Bundesliga 2009-2010 : bilan, partie II

On poursuit les bilans de la Bundesliga en remontant dans la hiérarchie avec les clubs situés entre la 13e et la 9e place, soit le 1. FC Köln, le Borussia Mönchengladbach, l’infect Hoffenheim, l’Eintracht Francfort et le FSV Mainz 05.

1. FC Köln (13e, 38 points)

Avec un 13e rang final et un maintien assuré un bon mois avant la fin du championnat, la saison pourrait être considérée comme réussie pour un club trop souvent habitué à faire l’ascenseur ces dernières années. C’est d’ailleurs l’analyse des dirigeants, qui ont prolongé le contrat de l’entraîneur Zvonimir Soldo. Les supporters ne seront pas tout à fait du même avis car durant la majeure partie de la saison, Cologne a présenté un spectacle d’une pauvreté affligeante et a affiché une combativité souvent proche du néant. Les options tactiques ultra-défensives et le manque de charisme de Zvonimir Soldo, ainsi qu’un calendrier difficile au début de chaque tour, ont empêché les Geissböcke d’enclencher une dynamique positive et de répondre aux espoirs un peu fous qu’avait suscités le retour de Lukas Podolski. Ainsi, le FC a passé une bonne partie de la saison au bord de la crise mais Soldo est un survivant : à chaque fois que son départ paraissait inéluctable en cas de revers, l’entraîneur croate a su remporter la victoire lui permettant de sauver sa peau.
L’impéritie offensive (7 buts lors des 16 premiers matchs) et le manque d’âme des Domstädter ont longtemps inquiété mais finalement Cologne a réussi à remporter, en particulier à l’extérieur (5e équipe de la ligue en déplacement), quelques succès probants qui lui ont permis d’assurer tranquillement son maintien. Qui laisse toutefois un sentiment mitigé, ce d’autant plus que le 1. FC Köln a raté une belle occasion de sauver sa saison en Coupe en perdant en ¼ de finale à Augsburg.
Top-Spieler : Faryd Mondragon
Si le 1. FC Köln n’a pas sombré au 1er tour lorsque ses attaquants restaient désespérément muets, il le doit en grande partie à sa défense et à son portier Faryd Mondragon, qui sont au moins parvenus à préserver quelques 0-0. A 38 ans, le gardien colombien a démontré qu’il n’avait rien perdu de ses réflexes et de son tempérament, qui en ont fait l’un des leaders de l’équipe. Sa retraite semblait programmée (Marco Wölfli était pressenti pour le remplacer) mais il a finalement décidé de rempiler pour une année. Une bonne nouvelle pour le 1. FC Köln.
Flop-Spieler : Lukas Podolski
Attendu comme le Messie, Lukas Podolski n’a pas vraiment donné suite à la belle histoire qui voyait l’enfant prodige renoncer quelque peu à ses prétentions salariales pour retrouver le club de son cœur. Balloté à divers postes par Zvonimir Soldo, l’international allemand n’a jamais trouvé ses marques et boucle sa saison sur un maigre bilan de deux buts en vingt-sept matchs (et encore, l’un des deux doit beaucoup à la complicité d’Hans-Jörg Butt). En fait, le meilleur service qu’a rendu Prinz Poldi à Cologne, c’est d’avoir raté quelques matchs pour blessure ou suspension car c’est en son absence que son équipe a réussi ses meilleures performances, notamment les trois succès très précieux acquis à Wolfsburg, Francfort et Hanovre.

La révélation : Adam Matuschyk
Lancé dans le grand bain de la Bundesliga lors de la 24e journée, Adam Matuschyk ne quittera ensuite quasiment plus le onze de base colonais. A 21 ans, ce Polonais formé en Allemagne a instantanément montré de belles qualités et s’est signalé à l’attention du grand public avec un doublé sur deux frappes splendides lors d’un succès capital à Hoffenheim (0-2). Avec ces deux réussites, il a fait aussi bien en neuf matchs que son modèle Podolski en vingt-sept !

