Merci Expo.02 !

Le savoir-faire suisse est enfin reconnu à sa juste valeur. On s’était moqué d’Expo.01 devenu Expo.02, de son cube, de ses arteplages et de Nelly Wenger, nous avions tort. Quoique pour Nelly Wenger…

Même la Coupe du Monde 2022 au Qatar a finalement reconnu la grandeur du concept. On pensait faire ce Mondial en hiver ou encore climatiser les stades… Et puis quoi encore ? La solution était sous nos yeux. Elle était à Yverdon. Elle s’appelait Blur, le nuage yverdonnois qui a marché une seule fois, quand y’avait déjà du brouillard et pas trop de vent. C’était le 12 août 2002 entre 02h00 et 05h00. Nous y étions et en avons encore l’oeil tout humecté d’émotions.

Rappelez-vous lorsque vous étiez sur le banc de l’école. La maîtresse vous demandait de dessiner ce que sera l’an 2000 et vous, tel un idéaliste, vous dessiniez des bites, des voitures volantes et des gratte-ciel de 1286 étages. Si finalement même la promesse du bug ne s’est pas réalisée, le Qatar prévoit, lui, de réussir à organiser un Mondial. Pis quoi encore ? Des JO à Sotchi tant qu’on y est ?

Heureusement pour ce pays minuscule, CartonRouge.ch est là pour lui donner d’autres bonnes idées. Ben oui, quoi. La Suisse risque de bientôt devenir un pionnier en matière d’organisation grotesque. Crans-Montana et Zermatt ne sont-il pas candidats pour recevoir la rencontre Suisse – Portugal de Coupe Davis, alors que Nadal & cie se plaignaient à l’époque que Madrid (666 mètres) était situé trop en altitude pour du tennis ?

1. Puisque les Coupes du Monde 2010 et 2014 sont sponsorisées par Budweiser, pourquoi ne pas étendre le contrat et aller jusqu’au bout du concept ? L’alcool sera bien interdit dans les stades (règle FIFA), de toute façon dans tout le pays (règle de la charia) et plus encore dans les 2000 km autour (sous peine de lapidation à la canette vide), mais le brasseur pourra ainsi se montrer en construisant dix stades en mode réfrigérateur géant. C’est la solution qu’avait prévu les organisateurs, de cette manière, ils pourront réaliser leur rêve sans bourse délier.

2. Nous sommes sûrs qu’elles vous manquent déjà depuis l’été passé. Mais les Qataris pensent à vous : le brevet des vuvuventils est d’ores et déjà déposé au niveau mondial. De quoi s’agit-il ? D’un ventilateur qui vous souffle dans la gueule et les oreilles un vent glacé, en beuglant à la mort. Le tout branché sur la centrale au fioul lourd construite juste à côté du stade pour ce seul usage.

3. Vous aussi vous avez déjà réservé un court de tennis sur votre lieu de vacances estivales à 15h00 en plein cagnard et vous l’avez amèrement regretté ? Que les Qataris fassent comme au Club Med et ouvrent les terrains de foot entre minuit et cinq heures du matin ! Au moins, les joueurs pourront évoluer à bonne température et les supportes occidentaux, trop bourrés à une heure si avancée de la nuit sous nos latitudes, oublieront grâce au houblon les infects Mexique – Corée du Nord, Japon – Jamaïque et autre Sénégal – Monténégro.

4. Les Qataris moyens ont beau être rétrogrades avec une législation faisant passer l’inquisition pour la plus grande avancée pour la liberté d’expression depuis les oubliettes, ils n’en restent pas moins ouverts. Ils étudient par exemple l’importation de conteneurs entiers de putes frigides, qui seront distribuées avec un programme de match. Histoire de glacer l’atmosphère. La version femme-fontaine sera en option car bien plus luxueuse. La seule question ouverte restant : comment faire mouiller une femme frigide en burqini.

