Un dimanche après-midi pas comme les autres

C’est dimanche matin, il fait beau, les oiseaux chantent et le taux d’alcoolémie est pour une fois proche du zéro absolu. Une fois n’est pas coutume en plus, c’est congé. L’occasion idéale pour aller se promener au bord d’un terrain de foot.

Aller voir le Arles-Avignon du championnat de Suisse à la Pontaise ? Bof, c’est le même principe, mais avec vingt degrés de moins et c’est une combine à finir bourré devant le stade en bouffant une saucisse trop chère, infecte et achetée après trois quarts d’heure de file. Il y avait bien la possibilité de se marrer un coup en voyant Martin Rueda balancer sur tout le monde en conférence de presse, mais on a encore quelques mois (matches ?) pour constater cela. Pis bon, après, faut suivre le dossier et se lever à 7h pour aller voir des types tourner en rond autour d’un terrain. Très peu pour moi.S’il est un endroit actuellement en Suisse romande où on n’est pas à l’abri de passer un bon moment, c’est forcément à Neuchâtel. C’est vrai qu’aller voir un des derniers matches du FC Sion dans l’élite avant son exclusion du championnat est tentant, mais aller humer l’air de la Tchétchénie, franchement, ça n’a pas de prix. Alors après deux trains et quelques pas, me voilà du côté du «Gibraltar» pour une mousse bien méritée. Le temps de voir les F1 jouer aux quilles, d’en redescendre une et d’éviter une grosse averse, direction ensuite la Maladière, pour aller voir les vingt-deux ultras locaux manifester devant l’enceinte des bords du Lac de Neuchâtel. Première péripétie d’une journée fort intéressante.

Lors de cette «manif’», il y avait franchement de quoi se demander s’il n’y avait pas plus de journalistes que de Neuchâtelois mécontents. L’odeur du sang, ça attire jusqu’aux médias français… Pour pas grand-chose finalement, puisque trois banderoles, deux prises de becs avec des vieux de la vieille du coin qui qualifiaient les supporters de «racistes» et trois torches pour la forme plus tard, le spectacle était terminé. Pas de quoi lancer une révolution anti-Tchétchènes donc, même si la banderole «Plutôt nus qu’en daim» m’a bien fait poiler un quart d’heure…
Pendant le match, dans l’«écrin» du futur Neuchâtel Wainach, trois nouvelles banderoles, une grande croix noire à l’endroit habituel des futurs Fanatov et Tigerovitch, une nappe de grand-mère où «In Bulat we trust» était inscrit et un calicot en russe et rideau. Avant le coup d’envoi, j’avais déjà eu mon compte. Cela valait le déplacement, mais ce n’étaient pas les rires annoncés. Heureusement, les fans de GC n’ayant sans doute que ça à faire, ont eux aussi choisi de contester l’ami Bulat via des bouts de tissu. Tout ce qu’ils ont récolté, c’est un magnifique bras d’honneur du propriétaire local.
Dans ces conditions, le match était devenu presque anecdotique. Sauf pour les chacals, bien sûr. Quasiment tous espéraient une défaite des joueurs locaux pour aller se marrer ensuite en zone mixte ou alors se la jouer commando et se retrouver avec une kalach’ sous le nez, mais Neuchâtel a fait le boulot sur le pré synthétique. Oh, pas de quoi se relever la nuit pour voir une rediffusion sur Teleclub, non. Mais un match sérieux, face à une formation des Grasshoppers qui a longtemps tenté de rivaliser avec les heures les plus sombres du néo-promu Lausanne-Sport. Deux buts pour Xamax en quatre ou cinq occasions nets et un schéma ultra-offensif qui risque d’être spectaculaire quand tous auront pris le rythme.
Outre les trois points, l’autre bonne nouvelle, du côté de Xamax, c’est qu’on a beaucoup parlé des joueurs étrangers payés très chers, du nombre de licences encore à disposition, des loyers, des voitures, des Roumains, j’en passe et des meilleurs. Mais sur le terrain, les joueurs du cru sont encore bien présents. Voir Mike Gomes baronner derrière, Sébastien Wüthrich offrir des caviars sur coups de pied arrêtés et Bastien Geiger laisser ses poumons sur le terrain malgré sa technique on ne peut plus frustre est un signe encourageant. Si eux n’ont pas lâché, il n’y a pas de raison de peindre le diable sur la muraille. Surtout qu’Uche a montré qu’il allait faire souffrir plus d’une défense cette année. C’est plutôt du côté de GC qu’il fallait, dimanche, aller chercher l’équipe en crise.

Car après ce match finalement pas très intéressant, la conférence de presse d’après-match a été un grand moment de bonheur. Entre Victor Muñoz qui avait décidé d’essayer (on a dit essayer) de parler français (un grand moment) et un Ciriaco Sforza qui pensait aller très vite chercher son dernier chèque, on a eu droit à quelques moments surréalistes. Mais le sport national dans la salle des médias, c’était la chasse au scoop. Neuchâtel allait-il s’exiler à Villeneuve, à Nyon ou à Tolochenaz ? Islam Satujev avait-il changé de bas de training ? Rien au final de bien croustillant et certains journaux vont sans doute relayer à nouveau des rumeurs infondées histoire de continuer l’escalade dans le grotesque. Est-il possible de faire plus que ces derniers jours ? Rien n’est moins sûr.

Neuchâtel Xamax – Grasshopper-Club Zurich 2-0 (1-0)  

La Maladière, 2’852 spectateurs.
Arbitre : M. Wermelinger. 
Buts : 22e Uche 1-0, 66e Seferovic 2-0. 
Neuchâtel Xamax : Bédénik; Geiger, Gomes, Besle, Paito; Gelabert, Dampha (70e Basha); Wüthrich, Tréand (83e Facchinetti); Arizmendi (62e Seferovic), Uche. 
Grasshopper-Club Zurich : Bürki; Menezes, La Rocca (87e Freuler), Smiljanic, Bertucci; Toko, Lang; Feltscher, Hajrovic (73e Mustafi); Zuber (81e Bauer); Paiva.
Cartons jaunes : 29e Geiger, 45e Besle, 46e Paito, 51e Paiva, 63e Gelabert, 67e Seferovic.

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3 Commentaires

  1. merci gary !

    c’est le premier résumé de la situation sur xamax qui me parrait censé que j’ai la chance de lire depuis que ce cirque a commencé.

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