Borussia Mönchengladbach (12e, 39 points)

Après avoir échappé de justesse à la relégation l’an dernier, le Borussia Mönchengladbach a connu une saison beaucoup plus paisible. Il y a bien eu une petite crise automnale avec cinq défaites consécutives mais pour le reste les Fohlen ont toujours possédé une certaine marge  sur la zone dangereuse. Pourtant, entre la déception Bobadilla, la fin de carrière de Neuville et la saison en demi-teinte d’Arango, présenté comme un crack à son arrivée, Gladbach a manqué un peu de créativité et de percussion offensive. Mais, en dehors de quelques couacs retentissants, la défense s’est montrée beaucoup plus fiable que l’an dernier autour du gardien belge Bailly et du défenseur brésilien Dante. Mais surtout, les Fohlen ont pu compter sur une formidable présence athlétique et une bonne dose de combativité qui leur ont permis de vivre une saison somme toute assez satisfaisante. Même si l’on reste évidemment assez loin de la gloire passée du club.
Top-Spieler : Roel Brouwers
Roel Brouwers est assez symbolique de ce Mönchengladbach 2009-2010 : ce grand défenseur d’1m92 est souvent venu prêter main forte à ses attaquants, notamment sur balles arrêtées et s’est montré pas maladroit du tout devant le but. Avec huit réussites, il partage même le titre de meilleur buteur du club avec Marco Reus. Ajoute à cela une grosse présence défensive et tu as le MVP de ce Gladbach 2009-2010. Insuffisant toutefois pour aller à la Coupe du Monde avec son équipe de Hollande.
Flop-Spieler : Raul Bobadilla
Titularisé durant presque toute la saison, Raul Bobadilla n’aura guère convaincu. En dehors d’un match de feu contre Brême (deux buts, deux assists), l’ancien joueur de GC s’est surtout distingué par son manque de réussite devant le but, avec notamment un raté devant le but vide qui a fait le tour des bêtisiers. Il nous étonnerait beaucoup qu’il ait la chance de repartir pour une deuxième saison comme titulaire.

La révélation : Marco Reus

Après le départ de Marko Marin à Brême, on se demandait bien qui allait pouvoir apporter un peu de créativité dans le jeu souvent stéréotypé des Fohlen. La réponse est venue de Marco Reus, jeune allemand de vingt ans, formé à Dortmund et arrivé en début de saison d’Ahlen. Dans un style rappelant celui de son prédécesseur Marin, malgré une taille beaucoup plus grande, l’international espoir s’est distingué par ses dribbles et ses déboulés spectaculaires, tout en faisant preuve d’une certaine adresse devant le but. Même s’il frappe aux portes de la Nationalmannschaft, la Coupe du Monde arrivera un peu tôt pour lui mais il a tout le temps devant lui.

TSG 1899 Hoffenheim (11e, 42 points)

Une saison anonyme pour un club sans âme, la logique a été respectée du côté d’Hoffenheim. Malgré les ambitions clamées en début de saison (le titre ou au moins une qualification européenne), les Kraichgauer n’ont jamais donné l’impression de pouvoir jouer autre chose que le ventre mou du classement, hormis une légère et (heureusement) brève embellie automnale. Evidemment, quand un club base ses succès sur le fric, cela devient tout de suite plus difficile lorsque le mécène rechigne à délier les cordons de sa bourse. L’euphorie des années promotions dissipée, les joueurs d’Hoffenheim sont revenus à des performances beaucoup plus normales et les Footix accourus dans l’artificielle arena de Sinsheim, appâtés par le succès facile, ont découvert que tout n’est pas toujours tout brillant dans le football. On en vient presque à regretter qu’Hoppenheim ait rapidement mis au chaud les points nécessaires à son maintien car on a l’impression que s’il s’était retrouvé à la lutte contre le relégation, entre désenchantement après des années de succès, courroux des «supporters» et relations tendues entre le mécène Hopp et l’entraîneur Rangnick, qui n’a eu de cesse de pleurnicher pour obtenir des millions et des renforts supplémentaires, le jouet de Dietmar Hopp aurait pu sombrer définitivement. Espérons que ce ne soit que partie remise.
Top-Spieler : Andreas Beck
Andreas Beck est l’un des rares joueurs d’Hoffenheim à avoir plus ou moins conservé son niveau de performance de la saison dernière. Champion d’Europe M-21 en 2009 où il avait inscrit le but victorieux en ½ finale contre l’Italie, Andreas Beck est un vrai latéral à l’allemande, c’est-à-dire avec un tempérament très offensif mais une certaine propension à oublier son rôle défensif. Il s’en ira  sans doute en Afrique du Sud avec l’équipe d’Allemagne et peut même lorgner sur une place de titulaire.
Flop-Spieler : Demba Ba
A l’instar de ses compères de l’attaque Chinedu Obasi et Vedad Ibisevic, Demba Ba est resté à des années lumières de ses performances de la saison dernière, en particulier du 1er tour. Le trio magique qui atomisait toutes les défenses d’Allemagne est paru bien amorphe et inoffensif cette saison, à tel point que l’entraîneur Rangnick a parfois choisi de laisser l’un ou l’autre de ses membres sur le banc. Contesté par les «supporters» après avoir voulu, en vain, signer à Stuttgart l’été dernier, Demba Ba est revenu en grâce après quelques buts marqués mais il a tout de même paru trainer son spleen sur le terrain durant toute la saison.

