Saint Graal boit le Calice jusqu’à la lie

De quoi être aussi rond que la fameuse table

Bientôt un an qu’on attend. Un an sans tournoi majeur. Un an de vide footballistique international entre la finale de l’Euro 2022 le 31 juillet dernier et le match d’ouverture de la Coupe du monde 2023 le 20 juillet prochain. On ne sait pas vous, mais on a trouvé les mois de novembre et décembre particulièrement difficiles à encaisser sans le moindre choc entre grandes nations du ballon rond à se mettre sous la dent. Oh il y a bien eu quelques rencontres épiques en Women’s Champions League, mais rien à voir avec la ferveur nationaliste qui s’empare de tout un chacun lors de joutes planétaires. C’est donc avec un soulagement non feint que la rédac’ a envoyé le plus myope de ses scribouillards au Letzigrund pour vous narrer l’un des seuls évènements pouvant rivaliser avec un Mondial au firmament du sport professionnel: la finale de la AXA Women’s Cup entre le Servette FC Chênois Féminin et le FC Saint-Gall.

Le match en deux mots

Un-zéro.

Pas grand chose de plus à raconter. Au vu de l’absence de force de frappe saint-galloise et de l’incapacité des joueuses de Marisa Wunderlin à distiller une dernière passe de qualité dans la zone de vérité, il était rapidement évident pour tout le monde qu’une seule réussite genevoise allait suffire.

Ça va quand même commencer à faire beaucoup de titres servettiens en une semaine…

La femme du match

Cassandra Korhonen. La Suédoise du bout du lac a été la plus percutante sur son aile gauche et a délivré un centre parfait pour l’ouverture (et la fermeture) du score de la buteuse maison polonaise (et native de Málaga) Natalia Padilla (39ème minute). Les nombreux supporters du FCSG en étaient verts.

Cassandra Korhonen à la lutte avec une adversaire… pour quoi au juste ? Vous voyez un ballon vous ?

Et pourtant on avait failli, nous aussi, jouer les Cassandre 7 minutes plus tôt après qu’un autre centre au cordeau de la numéro 9 avait terminé sa course dans le but, immédiatement annulé pour un hors-jeu aussi inexistant que les scrupules d’un électeur du nouveau parti de Pierre Maudet.

La buse du match

La ligue masculine, comme souvent. En 2023 on ne fait toujours absolument rien pour amener le chaland à s’intéresser à la version féminine de son club de cœur. Même si on a fait semblant de faire un geste (dirigé vers le diffuseur TV et son pognon qui plus est), le supporter servettien a dû rester chez lui ou choisir.

Preuve en est ce témoignage exclusif d’un fan genevois en appelant à la rédac’ et ses bons offices: “Couvrez ce Saint-Gall que je ne saurais voir !”

Aloooors… Avec le train de 19h04 je devrais pouvoir assister aux arrêts de jeu via mon portable depuis la Gare Cornavin…

Le tournant du match

Le moment où on s’est rendu compte qu’il y avait un sniper sur le toit. Ou un cameraman. Mais la théorie du sniper nous paraissait plus plausible.

« Bizarre, on m’avait décrit le Hallenstadion différemment au moment de m’engager dans la protection rapprochée de Barack Obama… »

L’esthète du match

Le community manager de la ligue sur les réseaux sociaux. On nous informe que le hashtag officiel de la finale #SFCCFFCSG ne valait malheureusement que 8 misérables points au Scrabble polonais. « Szut ! » comme dirait un pilote estonien borgne cher à la BD franco-belge.

L’aVARie qui aurait pu couler le match

Elle aurait pu complètement le noyer même. On veut parler de la météo zurichoise pour le moins changeante. Fort heureusement on a eu tout le temps d’essorer les Servette avant la rencontre qui a eu lieu sous un ciel dégagé et une température de 20 degrés comme si de rien n’était.

On savait que c’était pas une bonne idée de manger à l’ombre du bâtiment du Credit Suisse.

Le chiffre à la con

18’831. Non, ce n’était pas l’affluence dans l’antre du FC Zurich samedi soir, mais bien le nombre de participants à l’assemblée générale d’EGU23 (European Geosciences Union 2023) à Vienne ce week-end. Ils ont assisté à 16’357 présentations données lors de 938 séances (les malheureux !), ils venaient de 107 pays différents et 2 d’entre eux se trouvaient dans notre train de retour de la capitale économique de notre beau pays. Rien à voir avec la rencontre qui nous occupe, mais on vous l’a dit, il ne s’y est pas passé grand chose. Autant vous divertir un peu en vous apprenant l’existence du champ de recherche des géosciences, qui comprennent les disciplines académiques ayant trait aux sciences planétaires et de l’espace et qui incluent donc les terrains de football.

Comme on est dans la rubrique WTF de cet article, l’occasion de vous dire que le vote de nos 17 followers était sans appel.

