Pigeons de l’été : le grand huit

Avec 6 représentants sur 8, le continent américain est à l’honneur dans cette sélection estivale. Il faut dire qu’entre la Gold Cup, la Copa America et les finales des championnats de NBA et NHL, les événements sportifs n’ont pas manqué de l’autre côté de l’Atlantique. Les «locaux» Christophe Ohrel et Christian Prudhomme complètent ce grand huit. Qui mérite d’être sacré Pigeon d’Or de l’été ? Tu as jusqu’au dimanche 14 août à minuit pour voter.

LeBron James

Il n’est généralement pas très malin d’organiser une fête pour la victoire dans le championnat NBA avant même le début de ce dernier. Si le titre finit par vous échapper, le retour de manivelle peut s’avérer brutal. Et retour de manivelle, il y a eu. Le Heat de Miami était en effet convaincu de remporter le titre uniquement grâce à son Top 3 formé de LeBron James, Chris Bosh et Dwayne Wade. Dans toute la modestie qui le caractérise, LeBron James avait, de son côté, affirmé vouloir rempoter au moins huit titres avec sa nouvelle équipe. Rien que ça. Il était évident que la franchise floridienne allait tout écraser sur son passage.
Malgré un début poussif, la machine de Miami avait parfaitement respecté son plan de marche une fois mise en branle. Les quelques couacs enregistrés çà et là n’ont guère eu d’incidence sur le rendement du Heat qui s’est facilement hissé en finale. Et c’est là que les choses se sont gâtées… Les individualités surcotées de Miami se sont alors cassé les dents sur le collectif de Dallas qui a remporté à la surprise générale, mais de manière fort méritée le titre NBA. LeBron James symbolise parfaitement l’échec d’un groupuscule d’individualités sans alchimie face à un collectif surmotivé à l’idée de renvoyer le triumvirat de Miami à ses études. Lors du 6e match perdu à domicile, LeBron James n’a réalisé que 21 points pour 6 balles perdues. Incapable de forcer la décision, tout perdu au milieu du parquet, le natif de l’Ohio n’a jamais été en mesure d’inverser la tendance et de se sublimer pour remporter le premier des 8 titres qu’il est censé gagner. Ceci étant, une cure d’humilité ne pourrait lui faire que du bien.

Leonardo

Leonardo est une sacrée girouette. Parmi ses plus belles trahisons, figure tout de même un superbe passage du Milan AC à l’Inter Milan, justement sanctionné par un chant de Gennaro Gattuso après le titre de la formation berlusconnienne («Leonardo, homme de merde !»). Après une belle carrière de footballeur qui l’a vu découvrir notamment le Japon, l’Espagne, la France et l’Italie, le Brésilien s’est recyclé dans à peu près tout ce que peut faire un ex-footeux.
Après avoir été recruteur, directeur technique, consultant TV, «Leo» s’est dit qu’entraîneur, ça ferait bien sur la CV. Pas de bol, ses belles idées de football total ne collent pas vraiment avec le championnat italien et il se viande de belle manière aux commandes des deux clubs milanais. Heureusement pour lui, le Paris Saint-Germain version qatarie lui offre la possibilité de jouer à Football Manager grandeur nature. Leonardo a 150 millions pour acheter qui il veut et espérer faire gagner enfin autre chose qu’une Coupe de France au club de la capitale. On lui souhaite bien du plaisir.

Roberto Luongo

Les Boston Bruins – victorieux en finale de la Coupe Stanley face à Vancouver – doivent une fière chandelle à son portier Tim Thomas qui a véritablement marché sur l’eau durant les séries. Mais Zdeno Chara et ses potes peuvent aussi dire un grand merci à Roberto Luongo, le gardien des Canucks, transformé en passoire dans les moments-clés.
Après deux prestations solides au début de la finale, le Montréalais a par la suite complètement craqué, mettant ses coéquipiers favoris dans une belle panade et confrontant le coach Alain Vigneault à de nombreuses nuits blanches. Lors des deux matchs suivants, Luongo en prend 12 dans les dents, avant de céder sa place à Schneider dans les buts. Parfait pour remettre Boston dans la course au titre. Son blanchissage du 5e match ne sera qu’un feu de paille car Luongo encaissera 3 rouleaux sur 5 tirs lors des huit premières minutes le match suivant, contraignant le numéro 1 de céder une nouvelle fois sa place. Pour le match décisif joué devant ses supporters, le mental exceptionnel du portier canadien enterrera définitivement les siens en livrant un match ignoble sanctionné par une défaite des locaux 0-4 qui n’est pas sans rappeler un funeste jour d’avril 2005 du côté de Malley. La fiche de Roberto Luongo à l’issue de cette finale fait rêver : 20 buts encaissés, 2 remplacements et un pourcentage d’arrêts de 89%. Qui dit pire ?
Qu’un gardien passe au travers de cette manière, ça va encore. Lorsqu’il s’agit d’une finale de la Coupe Stanley, ça le fait un peu moins. Mais lorsque l’on connaît le contrat que possède Luongo aux Canucks, ça craint franchement. Tout le monde sait dans le milieu que Luongo est un excellent gardien par beau temps, mais que les choses peuvent vite se gâter avec lui lorsqu’il est sous pression, devenant fébrile et irrégulier. Du coup, lui faire signer un paraphe de 12 ans à 64 millions de dollars relève d’une faute professionnelle grave. D’autant plus qu’il est assorti d’une clause de non-échange. Plombé par ce contrat toxique, il devient dès lors très difficile de lui faire faire banquette au cas où les choses se déglinguent. Échouant au pied du mur pour la deuxième fois en 40 ans, Vancouver ne risque pas de soulever la Stanley de sitôt…