La révélation : Boris Vukcevic
Alors qu’il évoluait encore avec l’équipe réserve du club en Oberliga (5e division) la saison dernière, Boris Vukcevic, 20 ans, Allemand comme son nom l’indique, est régulièrement entré en jeu cette année dans les rangs des Kraichgauer. Avec 28 apparitions, certes le plus souvent en cours de match, sa première saison en Bundesliga est plus qu’encourageante, avec en plus une fin en beauté avec une titularisation et un premier but, dans le derby contre Stuttgart lors de l’ultime journée. Comme quoi, même à Hoffenheim, on peut lancer des jeunes.

Eintracht Francfort (10e, 46 points)

Après une saison 2008-2009 difficile et une relégation évitée de peu, l’Eintracht Francfort paraissait devoir partir pour une nouvelle année de galère avec un effectif guère renforcé et un entraîneur au palmarès peu engageant, Michael Skibbe. Mais l’arrivée de joueurs teigneux, comme Franz ou Teber, et un bon début de championnat ont permis à SGE d’enclencher une dynamique positive et de réussir une saison bien loin de la lutte contre la relégation qui leur semblait promise. L’Eintracht a même longtemps rêvé d’une qualification européenne. Finalement, à l’impossible nul n’est tenu, Francfort n’est pas allé jusqu’au bout de son rêve, le contingent était tout de même trop limité, notamment dans le secteur offensif. Néanmoins, avec un groupe compact et volontaire, ainsi qu’un jeu souvent spectaculaire, l’Eintracht a réussi sa saison, avec, cerise sur le gâteau pour le merveilleux public francfortois, un succès historique contre le Bayern Munich.
Top-Spieler : Alexander Meier
Alex Meier est l’un des symboles de cet étonnant Eintracht 09-10. Au club depuis six ans, le longiligne milieu offensif francfortois n’était jamais parvenu à s’imposer comme titulaire à part entière, on le classait plutôt dans la catégorie «grand pin aux pieds carrés». Mais cette saison, à 27 ans, il a démontré une certaine habileté balle au pied et s’est découvert des qualités insoupçonnées de passeur et de finisseur, ce qui ont fait de lui le leader de l’attaque de SGE. Avec dix buts et cinq assists, Alex Meier côtoie des Olic, Gomez, Barnetta et autres Grafite dans les stats de cette Bundesliga 2009-2010, une belle consécration pour une révélation tardive. Qui demande toutefois confirmation.

Flop-Spieler : Martin Fenin
Martin Fenin avait connu des débuts tonitruants en Bundesliga en février 2008 avec trois buts pour ses deux premiers matchs. Depuis lors, le Tchèque tarde à confirmer les espoirs placés en lui. Si son talent ne fait guère de doute, des performances beaucoup trop inconsistantes lui ont coûté sa place de titulaire et le but victorieux inscrit contre le Bayern ne suffit pas à sauver une saison décevante. A 23 ans, il doit impérativement franchir un palier s’il ne veut pas rester dans la catégorie «éternel espoir».
La révélation : Pirmin Schwegler
Trop peu utilisé à Leverkusen, Pirmin Schwegler a fait le bon choix en rejoignant un club un poil moins ambitieux pour gagner du temps de jeu. Immédiatement adoubé par les supporters après un but en Coupe d’Allemagne contre l’ennemi héréditaire Offenbach, le milieu de terrain suisse s’est rapidement imposé comme un maillon essentiel du collectif bien rodé de l’Eintracht. Milieu défensif à la base, il a également montré un apport offensif intéressant et a pris de plus en plus de responsabilités au fil de la saison, on l’a même vu, avec un succès mitigé, en tireur de penalty. En Afrique du Sud, il constituera une alternative intéressante au duo Inler-Huggel.

