Les prétendants déchus

On poursuit notre remontée dans la hiérarchie de la Bundesliga vers le ventre-mou du classement où l’on retrouve trois candidats déclarés au titre, auteurs de campagne de transferts ambitieuses l’été dernier mais qui en sont aujourd’hui réduits à considérer une place en Europa League comme le Graal absolu : Schalke, Hambourg et Wolfsburg.

VfL Wolfsburg (13e, 19 points)

Wolfsburg a dépensé beaucoup d’argent l’été dernier pour s’immiscer à nouveau dans la course au titre, l’échec est total et le manager Dieter Hoeness a fait tout faux : le choix de l’entraîneur, Steve McClaren, sans expérience de la Bundesliga, était une erreur. La gestion des trois héros du titre de 2009, qui souhaitaient tous partir, a été calamiteuse : laisser filer Misimovic pour le remplacer par un très décevant Diego, n’était pas une bonne idée, tout comme celle de conserver contre leur gré les buteurs Dzeko et Grafite, qui ont traîné leur spleen sur le terrain et n’ont pas dû contribuer à une ambiance de franche rigolade dans le vestiaire. Pour couronner le tout, l’international Arne Friedrich, censé stabiliser la défense, n’a pas joué en raison d’une blessure.
Les Wölfe ne se sont jamais remis des deux défaites concédées d’entrée, à Munich à la 91e, et à domicile contre Mainz (3-4, après avoir mené 3-0). La suite n’a été qu’un lancinant ronronnement avec une équipe se contentant du strict minimum, concédant beaucoup de matchs nuls qui auraient dû se transformer en victoires avec un peu plus d’envie. Pour résumer, une équipe sans âme pour un club sans âme. Même si perdre l’un des tous meilleurs attaquants d’Europe n’est jamais agréable, le départ d’Edin Dzeko à la trêve est plutôt positif, ça permet au moins de faire rentrer de l’argent dans les caisses. De toute façon, après l’élimination humiliante en Coupe d’Allemagne contre Cottbus (on se demande d’ailleurs comment l’entraîneur McClaren y a survécu), Wolfsburg n’a plus grand-chose à espérer cette saison. Enfin, si, assurer le maintien, ça paraît bête à dire pour une équipe qui a le potentiel pour jouer dans les cinq premiers mais quand les joueurs n’ont pas envie, rien n’est exclu.
Départ : Dzeko (Manchester City).
Arrivée :

1. FC Kaiserslautern (12e, 21 points)

Après quatre ans d’absence, Kaiserslautern a connu un retour en Bundesliga triomphant, avec deux victoires d’entrée, dont un retentissant 2-0 contre le Bayern dans le chaudron du Betzenberg. La suite a été plus laborieuse avec une vilaine série de 7 matchs /1 point qui nous a fait craindre le pire mais l’équipe a fait bloc derrière son jeune entraîneur Marco Kurz et est parvenue à redresser la barre. Avec notamment deux nouveaux succès de prestige contre Schalke (5-0) et à Brême (2-1). Comme l’an dernier, les Rote Teufel s’appuient sur une défense, à quelques exceptions près, relativement solide mais aussi sur deux revenants que l’on n’attendait pas à ce niveau : le buteur croate Srdjan Lakic, qui, revenant de blessure, n’avait joué qu’un rôle mineur dans la promotion mais affole les compteurs depuis le retour en Bundesliga (11 buts), et le milieu Christian Tiffert, meilleur passeur de la ligue, alors qu’il restait sur plusieurs années d’errance en Bundesliga autrichienne et en Zweite Liga.
Le 1. FCK a bouclé son premier tour avec une marge relativement confortable sur la barre mais le chemin du maintien est encore long, la relative modestie du contingent ne permettra pas le moindre relâchement ; il faudra donc continuer à faire preuve de la même combativité et à profiter de l’incroyable engouement du Betze. Et ne pas se rater dans les confrontations directes avec les autres candidats à la chute, à commencer par un capital Kaiserslautern – Köln en ouverture de 2e tour.
Départ :
Arrivée :

1. FC Nürnberg (11e, 22 points)

Après avoir évité de justesse la relégation en barrage l’an dernier, Nuremberg a connu un 1er tour un peu plus paisible. Der Club s’appuie sur un secteur défensif très expérimenté avec le gardien Schäfer, le capitaine Wolf, l’ancien international argentin «Lama» Pinola ou le «van Bommel belge» Simons. En attaque, en revanche, place à la jeunesse avec un trio magique qui a fait oublier la longue blessure du buteur suisse Bunjaku : Ilkay Gündogan, le nouveau Özil, Mehmet Ekici, prêté par le Bayern, et surtout Julian Schieber (4 buts, 8 assists), prêté par Stuttgart, qui doit s’en mordre les doigts, vu les performances des farces Marica, Audel ou Pogrebnyak.
Ce cocktail efficace entre expérience et jeunesse a permis à Nuremberg de faire son petit bonhomme de chemin en comptant toujours une avance respectable sur la barre. Les Franconiens auraient même pu quasiment assurer leur maintien à Noël mais leur vulnérabilité sur balles arrêtées et un petit coup de pompe en novembre (quatre défaites consécutives, dont une assez dommageable à domicile contre Kaiserslautern) les laissent sous la menace des premiers relégables. Il y a une marge intéressante mais là non plus la qualité modeste du contingent n’exclut pas toute mauvaise surprise, il suffirait sans doute de peu de choses pour que der Club se retrouve en plein dans la zone rouge.
Départs : Boakye (?), Vidosic (Bielefeld).
Arrivée : T. Ochs (sans club).

