2004-2005, Yverdon ne semble plus en mesure de freiner sa dégringolade. 7e à l’issue du premier tour en LNA avec encore cinq points d’avance sur la barre, Yverdon s’écroulera progressivement par la suite, terminant dernier après avoir aligné trois défaites de rang dans les trois derniers matches. Le départ du fossoyeur Morinini aurait sûrement été une bonne nouvelle s’il n’avait pas été remplacé par Andrey, dont on se demande lequel des deux entre lui et Gigandet va gagner le concours de tête de Droopy. Jamais un mot plus haut que l’autre, jamais une analyse du jeu, pas un iota de variation dans un discours qui consiste à dire «Laissez-moi travailler». On a connu Cornu plus impatient que cela, surtout qu’à ce rythme son FC Romandie se fera en collaboration avec Cuarny, Pomy et Treycovagnes, ce qui n’est pas pour me déplaire.
Certes, après 15 départs (Biscotte, Jaquet, Roth…) et une dizaine d’arrivées en début de saison, il est sûrement des mayonnaises plus faciles à faire monter, mais avec seulement 3 victoires la situation devient préoccupante. Le «Centre de gravité du football vaudois», pour reprendre une expression pas si lointaine du Président, va finir par rater son ancrage au Nord, à moins que Baulmes ne réussisse quelque chose.
Espérons pour Didi Andrey que la venue d’une partie de la seconde garniture sédunoise sorte son équipe de sa léthargie : Carrupt, Meoli et surtout Bühler sont attendus pour dynamiser un peu les verts pâles. Mais entre nous, Nyarko (ex-PSG, Monaco et Everton) doit parfois se demander ce qu’il fait là.

SR Delémont

Ce qui est déprimant avec les SRD, outre les interviews de leur entraîneur qui s’est fait cellophaner la figure un lendemain de cuite, c’est le manque de révolte. Vu de l’extérieur, l’ascension non prévue en LNB semble avoir emmerdé tout le monde dans le Jura : l’ambition a toujours plus ou moins été de viser l’antépénultième place, les dirigeants sont peu enclins à renforcer l’effectif (on annonce l’arrivée de Tibor Kalina, en provenance de Szolnoki MÁV), les joueurs semblent se satisfaire de leurs 13 défaites, qui cadrent pile poil avec la feuille de route, et le tout se fait sous les yeux du public le moins démonstratif de la catégorie. Delémont semble parti pour ne surtout pas déranger et pour laisser le moins de traces possibles de son passage en LNB.

Erratum : La honte et l’opprobre sont sur moi. Lors de mon récent tour d’horizon de LNA, j’avançais une moyenne de spectateurs bâloise de 15’000 spectateurs. C’était sans compter les matches à huis clos ainsi que ceux joués sans les supporters de la Muttenzerkurve. Remis dans ce contexte, le FCB reste donc en tête pour ce qui est des affluences en Suisse, même si la baisse reste flagrante depuis quelques mois. Merci à «Zouille» de me l’avoir signalé.
* J’ai beaucoup trop de respect pour tes yeux, ami lecteur, pour t’imposer les appellations «Super League», «Challenge League» ou «Swisscom Cup». Elles sont nées de tentatives de relookage ratées et inutiles, qui épousent à la perfection le niveau intellectuel des dirigeants actuels du football suisse, unanimement reconnus pour être les plus grands incapables du pays dans ce type de fonction, devant même ceux de la Ligue de Hockey, ce qui n’est pas une mince affaire, si j’ai bien tout suivi.

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

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