Douche froide sur le Chaudron à la 90e

Alors qu’il se dirigeait vers un succès aussi précieux que mérité, l’AS Saint-Etienne a concédé une égalisation rageante à l’ultime minute contre un Bordeaux bien emprunté. Ce n’est pas avec ce qu’ils ont montré dans le Forez que les Girondins vont mettre un terme à l’hégémonie lyonnaise.

Quelques échéances professionnelles importantes ne me laissent actuellement plus guère l’occasion de trop longs déplacements en Allemagne. En revanche, cela n’exclut pas l’un ou l’autre aller-retour express en France voisine. Et s’il est un endroit dans l’Hexagone qui peut évoquer un lointain cousinage avec la Bundesliga, c’est sans doute Saint-Etienne. Dès que tu quittes l’autoroute Lyon – Marseille pour bifurquer vers le Forez via les bucoliques bourgades de Givors ou Saint-Chamond, tu commences à apercevoir les usines, les cheminées et les aciéries. C’est le genre de décors qui rebute le commun des mortels mais personnellement ça me fait plutôt rêver ; c’est comme quand tu franchis le pont sur la Ruhr à Oberhausen ou Hagen ou que tu remontes l’autoroute Liverpool – Manchester, tu as l’impression que le paysage signifie «ici vous entrez en terre de foot». Bon, si on suit cette théorie, il devrait y avoir une grande équipe en Argovie, ce qui n’est plus vraiment le cas depuis la faillite du FC Wettingen mais on dira que c’est l’exception qui confirme la règle.

En pleins doutes

Le match du jour, c’est Saint-Etienne – Bordeaux. Soit d’un côté une équipe stéphanoise brillante en Coupe UEFA mais en grand danger de relégation en championnat. De l’autre, une formation girondine que tout le monde voyait mettre fin à la suprématie lyonnaise en France il y a encore quelques semaines mais qui, quelques contre-performances plus tard, débarque dans le Chaudron le dos au mur. Dans ce contexte, on pouvait redouter l’un de ces matchs où il ne se passe rien dont la Ligue 1 a le secret. Heureusement, il n’en fut rien. Certes, entre deux formations en proie au doute, il y a eu pas mal d’approximations mais au moins il y a avait du rythme et des occasions de but. En majorité en faveur de Saint-Etienne. Les Verts multiplient les corners, se créent quelques chances de marquer, la plus nette sur un tir de Machado détourné par Valverde.

Gourcuff transparent

Même s’il devait absolument gagner pour garder le contact avec le leader lyonnais, Bordeaux peine à imposer son jeu. Il n’y a guère que dans le dernier quart d’heure de la première mi-temps que les Girondins ont pu exercer un certain ascendant sur la rencontre, avec notamment un double arrêt miraculeux de Janot devant Gouffran et Fernando. Bordeaux laisse sans doute passer sa chance juste après la pause sur un centre de Trémoulinas et un bel enchaînement de Yoann Gourcuff sorti par Jérémie Janot.
C’est la seule occasion où la nouvelle coqueluche du football français (Gourcuff donc, pas Janot) s’est mise en évidence. Pour le reste, il a paru bien émoussé physiquement et a perdu beaucoup de ballons. C’est assez typique de nos voisins tricolores : dès qu’un joueur réussit deux ou trois buts spectaculaires et quelques bons matchs dans la modeste Ligue 1, il est présenté comme la future star du football mondial. Ce n’est pas vraiment rendre service à des jeunes joueurs, qui deviennent objet de toutes les sollicitations et d’attentes démesurées. Une onde de désapprobation a d’ailleurs parcouru Geoffroy-Guichard lorsque Laurent Blanc a sorti Yohann Gourcuff, alors que, au vu du match, cette décision était parfaitement justifiée.

Matuidi étincelant

Il est un autre espoir du foot français qui s’est en revanche illustré dimanche dans le Chaudron : Blaise Matuidi. Auteur d’un match énorme à mi-terrain, le capitaine (à seulement 21 ans !) des Verts a de surcroît réussi une ouverture du score aussi splendide qu’inattendue. Sur un ballon a priori anodin à 25 mètres du but, le n° 12 stéphanois a enroulé une frappe somptueuse qui est allée se ficher en pleine lucarne. Tout ce qu’on lui souhaite, c’est que la presse française ne fasse pas trop vite de lui le nouveau Vieira ou le nouveau Makélélé. Si ce n’est pas déjà fait.

