Borussia Dortmund de retour en Coupe d’Europe

Le Ballspiel-Verein Borussia 1909 a obtenu mardi son ticket pour la finale de la Coupe d’Allemagne en battant Carl Zeiss Jena 3-0 dans une ambiance phénoménale. Cette qualification assure au BVB une place en Coupe d’Europe la saison prochaine puisque l’autre finaliste, le Bayern Munich, vainqueur de Wolfsburg 2-0, disputera lui la Ligue des Champions. Rendez-vous le 19 avril pour une finale qui s’annonce explosive !

Après un 1er tour à Magdebourg, le BVB a eu la chance de disputer tous ses matchs à domicile : Francfort, Brême, Hoffenheim et enfin Jena. Encore fallait-il savoir en profiter, un tirage au sort favorable n’étant pas toujours synonyme de qualification. L’OM en sait quelque chose…Le Borussia Dortmund n’avait plus participé à la Coupe d’Europe depuis la saison 2003-2004 et une campagne désastreuse avec une élimination en qualifications de la C1 contre Brugge puis une sortie encore plus honteuse au 2e tour de la Coupe UEFA contre Sochaux. Le dernier trophée remporté par le BVB reste le titre obtenu en 2002, la dernière finale celle de l’UEFA perdue à Rotterdam contre le Feyenoord la même année. Pour retrouver une présence de Dortmund en finale de Coupe d’Allemagne, il faut remonter à 1989 et une victoire 4-1 contre le Werder Brême.

Un soutien indéfectible

C’est dire si l’attente était immense avant cette demi-finale contre Carl Zeiss Jena pour un club qui, malgré ces années de vaches maigres, a toujours bénéficié du soutien indéfectible de son formidable public : cette saison, le BVB a attiré en moyenne 74’925 spectateurs pour chaque match de championnat à domicile. Seuls le Real Madrid et Manchester United font mieux. La différence, c’est que Merengue et Red Devils occupent la tête de leur championnat respectif en proposant un football chatoyant, Dortmund lui se traîne au 13e rang, à 12 points de l’UEFA, 9 de l’Intertoto, avec un jeu qui frise trop souvent l’indigence. Et pourtant, le Westfalenstadion ne désemplit pas… Mais ni les mots ni les chiffres ne sauraient décrire le phénomène Borussia, seule une escapade dans le temple de la Ruhr permet de commencer à appréhender la ferveur que dégage le club jaune et noir.
Mardi, ils étaient 80’708 (guichets fermés) au Westfalenstadion pour la venue de Carl Zeiss Jena, soit la plus forte affluence jamais enregistrée pour un match de Coupe d’Allemagne depuis sa création en 1935. Promis à la relégation en Regionalliga, les Thuringiens avaient eux déplacé quelque 8’000 fans, dont paraît-il quelques Lausannois (la section Ouest du LHC est jumelée avec des ultras de Jena), qui n’ont pas dû trop regretter de ne pas être au Stade de Glace biennois.
Dortmund n’a pas brillé mais a livré un match solide et n’a jamais été en danger. Tinga a rapidement ouvert le score après un premier coup de tête de Petric renvoyé par l’excellent gardien biélorusse de Jena Khomutovski. Le Carl Zeiss a vu ses derniers espoirs anéantis en début de 2e mi-temps avec l’expulsion de son joueur vedette Jan Simák (futur joueur de Stuttgart) : après avoir reçu un avertissement, le Tchèque a explicitement indiqué à l’arbitre qu’il avait besoin de lunettes. Résultat : un 2e carton jaune et un retour aux vestiaires. Titulaire, Alex Frei est apparu loin de sa meilleure forme. Le Suisse a cédé sa place à Klimowicz à la 69e. Moins de 60 secondes plus tard, l’Argentin doublait la mise. Le score a été scellé par Mladen «der Zauberer» Petric. La fête pouvait commencer dans un Westfalenstadion surchauffé…

L’obstacle de trop

Le chemin de la finale s’apparentait au parcours du combattant pour le VfL Wolfsburg. Après avoir sortis Karlsruhe (9e du classement), Schalke (5e) et Hambourg (2e), les Wölfe devaient aller affronter le leader Bayern Munich dans son antre de l’Allianz Arena, où l’ambiance était à des années lumières du délire du Westfalenstadion 24 heures plus tôt. C’était néanmoins l’obstacle de trop pour la troupe de Felix Magath. Privés de Toni (suspendu), les Bavarois ont mis une heure pour percer le mur Diego Benaglio, auteur de deux arrêts décisifs devant Lucio et van Bommel. Le portier helvétique a toutefois dû s’incliner devant Ribéry qui se présentait seul, puis, six minutes plus tard, n’a pu que renvoyer un tir de Podolski sur Klose pour le 2-0.

Berlin, Berlin, wir fahren nach Berlin !

La finale de la Coupe d’Allemagne opposera donc les deux derniers vainqueurs germaniques de la Ligue des Champions. Le DFB-Pokal Endspiel à Berlin représente à mon sens l’un des événements majeurs du calendrier footballistique annuel : au-delà du match, toujours disputé dans une ambiance énorme, c’est trois jours de liesse dans la capitale fédérale, avec la Fan-Fest devant la porte de Brandebourg (la vraie, pas celle du tifo de la Südtribüne dortmundoise de mardi), l’invasion pacifique de dizaine de milliers de supporters et, bien sûr, la bière qui coule à flots. Quatorze heures après le coup de sifflet final du match contre Jena, le Borussia  Dortmund avait déjà enregistré 70’000 demandes de billets, alors que le club n’en disposera que de 20’000… Détail. Après tout, la Suisse à Dortmund contre le Togo n’avait reçu que 4’000 tickets, on était un peu plus que cela sur place. Il est d’ores et déjà acquis qu’au moins 50’000 Dortmunder se rendront sur les bords de la Spree, avec ou sans billet.
L’Olympiastadion berlinois sera donc certainement en majorité jaune et noir, comme l’avait été un autre Olympiastadion, munichois celui-là, le jour de grâce du 28 mai 1997. Si, au vu des contingents respectifs des deux clubs et des 21 points qui les séparent au classement, cette finale Bayern – Borussia peut paraître déséquilibrée, gageons que le BVB, poussé par son formidable public, saura se transcender. Comme il l’avait fait lors de deux dernières confrontations en date contre les Rekordmeister (0-0  et 3-2 ). Pour que le Borussia Dortmund sorte enfin de sa trop longue hibernation et amorce le retour au sommet d’un grand d’Europe.

Écrit par Julien Mouquin