L’anecdote

Figurez-vous que contrairement à certains autres clubs, le Servette FC Chênois Féminin a son propre maillot, son propre logo et son propre sponsor, différents de ceux des collègues masculins. En effet, il est originellement issu de la section féminine du CS Chênois créée en 1974 et rattachée au SFC en 2017. Et comme chacun sait, au Stade des Trois-Chênes on est fidèle à ses racines.

À noter que le sponsor maillot est Lemanvisio, faute d’espace suffisant pour Lacdegenevevisio.

Si le match avait été une citation de Zlatan Ibrahimovic

« D’abord je suis allé à gauche; lui aussi. Ensuite je suis allé à droite et lui aussi. Finalement je suis reparti à gauche et il est allé acheter un hot dog. »

Zlatan parlait ici du traitement spécial qu’il avait administré à Stéphane Henchoz lors d’un United-Liverpool. Bon, on n’a pas vraiment vu ça samedi soir au Letzigrund, mais ça colle pas trop mal à la relation entre Servette et la plupart de ses adversaires lors de la saison régulière dans son ensemble.

Et sinon dans les tribunes ?

Apparemment tous ces gens avaient autre chose à foutre. On se contentera donc des 5’694 badauds présents (dont approximativement 5’695 Saint-Gallois si ce n’est pas d’avantage). Notre voisin de siège friborgo-rhodanien nous souffle d’ailleurs avec tout l’à-propos qui le caractérise que le football féminin helvétique, c’est un peu comme les codes PIN: 4 chiffres suffisent.

On a dû utiliser le grand angle pour vous montrer tous les ultras grenat.

L’utilisation d’un stade habituellement dévolu à un meeting de la Diamond League (et à deux petits clubs de foot) et construit sur les ruines des anciens abattoirs (ça rappellera peut-être quelque chose aux citoyens de l’ouest lausannois qui nous lisent) n’a pas dû aider non plus. On apprend d’ailleurs dans les colonnes de RTS.ch qu’après trois refus populaires, la construction de la future de l’hypothétique Credit Suisse Arena est bizarrement actuellement freinée par son naming pour le moins dans l’air du temps. Et pourtant Dieu sait qu’il serait temps que la plus grande ville de Suisse se munisse d’un vrai stade de foot sans piste d’athlétisme après avoir mis des années à offrir une patinoire en lieu et place d’une salle de spectacle aux ZSC Lions. Ce projet sera-t-il finalisé avant le XXIIIème siècle et la pose de la dernière pierre du chantier de la gare de Lausanne ?

Une pancarte encourageant le Servette « Fémin » (le tout était d’ailleurs fait main) brandie par de jeunes alémaniques à l’esprit de contradiction déjà fort développé.

La minute Johan Djourou

Pas de commentaire audio pour nous sur ce match vécu sur place. On se contentera des « hiiihaa ! » sortis tout droit d’un rodéo texan joyeusement entonnés par un supporter d’un certain âge (pour ne pas dire d’un âge certain) derrière nous lors de l’entrée des joueuses. Un cri qui s’est transformé en un « aaaaaaaaaaaaa » guttural du plus bel effet lorsqu’il s’est agi de conspuer la gardienne lusitanienne du SFCCF Inês Pereira en fin de rencontre. En effet, celle-ci avait décidé de prendre le temps de saluer chaque personne présente dans le stade personnellement avant chaque dégagement dès la 60ème minute. Son extrême politesse a malheureusement été interprétée comme de l’anti-jeu de ce côté-ci du Röstigraben et lui a valu un authentique body check de Yael Aeberhard (dont le patronyme ne doit pas être loin de vouloir dire « dureté excessive ») sanctionné par un carton jaune très très foncé et extraordinairement clément.

Le poids des mots, le choc des photos.

La rétrospective du prochain match

Le Servette FCCF a étrillé Aarau à domicile (6-1) le week-end dernier et termine la saison régulière avec 38 points en 14 matches dont 0 défaite et 6 points d’avance sur son plus proche poursuivant, le FC Zurich. Sauf que, qui dit saison régulière dit playoffs bien sûr. Cool ! Euh non… comme c’est du foot, les décideurs n’ont évidemment rien compris au concept des séries finales. Ça ne part pourtant pas trop mal, le premier affronte le huitième, le deuxième le septième et ainsi de suite. Mais le best of 7 devient un format aller-retour et la finale se joue sur un match en terrain neutre. Ça fait donc pas mal d’occasions pour les Genevoises de laisser échapper le titre sur un malentendu après avoir archi-dominé la saison régulière. En résumé, si on a bien tout compris, la première marche passera par… Aarau pour les Grenat. Ce sera samedi prochain à 16 heures pendant que les Brodeuses en découdront avec les si bien nommé(e)s Young Boys Frauen.

Allégorie de la fin de saison du SFC féminin.

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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4 Commentaires

  1. « …À noter que le sponsor maillot est Lemanvisio, faute d’espace suffisant pour Lacdegenevevisio… » Excellentissime !

    « …les si bien nommé(e)s Young Boys Frauen. » Mort de rire ! En français ça donnerait quoi ? Les femmes jeunes garçons ? Mouarff !

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