Mission accomplie, sans plus

La Suisse a fait ce que l’on attendait d’elle contre la Moldavie : prendre les six points. Pour le panache, on repassera. La Nati doit désormais attendre jusqu’en septembre pour jouer son prochain match officiel, la «finale» de ce groupe 2 contre la Grèce.

Dans ce premier semestre de l’année 2009, la Suisse avait deux objectifs : prendre les six points contre la Moldavie ; ça s’est fait. Et espérer que Grecs et Israéliens se neutralisent dans le même temps avec deux matchs nuls ; là, ça ne s’est pas passé exactement comme prévu, avec la victoire grecque. Du coup, la situation de la Nati n’est pas aussi favorable qu’il n’y paraît dans l’optique de la 1ère place de ce groupe 2. En effet, après son déplacement en Suisse, la Grèce aura un calendrier très favorable et n’égarera vraisemblablement plus le moindre point. Comme la Suisse n’a pas fait très fort jusqu’ici au niveau du goal-average, il faudra donc impérativement battre les Hellènes (sans doute à Bâle) le 5 septembre prochain, puis prendre 7 points sur les 3 derniers matchs (Lettonie, Luxembourg et Israël) pour assurer la qualification directe, sans passer par un barrage de tous les dangers.

Bonne entame

Pour ce deuxième duel contre la Moldavie en l’espace de cinq jours, la Suisse a réussi une bonne entame de match. Le jeu s’est bien développé sur les côtés avec pas mal de vitesse et les permutations entre Barnetta et Padalino ont posé de gros problèmes à la défense moldave. Les coups francs et corners s’enchaînent pour la Nati, Barnetta et Frei se créent les premières occasions ; le but est tombé comme un fruit mûr sur une action limpide, un centre de Lichtsteiner et une tête surpuissante de Nkufo. Malheureusement, la suite du match ne fut pas de la même veine. La Suisse a donné l’impression de se satisfaire de ce 1-0 et le rythme a tout de suite baissé d’un ton. Comme en face les Moldaves étaient avant tout venus pour limiter la casse avec un libéro à l’ancienne dix mètres derrière la défense, style Ayala lors d’Angleterre – Argentine en 1998, et deux stoppeurs qui avaient l’interdiction formelle de franchir la ligne médiane, le match n’a pas vraiment atteint des sommets. Bon, c’était tout de même mieux que Suisse – Bulgarie (et en plus il faisait moins froid), mais ce n’était pas très difficile.

Huggel le virtuose

La Suisse a tout de même eu le bon goût de se mettre à l’abri dès le début de la 2e mi-temps sur un schéma qui eût été d’école s’il eût été totalement voulu. Mais on est loin d’être sûr que le missile de Padalino sur Huggel était vraiment destiné à être une passe. Toujours est-il que le Bâlois a fait parler son incomparable virtuosité technique pour contrôler le ballon et délivrer un caviar à son capitaine Alexander Frei qui ne pouvait décemment rater pareille aubaine. En dehors des deux buts et de quelques coups de tête dans les bras, le gardien moldave a finalement passé une soirée assez tranquille. C’est dire que la Nati n’a pas tellement cherché à soigner son goal-average. D’un autre côté, on n’a jamais non plus été vraiment mis en danger : un marquage un peu large juste après l’ouverture du score qui a permis une tête moldave au-dessus, ainsi que, en fin de match, un double sauvetage de Benaglio (ou le poteau ?) et Senderos devant Andronic et Alexeev et un tir d’Alexeev dévié au-dessus. Au final, le score de 2-0 paraît donc, selon l’expression consacrée, parfaitement conforme à la physionomie du match.

Degen reviens !

Outre la victoire grecque sur Israël, la mauvaise nouvelle de la soirée, c’est l’avertissement reçu par Stephan Lichtsteiner, synonyme de suspension contre la Grèce. C’est un peu embêtant, surtout si Valon Behrami ne pouvait être rétabli d’ici là, car l’ancien et l’actuel joueur de la Lazio auraient été précieux pour tenter de dynamiter le quadruple bunker que ne manquera pas de mettre en place Otto Rehhagel. Bien sûr, il y a des solutions de rechange, Gelson Fernandes, Alain Nef, Steve Von Bergen, mais pas avec le même apport offensif. Du coup, je suis persuadé que nos lecteurs plébisciteront le grand retour de Philipp Degen avec la Nati. Enfin remis de ses blessures, le David Beckham de Liestal a récemment affirmé qu’il ne doutait pas de ses capacités à s’imposer à Liverpool et à revenir en équipe de Suisse, grâce à ses «qualités bien particulières pour son poste». Le marquage intransigeant ? Le centre au cordeau ? Le sens du placement ? Nous voilà rassuré, a priori Ottmar Hitzfeld n’aura pas besoin de faire appel à Reto Zanni pour garnir le flanc droit de sa défense.

Longue pause

Ce printemps 2009 était un peu étrange, avec uniquement ces deux matchs officiels contre la Moldavie. Comme la Suisse ne sera pas engagée lors de la prochaine journée de ces éliminatoires (début juin) et comme l’ASF a eu la bonne idée de ne pas organiser un match amical alibi de fin de saison qui n’aurait servi à rien, sinon à embêter tout le monde (souviens-toi, le mythique Suisse – Canada…), la Nati va au devant d’une longue hibernation. Une hibernation que les Helvètes peuvent aborder avec le sentiment du devoir accompli et des rêves d’Afrique de Sud pleins la tête. Prochain match : le mercredi 12 août en amical à Bâle contre l’Italie. Sans doute l’adversaire idéal pour préparer une série de match contre des adversaires à vocation ultra-défensive style Grèce, Lettonie, Luxembourg et Israël.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Suisse – Moldavie 2-0 (1-0)

Stade de Genève, 20’100 spectateurs.
Arbitres : M. Rocchi, assisté de MM. Nicoletti et Maggiani (Italie).
Buts : 20e Nkufo (1-0), 53e Frei (2-0).
Suisse : Benaglio; Lichtsteiner, Senderos, Grichting, Magnin; Padalino (86e Abdi), Inler, Huggel (72e Dzemaili), Barnetta; Frei, Nkufo (84e Derdiyok).
Moldavie : Namasco; Lascencov; Savinov, Golovatenco; Bulat, Cebotaru, Onica, Gatcan (57e Alexeev), Manaliu (79e Tigirlas); Bugaiov, Calincov (67e Andronic).
Cartons jaunes : 16e Bulat, 45e Gatcan, 77e Lichtsteiner.

Écrit par Julien Mouquin