5. Proposer au Qatar d’acheter le canton du Jura pour y créer un sous-état, le Sous-Qatar. Ils n’y auront certes pas plus de pétrole ou de gaz pour faire chanter ou corrompre le reste du monde, mais ils y auront un climat un tant soit peu tempéré. Et question désert culturel, social et désert tout court, ils se sentiront chez eux. Les oasis en moins. Certes, la température du Jura ne dépasse que rarement les – 10°C en août, mais chauffer un stade n’est pas moins grotesque que de le climatiser. De plus, cela permettra à cette région ultra-périphérique de devenir un peu arrogante et d’enfin se payer des autoroutes dignes de ce nom.

6. Envoyer un vaisseau dans l’espace afin de créer des éclipses artificielles aux heures des rencontres. On le sait, le Qatar est un puits d’argent impossible à siphonner totalement. Ce pays aura donc beau jeu de créer un programme spatial d’ici l’année 2022, afin de placer en orbite stationnaire une lune artificielle téléguidée qui jettera une ombre sur la région, rafraîchissant d’autant l’atmosphère.

7. Demander à la FIFA d’autoriser le water-football. C’est du waterpolo, avec le même ballon, mais joué seulement avec les pieds. On y joue bien en Ecosse d’octobre à mai… Le principal avantage pourra être d’organiser de mini-tsunamis avant le match et à la mi-temps, histoire de rafraîchir les spectateurs. Trois inconvénients toutefois : le Japon est déjà forfait, l’Angleterre risque d’en gagner enfin une loyalement et Mathieu Valbuena sera mort à l’échauffement.

8. Obliger les équipementiers à confectionner des burqas de compétition. Les apôtres de ce vêtement assurent que les femmes qui en sont drapées ne souffrent pas du chaud ? Habillons donc les footballeurs de cette espèce de déguisement de fantôme géant afin de ne pas suer plus que de rigueur sur le pré. On se réjouit de voir l’André-Pierre Gignac de l’année 2022 ressembler à une montgolfière, l’Edwin Van der Saar de l’époque faire office d’ersatz de 33 tours et le Wayne Rooney du futur claquer des retournés dans la lucarne sans déchirer son maillot.

9. Qatar – Kazakhstan : même combat ? L’alternative au point 8 serait de s’inspirer de l’expérience ô combien concluante du reporter kazakh Borat dans les pays occidentaux. Le nouveau maillot sera donc le fameux string à bretelles de Sacha Baron Cohen, décliné aux couleurs nationales. Plus de problème de savoir si on joue avec des maillots à manches courtes ou à manches longues. Et on se réjouit des tirages de maillots dans les 16 mètres, ainsi que des matches de football féminin. Les (très) éventuels Biennois de l’équipe de Suisse auront un avantage certain question aérodynamisme.

10. 2022 est encore bien loin. Dans quelques films futuristes tels Starship Troopers, l’ultimate-football a été inventé et a fait rêver les foules. Munissons donc nos athlètes de scaphandres réfrigérés et les supporters invités se verront offrir gracieusement une réplique de cet équipement. Avec un passeport d’Europe occidentale, vous pourrez commander, à choix, des bonbonnes d’oxygène agrémentées du parfum Super Skunk ou houblon. Une manière comme une autre de contourner les lois locales sans finir enterré jusqu’au cou.

11. Que le Brésil produise encore beaucoup de Neymar. C’est la seule solution 100 % naturelle pour que le football se joue de manière normale sur des terrains normaux dans des stades normaux. De par leur technique et leur vitesse, ces artistes enrhumeront les défenseurs adverses de la manière la plus éco-responsable qui soit. Les spectateurs y prendront du plaisir et la couche d’ozone également. Franchement, on est pour.

12. Corrompre la FIFA, faire jouer et laisser s’entraîner la Suède, la Norvège ou la Russie par des températures humainement intenables, obliger les supporters anglais de toute la planète à boire de l’eau minérale, interdire les gays de faire le déplacement, rhabiller les supportrices qui font notre bonheur sur le petit écran et organiser une Coupe du Monde grotesque. Ah non, ça c’est la réalité.