Un premier acte à sens unique

Bienne – Lausanne en play-off c’est un grand classique ces dernières saisons. Et, à chaque fois, les duels entre les deux clubs débouchent sur des séries plutôt déséquilibrées.

En 1999, le HC Bienne de Paul-André Cadieux et Shawn Heaphy domine assez facilement le LHC de Benoît Laporte en quart de finale (3-1 dans la série). Les Lausannois prendront leur revanche deux ans plus tard, en finale de LNB, sur la route de la promotion : une bourde monumentale de Reto Schürch sur un tir d’Oliver Tschanz dans la prolongation du premier match, quelques nouvelles «schürcheries» dans le deuxième et une pénalité de match infligée à l’affreux Sven Schmid dans le troisième anéantiront les maigres espoirs biennois pour une victoire lausannoise 3-0 dans la série. Rebelote en 2004, où le LHC du duo Sheehan-Khomutov, avant-dernier de LNA, ne laisse aucune chance aux Biennois, champions de LNB : 4-0 dans une série qui a basculé avec un but d’Antoine Descloux (son premier de la saison !) dans la prolongation de la manche initiale au Stade de Glace. Les Biennois renoueront avec la victoire l’an passé en dominant facilement en demi-finale le pâle LHC d’Heikki Leime, 4-1 au final, avec un sec et sonnant 8-1 dans l’ultime rencontre au Stade de Glace, avec sept points d’un certain duo Bélanger-Lefebvre.Cette saison, les deux équipes en étaient à deux victoires partout, chacune l’ayant emporté à domicile. Néanmoins, les Biennois partent avec les faveurs de la cote : ils ont tout de même terminé la saison régulière avec vingt-cinq points de plus que le LHC, ils ont fini très fort le championnat et se sont montrés les plus efficaces dans le traditionnel pillage des clubs non qualifiés pour les play-offs (Truttmann, Kparghai, Rieder, Hellkvist). En outre, le LHC n’a vraiment pas fait grosse impression en quart de finale contre La Chaux de Fonds. Les Biennois sont d’ailleurs à ce point persuadés de la supériorité de leur équipe que les prix pour la finale de LNB et la Ligaqualification sont déjà affichés aux caisses ! C’est tout juste si l’on ne peut pas déjà acheter les billets…
Force est de constater que le scénario de l’acte I de cette demi-finale semble donner raison à l’optimisme béat des Seelandais. Car de match, il n’y eut point en ce dimanche après-midi au Stade de Glace. D’emblée (pénalité contre Lefebvre après 13 secondes !) les joueurs de Kim Collins ont pris le contrôle du match et se sont mis à tourner autour de la cage du valeureux Thomas Berger. Plus agressifs, tellement plus rapides dans le patinage, les Biennois ont souvent tourné en bourrique une défense lausannoise qui a fait peine à voir. Les Kamber, Grieder et autre Benturqui ont multiplié les dégagements ratés, les sorties de zone calamiteuses et les glissades dans leur camp de défense. Il a fallu attendre la 18e pour voir la première action lausannoise devant le gardien biennois Caminada.


