L’ombre d’un doute

Alors que son retour en Bundesliga semblait acquis il y a dix jours, le 1. FC Kaiserslautern n’a pris qu’un point lors de ses deux derniers matchs contre les modestes Oberhausen et Union Berlin. La situation reste très favorable pour les Rote Teufel mais la pression commence gentiment à monter dans le chaudron du Betzenberg.

Le 18 mai 2008, le 1. FC Kaiserslautern était passé à quelques centimètres, un tir du joueur de Cologne Patrick Helmes qui avait heurté le poteau au lieu de finir sa course au fond des filets, d’une relégation en troisième division. Nul doute qu’une telle chute aurait sans doute condamné l’une des Traditionsverein historiques de la Bundesliga à une longue errance dans les ligues inférieures du foot allemand. Deux ans plus tard, CartonRouge.ch est de retour au Betzenberg et l’ambiance est toute autre puisque le 1. FC Kaiserlautern est en passe de retrouver sa place en Bundesliga. Les Rote Teufel sont déjà virtuellement assurés de terminer à l’une des trois premières places du classement mais ils pourraient encore être relégués par St. Pauli et Augsburg au troisième rang, synonyme de barrage contre le 16e de Bundesliga, au lieu d’une promotion directe pour les deux premiers. Battu à la surprise générale la semaine précédente à Oberhausen, le 1. FCK avait une belle occasion samedi de faire un pas de géant vers l’ascension en recevant le néo-promu Union Berlin, qui n’a plus rien à craindre ni à espérer dans ce championnat et qui réalise un 2e tour un peu en roue libre.

L’énigme Kaiserslautern

En Suisse, d’aucuns prennent souvent l’horaire des matchs comme prétexte pour ne pas se rendre au stade. Et pourtant, nous sommes gâtés par rapport aux pensionnaires de Zweite Liga dont les matchs ont lieu soit le vendredi 18h, soit le samedi 13h (comme ce 1. FCK – Union Berlin), soit le dimanche 13h30, soit le lundi 20h15. Et pourtant, malgré ces horaires pourris, Kaiserslautern affiche plus de 33’000 spectateurs de moyenne. En 2e division et dans une ville  moins peuplée (98’000 habitants) que Lausanne, ça fait rêver. Le phénomène est connu, Lens, Saint-Etienne, Mönchengladbach, Gelsenkirchen, mais d’habitude ce genre d’engouement populaire très fort dans une ville de taille modeste a lieu dans des régions à forte tradition industrielle. Rien de tout cela à Kaiserslautern où c’est en vain que l’on cherche les puits de mine désaffectés et les cheminées fumantes, il n’y a que des collines boisées à perte de vue, évoquant davantage l’Emmental que la Ruhr ou le Nord. L’incroyable ambiance qui règne dans ce stade du Betzenberg et en particulier dans son monumental virage ouest reste donc une énigme.

Fébrilité quand tu nous tiens

On a tendance à l’oublier, vu le parcours triomphal réussi jusque-là, mais les Rote Teufel possèdent l’effectif le plus jeune de la ligue. Ils ont longtemps joué sans trop de pression, la promotion n’ayant pas forcément été planifiée pour cette saison par le manager qui a remis le club sur le chemin du succès, le champion d’Europe 1996 Stefan Kuntz. Mais évidemment, quand tu te retrouves dans une position aussi favorable à cinq journées de la fin et que tu génères un tel engouement populaire, il devient inconcevable de rater l’ascension. Du coup, après le couac d’Oberhausen, c’est une équipe un peu fébrile qui se présente sur la pelouse du Betzenberg, à l’image du jeune prodige Sidney Sam, qui a eu tendance à en faire un peu trop malgré un talent indéniable. Et comme la créativité du 1. FCK dépend beaucoup dudit Sidney Sam, les occasions sont rares en première mi-temps : tout juste une percée du buteur slovaque Erik Jendrisek annihilée par le gardien adverse Glinker.

Comme d’habitude

Après la pause, Kaiserslautern attaque face à ses supporters situés dans la Karlsber UrPils Westtribüne, l’ambiance et la pression montent d’un cran. Inutile de préciser qu’une grosse ambiance dans un virage ouest tout de rouge vêtu ne saurait laisser insensible le supporter du LHC que je suis. La défense berlinoise souffre mais Kaiserslautern manque de précision dans le dernier geste, plusieurs centres naviguent dangereusement devant le but de Glinker sans pouvoir être repris. Mais la grande force du 1. FCK, ce sont les balles arrêtées, grâce à un remarquable pied gauche, celui du latéral Alexander Bugera, et à deux défenseurs centraux redoutables dans le jeu aérien, Martin Amedick et le Brésilien Rodnei. Il y a eu une première tentative sur un coup franc de Bugera qu’Amedick est tout près de propulser au fond des filets. Le deuxième essai sera le bon avec un corner de Bugera catapulté dans les filets par la tête de Rodnei au premier poteau. Le vingtième but (sur 51) inscrit sur coup de pied arrêté cette saison par les Rote Teufel.

