«Je n’ai à vous offrir que du sang, de la sueur et des larmes»

Cette célèbre citation traduite approximativement d’une déclaration de Winston Churchill en mai 1940 à la Chambre des Communes pourrait être prononcée dès aujourd’hui par les dirigeants xamaxiens devant leur dernier carré de supporters. Après les départs d’Ideye et de Gavranovic, il semblait, sur le papier, que Xamax s’était affaibli même si l’engagement de Kuljic avait fait naître quelques espoirs ; le point miraculeusement gagné face à Zurich et la défaite face à Bâle ont montré, cette fois-ci sur le terrain, que ce deuxième tour n’allait vraisemblablement pas permettre à ceux qui soutiennent encore Xamax de passer un printemps tranquille.

J’écrivais, à l’occasion du dernier match à la Maladière en 2009, que malgré une mauvaise prestation face à GC, il y avait de l’espoir pour la suite étant donné le retour en forme de Rossi. Sa complémentarité avec Ideye aurait certainement pu faire des malheurs dans les défenses de Super League. Or, Ideye score désormais pour Sochaux et Rossi entretient sa forme avec les M21. Quel gâchis en ce qui concerne ce dernier ; un jour, saurons-nous vraiment quel acte barbare Julio Hernan R. a-t-il pu commettre pour que l’on puisse se passer d’un tel joueur dans la situation actuelle ?Parlons donc du présent. Xamax a perdu face à Bâle ; jusque là rien d’extraordinaire si l’on compare les ambitions, le contingent et le budget du FC Novartis avec le FC Bernasconi. Par contre, la façon dont s’est déroulé le match est plus qu’inquiétante pour la suite de la saison.

Après 5 minutes d’une pseudo pression xamaxienne, Bâle peut tranquillement contrôler la situation pendant les 40 suivantes. Frei et Streller adressent régulièrement de nombreux tirs cadrés et dangereux à Ferro. Malgré quelques situations chaudes devant ses buts, Colomba, quant à lui, prend certainement froid pendant cette première partie de match.
La deuxième mi-temps commence comme la première. Xamax, méchamment déterminé, essaie de chercher le KO. Il pense le trouver à la 50e minute grâce à un centre de Varela repris par Nuzzolo. A ce moment-là du match, on se dit que, finalement, Xamax grâce à une bonne organisation et une grande volonté pourrait continuer à faire bonne figure pour le reste de la saison nonobstant une ligne d’attaque aussi mince que l’espoir de voir un jour Bernasconi admettre que les prix d’entrée à la Maladière ne favorisent pas les affluences dans ce stade.
Malheureusement, les Neuchâtelois ne mènent à la marque que 4 minutes. En effet, Frei, efficace et roublard comme toujours, réussit à égaliser. Quelques instants plus tard, les «Gigi Boys» renversent la situation grâce à Streller sans que le déroulement du match ne permette aux plus fervents supporters neuchâtelois de crier au scandale. Dès lors, Bâle contrôle totalement la partie. Tixier leur facilite la vie en se faisant expulser, suite à un deuxième carton jaune stupidement concédé, comme trop souvent cette saison. Le troisième but bâlois tombe comme un fruit mûr sur une impressionnante contre-attaque rhénane où deux défenseurs neuchâtelois font face à cinq joueurs de l’entraîneur Fink. La fin de la partie nous dévoile un Xamax complètement impuissant. L’entrée en jeu d’Aganovic – aussi efficace devant le but que mon petit cousin de 7 ans aurait pu l’être – et, pour la première fois en match officiel, d’Etoundi ne permet même pas aux Neuchâtelois de revenir au score.

Avant la reprise, les transferts effectués ont certes permis à Bernasconi de «se refaire un peu» comme il le déclarait dans le machin orange il y a quelques jours de cela ; toutefois, tous les observateurs s’accordaient à dire que Neuchâtel s’était salement affaibli. La vérité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain mais ces deux premiers matchs de février n’incitent pas à l’optimisme. Contrairement aux déclarations des dirigeants neuchâtelois pendant la trêve, je ne suis pas si sûr que le maintien soit déjà assuré. Kuljic ne pèse pas autant sur une défense qu’Ideye ; Gavranovic malgré son faible rendement de fin d’année n’a pas été remplacé ; Binya, toujours capable de coups de génie, n’a pas semblé toujours très concentré pour son match de reprise. Le côté droit de la défense a été complètement dépassé par les attaquants adverses en ce dimanche glacial de février. Par ailleurs, il ne suffit pas d’être survolté cinq minutes au début de chaque mi-temps pour gagner.
Beaucoup de sueur, parfois même du sang, devra s’écouler des pores de la peau des joueurs xamaxiens s’ils désirent terminer cette saison 2009-2010 loin de la barre. L’engagement de dernière minute d’un renfort offensif de poids ou la réhabilitation d’un joueur de 32 ans, grassement payé pour jouer au foot avec des ados, est également une nécessité.
Sans de grands efforts de la part des joueurs et des dirigeants, des larmes seront même peut-être versées à la fin de la saison parmi ceux qui aiment ce club ; des larmes de tristesse chez certains ; des larmes de rage chez d’autres.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

NE Xamax – Bâle 1-3 (0-0)

Maladière, 4250 spectateurs.
Arbitre : M. Studer.
Buts : 50e Nuzzolo 1-0, 54e Frei 1-1, 62e Streller 1-2, 81e Streller 1-3.
NE Xamax : Ferro; Omar Isaeel, Page, Besle, Tixier; Nuzzolo, Binya, Wüthrich, Bah, Varela (78e Aganovic); Kuljic (78e Etoundi).
Bâle : Colomba; Atan, Gelabert, Huggel, Streller, Frei, Stocker (85e Schuerpf), Shaqiri, Abraham (57e Ferati), Safari, Inkoom.
Notes : Xamax sans Niasse (blessé), Edjenguele, Faivre ni Gomes (surnuméraires) ; Bâle sans Carlitos, Chipperfield, Costanzo, Da Silva (blessé), ni Zanni (choix de l’entraîneur).
Avertissements : 29e Tixier (jeu dur), 31e Inkoom (antijeu), 48e Binya (antisportivité), 58e Atan (antijeu), 73e Tixier (jeu dur), 74e Shaqiri (jeu dur), 82e Besle (jeu dur).
Expulsion : 73e Tixier.
Coups de coin : 5-8 (3-5)