Le Kri de joie

Peut-être plus que d’autres, ce LS est une équipe au moral fragile. Largement en deçà des attentes de la nouvelle équipe dirigeante, le classement crispe joueurs et supporters, et il suffit parfois de peu de chose pour que l’édifice ne chancelle. Un but encaissé, un ballon qui ne veut pas rentrer, une ou deux décisions douteuses, et l’on a soudain l’impression que l’équipe se résigne, et que l’on pourrait jouer des jours sans marquer.

Alors évidemment, après le match catastrophe de Concordia, consciencieusement saboté par un arbitre – Monsieur Meroni – soit à moitié dépassé, soit complètement malhonnête, plusieurs questions se posaient avant le déplacement à Kriens.  Entre les blessures de Thurre, de Mauro et de Ebe, les suspensions d’Eli et de Bugnard et le récent départ de Scalisi, il fallait dans un premier temps réussir à former une équipe. Ce sera un original 4-2-3-1 sur lequel je reviendrai plus loin. Ensuite, il s’agissait de transformer la rage et la colère légitimes des joueurs après le scandale de la semaine dernière en énergie positive, d’évacuer la pression négative de la barre et de souhaiter une victoire de Servette à Delémont, ce qui fait tout de même beaucoup pour un Lausannois de base, vous en conviendrez.Après avoir galéré quasiment toute la saison pour mettre sur pied des déplacements qui auraient pu s’organiser avec deux side-car et un tandem, le BWFK a eu le plaisir de remplir un car de 20 supporters à destination du Kleinfeld, le premier depuis un petit moment. Ce sont finalement une quarantaine de supporters des bleus et blancs qui se sont retrouvés pour assister à cette énième rencontre décisive, contre une équipe lucernoise qu’une victoire éloignerait probablement définitivement de la zone de relégation. Tout sauf un match de gala donc, et cela se traduira d’entrée de jeu par une bonne débauche d’énergie et une franche domination de Kriens, contre des Lausannois aux abois et tendus comme des arbalètes.


Drago jouait sur l’aile gauche samedi

En fait, il aura vraisemblablement fallu au LS le temps de se faire à son dispositif inédit. Si la défense était presque connue avant le coup d’envoi, avec la première apparition de Barroso comme latéral droite, les autres secteurs restaient à réinventer. Adepte du 4-4-2, Cotting a finalement opté pour un surprenant 4-2-3-1, avec le seul Balthazar en pointe, soutenu par deux ailiers : Drago à gauche (précédé de sa réputation de ne pas savoir adresser un bon centre, ce qui est quand même un peu handicapant pour un ailier) et Magioglio à droite, qui n’avait pas été titularisé lors des deux derniers matches. En soutien, Basha occupait l’axe, et tout ce petit monde était couvert par Rey et Pasche, positionnés comme deux milieux défensifs.
On a tout de même la nette impression qu’il aura fallu une mi-temps pour que le milieu de terrain trouve ses marques. Ce fut particulièrement le cas entre Pasche et Basha, qui donnèrent l’impression de se marcher dessus en début de match, pendant que Rey, comme à son habitude, jouait en position de numéro 6, de numéro 8, de numéro 9 et de numéro 10, dans une débauche d’énergie qui aurait fait s’évanouir Zatopek rien qu’en le regardant.
Les supporters du LS vécurent donc une première mi-temps très très éprouvante. Mené au score de façon logique sur pénalty (ce qui posait à ce moment la pertinence de la réintroduction du supplice du pal pour les arbitres tessinois), Lausanne semblait complètement aux abois, incapable de se montrer réellement dangereux et encore moins de poser son empreinte sur le match. La pause allait être sifflée sur ce constat quand Magioglio logea le cuir dans la lucarne, d’un coup franc qui aurait laissé Platini, Juninho et Bugnard pantois.


Basha, l’un des héros de la soirée

C’est ainsi un LS transformé, presque sublimé par rapport à la première période, qui entama la seconde partie du match. Vifs et enfin inspirés, les Vaudois prirent alors le match à leur compte, domination logiquement ponctuée d’un goal magnifique : Drago, en vrai ailier de couloir, accélère jusqu’à la ligne de fond et adresse un centre en retrait parfait pour Basha, qui le transforme victorieusement. Kriens n’existe plus que par intermittence, et c’est paradoxalement l’expulsion de Melunovic (entré en jeu 8 minutes auparavant…) qui lancera les siens dans un ultime rush rageur.
S’ensuivent alors 20 dernières minutes extraordinairement stressantes, devant des supporters tellement crispés par la situation qu’ils en oublient régulièrement d’encourager les leurs. Il faut dire que cette fin de saison ne nous aura rien épargné, entre les goals encaissés à la 95e et les pénalty-double-expulsion de dernière seconde. On se demandait ce qui allait nous tomber sur le coin de la gueule cette fois-ci : un autogoal à la 90e ? L’expulsion de toute l’équipe pour avoir exprimé de la joie sur le second goal ? Un ciseau retourné de Monsieur Bertolini dans la lucarne de Favre ? Un panier à trois points juste avant le coup de sifflet final ? Une invasion de criquets pèlerins ? Acheter une pochette de Panini et tomber sur deux doublons ?
Il aura finalement fallu un double arrêt extraterrestre de Favre pour sauvegarder ces trois points, et une ou deux heures pour que le cœur repasse en-dessous des 300 battements à la minute.


Favre a fait des miracles

Le LS a maintenant la «chance» de recevoir dès mercredi le SC Cham, équipe de première ligue égarée chez les plus grands. Avec 37 buts encaissés en 14 matches à l’extérieur, et après que leur entraîneur ait annoncé son départ à la fin de la saison pour protester contre le manque d’ambition de ses dirigeants, on n’ose imaginer que Cham puisse bousculer le LS vu en deuxième période à Kriens. Il est absolument exclu de passer à côté de cette occasion de se donner un peu d’air, avant d’enchaîner trois déplacements en une semaine (Wohlen, Chaux-de-Fonds et Servette). Les fidèles du Lausanne-Sports en ont vu tellement ces derniers mois qu’il serait temps de leur offrir un match tranquille, conforme aux forces en présence, et de gentiment exploser la lanterne rouge à domicile. Parce que dans le cas contraire, on va finir par croire que notre LS est sponsorisé en sous-main par les cardiologues de la région.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Kriens – Lausanne-Sports 1-2 (1-1)

Kleinfeld, 500 spectateurs.
 
Arbitre : M. Bertolini.
 
Buts : 21. Andreoli (penalty) 1-0, 44. Malgioglio 1-1, 49. Basha 1-2.
 
SC Kriens : Tahiraj, Barmettler, Meier, Ljimani, Schönenberger, Mamede, Keller (61. Melunovic), Lüscher, Andreoli, Nocita (73. Schilling), Marini (65. Magnetti).
 
Lausanne-Sports : Favre, Barroso, Malacarne, Sonnerat, Virlogeux, Basha, Rey, Pasche (83. Lacroix), Malgioglio (62. Carrupt), Drago (90. Pedro), Balthazar.
Cartons jaunes : 31. Virlogeux, 41. Keller, 69. Melunovic.
 
Carton rouge : 69. Melunovic. 

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

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4 Commentaires

  1. Bonjour,
    plus sérieusement, je comprends pas bien comment nous pouvons laisser Malgioglio sur le banc et surtout pourquoi??? Cela fesait déjà 2 matchs qui rongeait sont frein, après un super match et une victoire à Delémont…

    Veulent-ils vraiment garder le LS en challenge league..??

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