Le couac

On pensait que le plus dur était fait, surtout que le volcan du Betzenberg était définitivement entré en ébullition au son du traditionnel «Zweite Liga, nie mehr, nie mehr !» et que Kaiserslautern paraissait déterminé à maintenir la pression sur la défense berlinoise. Mais six minutes après l’ouverture du score, le couac est survenu suite à un coup franc berlinois renvoyé par la défense locale sur le Berlinois de l’Ouest passé à l’Est (du Hertha à Union, donc), Chinedu Ede. Sa volée heurte le poteau, avant de rebondir malencontreusement sur le talon de Srdjan Lakic, qui propulse le ballon au fond de ses propres filets. Ancien capitaine et buteur du 1. FCK, le Croate peine à retrouver son meilleur niveau après une longue blessure. En tous les cas, son entrée en jeu samedi n’aura pas été fracassante avec un autogoal rocambolesque et un manque de vivacité flagrant en attaque. Après ce coup du sort, Kaiserslautern s’est rué en attaque pour arracher cette victoire qui lui aurait quasiment assuré la promotion mais c’est Eisern Union qui est tout près du hold-up sur un but (justement) annulé pour hors-jeu de Mosquera et un sauvetage miraculeux sur la ligne du capitaine Amedick après un tir de Sahin. La dernière occasion, à l’ultime seconde, est pour Jendrisek mais le buteur slovaque est contré in extremis.

La kermesse d’après-match

C’est donc un peu la déception qui prévalait au Betzenberg au coup de sifflet final. Deux matchs/un point contre Oberhausen et Union Berlin en ayant à chaque fois ouvert le score, c’est un coup d’arrêt dans la course à la promotion. Néanmoins, la situation reste très favorable à Kaiserslautern, surtout que ses deux principaux rivaux, St. Pauli et Augsburg, seront directement aux prises ce lundi. Deux victoires lors des quatre dernières journées assureront la promotion aux Roten Teufel. Mais, comme le dirait Pierre-Alain Dupuis s’il commentait la Zweite Liga, le dernier point est toujours le plus difficile à marquer. Fort heureusement, Pierre-Alain Dupuis ne commente pas la Zweite Liga et c’est l’une des raisons qui la rend plus intéressante que la Ligue des Champions.
L’avantage du match à 13 heures, c’est de permettre une joyeuse kermesse au stade après le match. De grandes tables sont installées dans les buvettes et les supporters paraissent décidés à y rester un moment. On les aurait bien accompagnés mais on avait prévu un autre match dans la journée, dans un endroit et une ambiance bien moins sympathiques qu’au Betzenberg, à Bienne. On se contente donc d’une Karlsberg UrPils, meilleure que dans mon souvenir, avant de partir. Cela nous laissera tout de même le temps de constater qu’ils ont enfin introduit les choppes aux buvettes du Betzenberg ; bon, on nous demande encore si l’on veut une bière «gross oder klein», question pour le moins incongrue dans un stade germanique. Espérons que la promotion qui s’annonce, malgré le couac de samedi, permettra d’y remédier.

1. FC Kaiserslautern – 1. FC Union Berlin 1-1 (0-0)

Fritz-Walter-Stadion, 41’144 spectateurs.
Arbitre : M. Schmidt.
Buts : 72e Rodnei (1-0), 78e Lakic (autogoal, 1-1).
Kaiserslautern : Sippel ; Dick, Amedick, Rodnei, Bugera ; Steinhöfer (69e Ilicevic), Bilek, Schulz (85e Pavlovic), Sam ; Nemec (69e Lakic), Jendrisek.
Union Berlin : Glinker ; Stuff, Göhlert (75e Ede), Rauw ; Bemben, Peitz, Mattuschka (82e Dogan), Younga-Mouhani, Kohlmann ; Benyamina (67e Mosquera), Sahin.
Cartons jaunes : 76e Stuff, 79e Mattuschka, 82e Dick, 87e Peitz, 89e Ilicevic.

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. Toujours aussi bon de pouvoir suivre la 2e Bundesliga sur CR.

    Et ce soir très belle victoire de Pauli au Millerntor, la deuxième place n’est cependant pas encore gagnée et va se jouer entre les Kiezkickern et leurs adversaire du jour, Augsburg.

    Je ne me fait pas de souci pour le 1. FCK, l’avance de 8 points sur la 3e place et 13 sur la 4e est une marge très confortable. De plus les poursuivants ne pêtent pas la forme..

    « Dommage » par contre pour la 2e Bundesliga puisque deux des trois meilleurs public de la catégorie (avec Düsseldorf) ne seront probablement plus de la partie l’année prochaine 😉

  2. Oui, l’info de cette 30ème journée, c’est bien la victoire de la Kultverein St. Pauli qui se rapproche ainsi à grand pas de la Bundesliga! 😀 !

    Julien, si tu cherches un déplacement sympa ces prochains jours, je te conseille Union-Pauli (… aussi parce que je ne peux le faire et qu’un compte rendu m’irait bien!).

    LG

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