FC Schalke 04 (10e, 22 points)

Au moins, on ne s’est pas ennuyé avec Schalke 04 lors de ce premier tour : il y a tout d’abord eu des ambitions de titre clamées sur tous les toits (enfin sauf sur celui de la Veltins-Arena, on y reviendra), appuyées par une campagne de transfert pharaonique (Raul, Huntelaar, Jurado, Metzelder etc.). S’en est ensuivi un début de saison catastrophique où les Knappen ont longtemps squatté la dernière place du classement. Le fiasco était prévisible (et plus ou moins prévu par le soussigné, en toute modestie) : le départ de la quasi-totalité de la défense et de presque tous les joueurs emblématiques du club allait forcément nécessiter un temps d’adaptation, surtout quand on veut confier les clés de la défense à un joueur, Metzelder, à court de compétition depuis trois ans. Nul doute que lors de ce début de saison cauchemardesque qui a fait rire toute l’Allemagne, l’entraîneur Felix Magath n’a dû sa survie qu’à un contrat trop onéreux à résilier.
Mais peu à peu, la défense s’est mise en place, devant un exceptionnel Neuer dans les buts, Raul a trouvé ses marques et Schalke a fini son 1er tour bien mieux qu’il ne l’avait commencé. Du coup, cette saison mal embarquée pourrait réserver quelques satisfactions du côté de Gelsenkirchen : les Königsblauen ont un bon coup à jouer dans une Coupe d’Allemagne décapitée de nombreux ténors et possèdent une réelle chance d’aller au moins jusqu’en quart de finale de Champions League (1/8e à jouer contre Valence). En championnat, ça s’annonce plus compliqué, surtout que l’équipe manque toujours un peu d’équilibre : le titre, c’est mort depuis longtemps, les trois places en Ligue des Champions semblent promises à Dortmund, Leverkusen et au Bayern, par contre une place en Europa League ça paraît jouable.
Enfin, pour autant que les Knappen aient digéré les péripéties de l’hiver (décidément on ne  s’ennuie jamais avec Schalke) : il y a eu le feuilleton Farfan, qui a clamé depuis une discothèque de Lima son envie de quitter le club pour aller à… Valence, avant de finalement rejoindre le camp d’entraînement avec quelques jours de retard ; l’accueil du sergent-major Magath a dû être des plus chaleureux. Et puis, comme l’an dernier, une partie du toit de la Veltins-Arena s’est effondré sous le poids de la neige. Pire, un ouvrier chargé de réparer les dégâts en a profité pour hisser un drapeau de l’ennemi héréditaire Dortmund sur le toit de l’antre de Schalke. L’affaire a fait la une des journaux régionaux et nationaux (enfin, surtout le Bild) durant trois jours avec photos, sondages et débats à l’appui, alors que le plaisantin (ou le héros, c’est selon), s’est vu offrir bière gratuite durant une année dans un bar de Dortmund. Le Derby, c’est seulement le 4 février mais le Pott est déjà en ébullition, c’est ça qui est beau.
Départ :
Arrivée : –

SV Hambourg (9e, 24 points)

Hambourg est également à mettre au rayon des grandes déceptions de ce 1er tour. Les Rothosen avaient effectué un recrutement moins tapageur mais plus équilibré que celui de Schalke, ce qui aurait dû leur permettre de lutter pour ce titre qui fuit les bords de l’Elbe depuis 1983. Mais, problème récurrent au HSV depuis plusieurs saisons, l’erreur de casting est sans doute intervenue sur le banc avec l’engagement d’Armin Veh, lequel n’a jamais semblé trouver de solutions ni sur le plan tactique ni sur le plan de la motivation et de l’ambition. Du coup, de nombreuses stars hambourgeoises sont restées bien en deçà de leurs capacités, à l’instar des van Nistelrooy, Elia, Zé Roberto, Petric, Guerrero et autres Trochowski. Les rares joueurs du HSV qui ont tiré leur épingle du jeu sont le gardien vétéran Rost, le junior Coréen Son et surtout le Burkinabé Pitroipa, cantonné jusque-là dans un rôle de joker.
Sans être catastrophique, Hambourg s’est peu à peu enfoncé dans le ventre mou du classement, se montrant incapable, à l’exception des deux premières journées, d’aligner deux victoires de suite. Pas présents en Coupe d’Europe, éliminés en Coupe d’Allemagne, les Rothosen n’ont plus guère qu’une qualification en Europa League pour sauver leur saison. Avec le retour des blessés et la qualité du contingent, cela paraît largement accessible. Sauf qu’Armin Veh est toujours là, bien que la question de son licenciement se soit posée à Noël, et on est toujours aussi peu convaincu qu’il soit l’homme de la situation, tout comme d’ailleurs le manager Bernd Hoffmann, de plus en plus contesté. Et dire que Lucien Favre avait fait partie des candidats pressentis sur le banc du HSV en juillet dernier…
Départ :
Arrivée :

Écrit par Julien Mouquin

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