FSV Mainz 05 (9e, 47 points)

Mainz, c’est la bonne surprise de cette Bundesliga 2009-2010. Néo-promu, les Mayencennois paraissaient pourtant voués à un retour immédiat en Zweite Liga avec quinze blessés durant la préparation estivale, un recrutement poussif, une élimination au 1er tour de la Coupe par une équipe de 4e division et l’arrivée d’un jeune entraîneur sans aucune expérience quelques jours avant le début du championnat. La grande force de l’entraîneur en question, Thomas Tuchel, c’est d’avoir été conscient des limites de son équipe et d’avoir adapté sa tactique en conséquence. Il en a résulté un bloc extrêmement homogène, difficile à bouger, avec un bunker érigé à proximité des seize mètres, sur lequel la plupart des grands d’Allemagne se sont cassés les dents, en particulier au minuscule mais bouillant Stadion am Bruchweg, dans lequel le Karnevalsverein figure au 5e rang du classement à domicile cette saison !
L’entraîneur Tuchel assume parfaitement le côté ultra-défensif de son équipe, lui qui affirmait avant un déplacement à Munich contre le Bayern : «Si l’on pouvait parquer le car de l’équipe devant le but, on le ferait.» Cela ne fera peut-être pas rêver les puristes mais ça a comblé les supporters du FSV qui ont vécu une saison dépassant leurs espérances les plus folles, tout simplement la meilleure de l’histoire plus que centenaire d’un club qui n’avait jamais fait mieux que 11e en Bundesliga jusque là. Jamais en danger de relégation, Mainz a atteint son objectif : inaugurer son nouveau stade la saison prochaine en jouant en Bundesliga.

Top-Spieler : Aristide Bancé
Aristide Bancé, c’est la star dans tous les sens du terme, y compris dans l’acception diva, un joueur fantasque et ingérable mais talentueux. Souvent pris en grippe par les supporters adverses pour son jeu théâtral, ses simulations et réclamations incessantes et quelques gestes revanchards, l’attaquant burkinabé s’est aussi distingué par ses folles chevauchées et sa capacité à garder le ballon seul en pointe, le deuxième attaquant mayencennois étant souvent situé trente mètres derrière lui. Son but inscrit à Hoffenheim après une course de soixante mètres reste comme l’un des plus beaux de la saison.
Flop-Trainer : Jørn Andersen
C’était difficile d’extraire un flop d’un effectif où tous les joueurs ont évolué au delà de leurs capacités. Alors prenons l’entraîneur Jørn Andersen, qui a battu le record du limogeage le plus précoce de l’histoire de la Bundesliga. Porté en triomphe après la promotion en mai dernier, l’ancien joueur de Zurich et Lugano expédiera la moitié de son contingent à l’infirmerie et s’aliénera l’autre moitié au cours d’une préparation plutôt musclée. Une défaite piteuse au 1er tour de la Coupe d’Allemagne à Lübeck (Regionalliga) lui coûtera son poste, avant même la première journée du championnat !
La révélation : Tim Hoogland
Formé à Schalke 04, Tim Hoogland n’avait jamais vraiment eu sa chance à Gelsenkirchen, comme tant d’autres avant l’arrivée de Felix Magath. Il s’exilera à Mainz en 2007 pour trouver du temps de jeu, avant de littéralement exploser cette saison avec une grosse présence athlétique, une certaine adresse devant le but (6 goals en 21 matchs) et un tempérament de leader qui lui vaudra le brassard de capitaine,  Défenseur de formation, on le verra même occuper des postes de plus en plus avancés sur le terrain, même si un demi offensif à Mainz joue moins haut qu’un défenseur central à Brême. L’élan de Tim Hoogland sera freiné par une blessure au 2e tour mais, à 25 ans, il retournera cet été par la grande porte à Schalke 04.

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. Geroges, à la différence de Köln ou Mainz, Hoffenhein, n’est pas une équipe qui a un passé, une histoire, des supporters… Hoffenheim s’est construite sur les dernières années avec son mécène Hopp. Si un jour ce club a des difficultés financières, il coulera directement voire mourra. à l’inverse, des clubs comme Köln ou Mainz, ne mourront jamais (enfin on espère) car le soutien populaire (et plus que populaire) est là. Au pire, il y aura bien l’une ou l’autre rétrogradation mais pas de faillite…

  2. Je lis toujours tes résumés avec délectation, même si je ne comprends plus ta « hargne » pour Hoffenheim !
    Tous les clubs dépendent plus ou moins d’un mécène un peu mégalo. Et le jeu d’Hoffenheim, quoique moins spectaculaire que l’an passé, vaut tout autant que celui de Cologne ou Mainz…

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