Lionel Messi

Lionel Messi met décidément un soin tout particulier à démontrer à quel point le Ballon d’Or obtenu en 2010 tenait de l’imposture. Sorti du confort des matchs exhibitions avec l’équipe la plus onéreuse de l’histoire du foot, l’Argentin devient un joueur très ordinaire. Après avoir traversé la Coupe du Monde comme un zombie, sans inscrire le moindre but, la pulga est à nouveau passé au travers lors de la Copa America, toujours sans but au compteur. Pourtant, dans une compétition à domicile avec une adversité pas des plus féroces, l’occasion de se racheter semblait belle. Mais Lionel Messi a été tellement transparent lors de ses deux premiers matchs qu’il s’est fait huer par les supporters argentins et insulté par son coéquipier Burdisso. Il y a eu du mieux avec deux assists contre le Costa Rica qui avait envoyé son équipe juniors, mais sa performance a été ternie par une simulation grotesque qui a montré à ceux qui ne le savaient pas encore que le si parfait Messi était aussi un tricheur. Et, même s’il a offert le but de l’égalisation à Higuain, le Barcelonais n’a pas été capable de mener son équipe à la victoire en quart de finale contre un Uruguay pourtant réduit à dix depuis la 39ème…  
Les grands joueurs doivent être capables de briller aussi en équipe nationale et de tirer leur équipe lorsque celle-ci est en difficulté. Lionel Messi n’y est jamais parvenu avec l’Argentine. Pourtant, avec les Tevez, Agüero, Di Maria, Milito, Pastore et autres Higuain, l’Albiceste a sans doute plus de talent que l’équipe d’Argentine championne du monde en 1986 et finaliste en 1990. Mais, à l’époque, l’Argentine avait un grand joueur pour l’emmener vers la victoire, Diego Maradona. Tant qu’il ne gagnera rien en équipe nationale, Leo Messi ne lui arrivera pas à la cheville et tous les Ballons d’Or qu’on pourra lui donner parce qu’il réussit des hat-tricks lors de victoires 8-0 contre Almeria n’y changeront rien.

Christophe Ohrel

La nouvelle est tombée récemment : Christophe Ohrel, entraîneur du FC Forward Morges, a écopé de six mois de suspension. Pour injures envers le trio arbitral et l’inspecteur. Comme on n’était pas présents au match en question (Gland – Forward Morges), on ne se prononcera pas sur les faits. Mais disons que, pour écoper d’une sanction aussi lourde, l’ancien international n’a pas dû se contenter de traiter l’arbitre de «voleur de poules» comme on l’avait entendu dire lors d’un Stade-Lausanne – Grand Lancy il y a quelques saisons. La nouvelle ne surprendra qu’à moitié les habitués du foot régional vaudois, tant Christophe Ohrel s’est souvent distingué par des comportements plus que limites sur son banc de touche et se montre généralement plutôt mauvais perdant.
Mais il n’y a pas que par ses excès que l’ancien latéral du LS voit sa carrière d’entraîneur marcher sur les traces de celle de son beau-père, Gabet Chapuisat : les résultats ne sont guère convaincants. Christophe Ohrel avait à l’époque largement contribué à la chute du FC Renens en 3ème ligue en quittant le club en cours de saison pour le Stade-Lausanne avec plusieurs joueurs dans ses bagages. A Vidy, l’un des héros du nul héroïque de la Nati en Italie en 1992 n’a jamais pu amener le Stade dans les premières positions du classement, alors qu’à l’ES Malley, il s’est fait congédier après s’être aliéné une partie du vestiaire. L’été dernier, son nom avait été évoqué pour reprendre le Lausanne-Sport. On ne peut que se féliciter que cela ne se soit pas fait.    

