Une équipe dans le vent

Il y a quand même des fois où on est rassurés de ne pas trop mal vieillir. Il faut dire que certains membres du Blue-White Fanatic Kop atteignent gentiment la date de péremption, et que leurs artères bouchées et leur foie malade ne les incitent pas à tenir le rythme qui était le leur il y a quelques années, alors qu’ils étaient jeunes et frais. Certains déplacements à travers la Suisse se faisaient donc dernièrement un peu plus sages qu’à l’époque, et la jeune garde semblait moins avide des nobles disciplines que sont le concours de bières cul-sec, le massacre de vin blanc tiède au goulot et autres grands moments d’intelligence collective. Jusqu’à ce week-end.

Je n’ai pas encore bien compris ce qu’il s’est passé, mais l’un de ces jeunes arrogants a proposé de changer le mini-bus prévu (16 personnes au départ de la Pontaise) en disco-mobile, organisant avec les autres Minipousses un rapatriement massif de CD explosifs, des «Années tubes 1990» au «Best of House Music 2000» en passant par la compilation des tubes de Licence IV et autres morceaux absolument inécoutables à moins de 2 pour mille.L’aller fut donc le plus déchaîné depuis bien longtemps, les plus anciens retrouvant un deuxième souffle au contact de toute cette frétillante jeunesse, n’hésitant pas à transformer le couloir de 50 centimètres de large en piste de danse improvisée, le tout sous les vivats et autres glou-glou du reste de l’assistance. La consommation en litres au 100 km aurait fait passer le plus gourmand des Hummer pour une trottinette écolo.
C’est donc dans d’excellentes dispositions que la petite troupe débarque au Stadio Comunale afin d’affronter en bloc l’AC local, le vent et la distance de la buvette. La tempête de neige essuyée vers le Gothard n’augurait pas de la météo la plus clémente, mais la puissance de la bise aura surpris jusqu’au plus endurcis des cryogénistes, et moi je vous le dis, le Tessin, c’est plus ce que c’était. Je ne sais pas si nous étions confronté à de la bise, du mistral, du tramontane ou un zéphyr, mais ce n’était en tout cas pas un siRocco, le vent chaud préféré de notre Taylor Rain adorée.

Après s’être présenté sans équipe lors de certains matches (on se rappellera le naufrage de Concordia), le LS enregistre un léger mieux, lui qui se contente simplement de jouer sans attaque contre Bellinzone. En effet, les absences conjuguées de Thurre, Drago et Pedro auront forcé Bertine à aligner Balthazar en soutien de Maglioglio, ou l’inverse tant ce fut peu clair. Mais nous n’allons pas blâmer ces deux joueurs qui ont fait comme ils ont pu, dans des circonstances tout de même particulières.
Après une entrée en matière un peu hésitante contre une équipe qui pouvait se hisser en tête du classement en cas de victoire, le LS est gentiment entré dans le match, ouvrant même la marque sur sa première occasion. Et quel bonheur de voir Bugnard marquer sur un coup franc – même dévié – lui dont la dernière transformation du genre datait du pléistocène, et je vous jure que les bourrasques de ce charogne de vent auguraient de l’imminence d’une nouvelle ère glaciaire.
Les supporters vaudois eurent alors l’excellente surprise de voir leur équipe monter en puissance au lieu de reculer, ce qui aurait été suicidaire. C’est donc sans discussion possible que l’avantage fut préservé jusqu’à la pause face à des adversaires franchement bousculés. En continuant sur cette base, le LS pouvait réussir l’exploit d’infliger leur première défaite à domicile aux Tessinois (6 matches et 18 points)…

On suppose que l’entraîneur Petkovic a poussé une mémorables tutée pendant la mi-temps, et s’il est aussi sémillant que son très avenant homonyme Ilja, certains tympans doivent encore saigner ce matin. Toujours est-il que la deuxième période fut particulièrement longue et désespérante, entre attaques grenat et occasions adverses, le LS étant exclusivement accaparé par sa mission défensive, oubliant simplement d’essayer de développer un quelconque mouvement offensif. C’est précisément dans ces moments que les supporters se sont mordus les dents de l’absence d’un Drago, qui aurait eu tout loisir de placer deux ou trois contre-attaques, et pourquoi pas d’assommer ainsi ce Bellinzone aux deux visages. Mais c’est sous le mauvais maillot que le joueur décisif évoluait : en 20 minutes, Pouga transformait trois des nombreuses occasions de son équipe, avant de sortir sous les applaudissements nourris du millier de spectateurs.
Sur l’ensemble du match, la défaite est méritée et incontestable. Ce LS décapité mais vaillant ne pouvait probablement pas faire mieux lorsque les Tessinois ont haussé le rythme, même si on regrette que Bertine n’ait pas tenté le tout pour le tout en faisant entrer deux pièces offensives une fois le 2-1 concédé (pourquoi pas Balthazar-Moumouni-Alvarez dans un 4-4-3, n’ayant plus rien à perdre…). Mais au moins, les joueurs ont-ils eu le mérite de mouiller le maillot, et le respect de venir saluer leurs supporters frigorifiés au coup de sifflet final.
Le retour fut donc considérablement plus calme que l’aller, entre réchauffage au chalumeau et amputation des orteils congelés à la scie circulaire. Après les effets euphorisants de l’alcool, les membres du BWFK découvrirent avec délice ses effets réchauffants, la boucle étant donc bouclée.
Prochaine échéance : le match amical «de gala» contre le FC Sion ce vendredi 16 novembre à 19h00, avec coup d’envoi donné par Edson Arantes Do Nascimento en personne. Moi et mes potes allons nous raser le crâne, histoire que l’on puisse une fois vraiment dire qu’il y avait un Pelé et trois tondus à la Pontaise.


(PS : Vous êtes nombreux à me demander quel jeu me pousse à citer le nom de l’ex-star du porno Taylor Rain dans chacun de mes articles… Je vous dois donc une réponse. D’accord, c’est aussi pour le plaisir de penser de temps en temps à elle, en tant qu’essence de concentré d’extrait de bombe. Et puis c’est toujours amusant de réfléchir à la façon de caser son nom, même si cela est parfois particulièrement tiré par les poils pubiens. Mais le challenge est surtout de voir jusqu’où on peut monter dans le ranking de Google en s’amusant de la sorte. Eh bien j’ai une grande nouvelle : si vous lancez une recherche dans les pages suisses sur les mots «Taylor Rain», le site cartonrouge.ch figure au cinquième rang, et bwfk.com en dixième position. Et moi, ça me fait rire.)

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

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5 Commentaires

  1. Cest pas pour chipoter, mais 4-4-3 ça me parait difficile non? A moins que Favre Passe en milieu de terrain? ;o) On va dire que les effets des trajets aller-retour se font encore sentir…

  2. Superbe article, Taylor…enfin Yves.
    La prochaine fois, peux tu aller plus dans les détails de ces grands moments dintelligence collective…Je pense que les lecteurs de CR pourraient apprécier !

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