Photo Pascal Muller

Toutefois, un très bon Thomas Berger, une certains maladresse des attaquants seelandais et pas mal de réussite (tir sur le poteau de Fröhlicher, 3e) ont failli permettre au LHC d’atteindre la première sirène sans dégât. Il a fallu une pénalité différée et un but extrêmement chanceux de Rubin après une partie de billard pour l’ouverture du score : rageant mais tellement prévisible lorsque l’on joue un tiers temps entier dans son camp de défense. Malgré une occasion pour Aeschlimann juste avant la pause, le score de 1-0 après un tiers pour Bienne était extrêmement flatteur pour le LHC. La domination biennoise s’est faite moins évidente au 2e tiers et, sur quelques éclairs épars, le LHC a pu porter le danger devant le but adverse. Mais, comme lors de la première période, les Lausannois vont encaisser un but en infériorité numérique peu avant la pause : une pénalité totalement inutile concédée par Schümperli et Miéville a trouvé la déviation de Tremblay pour un deuxième but de belle facture.
On a vainement attendu la réaction vaudoise au 3e tiers. Incapable d’aller presser la défense adverse, se contentant d’aligner les passes alibi dans leur camp de défense, les Lausannois ont paru bien vite résignés. Néanmoins, à trois secondes du terme d’un power-play qui avait été jusque là d’une affligeante stérilité, un missile de Bélanger a ranimé la flamme dans le camp des supporters du LHC. Mais sur la glace, c’est le HC Bienne qui est reparti à l’abordage pour tenter de se mettre à l’abri et s’est créé plusieurs occasions de 3-1. A 1’30’’ du terme, le LHC obtient un engagement dans la zone de défense adverse. De manière totalement incompréhensible, Paul-André Cadieux ne juge alors pas utile de demander un temps mort ni de sortir son gardien. Comme ses joueurs, l’entraîneur vaudois a subi les événements sans rien tenter et a semblé totalement à court de solutions pour infléchir la tournure défavorable qu’a pris la partie. Dans la dernière minute, les Lausannois réussiront même l’exploit de concéder deux dégagements interdits ! Au final, le score de 2-1 n’est guère représentatif de la domination biennoise dans ce premier match. Un 6-1 aurait sans doute été plus conforme à la physionomie de la rencontre. Le scénario de cet acte I laisse entrevoir, comme de coutume entre les deux équipes, une série plutôt déséquilibrée, pliée en quatre ou cinq matchs par le HC Bienne.
Il faut cependant se garder d’enterrer trop vite ce LHC 2006-2007, qui est tellement imprévisible (la Chaux de Fonds l’a appris à ses dépens). Le principal espoir lausannois dans cette série tient en six lettres : Malley. S’ils parviennent à remporter leurs matchs à domicile, les Vaudois pourront mettre la pression sur les favoris bernois et, plus la série durera, plus les chances d’une victoire lausannoise en terre adverse augmenteront. Devant leur public, en passe de redevenir le meilleur de Suisse, les Lions ne pourront offrir une prestation aussi pâle que ce dimanche. Mardi, le match se jouera dans une vraie ambiance de play-off, ce qui n’a pas été le cas dans ce match I : les supporters lausannois se sont résignés presque aussi vite que leur équipe et les fans biennois ont une fois de plus prouvé que le Stade de Glace est l’une des patinoires les plus mornes du pays. Ce que confirment d’ailleurs l’avant-match très hockey pop-corn et le camp retranché qu’est devenu le secteur supporter adverse, un enclos grillagé et hermétiquement clos, dangereux, une véritable honte pour un club qui prétend à la LNA.


Photo Pascal Muller

Autre motif d’espoir côté vaudois, malgré son écrasante domination, le HC Bienne n’est pas parvenu à tuer le match et, avec un peu de réussite, un dernier tir lausannois à 20 secondes de la fin aurait pu arracher une prolongation inespérée. Enfin, les étrangers du LHC pourront difficilement plus mal jouer que lors de cette manche initiale : malgré son but, Bélanger a été très discret. Mais c’est surtout Patrice Lefebvre qui a déçu. On attendait un Topscorer surmotivé contre son ancienne équipe, on a découvert un joueur apathique, se contentant le plus souvent d’envoyer le puck au fond de la patinoire. Déjà en demi-teinte contre La Chaux de Fonds, les mercenaires lausannois doivent réagir, comme toute l’équipe d’ailleurs, mardi à Malley. Contre ce Bienne-là, solide, équilibré, compact, même s’il est loin d’être l’ogre annoncé, le LHC ne pourra sans doute pas remonter un handicap de 0-2 comme contre la Chaux de Fonds. Le deuxième match est déjà décisif dans cette série, donc tous à Malley mardi !

Bienne – LHC 2-1 (1-0, 1-0, 0-1)

Stade de Glace : 4524 spectateurs.
Arbitre : M. Baumgartner.
Buts : 19e Rubin (6ctre5, pénalité différée, 1-0), 39e Tremblay (Miéville, Tschantré, 5ctre4, 2-0), 54e Bélanger (Merz, Lefebvre, 5contre4, 2-1).
Pénalités : 2×2 contre Bienne, 4×2 contre Lausanne.
Notes : Lausanne sans Schaüblin, Keller (blessés) ni Pellet (surnuméraire).

Écrit par Julien Mouquin

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