Christian Prudhomme

Après le triomphe de Gilbert Ysern le mois dernier, voici venu le tour (sans mauvais jeu de mot…) d’un autre dirigeant français d’une compétition majeure qui fait passer les intérêts commerciaux et nationaux avant ceux des meilleurs sportifs de la planète : Christian Prudhomme, directeur du Tour de France. On avait déjà fustigé la décision des organisateurs du Tour de ne pas inviter l’équipe Geox-TMC qui comptait pourtant deux candidats au podium dans ses rangs, Sastre et Menchov, pour lui préférer quatre équipes françaises qui n’ont pas forcément mérité leur place par leurs résultats. Pire, le parcours semble avant tout construit pour permettre aux coureurs tricolores de s’illustrer plutôt que pour offrir le meilleur terrain de jeu possible aux plus grands champions. Comme les Français sont généralement largués dès le début des choses sérieuses, les difficultés sont reculées au maximum : exit le prologue et le grand contre-la-montre de la première semaine, le contre-la-montre par équipes sérieusement raccourci et la haute montagne le plus tard possible. Il en résulte une hiérarchie qui tarde à s’établir et un peloton très nerveux où tout le monde veut être devant. Le tout sur des routes souvent sinueuses et étroites, pour permettre aux échappées, principales chances de victoires françaises, d’aller au bout, et parce que le choix du parcours obéit en premier lieu à des critères commerciaux, médiatiques et touristiques : il faut montrer tel monument, traverser le village natal du vainqueur d’un sprint bonifications en 1953, arriver dans telle ville qui paie cher pour cela…
Pour couronner le tout, le peloton doit cohabiter avec des véhicules sponsors, presse ou VIP qui n’ont aucune utilité pour la course mais constituent un danger permanent pour les coureurs, comme en témoignent les chutes de Sörensen, Hoogerland et Flecha, toutes provoquées par des véhicules de presse. Mais, hormis l’exclusion des véhicules incriminés, pas question d’une quelconque remise en question pour Christian Prudhomme. Après tout, une étape largement neutralisée par un peloton rendu craintif par les chutes et la dangerosité du parcours a permis à un petit Français d’endosser le maillot jaune, l’objectif est atteint. L’Equipe et France Télévision, d’où vient Christian Prudhomme, peuvent s’enflammer sur l’héroïsme de Thomas Voeckler (alors qu’ils auraient émis les pires soupçons si un coureur étranger s’était pareillement révélé sur le tard en haute montagne) et tant pis pour les Boonen, Brajkovic, Popovych, Vinokourouv, Wiggins, Horner, Van den Broek, Zabriskie et autres Klöden dont les ambitions ont été anéanties par une première moitié de Tour chaotique.

Alvaro Saborio

Cette sélection estivale des Pigeons nous permet de retrouver une vieille connaissance, Alvaro Saborio, l’ancien vendangeur de Tourbillon, le mec qui, lors de son séjour en Valais, a réussi à rater plus de montagnes que n’en compte le canton. Mais qui arrivait à soigner ses statistiques en marquant des buts inutiles contre des adversaires de seconde zone. On a récemment retrouvé l’ancien Sédunois, non pas avec son club de Real Salt Lake, mais avec son équipe nationale du Costa Rica, lors de la récente Gold Cup, il n’a pas changé : il a mis son but inutile lors d’une victoire 5-0 contre Cuba mais a foiré au moment décisif.
C’était en quart de finale contre le Honduras (merci Eurosport 2) : largement dominateur, le Costa Rica était tenu en échec par les Honduriens (1-1) mais s’est vu offrir la balle de match à 15 minutes de la fin sous forme d’un penalty. Alvaro Saborio s’élance mais voit son tir repoussé par le gardien Valladares. Il aura l’occasion de se racheter en prolongations mais il  galvaude les deux occasions qui lui sont offertes, un tir directement sur Valladares alors qu’il se présentait seul devant lui et une tête ratée à trois mètres du but. Tu devines la suite : Alvaro Saborio précipitera l’élimination de son pays lors de la séance de tirs au but en ratant son deuxième penalty du jour, avec un boulet expédié sur la latte. Après cette démonstration, les supporters costariciens sont nombreux à demander le retrait de l’équipe nationale de celui que ce grand connaisseur de football qu’est Christian Constantin avait présenté à son arrivée comme «le futur meilleur attaquant du championnat suisse.»

Carlos Tevez

Carlos Tevez a des humeurs aussi sinueuses que l’état de la peau de son visage. Il y a six mois, l’Argentin voulait quitter Manchester City, avant de se voir offrir un nouveau contrat et le brassard de capitaine. Celui qui avait eu l’outrecuidance de quitter ManU pour ManCity veut de nouveau s’en aller du club anglais pour se rapprocher de sa famille. C’est vrai que l’Espagne ou l’Italie, c’est quand même à une heure et des brouettes plus près de l’Argentine…
Mais Carlos, ce n’est pas seulement un attaquant infatigable ou un buteur doué, c’est aussi un sacré numéro. A la Copa America, il a perdu sa place au sein d’une équipe d’Argentine globalement décevante. Et si Tevez n’est pas bon, c’est forcément de la faute à quelqu’un d’autre. Il a ainsi lancé aux médias de son pays que ce n’était pas normal de le critiquer s’il n’était pas bon en jouant sur l’aile gauche et qu’ils avaient le droit de s’en prendre à lui uniquement s’il jouait avant centre. Au final, l’Apache aura précipité l’élimination de l’Argentine en foirant lamentablement son tir au but. Ça lui permettra au moins de rentrer plus vite en Europe afin de négocier un contrat faramineux avec un des clubs qui le courtisent.

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