Vengeance bis

Le tirage au sort de dimanche a ordonné, outre le groupe de la Suisse, des poules de valeurs très variables. Si l’Allemagne et l’Espagne s’en sont bien plutôt bien tirées, les rivaux français et italiens vont devoir (encore) en découdre. On se réjouit.

La Suisse n’a pas eu de chance au tirage de sa poule, mais elle a en revanche gagné au grattage du groupe C qui se disputera également dans notre pays. Au vu des chapeaux, on pouvait attendre deux ou trois «groupes de la mort», selon la formule consacrée, mais à l’arrivée seul le «C» va donner lieu à des affrontements dignes d’une finale avant l’heure. Petit tour d’horizon des autres nations qui en découdront sous nos latitudes en juin prochain.
 
Groupe B :
Autriche
Croatie
Allemagne
Pologne
 
L’Allemagne part clairement favorite du groupe B. Le renouvellement, bien que tardif, des cadres de la Mannschaft a failli payer à la Coupe du Monde 2006 et cet effectif arrivera à maturité pour l’Euro. Seul problème de taille du côté de nos voisins germaniques : ils ont toujours un gros souci de gardien «malgré» la retraite internationale d’Oliver Kahn.
 
Comment imaginer gagner un tournoi international, réputé plus difficile qu’une Coupe du Monde, avec un portier qui a été relégué sur le banc par Almunia (!) à Arsenal ? Jens Lehmann et son début de saison truffé de boulettes à faire pâlir d’envie Marco Wölfli, n’a définitivement pas le format d’un champion d’Europe et Hildebrand, Wiese, Neuer et j’en passe, vont devoir se tenir prêts à faire changer d’avis Joachim Löw.
 
Dans cette poule bien compliquée pour le coorganisateur autrichien (victorieux d’une seule rencontre en 2007 contre la Côte d’Ivoire grâce à un penalty litigieux), la Croatie devra se méfier de la régularité de la Pologne. En espérant que Vienne et alentours ne se transforment pas en champs de bataille pour ces formations voisines et pas dénuées de hooligans en tous genres.
 
Pronostic : Allemagne et Croatie

Ballack sera-t-il complètement remis de sa blessure ?

Groupe C :
Pays-Bas
Italie
Roumanie
France
 
La gueule de 4,212 km de long tirée par Domenech après le rassemblement de Lucerne vaut tous les commentaires du monde. Le sélectionneur français espérait éviter l’Italie et la Suisse, il affrontera les Transalpins… en Suisse. Fustigeant avant même le tirage l’éventualité de retrouver en phase finale un pays qu’il a affronté en qualifications, «Monsieur Estelle Denis» a été servi. La France a joué l’Italie, tout comme la Roumanie a dominé les Pays-Bas lors des 18 derniers mois.
 
Même si le grand public a tendance à enterrer les Roumains avant l’heure malgré le talent individuel de cette sélection, il convient de ne pas passer sous silence le parcours quasi sans faute des dignes successeurs de Gheorghe Hagi dans leur groupe, terminant notamment avec 3 points d’avance sur les Pays-Bas. La Hollande, justement, disputera son dernier tournoi sous l’égide de Marco Van Basten, sélectionneur contesté dans son pays pour un jeu trop défensif et la pauvreté technique d’une équipe qui ne demande qu’à attaquer à tout va.
 
Mais la sensation de ce groupe est le nouvel affrontement qui mettra aux prises les deux «meilleurs ennemis» franco-italiens. Vainqueurs des Français aux penalties en finale de Coupe du Monde, les Transalpins restent toutefois sur 30 années d’insuccès face aux Bleus (2-1 lors de la Coupe du Monde en Argentine) dans le temps réglementaire. Les six prochains mois risquent d’être fertiles en petites phrases et attaques gratuites en tous genres. Surtout que sur nos terres, un certain Marco Materazzi sera cette fois-ci (enfin ?) bien présent.
 
Pronostic : Roumanie et France (l’Italie, avec le même goal-average et le même nombre de buts marqués, perd sa place en quarts au tirage au sort. Thuram l’emporte en choisissant pile).

Toni et l’Italie héritent du groupe de la mort

Groupe D :
Grèce
Suède
Espagne
Russie
 
La Grèce n’est pas encore décidée à rendre son titre européen. Champions d’Europe en titre, les hommes d’Otto Rehhagel ont largement survolé leur groupe de qualification et seront à nouveau injouables. Toutefois, l’absence d’un vrai buteur pour succéder au feu de paille Charisteas risque de peser lourd au décompte final et une réussite telle que celle connue en 2004 semble aussi plausible qu’une titularisation de Pascal Zuberbühler. Mais le football étant une science inexacte…
 
L’Espagne, avec une génération exceptionnelle, a ici une belle occasion d’enfin briller dans un grand tournoi. Fabregas, Iniesta, Torres, Puyol, Ramos et Casillas, pour ne citer qu’eux (la surprise du chef Bojan ?), évoluent tous à des postes clés dans les plus grands clubs du monde. A Aragones d’enfin tirer la quintessence de tels talents. A regarder tous les effectifs poste par poste présents en Suisse et en Autriche, on en vient à se dire que sur le papier l’Espagne devrait être l’ogre de la compétition.
 
La Russie et la Suède devraient disputer à la Grèce le deuxième strapontin pour les quarts. Les Russes ont profité de l’auto-ridiculisation anglaise pour gagner son billet, mais le petit confort dans lequel sont placés la majorité de ses internationaux dans leur pays a failli leur coûter cher en Andorre. La Suède et son étoile Zlatan Ibrahimovic seront bien compliqués à jouer, tant les qualités techniques de son effectif sont impressionnantes. Avec des guerriers comme Mellberg et Allback, ça va chauffer dans les tibias adverses.
 
Pronostic : Espagne et Suède.

Guus Hiddink fera-t-il encore des miracles ?