Gomis exaspérant

Saint-Etienne a eu ensuite les occasions pour tuer le match : Machado a tiré sur le poteau, Mirallas a échoué seul devant Valverde et Bayal, en position idéale, a raté sa reprise. Et l’international (!) Bafetimbi Gomis a galvaudé une grosse dizaine de bons ballons de contre. Le plus souvent par nonchalance ou pour avoir lâché trop tard son ballon. On serait curieux de connaître le nombre de kilomètre(s) parcouru par l’avant-centre stéphanois dans ce match, ça doit être assez loin du marathon. On peine d’ailleurs à comprendre pourquoi son entraîneur Alain Perrin l’a laissé sur le terrain jusqu’au bout.

Bordeaux chanceux

On pensait toutefois que Sainté parviendrait à sauvegarder son succès car Bordeaux ne s’est guère montré dangereux. Observateur assez peu attentif de la Ligue 1, j’avais pourtant cru comprendre que Bordeaux se distinguait par la qualité de son football. Ce n’était pas flagrant dimanche à Geoffroy-Guichard : des grandes balles trop profondes, des tirs lointains qui allaient se perdre dans les hauteurs du kop sud et une équipe peu sereine, à voir ses joueurs s’enguirlander avant un coup-franc. Et pourtant, les Girondins ont tout de même pu égaliser sur un corner de fin de match dévié au premier poteau par Chamakh et repris par le buteur Cavenaghi. Une égalisation imméritée et cruelle pour les Verts, dont on espère qu’elle ne leur portera pas trop préjudice dans leur course au maintien. Car Saint-Etienne, ça reste un déplacement toujours sympa et c’est une vraie terre de foot qui mérite la première division.

AS Saint-Etienne – Bordeaux 1-1 (0-0)

Geoffroy-Guichard, 27’048 spectateurs.
Arbitre : M. Auriac.
Buts : 53e Matuidi (1-0), 90e Cavenaghi (1-1).
Saint-Etienne : Janot ; Dabo, Benalouane, Bayal, Varrault ; Matuidi, Hautcoeur ; Machado (87e Monsoreau), Payet (74e Tavlaridis), Dernis (46e Mirallas) ; Gomis.
Bordeaux : Valverde ; Jurietti, Henrique, Diawara, Trémoulinas ; Fernando, Diarra, Gourcuff (65e Jussié) ; Bellion (65e Cavenaghi), Gouffran (65e Wendel) ; Chamakh.
Cartons jaunes : 59e Jurietti, 66e Payet, 90e Diarra, 90e Chamakh.
Notes : Saint-Etienne sans Ilan, Landrin, L. Perrin (blessés), Bordeaux sans Chalmé (suspendu), Ramé ni Saivet (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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7 Commentaires

  1. En fait on a laissé Bordeaux égaliser pour rendre service. On veut au moins autant qu’eux qu’ils soient champion, ou au moins qu’un club de notre banlieue ne le soit plus….

  2. CartonRouge qui envoie son meilleur chroniqueur dans l’Enfer Vert de l’ASSE, voilà qui devrait plaire à ce cher Chrimani, à mon avis 😉

  3. Impossible de dire autre chose que merci et bravo MONSIEUR JULIEN MOUQUIN, j’en frissonne encore…par contre toi Ch.Logoz, j’ai bien cru qu’il t’avait perdu dans la Rhur ???

  4. De toute façon c’est paris qui va remporter le championnat!!!!!! Et puis Gourcuff ne peut pas toujours faire des matchs d’exceptions…

  5. Même si ce n’est pas la Rhur, super ambiance et match sympa, merci Julien,

    et il ne faut pas oublier l’immense match de Mustapha Bayal Sall en défense centrale, qui sauve la baraque avec un tacle magnifique. Egalisation sur le corner. Dommage qu’il soit un peu maladroit devant le but…

    pour la petite histoire, il a commencé sa saison le 9 décembre après une suspension pour un double contrat.

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